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Université de Silésie 2011


Table des matières:

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Section française Section espagnole Section italienne

Nos auteurs:

Raúl Ernesto Colón Rodríguez

Carmela Gentile

Nadia Hmaid

Matylda Kaczmarek

Monika Kapuścińska

Jolanta Okrzesik

Małgorzata Sankowska

Anna Stachowicz

Agnieszka Stebel

Magdalena Szczepanik

Kamila Kruszyńska

Rapporteurs: prof. dr hab. Jacek Lyszczyna prof. dr hab. Halina Widła prof. dr hab. Krystyna Wojtynek-Musik prof. UŚ dr hab. Joanna Wilk-Racięska dr Wiesława Kłosek dr Aleksandra Kosz-Paliczuk dr Michał Krzykawski dr Nina Pluta dr Andrzej Rabsztyn dr Ewelina Szymoniak

Tout texte demeure la propriété de son auteur. Cependant, l’auteur permet à ReVue de publier, distribuer et archiver son texte. Après sa parution dans ReVue, l’auteur peut republier son texte dans un autre périodique à la condition que la mention de la parution dans ReVue soit clairement indiquée. La reproduction des textes parus dans ReVue est permise pour une utilisation individuelle. Tout usage commercial nécessite une permission écrite de l’auteur.


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ReVue Périodique Multidisciplinaire des Étudiants des Langues Romanes

Mateusz Król Mesdames et Messieurs, Chers Lecteurs, J’ai le plaisir de vous présenter le deuxième numéro de ReVue – Périodique Multidisciplinaire des Étudiants des Langues Romanes. Le lecteur trouvera dans ce numéro dix articles écrits en français, espagnol et italien. Le premier texte, celui de Matylda Kaczmarek (étudiante de l’Université de Varsovie), se focalise sur la question de la volonté, ainsi que sur la perspective et l’inspiration kantiennes dans l’œuvre de Lautréamont. Agnieszka Stebel étudie le thème du bilinguisme, en particulier le bilinguisme des enfants. Anna Stachowicz et Jolanta Okrzesik ont mené une analyse de la traduction du langage comique à l’exemple d’un sitcom français „Kaamelott” d’Alexandre Astier. La section francophone se termine par l’article de Raúl Ernesto Colón Rodríguez, étudiant de l’Université d’Ottawa. Il enrichit son texte par la traduction vers l’espagnol du chapitre „La Jeunesse”, provenant du livre „La Sagouine” d’Antonine Maillet. La section espagnole s’ouvre avec l’article de Kamila Kruszyńska qui nous invite à découvrir la philosophie contemporaine et les études éthiques de Fernando Savater. Le deuxième texte, écrit par Monika Kapuscińska, parle de l’œuvre de Julio Cortázar et de l’importance de la musicalité dans la traduction de ses livres. Cette partie est close par la dissertation de Małgorzata Sankowska qui a décidé d’étudier les particularités de la langue espagnole d’Andalousie. La troisième et dernière partie de notre périodique est consacrée aux textes en italien. Grâce à l’article de Nadia Hmaid, vous pouvez découvrir l’histoire d’unification de Bel Paese dont le 150ème anniversaire a été fêté en 2011. Carmela Gentile nous propose une analyse de l’image de Camorra dans l’œuvre de Roberto Saviano. Le dernier article est le fruit des études de Magdalena Szczepanik qui s’occupe de la coexistence des deux systèmes linguistiques en Italie – du système national et des dialectes. Nous voudrions inviter toutes personnes intéressées par la publication de leurs articles au sein de notre ReVue à nous contacter a déposer leurs textes à l’adresse suivante – revue@us.edu.pl. Il est important de souligner que la publication de ReVue a été rendue possible grâce au soutien financier de la Faculté des Lettres, de l’Institut des Langues Romanes et de Traduction ainsi que du Conseil des Étudiants de l’Université de Silésie. Je profite de la parution de ce numéro pour remercier Monsieur le Recteur, professeur Wiesław Banyś pour son soutien et son patronage officiel sur ReVue. Mes remerciements vont aussi à Monsieur le Doyen, professeur Rafał Molencki et Madame la Directrice, professeure Ewa Miczka pour leur ouverture à nos idées et leurs précieux conseils. Un remerciement tout particulier à Monsieur le professeur Krzysztof Jarosz - Président du Comité de rédaction, qui nous a guidés et soutenus dans notre travail. Je remercie dr Karolina Kapołka, dr Wiesława Kłosek, dr Anna Nowakowska-Głuszak, dr Ewelina Szymoniak et dr Beata Śmigielska – membres du Comité de rédaction. Je remercie également tous nos rapporteurs pour leur soutien et leurs corrections. Je voudrais aussi exprimer ma reconnaissance à mes collaboratrices Carmela Gentile et Marta Gępka pour leur travail en tant que rédactrices responsables du numéro. Je vous souhaite une bonne lecture, Mateusz Król

Comité de Rédaction prof. UŚ dr hab. Krzysztof Jarosz dr Karolina Kapołka dr Wiesława Kłosek dr Anna Nowakowska-Głuszak dr Ewelina Szymoniak dr Beata Śmigielska Rédacteur-en-chef Mateusz Król Rédactrices responsables du numéro Carmela Gentile, Marta Gępka ISSN: 2084-8730

Le Recteur de l’Université de Silésie

La Faculté des Lettres

Le Conseil des Étudiants

Institut des Langues Romanes et de Traduction de l’Université de Silésie Maison d’édition:

Publié à Tychy


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Table des matières

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Section française

Un objet impossible de la volonté ? Ou le problème du mal dans les Chants De Maldoror du comte de Lautréamont Written between 1868 and 1869, then thrown into oblivion for nearly 50 years, The Songs of Maldoror by Comte de Lautréamont remain a controversial work up to the present day. The density and ambiguity of the text render it fascinating and open for different, often contradictory interpretations. The author of the present article makes an attempt at an analysis of this elaborate poetical construction, full of allusions, references, hidden quotations and periphrases. For this purpose, she refers to philosophical reflections on the will, especially in the Kantian perspective. Her goal is not only to compare the work of the poet with the texts of the German thinker, but also to find traces of Lautréamont’s possible inspiration. Key words: Lautréamont, will, songs, Immanuel Kant, ethics, imperative, evil, Maldoror, Isidore Ducasse

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La question du bilinguisme This article aims at introducing the phenomenon of bilingualism. For this purpose, the author begins with the history and the typology of bilingualism. Then, she moves on to discussing the bilingualism in context of family as a social unit, introducing the issue of bilingualism of children. Finally, the author talks about immigration and the problems it causes for children. Despite the differences between the discussed issues, author wants to illustrate how complex the problem of bilingualism is and to accentuate the fact that this subject is analyzed by many different fields of science. Key words: bilingualism, children, family, immigration

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Traduire quand il faut faire rire. Les problèmes spécifiques pour la traduction d’un sitcom, à la base du titre Kaamelott d’Alexandre Astier The present article demonstrates specific problems connected with translating a French TV series on the basis of Alexandre Astier’s “Kaamelott”. The authors concentrate on the challenges of rendering this medieval comic fantasy into Polish. A short introduction to the series and its characters is followed by a presentation of its characteristic humour. Subsequently, the specific language of the series is analysed in more detail; examples of language humour (word plays, speech errors, choosing a wrong register, etc.) are presented and analysed, along with possible translations of the given examples. Key words: translation, TV series, comic fantasy, language humor,

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Table des matières

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Section française

La jeunesse - La juventú chapitre 2 de La Sagouine d’Antonine Maillet - en traduction espagnole antillaise The article by Raúl Ernesto Colón Rodriguez is an annotation to an experiment of translating a literary text from one creolised language into another. The first part of the chosen text (La Sangouine by Antonine Maillet) was translated from the Acadian French, used in the North American colonies (now Canada), into a language which originated from a mixture of Caribbean variations of the Castilian language, with the strongest influence of the Cuban Spanish. First, the author briefly presents the play and its composition (colloquial, episodic monologue, which recapitulates the dreams and achievements of a single life), and subsequently passes to a characterisation of the Acadian French (specific syntax, idioms, etc.), paying significant attention to the features which are especially problematic in translation. Afterwards, the author comments on the text itself. The questions which arise when translating from one dialect to another are mentioned; for instance, the rejection of equivalence, and preservation of foreign elements in, among others, syntax or phonetics. Key words: translation, Spanish, Acadian French , creolised language, dialect

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Littérature

Matylda Kaczmarek

Un objet impossible de la volonté ?

Ou le problème du mal dans les Chants De Maldoror du comte de Lautréamont Qu’est-ce que la volonté? Parmi les facultés de notre esprit la volonté est le plus souvent mise en question. La philosophie antique n’a pas même connu ce concept et quelques penseurs modernes, comme Martin Heidegger, le réfutent1. À vrai dire, la volonté ne devient possible qu’au sein de la réflexion chrétienne et elle est strictement liée au problème du mal. Le liberum arbitrium de Saint Augustin répond à la question comment Dieu, qui est l’essence de bonté, a pu créer le mal. L’évêque d’Hippone nous enseigne que le mal n’a pas de statut ontologique, qu’il découle de la nature humaine, de notre capacité de choisir librement. Sur le plan ontologique, la volonté se situe d’habitude aux antipodes de la raison. Elle regarde toujours vers le futur, elle puise dans l’imaginaire, elle peut se réaliser seulement à travers la matière, tandis que la raison tend vers l’éternité, vers ce qui est immuable et nécessaire, son temps est le présent, son domaine est l’universel2. De plus, la raison ne tolère pas les contradictions, alors que la volonté base sur elles. Il faut qu’il y ait au moins deux options qui s’excluent pour que

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la volonté puisse choisir. La plupart des théologiens médiévaux croient que les lois logiques sont immanentes à la nature du Créateur et que, par conséquent, sa volonté doit se soumettre à sa raison. Dans les temps modernes, c’est entre autres Gottfried Leibniz qui reprend ce problème. Avec sa conception du meilleur des mondes il semble être d’accord avec la pensée médiévale. Avec l’idée de la nécessité qui s’identifie à Dieu la question du libre arbitre humain apparaît. Si rien ne peut se passer autrement, sommesnous responsables de nos actes et de nos décisions? Le moyen âge surmonte cet obstacle en introduisant la notion d’intention et Leibniz parle des mondes possibles. Mais cela, résout-il le problème? La contradiction entre la volonté et la raison est si profonde qu’elle se révèle aussi dans le contexte laïque. La vision scientifique de l’univers déterminé dès la naissance jusqu’à la fin, exclut, au moins en apparence, la liberté de choix. Sur le plan éthique, surtout chrétien, la volonté se réalise pleinement seulement en se dirigeant vers le bien (liberté négative), car Dieu, dont la volonté sert de modèle à la nôtre, est

absolument bon. Encore une fois la volonté s’identifie à la nécessité. Si l’on pèche, on n’est pas libre. Où est donc notre possibilité de choisir ? Tous ces problèmes, résolus en apparence, reviennent dans les travaux d’Emmanuel Kant. Le penseur allemand essaie de relier la causalité de la nature (qui existe au niveau des phénomènes) à la liberté humaine (qui existe hypothétiquement au niveau des choses en soi). La première fait partie de notre expérience, la deuxième se situe hors des capacités cognitives de l’homme. Pourtant elle est nécessaire comme un des fondements de l’éthique. La volonté kantienne s’assimile donc à la raison pratique. D’une certaine manière, les conclusions de l’auteur des Critiques ressemblent aux conclusions des philosophes médiévaux. Bien qu’il utilise des notions différentes, selon lui la libre volonté ne peut être que bonne. Comme


Littérature

Portrait du Comte de Lautréamont par Félix Vallotton, http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Lautr%C3%A9amont_ by_Vallotton.jpg, copyright expiré

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Littérature Augustin, il lie le mal à la possibilité de choisir, mais il pense que l’homme est bon de nature3 : Ainsi, pour donner au mal moral un fondement en l’homme, la sensibilité contient trop peu, tandis qu’écartant les motifs qui peuvent naître de la liberté, elle fait de l’homme un être animal ; mais en revanche une raison pour ainsi dire perverse (une volonté absolument mauvaise) qui libère de la loi morale contient trop, car l’opposition à la loi serait érigée en motif (et sans aucun motif l’arbitre ne peut être déterminé) et le sujet serait alors transformé en un être diabolique. Aucun de ces deux cas n’est applicable à l’homme4. Comme la morale s’identifie à la raison, nous sommes toujours capables de la trouver. Nous pouvons, bien sûr, agir de façon immorale, mais nous ne pouvons pas créer un impératif

Obsession of the Angelus, Salvador Dali, http://www. galerie-furstenberg.fr/salvador-dali-maldoror.htm, copyright expiré

