Le Général de Sonis, d'après ses papiers et sa correspondance

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LE GÉNÉRAL DE SONIS

vignes qui nous cachaient des milliers de tirailleurs autrichiens. « Notre division de cavalerie d’Afrique, commandée par le général Desvaux, se massa du côté de la plaine, et la division Partouneaux, comprenant les lanciers, les 2e et 7 hussards, fut se former à notre droite. L’artillerie de ces deux divisions se déploya en avant d’elles, et elle ouvrit son feu. Ce feu, ouvert à quatre heures du matin, a été ainsi nourri sur toute la ligne, de Goito au lac de Garde, c’est-à-dire sur une étendue d’environ quatre lieues, jusqu’à la nuit. L’on peut dire qu’il se livrait quatre batailles à la fois, tant le terrain avait d’étendue. Le bruit était effrayant. Tous les villages qui couronnent les hauteurs avaient été attaqués en même temps par notre infanterie et notre artillerie. C’était pour nous un spectacle magnifique. « Pendant presque toute la journée nous avons assisté de pied ferme et sans bouger à ce grand drame, nous bornant à faire quelques mouvements de manœuvre, pour essayer d’attirer à nous la cavalerie autrichienne cachée dans un bois en face, ou pour suivre les mouvements de notre infanterie, qui gagnait toujours du terrain. Les boulets passaient au-dessus de nos têtes ; beaucoup, tombant à cinq ou six pas en avant, ricochaient en sifflant à nos oreilles. Un de ces projectiles vint passer entre les jambes de mon cheval et tua le cheval qui était derrière moi. La mort me paraissait imminente, mais j’avais fait le sacrifice de ma vie, et je pensais que si Dieu me jugeait nécessaire à ma famille, il saurait me préserver de tout mal. « Ce fut seulement le soir que notre division se déploya et se rapprocha du bois où était caché l’ennemi. A notre droite, le corps d’armée du maréchal Niel, qui depuis le matin n’avait pu faire autre chose que garder ses posie


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