Le Général de Sonis, d'après ses papiers et sa correspondance

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LE GÉNÉRAL DE SONIS

qui tombaient l’un à côté de l’autre, mais tous deux tombaient entre les bras de Dieu. Le colonel de Montalembert, comme son illustre frère, était un vrai fils des croisés ; et nulle considération n’était capable de le détourner de la publique et franche profession de sa foi. Un acte à jamais mémorable, et qui ne saurait demeurer plus longtemps dans l’oubli, est celui qu’il accomplit dans ces mêmes journées. Le 29 octobre, sentant déjà les premières atteintes du mal qui devait l’enlever, le colonel rédigea un ordre du jour destiné à relever le courage des soldats, mais à le relever par les vues supérieures de la foi et de l’espérance chrétiennes. Voici cette pièce, qui est aussi son testament et son adieu. 1er régiment de chasseurs d’Afrique « ORDRE DU

29

OCTOBRE

1859

« Mes braves chasseurs, « Nous sommes tous éprouvés par Dieu ; ayez confiance et priez. Il n’abandonnera pas le 1er régiment de chasseurs d’Afrique. Mettons toute notre confiance en Lui ; et, s’il y en a qui succombent, qu’ils n’oublient pas qu’en mourant ils remplissent une mission, qu’ils sont des martyrs et qu’ils iront au ciel. Si votre colonel doit être du nombre, n’oubliez pas non plus qu’il priera pour vous. En attendant, bravons la mort, c’est notre métier, et que le découragement ne nous gagne pas. Dieu fait bien ce qu’il fait, et nous sommes ses enfants. « Votre colonel, «

DE

MONTALEMBERT.

»

Cet ordre du jour ne fut pas communiqué à la troupe, on le trouva trop chrétien. Le colonel aussitôt malade avait fait demander un prêtre


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