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catégorique à rebours parce que la loi nous est immanente. Si nous penchons pour quelque chose de mauvais, nous le faisons en suivant l’impératif hypothétique. Évidemment, il doit y avoir une sorte de mauvaise volonté pour que la bonne volonté puisse la vaincre. Autrement aucune action ne pourrait être qualifiée de morale. Cependant, quand nous choisissons5 notre loi subjective au lieu de la loi objective, notre volonté devient hétéronome : elle perd son autonomie, elle n’est plus raisonnable donc elle n’est plus libre, en quelque sens elle n’est plus une volonté. La volonté engendre beaucoup de problèmes. Quel que soit l’angle sous lequel on l’examine, on voit des paradoxes. N’est-il donc pas juste d’employer ce concept pour analyser une des œuvres les plus paradoxales de la littérature française ? Chants de Maldoror – une lecture impossible ? Né en 1846, Isidore Ducasse, fils d’un diplomate français d’Uruguay, meurt à Paris, à l’âge de 24 ans, dans des circonstances mal connues. Il ne nous reste de lui que deux œuvres difficiles à interpréter et quelques lettres à son banquier, à son éditeur et aux critiques. Sa légende est fondée sur le manque de faits concernant sa vie privée, ainsi que sur le ton blasphématoire des Chants de Maldoror. Cependant, comme le montre, entre autres, François Caradec, on peut reconstruire la biographie de Lautréamont avec une certaine précision6. Quelques détails méritent d’être mentionnés. Premièrement, malgré son jeune âge, Lautréamont se fait remarquer par une érudition extraordinaire. Dans ses deux œuvres – les Chants de Maldoror et les Poésies I et II – il se réfère aux nom-

breux textes philosophiques, littéraires, historiques et scientifiques. Toutefois, il ne faut pas oublier qu’au moment d’écrire les Chants, Lautréamont n’est qu’un bachelier et non pas un philosophe universitaire. Deuxièmement, loin de donner à ses réflexions une forme systématique, il les transmet à travers des images poétiques complexes. Bien qu’il se serve de citations et de notions empruntées à divers auteurs, l’identification de ses inspirations et de ses intentions exactes semble parfois difficile. C’est en 1869 qu’il publie à son compte le premier Chant de Maldoror. Un an plus tard il essaie de faire paraître tout le livre, mais l’éditeur refuse de le mettre en vente de peur du scandale. Jeté dans l’oubli pour un demi-siècle, ce texte a donné lieu à de nombreuses interprétations. On a tâché de reconstruire la biographie de l’auteur pour s’en servir au cours de la lecture. On a comparé les Chants aux Poésies en les opposant ou en leur trouvant des traits communs. On a appliqué des théories modernes à ce texte du XIXe siècle et on y a trouvé presque tout : la folie, la révolte et la victoire de l’imaginaire sur le réel selon les surréalistes, le retour à ce qui est pré-littéraire selon Jean-Marie Gustave Le Clézio, l’absence de l’auteur selon Maurice Blanchot, l’écriture selon Tel Quel, etc. L’œuvre de Lautréamont se cache derrière tous ces concepts. Elle est une sorte d’artefact littéraire dont on se sert pour illustrer différentes théories. Comme le remarque Michel Pierssens, la complexité des Chants « s’est constamment trouvée soumise à des lectures excessivement simplificatrices, au nom même de cette complexité – lectures recourant à des principes explicatifs monolithiques, qui nivèlent tous les reliefs »7. Et sa lecture, n’estelle pas aussi simplificatrice ? Mais est-il pos-


Littérature gueurs différentes, mais certains éléments se répètent : tous les six commencent par une sorte d’invocation au lecteur. De plus, aussi bien les conventions narratives que l’imaginaire de Lautréamont se rattachent au romantisme. L’omnipuissance du narrateur, créateur et destructeur des univers textuels, fait penser à Beniowski de Juliusz Słowacki et le héros principal est doué d’un même esprit de révolte que Konrad d’Adam Mickiewicz ou les héros bayroniens8. Les descriptions fantastiques de Lautréamont abondent en comparaisons homériques absurdes, par exemple : Identification with the brother, Salvador Dali, http://www.galerie-furstenberg.fr/salvador-dali-maldoror.htm, copyright expiré

sible de lire un texte si équivoque et si incohérent, du moins au premier abord, sans le simplifier ? La question devient encore plus difficile quand on essaie d’analyser l’ensemble des textes de Lautréamont. Des hypothèses se multiplient. On parle du reniement, de l’esprit de révolte absolue qui détruit tout, de l’écriture qui se manifeste de façons différentes et d’un projet éthique qui consiste à inciter les hommes au bien en leur montrant le triomphe du mal. Notre interprétation ne sera donc qu’une proposition parmi d’autres. Un manifeste volontariste ? Parodie des textes romantiques, les Chants de Maldoror ont une structure assez complexe. Divisés en chants et en strophes, ils ressemblent aux épopées grecques, Iliade et Odyssée, notamment. Les chants sont de lon-

Il est beau comme la rétractilité des serres des oiseaux rapaces ; ou encore, comme l’incertitude des mouvements musculaires dans les plaies des parties molles de la région cervicale postérieure ; ou plutôt, comme ce piège à rats perpétuel, toujours retendu par l’animal pris, qui peut prendre seul des rongeurs indéfiniment, et fonctionner même caché sous la paille ; et surtout, comme la rencontre fortuite sur une table de dissection d’une machine à coudre et d’un parapluie ! 9 De plus, elles font souvent référence au style des auteurs du roman gothique. Les orages, les monstres, des scènes nocturnes, des endroits sombres, des personnages mystérieux : on trouve chez Lautréamont presque tous les éléments du romantisme noir. Malgré cette richesse formelle, les Chants présentent, au premier abord, une vision du monde assez simple. Un héros révolté qui veut égaler ou même vaincre Dieu semble une figure parfaite de la volonté triomphant sur la raison. C’est quelqu’un qui connait « la vérité

suprême » (CdM, 84), mais qui ne cesse pas de lutter contre elle. « Je le connais, le Tout-Puissant… » (CdM, 63) s’écrietil dans la troisième strophe du chant deuxième. Cette connaissance est allégorique. Maldoror rencontre le Créateur plusieurs fois. Il l’observe dans les cieux sur son trône de débris humains, puis il le voit rentrer dans un couvent-lupanar pour couvrir ses crimes redoutables et à la fin du chant sixième il se confronte avec lui personnellement. Une telle situation semble impossible aux théologiens catholiques ainsi qu’à la plupart des philosophes, y compris Kant. Si l’homme est capable d’élever son entendement jusqu’à Dieu, s’il connait sa nature et la nature de sa création, il ne peut pas agir vicieusement. Autrement dit, si notre raison était assez puissante, nous serions contraints d’agir de façon morale. Il y a seulement un détail qui ne permet pas une interprétation si naïve. C’est dans le mal et non pas dans le bien que l’homme ressemble à Dieu. L’univers montré par Lautréamont est corrompu de nature. Maldoror ne s’oppose pas totalement à celui qu’il veut vaincre. Il adopte ses méthodes. Tous les deux sont meurtriers et pervers. Paradoxalement, le héros, après avoir découvert les principes divins, essaie de les suivre. Même s’il a parfois des remords, s’il plaint l’humanité, il s’obstine à détrôner le Créateur et de « régner à sa place sur l’univers entier, et sur des légions d’anges aussi beaux » (CdM, 98)10. La raison... Nous voyons que la conception de la volonté qui apparaît dans l’œuvre de Lautréamont est beaucoup plus compliquée. Maldoror ne transforme la réalité que superficiellement, car il agit d’après ses lois les plus secrètes. Dans son plan génocide, il suit la raison,

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Littérature ce qui se manifeste dans apparaît dans le chant sixl’hymne aux mathémaième et se montre un fou tiques : « Sans vous, dans par excellence. Couronné ma lutte contre l’homme, par Maldoror d’un pot de j’aurai peut-être été vainchambre, il rappelle les cu […]. Avec cette arme bouffons médiévaux. Il se empoisonnée que vous distingue de gens ordime prêtâtes, je fis descennaires surtout par sa médre, de son piédestal […] le connaissance du bien et du Créateur lui-même » (CdM, mal: « Celui qu’il a trouvé, 93). Bien que ce soit Dieu couché sur le banc, ne qui a créé les mathémasait plus, depuis un évétiques, Maldoror n’hésite nement de sa jeunesse, pas de s’en servir pour reconnaître le bien du l’attaquer. Un peu plus mal » (CdM, 253). Aussi loin, il déclare : « Ma raine pouvons-nous pas son ne s’envole jamais, traiter « l’homme aux comme je le disais pour lèvres de bronze » (CdM, vous tromper. Et, quand je 113) comme un fou. Il sait commets un crime, je sais parfaitement où se trouve ce que je fais : je ne voulais la frontière entre les deux Fragmented body, Salvador Dali, http://www.galerie-furstenberg.fr/salvador-dalipas faire autre chose ! » et, dans une certaine maldoror.htm, copyright expiré (CdM, 109). De plus, c’est mesure, il essaie de ne pas la stupidité ou l’abandon la dépasser. de la raison que Maldoror Enfin, une autre con… et la folie reproche aux hommes : « des êtres huclusion importante découle des paroles Il y a des critiques qui expliquent le mains […] ont rejeté, jusqu’à ce point citées. Si c’est la méconnaissance des caractère étonnant des Chants par la indescriptible l’empire de la raison... » concepts moraux qui caractérise la fomaladie mentale de l’auteur11. Cepen(CdM, 167). Il triomphe sur la race hulie, la morale appartient strictement dant, rien dans sa biographie ne conmaine parce que celle-ci est ignorante au domaine du rationnel (comme chez firme pas cette hypothèse. Pourtant un et naïve. Kant). lecteur non averti peut facilement conEn fin de compte, le héros est stater que c’est Maldoror qui est fou. Les miroirs de la volonté présenté comme quelqu’un qui ne rit Il y a des scènes qui fournissent des Pourquoi Maldoror ne se reconnaîtpas, ne pleure ni ne dort. Le motif pour preuves à une telle supposition. Quand il pas lui-même ? Rappelons ce que lequel il s’abstient de le faire paraît nous regardons le héros qui parle à nous avons déjà écrit sur la volonté. simple : il ne veut pas que les émoson reflet dans le miroir et qui ne se Pour qu’un acte de volonté soit postions éclipsent son entendement. Quant reconnaît pas lui-même, nous pensons sible, il faut que nous expérimentions au sommeil, Maldoror l’explique ainsi : à la schizophrénie (CdM, 170–175). un certain déchirement. Il faut qu’il ait Quand les fantômes de ses victimes le « Depuis l’imprononçable jour de ma au moins deux options à choisir et que hantent, nous supposons qu’il hallunaissance, j’ai voué aux planches somnous hésitions entre elles. Cette hésicine (CdM, 186–188 ; 217–226). Les nifères une haine irréconciliable. C’est tation provoque un conflit au sein de pertes de mémoire, qui accompagnent moi qui l’ai voulu ; que nul ne soit acla volonté. Le sujet se confronte à son ces événements, confirment les troubles cusé. […] la volonté veille à sa propre double qui le contredit. Il veut et il ne psychiques de Maldoror. Mais comdéfense […]. Je veux résider seul dans veut pas faire ce qu’il considère. Pourment lier cela à tout ce que nous avons mon intime raisonnement » (CdM, 200 tant il doit choisir. Il doit mettre fin à sa dit plus haut? – 201). désintégration. Avant tout, jetons un coup d’œil sur Il semble que Maldoror n’incarne un autre personnage, celui d’Aghone. Il

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Littérature que le mal pur. Il est décrit comme un être pire que Satan, mais il suffit de lire attentivement toutes les strophes pour que cette impression se dissipe. Au début du chant premier le narrateur raconte comment Maldoror « s’aperçut qu’il était né méchant » (CdM, 19), pourtant dans le sixième le héros avoue que « peut-être il était né bon » (CdM, 170). Tout au long du texte les contradictions se multiplient. Le héros veut et ne veut pas mourir (CdM, 64; 127) ; il vit pour nuire aux hommes, mais parfois il a des remords (CdM, 23 ; 186 ; 222), il plaint le sort de ses semblables (CdM, 114119 ; 154), il veut même les aider (CdM, 64). Dans un cimetière norvégien, il console le fossoyer (CdM, 49) et après avoir sauvé un jeune homme, qui avait essayé de se suicider, il s’écrie : « Sauver la vie à quelqu’un, que c’est beau ! » (CdM, 113). Certes, il a résolu d’être méchant, mais il conserve toujours une certaine inclination au bien. Il lutte contre elle, toutefois il n’est pas capable de se contrôler dans toutes les circonstances. C’est un personnage ambigu, paradoxalement proche de nous dans ses hésitations et ses faiblesses. Cette dualité du caractère humain est également symbolisée par le personnage de l’hermaphrodite, mi-homme, mifemme. La scène dans laquelle une foudre lancée par le Créateur « coupe précisément le visage » du narrateur-

héros « en deux » (CdM, 61) et des allusions à Pascal jouent le même rôle. Regardons de plus près la relation du héros et du narrateur. Au début du chant premier, le récit est hétérodiégétique et l’auteur se sert de la focalisation interne (exclamations, discours indirect libre). Cette distance, bien qu’elle ne soit pas grande, diminue encore : Maldoror devient narrateur. Celui qui parle la retablit de temps en temps (la focalisation zéro apparaît), mais jusqu’au chant cinquième il semble sympathiser avec le personnage. Puis, il devient visiblement critique envers Maldoror. La narration hétérodiégétique domine, la focalisation zéro devient plus fréquente. À la fin du chant cinquième, le héros reprend son rôle du narrateur, toutefois, il n’est qu’un narrateur secondaire (ses paroles sont rapportées). De plus, le vocabulaire péjoratif apparaît : le narrateur nomme Maldoror « bandit » et il encourage

les lecteurs à formuler des jugements sévères sur lui (CdM, 260). Ce jeu n’est-il pas un jeu de la volonté ? Celui qui parle n’expérimentet-il pas des hésitations de son propre esprit ? À la fin de son récit ne penchetil pas pour une des deux options sousentendues (pour ou contre Maldoror) ? Il nous annonce plusieurs fois que Maldoror n’est qu’une des créations de son imagination, serait-il donc sa voix interne ? Quel est le rôle de l’homme et quel est celui du Créateur? Comment interpréter ces personnages ? Probablement ils sont aussi, comme Maldoror et le narrateur, des miroirs dans lesquels le sujet de la volonté se regarde. Cela explique l’attitude ambiguë du narrateur-Maldoror envers eux. On le perçoit surtout à l’exemple de l’homme. Comme le narrateur-Maldoror veut parler des ses semblables, il se sert le plus souvent de ce terme générique, ce qui permet de remarquer la symétrie entre les deux. De plus, l’homme partage la plupart des traits du héros principal. L’un et l’autre « n’est composé que de mal, et d’une quantité minime de bien… » (CdM, 58). Ce qui les distingue c’est le degré de la corruption et la conscience de leur méchanceté innée. Les reflets se reproduisent donc. Le narrateur se regarde dans le miroir déformé de Maldoror qui se regarde dans un double miroir de l’homme et de son Créateur. Ils agissent les uns contre les autres dans presque toutes les combinaisons possibles : le narrateurMaldoror contre l’homme et Dieu ensemble ou contre Dieu en défense de l’homme, l’homme contre Maldoror, le narrateur contre son héros

Family tree, Salvador Dali, http://www.galerie-furstenberg.fr/salvador-dali-maldoror.htm, copyright expiré

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Littérature principal, ou encore Dieu et le narrateur contre Maldoror en défense de l’homme, etc. Si la volonté, comme nous l’avons vu, se décompose en plusieurs sousvolontés contradictoires, comment l’action est-elle possible ? Comment choisir entre les possibilités qui s’excluent ?

temps qu’elle devienne une loi universelle »13. Il y a deux notions liées à la notion d’impératif : celle de devoir et celle de volonté. Le « devoir est la nécessité d’accomplir une action par respect pour la loi »14. Cela veut dire qu’il ne suffit pas d’agir conformément au de-

Le devoir et l’impératif Pour affronter les difficultés que nous avons rencontrées pendant notre analyse, revenons à Kant. Comme le prouve Michel Pierssens, Ducasse a dû connaître la philosophie kantienne qui était assez populaire à l’époque12. Un examen attentif du lexique des Chants le confirme. À partir du verbe « vouloir » qui se répète plusieurs fois, les notions de devoir et de résolution apparaissent. Comment donc, selon le penseur allemand, fonctionne notre volonté et quels sont les fondements de l’éthique ? Premièrement, la morale de Kant est rationnelle. C’est grâce à la raison que l’on découvre ce qu’il faut faire. L’analyse du personnage d’Aghone ne nous atelle pas montré la même chose? Cependant, Kant ne donne pas des préceptes détaillés. Il y a seulement une règle générale que nous devons suivre. Elle revêt la forme de l’impératif catégorique : « Agis uniquement d’après la maxime grâce à laquelle tu peux vouloir en même

voir, mais plutôt par devoir. L’action a une valeur morale non grâce à son objet, mais grâce à la maxime d’après laquelle elle est accomplie. C’est donc le respect pour la loi qui nous permet de résoudre les conflits de la volonté. Si nous regardons les Chants de Maldoror plus attentivement nous voyons le même schéma. Cependant, comme on l’a prouvé, l’univers de Lautréamont est imprégné de mal. Maldoror ne suit-

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il donc pas l’impératif kantien ? On peut voir dans le premier chant déjà que quand le héros décrit les supplices qu’il inflige à un adolescent, il désire que cet adolescent lui paie avec la même monnaie (CdM, 24). Il veut que l’humanité périsse, mais il veut aussi mourir lui-même. N’adopte-il pas la règle de Kant ? Dans son hymne à l’océan, il ajoute : « Faisons un grand effort, et accomplissons, avec le sentiment du devoir, notre destinée sur cette terre ! » (CdM, 38) et quand il doute de sa mission, il répète : « Non, non ! Je l’ai résolu depuis le jour de ma naissance ! […] On verra les mondes se détruire […] avant que je touche la main infâme d’un être humain » (CdM, 70). Il y a plusieurs situations dans lesquelles Maldoror veut accomplir un acte noble. Toutefois, il s’en abstient parce qu’il se souvient de son devoir. On peut citer, notamment, l’aventure avec la lampe divine. Malgré tout le respect pour son ennemi, Maldoror ne renonce pas à ses principes (CdM, 96). Bien sûr, comme nous l’avons déjà montré, il a des moments de faiblesse, mais en général il reste fier de sa « résolution ». La valeur d’un acte de la volonté kantienne ne dépend pas de sa réalisation. Le héros des Chants n’abandonne pas sa mission malgré les châtiments qu’il endure du côté du Créateur. Il souffre, mais il continue de lutter contre Dieu et contre l’humanité. Son plan


Littérature doit échouer. Évidemment, à la fin du texte, il tue l’incarnation du Seigneur, toutefois son ennemi s’échappe intact. Le caractère virtuel ou hypothétique de la volonté est confirmé aussi par le rôle accordé à l’imagination. On sait presque dès le début du texte que les aventures de Maldoror, « un héros » que le narrateur « a mis en scène » (CdM, 59), ne sont qu’imaginaires. Conclusion. Une expérience de pensée? Il est difficile d’avancer un jugement cohérent sur un texte si équivoque que les Chants de Maldoror. De plus, il ne faut pas oublier que Lautréamont n’était qu’un jeune homme sans expérience. Nous ne pouvons pas admettre qu’il a exprimé dans ses œuvres un système philosophique cohérent. C’est plutôt un jeu d’idées. Bien sûr, il écrit dans ses lettres : « J’ai chanté le mal […] pour opprimer le lecteur, et lui faire désirer le bien comme remède » (L, 271), mais ses textes ne sont que des brouillons, des préfaces à des volumes futurs, jamais écrits. Lire les Chants au sérieux, c’est ne pas voir une forte dose d’ironie qui se trouve à chaque page et qui nous suggère qu’il faut interpréter les aventures de Maldoror de façon critique. Suivant la trace de dérision et d’exagération qui tourne parfois à la caricature, nous pouvons formuler l’hypothèse que les Chants de Maldoror constituent une sorte d’expérience de pensé (dans une de ses lettres l’auteur parle de la « méchanceté théorique » (L, 274)). Peut-être Isidore Ducasse a-t-il essayé de mettre en marche l’appareil philosophique de Kant pour le critiquer? Peut-être voulait-il montrer que la notion d’impératif catégorique n’est pas bonne? Si l’on est capable d’imaginer un monde dans lequel les gens se servent de cet impératif pour

fonder un système d’éthique contradictoire à l’idéal kantien, l’impératif en question n’est pas du tout universel. Si l’on peut générer des maximes qui incitent au mal et qui restent fidèles à la loi suprême, cette loi perd son statut. Nous ne voulons pas dire que cette œuvre consiste en une critique du kantisme. Il y a d’autres aspects importants. Pourtant nous avons annoncé au début de notre analyse que nous nous penchons seulement sur ce qui concerne la volonté. Puisque les opinions philosophiques de Lautréamont ne sont pas bien connues, nous devons nous satisfaire des suppositions. Certes, les Chants de Maldoror nous offrent plusieurs allégories suggestives des processus qui ont lieu dans l’esprit de celui qui veut. Mais quel est le message final de cette œuvre mystérieuse? Nous ne le saurons jamais. Comme le dit Lautréamont lui-même : « Les jugements sur la poésie ont plus de valeur que la poésie. Ils sont la philosophie de la poésie. La philosophie, ainsi comprise, englobe la poésie. La poésie ne pourra pas se passer de la philosophie. La philosophie pourra se passer de la poésie » (P, 309). Et c’est justement une philosophie de la poésie ducassienne que nous avons proposée ici.

Gallimard, Paris 1973, p. 233. Par la suite nous utiliserons respectivement les sigles : CdM pour les Chants de Maldoror, P pour les Poésies, L pour les lettres, en les faisant suivre du numéro de la page entre parenthèses. 10 C’est nous qui soulignons. 11 Cf. J.-P. Soulier, Lautréamont. Génie ou maladie mentale, Librairie Droz, Genève 1964. 12 M. Pierssens, op. cit., p. 203 – 212. 13 I. Kant, Fondements de la métaphysique des mœurs, éd. d’O. Dekens, Bréal 2001, p. 80. 14 Ibid., p. 120.

1 Cf. H. Arendt, Wola, Czytelnik, Varsovie 1996, p. 25-211. 2 Ibid., p. 31-42. 3 Selon l’évêque d’Hippone la nature de l’homme est corrompue depuis le péché des premiers parents. 4 E. Kant, La religion dans les limites de la simple raison dans : Œuvres complètes, vol. III, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, Paris 1985, p. 48-49. 5 Ici, il faut remarquer la différence entre les verbes « vouloir » et « choisir ». Seulement le premier est lié à la volonté. Le choix chez Kant n’implique pas la liberté (cette distinction existe aussi en allemand: wollen et Wille vs. auswählen). 6 Cf. F. Caradec, Isidore Ducasse, comte de Lautréamont, La table Ronde, Paris 1970. 7 M. Pierssens, « Éthique à Maldoror », Presses Universitaires de Lille, Lille 1984, p. 9. 8 Cf. M. Żurowski, « Lautréamont i Mickiewicz », W: Między renesansem a awangardą, Warszawa, Wydawnictwo Naukowe PWN, 2007, p. 128-145. 9 I. Ducasse, Œuvres complètes, éd. d’ H. Juin,

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Agnieszka Stebel

La question du bilinguisme

Le phénomène du bilinguisme est une vaste question qui touche plusieurs domaines tels que la linguistique, la psychologie, la sociologie ou encore la neurologie. La littérature concernant ce sujet est en plein essor, il y va de même pour la documentation scientifique. Tout cela fait en sorte que ce phénomène s’avère de plus en plus complexe, mais devient par là fort intéressant à analyser.

Il est sûr qu’au sein de l’Union européenne le bilinguisme, voire même le plurilinguisme, commence à être considéré comme quelque chose de tout à fait ordinaire. C’est vrai que les linguistes traitent ce sujet depuis des années, pourtant il importe de souligner que ce n’est pas l’avènement de l’Union européenne qui a ouvert une voie au multilinguisme. Dans le continent africain, ou encore au Proche-Orient, ce

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phénomène est bien connu et très répandu depuis des siècles. Rendre compte de l’étendue de l’étude du phénomène de bilinguisme revient à cerner la notion du point de vue sémantique, pour voir ensuite son fonctionnement dans un contexte social particulier. C’est pourquoi, dans le présent travail, nous allons, dans un premier temps, essayer d’expliquer, voire d’expliciter cette notion pour

en venir, dans une deuxième partie à nous concentrer sur ce que l’on appelle : le bilinguisme familial. Cela nous mènera également à traiter la question de l’enseignement bilingue précoce et enfin, à analyser les difficultés que rencontrent les enfants issus de l’immigration. La notion de bilinguisme Tout d’abord il est flagrant de souligner


Didactique que le phénomène du bilinguisme a été toujours présent dans les travaux de différents linguistes. Prenons comme exemple le quatrième volume du Cours de linguistique générale qui a été rédigé par les étudiants de F. de Saussure en se basant sur ses notes et consacré à la question de la linguistique géographique. Cependant, le début des recherches et le développement de ce domaine a commencé dans les années cinquante du XXe siècle. C’est à ce moment-là que l’on voit naître les premières typologies du bilinguisme, comme celle de U. Weinreich, qui a été modifiée par la suite par S. Ervin et Ch. Osgood. Dans les années soixante, l’approche générativiste et le modèle de la compétence et performance de N. Chomsky, les travaux de W. Labov et de beaucoup d’autres (R. Brown, P. Corder ou J. Duškova) tendent à élucider la question de transfert entre des langues utilisées par une personne bilingue. Ce n’est que dans les années soixantedix qu’apparaît la notion de diglossie. Titone et Doyle étudient la question de l’acquisition des deux langues et quant aux psycholinguistes, ils commencent à se demander quelles peuvent être les conséquences du bilinguisme. Les années quatre-vingt apportent les premiers changements dans le cadre de la terminologie. On ne parle plus de transfert entre les langues mais plutôt de « marques transcodiques » et le terme d’interférence est remplacé par celui de « code switching ». Tous ces changements attestent du vif intérêt que suscite la question du bilinguisme. Le phénomène du bilinguisme ne relève plus uniquement de la linguistique ; il devient interdisciplinaire. C’est la raison pour laquelle dans les années quatre-vingt-dix, nous remarquons l’analyse du problème d’immigration et d’intégration. Nous avons donc affaire à

une approche socioculturelle. Revenons à la définition du bilinguisme présentée par U. Weinreich. Selon lui une personne bilingue est celle qui possède la capacité de communiquer dans une autre langue que la langue maternelle1. Il est évident que cette définition est simple et même simpliste. C’est pourquoi nous allons la compléter par les propos de T. Skutnabb-Kangas2 qui dit qu’être bilingue c’est avoir « la possibilité de fonctionner dans deux (ou plusieurs) langues, au sein de communautés soit unilingue, soit bilingue ». Par « fonctionner » Skutnabb-Kangas entend la conformité aux règles sociales et cognitives adoptées par une société. Il souligne aussi l’importance du besoin d’identification à cette dernière. Quant à C. Hagège, il introduit la notion de « double maîtrise de l’idiomatique »3 par laquelle il rend indispensable le fait d’avoir acquis la même connaissance en deux langues ; c’est-à-dire la même rapidité de décodage et d’emploi de certaines structures langagières. Bien entendu, ce ne sont pas les seules définitions, il y en a d’autres qui diffèrent selon l’approche, le domaine ou le point de vue admis par un chercheur. En ce qui concerne les typologies qui existent, il y en a une présentée par U. Weinreich4 et conçue selon le critère de l’acquisition d’une langue. Or, en 1953 en empruntant les notions de signifiant et de signifié de F. de Saussure, il a distingué trois types du bilinguisme: 1) le bilinguisme composé – deux formes différentes correspondent au même concept, c’est-à-dire qu’il y a deux signifiants pour un seul signifié, p.ex. : apple = pomme = signifié = signifiant A + signifiant B 2) le bilinguisme coordonné – dans le cerveau il y a deux systèmes conceptuels qui fonctionnent simultanément, il y a donc deux sig-

nifiants pour deux signifiés, p.ex. : apple = signifié A / signifiant A pomme = signifié B / signifiant B 3) le bilinguisme subordonné – le sujet bilingue a déjà acquis une langue et est en train d’apprendre une autre, cela veut dire qu’en ayant affaire à un nouveau mot à retenir il fait recours à son équivalent en langue A et après au contenu conceptuel, p.ex. : apple -> pomme = signifié A / signifiant A Cette typologie du bilinguisme a été rapidement modifiée par S. Ervin et Ch. Osgood5. Ils ont laissé uniquement les deux premiers types de bilinguisme, à savoir le coordonné et le composé en expliquant que le bilinguisme subordonné renvoie plutôt aux personnes unilingues qui sont en voie d’apprendre une langue étrangère. Bien évidemment ce n’est pas la seule typologie existante. En effet, nous pouvons également distinguer les d ifférents types du bilinguisme suivant les critères de J. Hamers, M. Blanc et présentés par K. Wróblewska-Pawlak6. Le premier critère concerne la façon d’apprendre une langue, il est donc question de la relation entre cette langue et la pensée. Dans ce contexte on distingue le bilinguisme coordonné et composé. Nous voyons très bien que ce sont les mêmes formes que celles de U. Weinreich, décrites ci-dessus. Ensuite, le deuxième critère prend en considération la compétence acquise dans deux ou plusieurs langues. Ce critère permet de distinguer le bilinguisme équilibré et le bilinguisme dominant. En troisième lieu, nous énumérons comme critère l’âge de l’acquisition. Dans ce cas il existe trois types du bilinguisme : adulte, adolescent et précoce. Il est nécessaire de souligner que le bilinguisme précoce se divise encore en deux sous-types, notamment le bilinguisme précoce simultané et consécutif. Ce

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Didactique dernier caractérise une situation dans laquelle l’enfant apprend une langue étrangère ayant déjà acquis sa langue maternelle. Le critère suivant, qui est le statut de deux ou plusieurs langues donne la possibilité de distinguer le bilinguisme additif où il est question des facteurs favorables et augmentant la motivation du sujet ; et le bilinguisme sousractif qui présente une situation tout à fait contraire. Il arrive que les enfants issus de l’immigration n ’ app ren n en t pas de langues maternelles de leurs parents, même si elles sont parlées en famille. Le cinquième et dernier critère est lié à l’appartenance et l’identité culturelle. Dans ce contexte nous distinguons quatre types du bilinguisme : le bilinguisme biculturel, le bilinguisme monoculturel en L1, le bilinguisme acculturé à L2 et le bilinguisme acculturé anomique. Ces types représentent relativement les situations dans lesquelles le sujet reconnaît deux identités, l’appartenance à la culture de sa première langue, de sa seconde langue et le cas du sujet qui ne sait pas s’identifier ni à l’une, ni à l’autre. Cette typologie de J. Hamers et M. Blanc met en évidence le caractère interdisciplinaire du phénomène et de la multitude d’approches le concernant.

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Par ailleurs, elle est bien plus précise que celle de U. Weinreich, qui à son tour généralise la notion de bilinguisme. Remarquons aussi que ces deux auteurs, J. Hamers et M. Blanc, font distinction entre la notion de bilinguisme et celle de bilingualité. En effet, dans la typologie présentée ci-dessus ils emploient cette dernière, étant un concept psycholinguistique et décrite comme

l’accès d’un individu à plusieurs codes linguistiques7. Toutefois, nous, dans le cadre de ce travail, nous ne faisons pas cette distinction pour ne pas introduire de confusion. En outre, les recherches concernant le traitement de deux langues chez une personne bilingue ont démontré que les bilingues possèdent plus d’éléments phonologiques, lexicaux, morphologiques, syntaxiques et sémantiques. Il existe des régions cérébrales appropriées à une seule langue

ou aux deux à la fois. Lorsque l’on parle de la représentation des systèmes linguistiques dans le cerveau les chercheurs en neurolinguistique ont présenté quatre hypothèses possibles8. La première considère les deux systèmes linguistiques comme étant un seul système répandu. Dans ce cas il s’agirait juste de variations de phonèmes ou de morphèmes selon le contexte dans lequel ils apparaissent. La deuxième hypothèse présente ces deux systèmes comme distincts et indépendants l’un de l’autre. Il n’y a pas de connexions possibles entre le système de la langue A et celui de la langue B. La troisième hypothèse affirme qu’il y a le système tripartite dans lequel les éléments appartenant aux deux systèmes sont représentés une seule fois. Cela nous permettrait d’éviter la redondance. La dernière hypothèse représente les deux langues comme étant un réseau de connexions. Nous avons donc affaire à un sous-système. Il est sûr que chacune de ces hypothèses dépend du cas précis que l’on analyse. Chaque bilingue possède un parcours linguistique différent et il faut en tenir compte. Puisque les facteurs sont multiples, p.ex. la façon d’apprendre les deux langues, la biculturalité des parents, etc., nous pouvons dire qu’il y a autant de types de bilinguisme que de personnes bilingues.


Didactique En même temps, il existe toujours des points en communs qui donnent la possibilité d’analyser ce phénomène et d’observer certaines caractéristiques. Le bilinguisme familial / précoce La possibilité de voyages et l’ouverture des frontières au sein de l’Union européenne ont encouragé la migration des gens. Il est de plus en plus fréquent que deux cultures se lient par un mariage. Les couples mixtes culturellement et, ce qui nous intéresse le plus, linguistiquement se décident souvent à élever leurs enfants dans deux systèmes linguistiques, celui du père et celui de la mère de l’enfant. Il est prouvé que dès la naissance l’oreille de l’enfant est sensible à toute sorte de bruits9 et que celui-ci distingue particulièrement la voix de sa mère. À partir de la quatrième semaine de vie le bébé est capable de faire la distinction entre certaines voyelles et consonnes. Suivant cette perspective, alors que d’ordinaire l’enfant développe la capacité à reconnaître les phonèmes d’une même langue, il devient en mesure d’acquérir une référence bilingue quand ses parents utilisent deux langues distinctes pour s’adresser à lui. Cela est d’importance capitale, puisque par la suite et lors du développement de l’appareil phonatoire l’enfant devra apprendre à produire les sons de deux systèmes phonétiques différents. Il va sans dire que cette « contrainte » constitue un avantage considérable pour l’enfant du point de vue de l’accent et de la prononciation. Dans le cadre du bilinguisme familial, C. Hagège10 évoque le principe de Ronjat qui date les années dix du XXe siècle. Il est question d’un scientifique qui, étant marié avec une Allemande, élevait son fils dans deux langues, à savoir le français et l’allemand. Ronjat et sa femme s’adressaient à l’enfant

Photo libre

uniquement dans leurs langues maternelles. Ils ont vite constaté que l’enfant est devenu parfaitement bilingue. À présent les couples mixtes qui reproduisent le principe de Ronjat se multiplient, pourtant dans certains cas les parents constatent que leur enfant rejette une des langues, ou bien qu’il s’enferme ou encore qu’il a des difficultés dans diverses matières à l’école. Cette situation est souvent provoquée par l’attitude des parents. Il est fréquent qu’ils ne soient pas conséquents dans leurs actions. Il arrive aussi qu’entre les parents se produit une sorte de rivalité linguistique, parfois même inconsciente, et l’enfant en devient victime. Si on se décide donc à élever un enfant dans deux systèmes linguistiques, il est indispensable de tenir compte des nombreux facteurs et attitudes à éviter. En ce qui concerne l’enseignement bilingue précoce, la méthode qui se répand de plus en plus et de mieux en mieux est l’immersion. L’exemple phare de ce type d’enseignement c’est

surtout celui du Canada où depuis 1965 les enfants anglophones ont la possibilité d’être scolarisés en langue française. Mentionnons encore le cas du Luxembourg où les langues étrangères jouent un rôle très important dans la société. Puisqu’au Luxembourg il n’y a qu’une université (créée en 2003) où poursuivre sa formation, très tôt, les luxembourgeois sont préparés à faire leurs études en France, en Belgique ou en Grande-Bretagne. En Belgique, et surtout à Bruxelles les enfants francophones fréquentent les écoles néerlandaises et inversement. Tout cela nous montre que l’apprentissage d’une langue étrangère n’est pas seulement vu comme un développement intellectuel. Il est plutôt considéré comme une sorte d’investissement dans l’avenir de nos enfants, peu importe dans quel pays ils grandissent. Dans ce cadre nous pouvons encore nous poser la question de savoir si le bilinguisme entre en relation avec

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Didactique notre intelligence. Les recherches ayant comme but de démontrer une bonne ou mauvaise influence du bilinguisme se multiplient depuis des années vingt du XXe siècle. Parmi les chercheurs travaillant ce sujet nous mentionnons D.J. Saer et F. Smith qui en tant que précurseurs se sont servis du test de Binet et ont permis le développement de ce domaine. Il ne faut pas non plus oublier D. McCarthy ou W.R. Jones et W.A. Stewart qui menaient leurs recherches dans les années cinquante. Toutefois les avis restent partagés. Aucune méthode employée, ni des tests n’ont donné des résultats satisfaisants, c’est-à-dire qu’il y a trop de facteurs tels que l’âge, le milieu, l’enseignement, etc, à prendre en considération pour pouvoir dire unanimement que le bilinguisme augmente le QI ou bien au contraire il nuit à l’intelligence. Et cette constatation est commune à tous les chercheurs dans ce domaine. Pourtant, ce qui est certain

est que les personnes bilingues jouissent d’une autre manière de penser, à savoir elles sont capables de séparer la pensée des mots, ce qui d’ailleurs n’est pas possible dans le cas des monolingues. Cela veut dire que grâce aux deux systèmes linguistiques une personne bilingue n’attire pas son attention à la forme d’un mot mais au référent, alors à l’essence (Werner F. Leopold)11. En dehors de tout ce qui vient d’être dit, il faut mentionner que le phénomène de la mixité est étroitement lié à ce que l’on appelle le biculturalisme. En effet, il est fréquent que les deux termes, le bilinguisme et le biculturalisme, vont de pair. D’ailleurs, le dernier critère de la typologie de J. Hamers et M. Blanc (voir ci-dessus) le prend en considération. Cependant le fait d’être bilingue n’est pas indispensable pour sentir en soi cette synthèse de cultures, et inversement.

Les difficultés des enfants de l’immigration Dans les sociétés européennes le bilinguisme est très souvent accusé d’être à la base de l’échec scolaire. Surtout lorsque l’on parle de l’immigration et de l’intégration. Rien de plus trompeur. Dans les années soixante-dix les chercheurs ont constaté que les difficultés qui se présentent dans les cas des enfants immigrés ne sont pas spécifiques aux étrangers. Elles correspondent plutôt aux étapes de l’apprentissage12. Arrêtons donc de stigmatiser les difficultés des immigrés puisque les causes peuvent être nombreuses. C’est souvent une mauvaise prise en charge ou encore un milieu social défavorable qui est à l’origine de l’échec. En même temps, il est très important que l’enfant ait un bon niveau dans sa langue maternelle. Les structures déjà acquises facilitent l’apprentissage d’une nouvelle langue. Dans la situ-

Les enfants à une école maternelle de Montréal ont levé la main pour la glace. IAN BARRETT/CANADIAN PRESS FILE PHOTO, téléchargée de www.thestar.com

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Didactique ation où l’enfant ne maîtrise pas certaines tâches scolaires dans sa langue maternelle, on peut observer ce que l’on appelle un double décalage13. Ce cas de figure démontre que l’enfant manque d’outils dans sa langue maternelle et il associera la seconde langue juste aux tâches scolaires du pays d’accueil. Les difficultés les plus souvent observées chez les élèves immigrés sont les suivantes : le problème de production et de compréhension, les hésitations, le silence lié aussi à l’inadaptation dans un groupe, les lacunes au niveau du plan et de la structure du discours (l’enfant dans ce cas donne juste des informations sans lien logique entre elles), les difficultés concernant les explications et les contenus plus ou moins abstraits. Toutefois, ces obstacles ne signifient pas définitivement que l’enfant échouera à son parcours scolaire. Ce sont plutôt des signes tant pour les parents que pour les enseignants qu’il est nécessaire d’accorder plus d’attention à certains aspects de l’éducation. Conclusion Dans cette esquisse nous avons tenté de souligner la complexité du phénomène du bilinguisme et la multitude d’approches possibles. D’ailleurs, la typologie y présentée en fait preuve. Ce qui en résulte est qu’à présent il n’existe pas une seule définition du bilinguisme et les avis concernant ce phénomène et son fonctionnement sont partagés. Il faut également ajouter que même le processus d’acquisition des langues n’est pas encore explicite pour les chercheurs dans le domaine. Ce qui est très important à remarquer est que les recherches sur le bilinguisme ne sont pas faciles. Le plus souvent elles se font dans un contexte d’analyse relevant lui-même de plusieurs types d’aphasies ou encore suiv-

ant un contexte purement scolaire ou familial. Les facteurs dont il faut tenir compte sont nombreux et il suffit que l’un d’eux varie pour que les résultats changent à leur tour. Aujourd’hui, nous ne sommes pas encore capables de dire si le bilinguisme précoce a plus de bienfaits que de méfaits. Les recherches menées jusqu’à présent n’ont confirmé ni conséquences négatives ni conséquences positives de ce phénomène. Il est sûr que l’enfant acquiert les deux langues avec facilité et aisance, cela ne concerne pas bien évidemment uniquement l’apprentissage des langues. En plus, les deux langues possèdent le même statut, même si dans des situations précises on observe parfois un penchant pour l’une des deux langues. Bref, au lieu d’accuser ou de défendre à tout prix un bilinguisme, quelconque, essayons plutôt de comprendre ce phénomène et de construire de meilleures conditions tant pour les enfants des couples mixtes que pour les immigrés qui s’efforcent de parler une langue étrangère. Références citées Deprez-de Heredia C., Varro G., „Le bilinguisme dans les familles”. W: Enfance. T. 44, 4, 1991, pp. 297-304 El Euch S., „L’organisation cognitive chez un plurilingue est-elle composée, coordonnée ou... hybride ?” W: Synergie Monde. nr 7, 2010, pp. 41-50 Hagège C., „L’Enfant aux deux langues”. Odile Jacob, Paris, 2005 Kurcz I., „Psychologiczne podstawy dwujęzyczności”. GWP, Gdańsk, 2007 Nonnon E., „Difficultés du langage oral et écrit chez l’enfant de l’immigration en échec scolaire : quelques éléments d’analyse”. W: Enfance. T. 44, 4, 1991, pp. 335-354 Paradis M., Lebrun Y., „La neurolinguistique du bilinguisme : représen-

tation et traitement de deux langues dans un même cerveau”. W: Langages, 72, 1983, pp. 7-13 Widła H., „Influence de la langue seconde sur la langue maternelle”. Wydawnictwo Uniwersytetu Śląskiego, Katowice, 1999 Wilczyńska W., „Introduction à la didactique du Francis langue étrangère”. Flair, Kraków, 2005 Wróblewska-Pawlak K., „Język – tożsamość – imigracja. O strategiach adaptacyjnych Polaków zamieszkałych we Francji w latach osiemdziesiątych XX wieku.” Uniwersytet Warszawski, Warszawa, 2004 Varro G., „Enfants et adolescents mixtes : une identité spécifique ?” W: Enfance. T. 43, 3, 1990, pp. 303-322 Vasquez A., „Le bilinguisme chez les enfants d’exilés, activité et stratégies d’identité”. W: Enfance. T. 44, 4, 1991, pp. 279-290 1 Wilczyńska W., „Introduction à la didactique du français langue étrangère”. Flair, Kraków 2005, pp. 58 2 Skutnabb-Kangas T., „Tvåspråkighet”. Liber Läromedel, Lund 1981. W: Hagège C., L’enfant aux deux langues. Odile Jacob, Paris 2005, pp. 217 3 Hagège C., „L’enfant aux deux langues”. Odile Jacob, Paris 2005, pp. 218 4 Kurcz I., „Psychologiczne podstawy dwujęzyczności”. GWP, Gdańsk, 2007, pp. 99 5 (ibid.) 6 Wróblewska-Pawlak K., „Język – tożsamość – imigracja. O strategiach adaptacyjnych Polaków zamieszkałych we Francji w latach osiemdziesiątych XX wieku.” Uniwersytet Warszawski, Warszawa, 2004, pp. 30-34 7 El Euch S., „L’organisation cognitive chez un plurilingue est-elle composée, coordonnée ou... hybride ?” W: Synergie Monde. nr 7, 2010, pp. 41-50 8 Paradis M., Lebrun Y., „La neurolinguistique du bilinguisme : représentation et traitement de deux langues dans un même cerveau”. W: Langage. nr 72, 1983, pp. 8 9 Hagège C., „L’enfant aux deux langues”. Odile Jacob, Paris 2005 10 (ibid.) 11 Kurcz I., „Psychologiczne podstawy dwujęzyczności”. GWP, Gdańsk, 2007, pp. 237 12 Nonnon E., „Difficultés du langage oral et écrit chez l’enfant de l’immigration en échec scolaire : quelques éléments d’analyse”. W: Enfance. T. 44, 4, 1991, pp. 335-354 13 (ibid.)

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Traduction

Anna Stachowicz

Jolanta Okrzesik

Traduire quand il faut faire rire. Les problèmes

spécifiques pour la traduction d’un sitcom, à la base du titre Kaamelott d’Alexandre Astier

Le rire est un don accordé à chaque être humain, il peut donc constituer un élément qui nous unit. Or, il est déterminé par la culture et la société, il peut donc nous séparer. Nous rions de façon nationale, régionale ou grégaire. Le rire est un indicateur de notre appartenance ou de notre altérité face à des communautés différentes. C’est dans cet univers que s’entremêle un traducteur voulant trafiquer en catimini le comique à travers les frontières. Prenons comme exemple l’humour français replanté au sol polonais, à savoir Kaamelott.

C

ette série télévisée qui fait rire des milliers de Français, diffusée sur M6 entre 2005 et 2009, raconte d’une façon désinvolte les péripéties du roi Arthur et ses chevaliers, un peu atypiques, de la Table Ronde. Cette bande définit à nouveau le code chevaleresque. Sa Majesté Arthur, fils du Pendragon, l’élu des dieux, le roi de la terre bretonne, étant à l’époque le royaume des cabanes uni, n’avait appelé sous ses drapeaux que les spécialistes renommés, dont Karadoc, virtuose du piratage nocturne de la bectance, Perceval, docteur ès déformations linguistiques accidentelles, Lancelot, un seul chevalier digne de ce nom si l’on passe sous silence le fait qu’il est traître, Bohort, spécialiste de la dissimulation de sa couardise innée, Léodagan, un grand expert du carnage,

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pillage et étripage. Vous manque-t-il quelque chose à la pleine détresse ? Le réalisateur, Alexandre Astier a pris soin d’ajouter à cette famille grotesque d’autres personnages comme le père Blaise, maître en pagaille dans la paperasse, Merlin, le druide qui fait des potions magiques aux effets lamentables, Guenièvre, la reine qui n’est pas dotée d’un esprit très aigu et Dame Séli, la belle-mère, qui fourre son nez partout. Le réalisateur fait rire à travers l’humour situationnel et verbal. L’histoire présentée diffère un peu de celle que l’on connaît grâce aux légendes arthuriennes. Alexandre Astier change non seulement la trame du récit, mais aussi les traits caractéristiques des héros. En plus, il mélange des coutumes et des croyances du Moyen Âge avec la langue tout à fait moderne, familière,

parfois même vulgaire. Le comique verbal constitue un défi significatif pour le traducteur. Il peut s’avérer difficile à transposer voire impossible. Et c’est cette impossibilité, ses causes et des solutions potentielles que nous voulons analyser. « Potion de vérité, faite maison, technique ancestrale, efficacité garantie » ou bien l’époque arthurienne reflétée dans le langage Arthur : Ça s’est bien passé ? Lancelot : Non. Arthur : Mais qu’est ce que vous avez fait ? Racontez-moi ! Lancelot : Bon, j’avais peut-être mis la barre


Traduction un peu haut... Je m’étais fixé de leur faire combattre un Troll. Arthur : Un Troll ? Vous êtes dingue. Yvain il a peur des guêpes, déjà... Yvain : C’est même pas vrai ! Gauvain : Mon oncle, le Seigneur Lancelot a délibérément mis nos vies en danger ! Yvain Regardez, quand il a ouvert le ventre du Troll, j’ai reçu un jet d’acide qui m’a pratiquement acidifié ! Lancelot : Je devais faire de vous de fiers combattants ! J’ai jamais dit que je vous emmenais en pique-nique ! Arthur : Attendez, il y a eu une expérience malheureuse, bon d’accord, mais ça veut pas forcément dire qu’il faut abandonner !

Toutes les illustrations dans cet article ont été créées par Jolanta Okrzesik

Gauvain : Moi, je ne retourne pas avec ce dangereux personnage ! Yvain : Moi, je m’en fous, si on me force à y retourner, je retiens ma respiration jusqu’à ce qu’on arrête de me forcer à y retourner.

Commençons par la chose la plus simple, qui saute aux yeux à la première vue, à savoir le plan historico-culturel. Il semble conventionnel, adéquat au temps des légendes arthuriennes, mais, au fond, il correspond au monde qui caractérise la science-fiction et la fantasy. Au premier abord, on dirait que l’univers représenté dans la série est parfaitement conforme à l’époque du Moyen-Âge. Et pourtant, nous voyons soudainement sur l’écran un élément qui nous laisse interloqués, par exemple les skavens, êtres magiques provenant d’un jeu de rôle du XXIe siècle ou les sabres laser, pris de l’épopée cinématographique Star Wars. Ces éléments sont présents dans la culture mondiale et, par conséquent,

ils ne posent pas de problème pour le traducteur. Par contre, les composants proprement médiévaux peuvent devenir un obstacle significatif. Le monde verbal de Kaamelott repose sur quatre piliers majeurs (qui ne sont pas les seuls), c’est-à-dire le vocabulaire propre à l’art de la guerre, les termes liés avec les coutumes, avant tout avec la cuisine, les unités de mesure et le champ linguistique des mythes et de la magie. Ils exigent du traducteur un minimum de conscience historique, y compris la terminologie spécifique et la capacité d’adapter le style à l’époque. Commençons par la terminologie martiale dont Kaamelott foisonne. Éclaireur, guetteur, chef de guerre ou Dux Bellorum en sont de bons exemples. Quel type de problèmes ces éléments pourraient-ils poser au traducteur ? Avant tout, ils nous forcent à faire recours

aux termes de la langue d’arrivée qui, selon Kaufman1, devraient se référer aux mêmes objets extralinguistiques que les mots de la langue de départ. Or, les termes strictement adéquats et pourtant méconnus correspondent-ils vraiment au caractère du sitcom destiné au grand public (voyons, l’audience est un indicateur du succès ou de l’échec d’une série télévisée) ? Évoquons un exemple : le beau-père d’Arthur souffre d’une obsession pour les machines de guerre. Dans de nombreux épisodes, il évoque plusieurs types d’armes, dont onagre ou mangonneau, qu’il rêve de construire contre le gré du roi. Reste à savoir si la traduction par les termes polonais correspondants c’est-à-dire onager ou mangonela serait pertinente. Nous ne pourrions pas présumer que chaque spectateur est spécialisé dans la terminologie martiale. L’utilisation

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Traduction d’un lexème généralement connu comme katapulta pourrait être une des possibilités à prendre en considération (un tel procédé pourrait ajouter du comique en soulignant, par des répétitions manifestes, l’obsession martiale de Léodagan). La similarité des solutions applicables nous permet d’envisager comme les suivants les unités de mesure et les coutumes, entre autres la cuisine. Dans ce cas-là, la question la plus importante est que les mots choisis pour la version polonaise fassent semblant être de l’époque. Dans un des épisodes, le roi part en mission militaire et la reine Guenièvre lui prépare des galettes de maïs avec de la viande séchée à emporter. Qu’est-ce qu’elle pourrait lui proposer en polonais ? Placek kukurydziany z suszoną wołowiną ? Ce plat semble avoir un goût « trop mexicain » pour

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la cuisine caractéristique de l’univers de Kaamelott. Une autre proposition serait d’employer un hyperonyme, par exemple : suchy prowiant, voire wałówka. Serait-il pourtant plausible que la reine offrirait au roi un tel cassecroûte... Peut-être mangerait-il quelque chose de plus moyenâgeux comme podpłomyki z suszonym mięsiwem? Dans un autre épisode, Breccan, constructeur de la Table Ronde, évoque le diamètre de ladite pièce de mobilier qui égale à une toise et demie ou, précisément, 2,92356 mètres. Dans la version polonaise, peut-on y mettre metr et, en plus, avec une telle exactitude? D’abord, il faut chasser le diable, virtuose des détails, qui nous pousse à introduire dans ce type de traduction un nombre décimal. Le sitcom n’exige pas une telle précision qui semblerait exagérée. Trois mètres à peu près alors. Et si l’on faisait recours aux unités

anthropomorphiques, qui caractérisent le vieux polonais telles que sążeń, łokieć ou stopa ? Quelle est donc la mesure de la table d’une toise et demie ? Półtora sążnia ou, si vous préférez, dziewięć stóp. Et maintenant, passons de la mathématique, sorcellerie prise métaphoriquement, à la magie au sens strict. Elle apparaît sous des formes différentes, par exemple des sorts jetés, des potions et objets magiques. La diversité et l’abondance des contes et des légendes nous ont munis du vocabulaire considérable. Il suffit donc d’y puiser et trouver des mots conformes au style général comme dans les cas suivants : le tertre des âmes (wzgórze dusz, kurhan, cmentarzysko dusz), les marais maudits (przeklęte trzęsawiska, złowróżbne mokradła, przeklęte moczary), le sort de rage (zaklęcie furii), potion de vivacité (eliksir witalności)


Traduction ou encore potion de fécondité (eliksir płodności). Il faut pourtant laisser de côté les personnages mythologiques essentiellement slaves ; il est évident que la Dame du lac ne peut pas se transformer en wiła ou mamuna. La popularité des légendes arthuriennes nous facilite la transposition des surnoms des personnages qui sont gravés dans notre conscience collective; c’est pourquoi il ne faut pas les changer. Suivant ce principe Blanc Chevalier devient à chaque fois Biały Rycerz et Yvain ou le Chevalier au lion reste toujours Yvain, Rycerz Lwa.

témoin de ma gloire abattue, entends avec moi le céleste appel.

« Je vous en conjure, Sire, n’entrez pas dans cette pièce ! » ou bien le style recherché

Qu’est- ce que la bonne humeur, seigneur Lancelot ? Une illusion éphémère. C’est un mirage de l’esprit qui bien vite s’évanouit.

Arthur: Putain, la vache, la trouille !

Czymże jest dobry nastrój, sir Lancelocie? Efemeryczną wizją? Toż to miraż umysłu, który tak rychło blednie.

Bohort: La gloire, de glorieuses funérailles, oui ! Encore, faudrait-il qu’on retrouve nos carcasses jusqu’ici, à la condition bien sûr de ne pas terminer dans l’estomac de l’autre aberration à deux têtes ! Outre les éléments mentionnés ci-dessus, Alexandre Astier introduit encore un autre composant de l’univers médiéval, à savoir le langage soutenu stylisé à l’époque. Il est crucial d’en redonner le style dans la version polonaise, même si cela peut entraîner les petits changements du sens. Il ne faut pourtant pas oublier qu’il ne s’agit pas du vrai ancien français, mais d’un texte stylisé, ce qui engendre l’effet comique. De même, dans la version polonaise, l’utilisation des mots du vieux polonais annihilerait le comique et empêcherait la compréhension. Voyons quelques exemples : Sort injuste, se referme doucement sur mon âme l’étreinte griffue de ton funeste projet Arbre, mon ami. Majestueux

Los okrutny zaciska na mej duszy szpony swego złowróżbnego zamiaru, Drzewo! O mój przyjacielu! Czcigodny świadku mej poległej chwały. Usłyszże wraz ze mną niebiańskie wezwanie. N’ayez crainte, Sire, je protégerais la reine de la férocité des bêtes de la nuit! Nie obawiaj się Sir, chronić będę królową przed okrucieństwem czających się w mrokach bestyji.

Léodagan : Ouai enfin, vrai ou pas vrai, quand on a un minimum d’éducation, on n’emmerde pas le monde à une heure du matin pour des problèmes personnels, point!

Nous avons donc vu que l’univers de Kammelott est basé sur des composants qui étalent devant nous la vision du monde médiéval qui, en elle-même, n’a rien de comique. Or, le réalisateur assure le comique en faisant entrer ces éléments en collision avec un autre composant, intrus, certainement atypique pour la rhétorique des légendes arthuriennes, c’est-à-dire le langage familier tout à fait moderne. Il arrive que les deux registres apparaissent dans la même conversation ou encore dans la même phrase. Citons par exemple une phrase adressée par Perceval au roi Arthur : Faites pas le con sire, ouvrez !

Les cas de ce type exigent du traducteur une créativité particulière et une souplesse linguistique, car c’est le style du discours qui s’impose dans le processus de la traduction. Comme nous l’avons constaté plus haut, il serait nécessaire de le préserver, même à prix des écarts du sens. L’imagination et l’éloquence seraient un atout indiscutable.

Sir! Nie bądź głupi, otwórz! / Sir! Nie zachowuj się jak idiota, otwórz!

« C’est vous qui tapez la tambouille » ou bien le niveau familier du langage

Arthur: Eh ben tant pis pour sa tronche!

ou un dialogue entre Arthur et sa mère, souveraine de Tintagel : Arthur: J’en ai rien à carrer ! Ygerne: Le peuple de Tintagel est courroucé de ce refus !

Artur: Co mnie to obchodzi! Séli : Qu’est-ce que c’est que ça ? Léodagan : Un prisonnier qui gueule !

Ygerne: Swą odmową lud Tintagel wzburzyłeś!

Séli : Qu’est-ce qu’il veut ?

Artur: A co to mój problem?!

Léodagan : Pffff... Il dit qu’il est innocent euh...

Dans ce cas-là, il est très important de bien définir le registre pour ne pas dévier les intentions du réalisateur. Le fait d’abaisser le registre forme l’erreur

Séli : C’est p’têtre vrai !

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Traduction aussi grave que la pratique de le soigner. Il serait appréciable de trouver le juste milieu entre le champ des euphémismes et des termes considérés comme grossiers. Les exemples évoqués ci-dessus sortent de la bouche des protagonistes plusieurs fois dans la série : C’est de la merde. Beznadzieja / Ale szajs! / Całkiem do dupy. Ah ouais, mais Excalibur, ça rigole pas ce machin, il paraît.

bien les insultes Bohort : Vous êtes un grand malade mental. Le maitre d’armes (soudain détaché) : C’est votre insulte, ça ? Bohort : Comment ? Le maitre d’armes : Je veux dire, malade mental, c’est votre maximum comme insulte? Parce qu’il va falloir passer le cran au-dessus, là, quand même. Sinon, on y est encore demain. Allez ! Bohort : Mais allez quoi ?

O jaaa Ekskalibur! Z tym czymś to nie ma żartów. O Ekskalibur! Z tym cackiem nie ma żartów. Et encore quelques exemples des traductions possibles qui illustrent la gradation des registres : Vous pouvez aller vous gratter ! ou Cassezvous ! Znikajcie! / Wynocha! / Wypad! C’est hyper flippant To niezwykle deprymujące. / To dobija. / To jest mega dołujące. C’est mortel. Powala. /To jest zabójcze. / Super. / Zajebiste.

Le maitre d’armes : Une bonne petite série d’insultes pour se mettre en train et puis hop! Vous attaquez ! Bohort : Mais il est hors de question que je vous insulte !

Du style familier passons aux insultes dont les principes de la traduction sont similaires. Encore une fois, il est nécessaire de refléter le ton de l’énonciation analysée et prendre soin pour que la traduction ne soit pas artificielle dans la bouche de l’utilisateur natif de la langue d’arrivée. Nous pouvons atteindre cet objectif grâce à la conscience que c’est l’intention avec laquelle la phrase est prononcée qui devrait constituer l’invariant, donc cet élément essentiel du sens qui est nécessaire à préserver pendant la traduction. Observons les exemples :

La traduction doit être soumise au principe de la naturalité d’expression, il faudrait aussi vérifier si le registre de la langue est approprié à la situation présentée.

Ma mignonne ! - Panienka! / Laleczka! (c’est ainsi que le maître d’armes s’adresse à Arthur pour augmenter sa combativité.)

« Vous êtes un moufle, un zéro ! » ou

Pecnot - Wieśniak / Wsiur / Chłop

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(l’appellation d’usage incontrôlé pour désigner les paysans) Bande des marteaux - Banda przygłupów / Banda tępaków (le titre d’honneur des chevaliers de la Table Ronde) Espèce de taré – Matoł /Kretyn (chaque personne en présence d’Arturus rabidus) Il est aussi important de prendre en considération le contexte pour bien choisir l’équivalent, vu l’insulte suivante qui, au premier coup d’œil, nous fait penser à une femme, mais dans l’exemple cité se réfère au roi vicieux : C’était une jolie petite salope devrait être traduit par gnida, szuja, kanalia, drań, łotr et non par ladacznica ou puszczalska. Parfois, la recherche des équivalents tout prêts ne pourrait pas être estimée même comme une solution partielle. Dans ce genre des syntagmes, la créativité serait indispensable. En voici les exemples : Le saligaud de bâtard de romain - Ty zapchlony rzymski kundlu! / Ty zapchlony rzymski psie! (Il semblerait que le terme plus neutre pies serait plus offensif dans ce cas que kundel, terme péjoratif dans le langage courant.) Fils d’unijambiste ! - Karli synu! / Synu listonosza! (Nous pourrions discuter si la première proposition est meilleure, étant plus absurde et atypique pour la langue polonaise ou si c’est la seconde, renvoyant à une blague courante et enrichissant de cette façon le comique.)


Littérature

Il va sans dire que la traduction mot à mot ne sera pas judicieuse. « J’ai pénétré dans leurs lieux d’habitation de façon subrogative en tapinant » ou bien les lapsus Perceval: C’est beau quand même. Comment vous dites que ça s’appelle déjà? Lancelot: L’adoubement. Perceval: Encore un nom à coucher dehors. Lancelot: Comment voulez-vous que ça s’appelle ?! Perceval: Ils auraient pu se creuser la tronche pour trouver autre nom, je sais pas moi... chevalierisation? Quoi, s’est déjà pris?

Le dernier problème que nous

voudrions aborder porte sur des fautes de langage commises à chaque pas par Karadoc et surtout Perceval. C’est la tâche qui donne du fil à retordre au traducteur. Ces difficultés prennent la source avant tout dans les déformations des mots ou des idiotismes et dans le choix linguistique erroné face au contexte. Un message codé déformé qui est transmis comme dans le jeu du téléphone arabe - de bouche à oreille - peut nous servir autant que l’illustration de ce phénomène : Il faut affranchir nos compagnons. - Il faut franchir les compagnons. - Il faut rafraîchir les maquignons. Trzeba odbić naszych żołnierzy. - Trzeba przebić naszych żołnierzy. - Trzeba przebić naszych tancerzy.

Le dialogue suivant entre le roi et son chevalier peut aussi être employé comme exemple : Karadoc: Vous nous utilisez bon gré mal gré pour arriver sur la fin. Arthur: Quoi ?! Je vous utilise contre votre gré pour arriver à mes fins ? Karadoc: Sir, wykorzystujesz nas w woli i niewoli, żeby okiełznać cel. Artur: Co?! Wykorzystuję was wbrew waszej woli, żeby osiągnąć cel?

Comme c’est bien visible plus haut, les solutions que nous avons proposées consistent à échanger des éléments qui provoquent le rire dans la langue de départ contre les unités de la langue d’arrivée. C’est la préservation de l’effet

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Traduction comique qui est le seul impératif ; il est fondé sur le jeu des similarités formelles divergeant dans deux langues à cause de la différence morphologique entre elles. Bien sûr, il doit être conforme au contexte situationnel. En voici encore deux exemples : Arthur: Qu’est-ce que c’est pour vous la chevalerie. Yvain ? Yvain: C’est pas là où on range les chevaux? Artur: Czym według was jest waleczność, Yvain? Yvain: Jeden ze stylów tańczenia walcem?

Artur: Ignorowanie Perceval: Że co?

Les néologismes qui imitent de différents styles de langage, créés par l’ignorance des termes existants, forment un cas à part. En les traduisant, il faut suivre le même principe : fabriquer des mots inexistants qui mimeraient le même style. Un bon exemple provient de l’épisode où Karadoc a donné un discours pseudoscientifique portant sur une nouvelle technique martiale, en utilisant des termes tels que : la partie sporadique, la partie boulière, la partie tigieuse

Karadoc: On s’est creusé les ménages. Arthur: Les méninges.

część sporadyczna, część buliwiczna, część łodygiczna

Karadoc: De quoi ?

L’imagination est hors de prix !

Arthur: Rien.

Les exemples analysés font penser à un autre élément de la culture populaire, présentant un humour typiquement anglais, dont Kaamelott semble s’inspirer, à savoir le film intitulé Sacré Graal de Monty Python. Comme Kaamelott, cette réalisation fait référence « très librement » aux légendes arthuriennes. Elle aussi met en scène certains héros essentiels pour la quête de Graal, entre autres le roi Arthur, Lancelot, Perceval, mais elle ne se restreint qu’à l’idée générale. Par contre, Kaamelott, malgré son caractère comique, essaie de garder l’esprit de l’histoire des chevaliers de la Table Ronde, en traitant le sujet de la quête de Graal plus sérieusement. Quant au langage, nous observons plus de ressemblances, surtout dans l’incohérence entre le niveau linguistique et le contexte historique. Les difficultés de la traduction de

Karadoc: Wytężaliśmy nasze szare wiórki. Artur: Komórki Karadoc: Że co? Artur: Że nico. Pour faciliter la tâche, il est utile de faire recours au dictionnaire des rimes : Karadoc : Je vous assure, c’est pas le moment de faire la fine bouche. Arthur : La sourde oreille Perceval : Quoi ? Karadoc: Sir, zapewniam Was, to nie pora na degustowanie.

Sacré Graal vers le polonais ont été combattues avec succès par Beksiński. L’ensemble des exemples que nous avons présenté nous mène à la constatation que l’on ne badine pas avec le comique qui pourrait constituer un défi insurmontable. C’est une notion complexe qui apparaît sous des formes différentes et, par conséquent, exige une approche variée et individuelle. En vérité, l’assurance de la qualité de l’effet comique dépend avant tout du don d’imagination et de créativité du traducteur. Vu que la traduction est une lutte continue contre l’intraduisible2, tous les coups sont permis. 1 Kaufman, S. Problemy ekwiwalencji terminologicznej p.161. dans : Przekład, język, kultura, UMCS, Lublin 2002. 2 traduction de Balcerzan E., cité par Skibińska, E. Wileńska kuchnia Tadeusza Konwickiego we francuskim tłumaczeniu, p. 138. dans : Przekład, język, kultura, UMCS, Lublin 2002

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La jeunesse - La juventú Raúl E. Colón R.

chapitre 2 de La Sagouine d’Antonine Maillet - en traduction espagnole antillaise

1. Le texte original

La Sagouine (1971) est l’œuvre qui consacra son auteure Antonine Maillet, autant d’un point de vue littéraire (plus de 100 000 copies vendues), que d’un point de vue théâtral, milieu artistique dans lequel cet ouvrage1 a été représenté plus de 2000 fois en français et en anglais, au Canada et ailleurs.2 Le chapitre La Jeunesse de La Sagouine est, selon mon opinion, celui qui reflète d’une façon concentrée le parcours du personnage, et qui à la fois réuni une grande diversité lexicale et terminologique acadienne. Ces deux facteurs se réunissent pour expliquer en partie les raisons du choix de ce texte à traduire, parmi d’autres qui seront explicités ci-dessous. 1.a. La voix narrative Le monologue de La Sagouine n’est pas littéraire dans le sens traditionnel du terme. Il n’est ni exprimé, ni écrit, d’après la traditionnelle première personne du singulier. Il n’est pas non plus adressé uniquement à un interlocuteur absent ou imaginaire. La Sagouine parle avec une voix énonciative qui est et se veut plurielle. Elle parle, elle se parle (dialogue intérieur), elle nous parle, et elle prête sa voix à son genre, à son groupe social, à son peuple, aux Acadjens. La chercheuse espagnole Vivero Garcia (1992) à propos de l’organisation énonciative de ce récit, nous signa-

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lait la présence « d’une organisation de l’espace à partir de « l’ici » du locuteur »3 qui serait, je crois, un élément clé pour saisir la polyphonie énonciative ici présente.

à être reflété dans le texte. La Sagouine y fait d’autres réflexions à propos de sa vie. Ici nous constatons plutôt des réseaux de sujets inter-reliés en pairs contradictoires : jeunesse-pauvreté; beauté-laideur; idéalisme-pragmatisme; mariage-compagnonnage; prostitution-amour; insouciance-jonglerie; société-solitude.

1.b. Le type de langage La langage de La Sagouine est populaire et certains diront même dialectale, mais d’autres chercheurs ont avancé qu’il s’agit d’un « type syntaxique libéralement attesté en français, quoiqu’il y ait des sociolectes qui ne l’admettent pas»4. Un des traits reconnaissables du français acadien est l’ouverture des voyelles. Regardons quelques exemples du chapitre choisi en contraposition français-acadien: miroir-miroué; personne-parsoune; homme-houme; téléphone-taléphône, etc. Un autre trait serait la neutralisation du pronom personnel sujet de la première et de la quatrième personne (je suis/ je sons) qu’a détectée Vivero Garcia (1992: 266) dans son analyse du point de vue de l’énonciation de ce titre de Maillet. Ce dernier trait nous semble fondamental, et de celui-ci partira l’un des choix de traduction vers l’espagnol des plus significatifs dans cette traduction.

2. La Traduction

1.c. Les réseaux signifiants La jeunesse est bien le titre de ce chapitre, mais ce concept n’est pas le seul

2.a. Le choix de la traduction Tel que déjà mentionné, ce choix de traduction a été fait en acceptant le défi

1.d. La thématique C’est le bilan de la vie alors qui est la thématique principale du chapitre. Une vie simple comme celle de La Sagouine, qui commence avec des idéaux et des propos ambitieux et qui doit vite s’ajuster aux moyens à la disposition. Une réflexion locale, et que certains verraient comme partant d’un être minuscule, s’avère elle aussi universelle et valide pour tous et chacun. 1.e. Les symboles Le miroir-miroué, comme symbole de la vanité. L’idée du tout-vouloir (je voulions toute) comme symbole de la jeunesse. Le poteau de téléphone (peteau de taléphône) comme symbole de la prostitution rurale, sont quelquesuns des symboles retrouvés.


Traduction que constitue un texte comme celui de La Sagouine, où la difficulté grammaticale et lexicale est sui generis, compte tenue des particularités du français acadien. Ce texte et cette langue présentent comme peu d’autres dans le contexte canadien, les processus que nous allons considérer ici de protocréolisation ou créolisation5 initiale de la langue française et que l’on peut constater dans des niveaux plus avancés de développement, dans la Caraïbe avec les cas du créole haïtien, et/ou des petites Antilles francophones, mais aussi dans le cas des créoles anglophones, notamment le jamaïcain, de même que dans les variantes d’espagnol antillais tels que les deux principaux «accents» cubains -l’occidental et l’oriental-, ou le dominicain, le portoricain, le vénézuélien et le colombien de la côte Caraïbe, parmi d’autres. C’est alors dans le but de faire une espèce de « mariage à travers la traduction » que cette traduction s’entreprend, pour montrer qu’une langue américaine6, même si d’origine européenne, comme c’est le cas de l’acadien, est traduisible, pas nécessairement dans une autre langue officielle des Amériques (l’espagnol, le portugais, l’anglais, etc.), ce qui impliquerait le respect des normes grammaticales et lexicales des académies de la langue (souvent européennes encore ou décidément euro-suivistes et toujours a

2.b. Le défi grammatical Déjà dans sa thèse de doctorat Rabelais et les traditions populaires en Acadie, Antonine Maillet signalait : « Le principal archaïsme qui frappe l’oreille de l’étranger en présence de l’Acadien est sans contredit le j’avions... Ajoutez à cela le i’aviont, et vous penserez avoir là l’Acadien complet » 7. Ceci serait sans doute le nœud grammatical le plus difficile à défaire dans la traduction de l’œuvre de Maillet et en particulier de La Sagouine. Le constat fait par Surridge (1980:157) sur le caractère hybride du j’avons acadien, permet d’envisager une direction, encore inexplorée, des facteurs qui seraient à l’origine de cette expression : l’influence des langues algonquines sur le français acadien (en particulier le micmac). Ce sujet déborde de l’intention du présent travail, il est plutôt une piste de recherche future, mais il est également à la base de la principale décision grammaticale de cette traduction en espagnol d’un chapitre de La Sagouine, à savoir, l’utilisation du pronom impersonnel espagnol Édition de la Maison d’édition Leméac, Montréal, 1974. (uno) avec la conjugaison de la première personne du pluriel, pour essayer de transmettre littéraire en langues d’évolution améla richesse et la couleur du français acaricaine, ou franchement créoles, avec dien, qui serait, lui, un français métissé la traduction littéraire en langues qui comportent également des évolutions de l’Amérique du Nord, un créole norlocales et/ou régionales. Si l’on devait dique. résumer l’idée à une seule phrase, elle 2.c. Le défi lexical serait : créolisons la traduction, là où elle le mérite. Certains choix de traduction du lexique forte tendance normative), mais en essayant de rapprocher cette traduction de la façon de parler des pays des Amériques et surtout des contextes socioculturels qui seraient les pairs, dans ces pays américains, de celui de La Sagouine. La portée principale de cet expérience traductive est de signaler qu’il est temps de synchroniser la création

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Traduction acadien ont été faits en fonction du contexte où le personnage les utilise et de l’équivalence situationnelle dans le registre de l’espagnol choisi. Un exemple est le mot zire dans l’expression : « je me faisais pas zire ». Dans le lexique que l’auteure apporte à la fin de son livre on constate qu’il s’agit de dégouter (faire), mais j’ai choisi le verbe pronominal en espagnol reírse8 et l’expression « nadie se reía de mi » (personne se moquait de moi) qui reflète de façon peut-être plus adéquate cet esprit de l’âme dans le monde antillais. J’ai systématiquement enlevé les « s » à la fin des verbes et de certains mots et coupé certains mots à la moitié. Là où cela a été fait, un apostrophe le signale. Cette approche a l’intention de faire parler La Sagouine dans une langue proche, dans une première partie, de celle des vieux esclaves, nés en Afrique, qui vivaient et travaillaient dans les Antilles hispanophones, langue qui évolue avec d’autres variantes plus tard parmi les braceros9 antillais à Cuba ou en République Dominicaine et Porto Rico. C’est le cas de la plupart des mots coupés à moitié, prononcés sans « s » intermédiaires ou finaux. C’est le cas aussi des « r » finaux qui ne sont pas prononcés. L’expression « laj-uña’ » (les ongles) est un cas d’union entre l’article qui se voit substituer son « s » final par un « j » (son de jota -khota- en espagnol) et le mot suivant auquel on coupe le « s » final également. Le cas de l’expression deg gobiegno, où les « r », toujours de forte prononciation en espagnol, sont substitués par les « g » plus faibles, m’a semblé très proche de l’expression acadienne « les genses du gouvarnement ». Une autre partie de l’approche prend sa source dans les parlers de la population rurale blanche dans les Antilles hispanophones. Population fondamentalement originaire de la

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Galice et des Îles Canaries, travaillant la terre comme des petits agriculteurs privés dans les grandes Antilles, cette population conservait encore dans la deuxième moitié du vingtième siècle des expressions et des idiolectes très proches d’une tradition centenaire parmi les peuplades rurales hispaniques. Par exemple : naiden (pour « nadie » - personne), urtima (pour « última »- dernière); escogía (pour « elección » - choix). Ce dernier mot, une véritable invention, est dérivé du verbe « escoger » (choisir). 2.d. Les idiomatismes Le principal idiomatisme dans cette traduction étant : « je nous parlions anglais comme deux vaches espagnoles » qui trouve une équivalence acceptable en espagnol péninsulaire dans l’expression : « hablar como descosidos », j’ai préféré traduire l’expression française et acadienne, pour faire réfléchir le lecteur hispanophone sur cette expression francophone qui fait allusion à une supposée incapacité des porteurs de la langue de Cervantès à parler d’autres langues que la leur. Il s’agit ici d’un souci de contact entre imaginaires culturels et linguistiques, ce qui dans une traduction d’équivalence n’aurait pas eu lieu, en plus de faire parler La Sagouine dans un espagnol d’un registre soutenu. En guise de conclusion Cette traduction est définitivement expérimentale. Certains choix de traduction sont fait sans avoir des précédents dans la langue espagnole, en particulier celui qui concerne l’utilisation du pronom impersonnel (uno) avec la conjugaison de la première personne du pluriel, pour essayer de transmettre la richesse et la couleur du français acadien. Certains mots sont modifiés aussi, dans le style qu’on les entends

encore dans plusieurs pays hispanophones. Le registre de l’espagnol choisi est à l’évidence populaire, même assez paysan, comme c’est le cas du personnage de La Sagouine, mais il n’est pas nécessairement celui d’un seul pays, si bien ce texte a une dette importante vis-à-vis de l’espagnol de Cuba, d’où je proviens. J’espère que le lecteur pourra découvrir un monde spirituel nouveau avec cette traduction, et qu’elle le stimulera à s’intéresser davantage à cette culture latine de l’Amérique du Nord, qui nous montre avec La Sagouine l’un de ses plus précieux chefs-d’œuvre. 1 Monologue introspectif d’une veille laveuse acadienne. 2 Voir : http://www.nwpassages.com/bios/maillet.asp et aussi : Antonine Maillet at the Pointe-Claire Public Library at: http://search.proquest.com/docview/447 937571?accountid=132854 . D’ailleurs La Sagouine est considérée comme intégrant la liste des 100 livres les plus importants au Canada. (Innis, Harold. (2005) The 100 Most Important Canadian Books. CanWest News. Nov. 18, 2005.) 3 Vivero García, María Dolores (1992). Organización enunciativa de un fragmento de La Sagouine. Dans: Cauce 14-15. p.267. 4 Surridge, Marie (1980) Valeur sémiotique du type syntaxique français: « J’avons ». Dans: Le Journal Canadien de Recherche Sémiotique. printemps/été 1980. p.151-164.) 5 Créolisation ici entendue dans le sens que Glissant lui donne: « la créolisation, c’est un métissage des arts ou de langages qui produit de l’inattendu ». Voir: Glissant, Édouard. (2004) La créolisation du monde est irréversible. Propos recueillis par Frédéric Joignot dans un article paru dans Le Monde, le 2 décembre 2004 et republié le Hors-série de Le Monde, en février 2010) 6 Pas dans le sens de langue autochtone, mais dans le sens de langue qui a évolué et qui a acquis son statut actuel dans les Amériques. 7 Maillet, Antonine (1971) Rabelais et les traditions populaires en Acadie. Montréal. p.136-7. 8 Quatrième acception du verbe reír : verbo pronominal. Manifestar burla o desprecio hacia alguien o algo : el muy despreciable se reía de nuestras desgracias; se reían de él y le insultaban. reírse. Dans : Diccionario de Uso del Español de América Vox ©. 9 Travailleur journalier non qualifié qui émigre temporairement dans un autre pays. Voir : (http://buscon.rae.es/draeI/SrvltConsulta?TIPO_ BUS=3&LEMA=bracero


Traduction

La juventú

- capítulo 2 de La Sagouine 1

A

h, mira que yo fui joven en mi juventú’!, sí, yo también fui joven y bonita, como la’ demá’. Bueno, eso era lo que se contaba. Y cuando me miraba en el espejo, yo tenía entonce’ un espejito de tocador, nadie se reía de mi... ¡qué va! nadie se reía de mi entonce’, no señor. Luego el tiempo pasa pasando, y ustedes también, pero mientra’ dura, la juventú’ es lo mejó’. Seguro segurito, lo mejó’. La juventú’ de ahora no sabe ná’ de eso. Se rebelan, rezongan, y se reviran. No saben lo que quieren. Uno sí que lo sabíamo’. Sabíamo’ muy bien lo que queríamo’, es muy simple, uno lo queríamo’ to’. Uno no podíamo’ to’ tenerlo, bueno, uno queríamo’ lo má’ que se pudiera. ¡Ah! uno no éramo’ gente de estar contenta con la mita’ de un poquito, ¡no, no, qué va! ...ni la mitá’ de un panqué, ni la mitá’ de una casita, ni un hombre a la mitá’ tampoco. Qué va, la juventú’ no é’ tiempo de mitá’ en ná’. É’ el tiempo de lo’ grande’ ideale’, como decía el cura. Bueno, yo tuve lo’ mío’, mi’ ideale’. La juventú’ de ahora no sabe ná’ de eso. Se rebelan, rezongan, y se reviran. No saben lo que quieren. Uno sí que lo sabíamo’. Sabíamo’ muy bien lo que queríamo’, es muy simple, uno lo queríamo’ to’. Uno no podíamo’ to’ tenerlo, bueno, uno queríamo’ lo má’ que se pudiera. ¡Ah! uno no éramo’ gente de estar contenta con la

mita’ de un poquito, ¡no, no, qué va! ...ni la mitá’ de un panqué, ni la mitá’ de una casita, ni un hombre a la mitá’ tampoco. Qué va, la juventú’ no é’ tiempo de mitá’ en ná’. É’ el tiempo de lo’ grande’ ideale’, como decía el cura. Bueno, yo tuve lo’ mío’, mi’ ideale’. ...Yo era joven y estaba bien encabá. Tenía to’ mis diente’ y mis pelo’. La piel suavecita también y laj-uña’ larga’. Yo era...sí señor...¡ah! nadie se reía de mi. El día que yo me di cuenta de eso, no tuve necesidá’ de maquinarlo mucho pa’ encontrar mi’ ideale’. Eso viene solito, un ideal quiero decir. Tú te arrima’ a un poste de teléfono cerquita de Arvin’s, o al lado del muelle y puede’ estar segura de que él vendrá de to’as partes, este ideal y to’s los otros. Ahí tiene’ que escoger. De ná’ vale que tú lo quiera’ to’, tú no puede’ tenerlo to’ de un golpe. Como decía la mujer a Dominico, su muchacho no podía ser cura, docto’ y ademá’ aboga’o al mismo tiempo. Era duro escoger, así que terminó escogiendo la política. Bueno yo no podía escoger la política...¡eh!...yo no era mas ná’ que una mujer, de’pué’ de to’ y una mujer pobre, eso no te deja má’ que una sola escogía. Bueno esa escogía, tú sabe’, uno tampoco lo hace a la mitá’, porque nosotro’ también, uno tenemo’ nuestro’ ideale’. Uno no teníamo’ vocación, entonce’ teníamo’ ideales. Una muchacha pobre que é’ to’avía bonita, redondita y bien encabá’ puede que pueda hacer su

Le timbre postal intitulé L`Acadie, le 14 août, 1981

escogía, si tiene la cabeza bien puesta. Una sola escogía cada vez. ...Tú te apoyas en un poste de teléfono...o te paseas de una punta a la otra del camino real, de La Butte du Moulin hasta La Rivière à Hache, y vigila’. No pierda’ la confianza, que no se va a demora’ mucho la vigiladera, porque son lo’ demá’ lo’ que te van a vigilar. No te dé’ por enterá’, sigue masticando tu chicle y viendo cómo pasa el agua por abajo ‘el puente, pero amárralo’ con lo’ ojo’. Tú va’ a ver a Gilbert, hijo ‘e François, hijo ‘e Etchenne que se levanta y se pasa la mano por la cabeza, al muchacho ‘e la viuda que se esconde detrá’ de su mecedora, al gran Pacifique en parsona, que tiene la cabeza en la’ cortina’. ¡Eh!...bueno, tú no está’ tan loca como pa’ que te cojan en las cortinas. Sagouine o no, ¡tú te respeta’!...

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Traduction Tu no podrá’ respetarte por mucho tiempo, porque hay que vivir...Lo que quiere decir que tú adapta’ tu’ ideale’ a tu bolsillo. Tú mastica’ dos chicle’, te unta’ un poco é’ perfume en el pescuezo y atrá’ de la’ orejas y sigue’ caminando hasta el Ruisseau des Pottes. Allí seguro que siempre hay gente. Va a haber gente, pero también va a estar la Bessoune. Si te vá’ demasiado cerca ‘e la punta te vá’ a topa’ con la Santa. ¡Esa sí que tiene unaj maña’! Los pesca a to’s con rosarios y medallas. Hasta a Bazile hijo ‘e Pierre ella lo llevó a hacer los treinta y tre’ camino’ ‘e la cruz. Y lo que hicieron por los camino’ ‘e la cruz naiden lo puede saber... A h

Gapi, siempre decía que había que desconfia’, pero el Gapi, ese desconfía de nacimiento. Cuando empezó la guerra, la urtima, había un vapor grande en el muelle, al que lo cogió la guerra desprevenío’ y que no había tenío’ tiempo de irse chiflando de la bahía. Estaba llenito de alemane’ aquello, gente que no era de lo’ nuestro’. Lo’ pescaron y lo’ metieron en el presidio a to’s. Alguno’ dijeron entonce’ que estaba bien hecho, que no se podía dejar suelto’ a los malos pa’ que hagan daño a la gente. Eso que no se pué’ dejar que hagan daño a la gente e’ verdá’. Pero, ¿uno sabemo’ de qué lao’ está la gente buena?, ¿y to’a la gente buena está del mismo lao’? Eso é’ terrible. De ná’ vale que una parsona se acueste a dormir por la noche de su la’o bueno, ...no puede

je nous parlions anglais comme deux vaches espagnoles bueno, vendrá el tiempo ‘e la’ goleta’ y lo’ vapore’. Como yo siempre he dicho, mientra’ haya un muelle en alguna parte...La mar es lo que nos salvó a nosotro’. Sin lo’ pescaítos de fritura, la’ concha’, la’ ostra’ y lo’ marinero’... Venían de to’as parte’ eso’ marinero’. A veces uno no entendíamo’ ni jota de lo que les salía por el hocico. No era gente de por aquí, pero era gente buena igual. El

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Édition de la Bibliothèque Québécoise, 1990. Imprimé au Canada en août 2009.

dejar de maquinar que ella ha conocí’o marinero’ que le han parecido buenísimo’, aunque arrimaran del la’o malo. Yo me acuerdo de ese hombrecito que chapurreaba una que otra palabra en inglé’, y no venía de Inglaterra, ni de los Estaos, ni el inglé era la lengua de su país. No, él hablaba un idioma extraño que no se parecía a ná’. En fin, pa’ hacerse entendé’, él había amasao’ un poco de inglé’ en la’ isla’, y así uno podíamo’ entenderno’. Porque con lo’ otro’ yo no tenía costumbre de hablar mucho, y por eso uno no caía en mucha habladera. Pero este hombrecito... Él tenía el pelo amarillo, y lo’ ojo’ triste’. Me costó mucho tiempo saber por qué. Sí, el por qué de lo’ ojo’ triste’. Incluso diría que nunca lo supe de una punta a la otra. Tuve que tranquilizarme con tener mi propia ideíta de una cierta desgracia que le habría pasao’ en su país, allá lejo’.


Traduction Porque siempre canturreaba la misma a lo’ marinero’ al presidio por to’ el tiempo está’ sola ganándote la vida. Y cuando ya cancioncita que contaba la historia de la e’ la guerra, eso dijeron. Porque estaban no ere’ joven, segurito que hay otras má’ deportación de su familia. Ahí fue que yo del la’o malo. Es por eso que tenían que jóvene’ que tú. Y eso termina en que tiene’ entendí la razón. No reía nunca este hommatarlo’ y echarlo’ al presidio. Me parece que mascar tus tres chicles y gastar toa’s brecito y no parecía la’ piedra’ del camino que le cogiera el gusto real, y no ve’ ni un a la vida como lo’ pelo de Gilbert hijo otro’. É’ por eso que ‘e François hijo ‘e Etnaiden lo quería, ni chenne, ni siquiera la siquiera la’ muchacha’ sombra de Pacifique de la Butte-du-Moulin. detrás de la’ cortina’. Pero yo... Eso te obliga a partir, Al principio, yo y tiene’ que arrancar tenía como pena por en el bus y desemél, como una combarcar en el pueblo pasión. Él era flaco, una vez por semana. y cantaba solito to’ el Eso Gapi nunca pudo tiempo, sentao’ en el tragárselo. Porque beaupré’. Y entonce’ aquí él veía al meno’ L`Acadie (actuellement La Nouvelle-Écosse) en 1750, Source: http://www.deanjobb.com yo me ponía cerquita lo que pasaba, pero y me sentaba pegaíta en el pueblo...ven pa’ a él y entonce’ yo no que te lo diga, ven a decía ni pío. Uno mirábamo’ la mar a lo que la mar cambió de color de un golpe ver...no hay peligro. Él pelea, pero no exlejo’ los dos. Por los angelitos te lo juro, seco y que ni las mismitíca’ gaviota’ pudieplota...no es fácil. él se puso a cantar delante de mí, y a miron ya gritar como antes. De ná’ vale acosY luego lo’ chiquillo’ se hicieron rarme, y al final cuentan que uno hablátarse a dormir por la noche...é’ terrible, y grande’. No hay remedio, no puedes impebamo’ en inglé’ como dos vaca’ española’. uno no para de maquinar. dirlo. Entonce’ cuando son grande’ tienen Y ahí fue que yo me empecé a fijar en su’ Y luego llega un momento en que tu lo’ ojo’ abierto’ to’ el tiempo. Y te pregunojo’ triste’, y en su bonita pelambre rubia, maquina’ más todavía, porque ya tú no tan. ¿Qué va’ a hacer al pueblo? ¿Por qué y en su’ mano’ má’ blanca’ y mejor conserere’ tan joven como antes. Eso llega con lo’ no lleva’ la bayeta y el cubo si va’ a limpiar vá’ que la’ de un abogao’, hay que ver, sí año’, la maquinadera. A lo mejor porque la plaza ‘e la estación?...y termina’ llevánseñor. Y luego cuando él cantaba, se me cuando uno se pone viejo tiene más dote la bayeta y el cubo, porque termina’ viraban las tripa’ al revé’, como si alguien tiempo pa’ maquinar...Es duro saberlo. El en la plaza de la estación. Si... cuando no me hubiera pegao’ duro en la panza. Yo Gapi, ese dice que maquinar ná’ má’ que hay más trabajo en la calle Main, te va’ a no entendía por qué, ni siquiera me fijaba es bueno pa’ provocarte úlceras en el eslimpiar la plaza ‘e la estación. Y de’pué’ la en los demá’ y hasta rechazaba buenas tómago. Ese Gapi debe tener el estómago plaza de la Asunción, y de’pué’ la de Raoferta’. Incluso el Gapi se dio cuenta que... empavonao’, porque ese no ha hecho otra dio-Canadá. ¡Ah! y cuando llega’te a po¡Ah! era duro, duro de explicar. Me cosa en su vida que maldecir. nerte en cuatro patas en la plaza ‘e Radioparecía que la mar había cambiao’ de co...Gapi tiene un solo defecto, es un Canadá...é’ porque ha’ caído muy abajo... lor, que era más azul que de costumbre, peleón. Se le subía el genio cada vez que abajo, abajo. Porque é’ allá, con la’ manos y que los pescao’s nadaban pegaítos a la yo salía pa’l pueblo. Porque no estaba en tu cubo y la nariz en tu trapo que va’ a superficie, como para entretenerse con las acostumbrao’ el Gapi. Al principio, yo no ver en tu plaza caras que tú conoce’...Si... gaviotas. Lo’ demá’ se pusieron a mortifitenía necesidá’ de irme pa’ vivir. Yo podía Por eso’ grande’ edificios pasa un millón carno’ y a decirno’ nombrete’, pues bien, quedarme en el terruño, había trabajo cande gente en un día y siempre termina paeso no me importaba... o casi... tidá’ entre el Ruisseau des Pottes y la Butte sando gente que ya tú ha’ visto en tu calle ...Un día, declararon la guerra, al du Moulin. Bueno, cuando comienza’ a Main. Ello’ no te reconocen, pero tú si lo’ amanecer. Y al vapor lo cogieron en la deponerte vieja, esta’ obligá’, a causa de los reconoce’. Y tú te pregunta’ cuando fue sembocadura de la bahía, y ellos echaron chiquillo’, de salir a buscarla. Porque ya no que caíste tan abajo, la’ rodilla’ abajo de

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Traduction tu cubo, ó bueno...Hay que vivir, ve usté’. É’ lo único que importa. Con ideal o sin ideal, te llega un momento en que tiene’ que vivir y atrapa’ las dos punta’ ‘e la soga. ...Con tal que no atrape’ otra cosa entre las dos punta’. Esa é’ la desgracia mas grande que te pue’ pasar. Ere’ capaz de todo por tu’ chiquillo’, te deja’ coge’ y solta’, y volvé’ a coge’ y volvé’ a solta’ y luego ya sabe’ que va’ a perdé’ tu poste ‘e teléfono y que va’ a termina’ en la plaza ‘e la estación. Eso lo acepta’ sin rechista’, porque e’ tu trabajo. Entonce’ ¿por qué tiene’ que atrapar una porquería cualquiera ‘e contra? ¿Usté’ se acuerda de la bella Adelaida, la hija de Philippe hijo ‘e P’tit Jean? Si alguna vez por to’ esto, se había visto una bonitura parecida, esa era ella. Llenita, pelirroja, y pícara como ella sola. No era fácil la chiquilla. Como quien dice llevaba la sinvergüenzura y la malda’ en la sangre. No era un retoño de los Bois-Francs de Memramcook por gusto. Bueno, ¿quiere enterarse? Ella no había todavía pasao’ ni tre’ año’ en su poste y ya tenía las pierna’ inflá’ como una barrica y granos abajo é’ lo’ brazo’ y en lo’ cachete’. No se la podía mirar al cabo de tre’ año’, la pobre esclava. ¡Usté’ cree que sea justo! El Gapi dice que tanto mejo’ pa’ ella, que no tenía que haber hecho eso...Bueno el Gapi no sabe lo que dice, ná’ mas que tiene que pelea’ por algo. Lo pior era cuando llegaba un barco grande de los países de ante’ y que tú sabía’ que no iba a falta’ el trabajo y que al mi’mo tiempo caían la’ chiquilla’ ‘e to’as parte’, como una verdadera ‘pidemia de grillo’ en Egipto. Llegaban de lo ma’ atrá’ ‘e la’ concesione’, pior que la’ mosca’ y ocupaban to’ el espacio, seguritíco.

Aunque saliera’ a la’ sei’ de la mañana, to’o’ lo’ poste’ estaban lleno’. Lo’ poste’ y el puente. Había hasta una’ que se ponían en la’ escalera’ de la iglesia, ¡mire usté’! Esa gente no tenia caché, ni respeto ninguno. Esa’ no saben vivir y vienen a cogerle

gobiegno, esa gente trabaja tan duro como nosotro’. Como nosotro’ están to’ el tiempo en el camino, día y noche. Adema’ tienen que sé’ cumplido’ con cualquiera y prometé’ más é’ lo que se puede dá’ y pior que eso...pior que eso, a vece’ caer bien abajo. No es siempre un trabajo limpio el que ello’ hacen tampoco. Parece que hay doctore’ que hacen parir hasta a do’ pares ‘e jimagua’ por noche y agrónomo’ que han estudiao’ mucho’ año’ en la universidá’ y que tienen que meté’ la nariz en la mabinga pa’ saber si esta buena, y abogao’ y miembro’ deg gobiegno... pa’ qué decirle lo que tienen que hacer pa’ ganarse la vida...Uno no somo’ lo’ único’ que tienen que trabaja’ duro y uno no no’ quejamo’. De’pué’ de to’ hay quien está pior que nosotro’. Yo siempre lo he dicho, cuando quiera’ quejarte, la Sagouine, mira alrededó’ tuyo y te dará’ cuenta que la vida é’ dura pa’ to’ el mundo y que to’ el tiempo hay quien está pior que tú...

Al principio, yo tenía como pena por él, como una compasión. Él era flaco, y cantaba solito to’ el tiempo, sentao’ en el beaupré’.

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el puesto ‘e uno aquí. ¡La’ hubiera visto con la harina pegá’ en la cara y el jugo de remolacha en lo’ cachete’! Si había gente que conocía eso, el jugo de remolacha y la harina, eramo’ nosotra’, ella’ no podían enseñarno’ ná’. Eso no tenía ninguna clase y pa’ colmo nos arrancaban el pan de la boca. No le’ bastaba masticar chicle ordinario o chicle de pino, tenía que ser chicle de globito’, pa’ explotárnoslo en la cara cuando pasábamo’, pa’ fastidiarno’. Llegó un momento en que uno estábamo’ harta’ de su’ globito’ y de su besito de corazoncito y de su’ hocico’ lleno é’ harina. To’a’ pa’ colmo más gorda’ que bueye’, chiquilla’ con dos yema’, como uno teníamo’ costumbre de llamarla’. Bueno, las chiquilla’ con dos yema’, tenían una yema de ma’, porque ellas no’ lo habían robao’ tó’: lo’ poste’, nuestro camino real, nuestro sustento. Y fue ahí que uno tuvimo’ que partir pa’l pueblo, como la Santa familia... Cuando uno se pone vieja, e’ duro...muy duro. ...Siempre e’ duro cuando una parsona tiene que ganarse la vida. ¡Ah! pero uno no somo’ lo’ único’. To’ el mundo tiene que ganarse la vida. Lo’ doctore’ y los vendedore’ ‘e seguro, y la gente deg

...Llega un momento en que te siente’ bien sabiendo que tú no está’ sola.


Table des matières

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Section espagnole

Fernando Savater: invitación a la filosofía The aim of the article is to present basics views that the contemporary philosopher, Fernando Savater, holds on ethics which is a main field of his meditations. Author of the article begins with describing philosopher’s stand on the subject of human nature. Then she presents the main assumptions of his moral philosophy as well as the arguments in support of a community. The intention of the author is also to portray the thinker as a promoter of philosophy or a philosophical approach to life. Numerous quotations reveal the specificity of his style. Key words: philosophy, ethics, humanity, wisdom, community

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Aventura de una traducción: El Glíglico Cortaziano “a la polaca”. La musicalidad del lenguaje literario. All the works of Julio Cortázar are marked by great sensibility towards words and music of the language itself. In his compositions the emphasis is put on sound, melody and rhythm. This musicality composes a basis in the essay that we would like to present. Based on chapter 68 of Hopscotch we will deal with the problem of translation of the language that actually does not exist. Through the analysis of fragments of the novel we will pin out the importance of rhythm in original version and in translation. We would also like to highlight the role of the creativity of the translator. Key words: Cortázar, musicality, Hopscotch, translation

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Privilegios de la diversidad del español en la traducción audiovisual The article has as main objective to describe the most important peculiarities of Andalusian Spanish, focusing predominantly on its distinguishing phonological features. In consideration of substantial, secular role of music in Andalusia, the description has been based on songs created by a few modern, Andalusian bands. The aim of such analysis is to discover if original Andalusian features, which used to be a vital part of Flamenco, appear in the modern music and to what extent they are developed. Moreover, we raise also other issues such as: language role in searching for regional identity, elements of different cultures in Andalusian, level of respect accorded to this variety and polemic about its terminology. Key words: dialectology, Andalusia, varieties of Spanish, Flamenco, phonology, linguistic identity

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Littérature

Photo de F.Savater publiée à elespectador.com

Kamila Kruszyńska

Fernando Savater: invitación a la filosofía

“Siempre se dividirán los hombres en estas dos clases de las cuales forman la mejor aquellos para quienes precisamente lo superfluo es lo necesario1” – José Ortega y Gasset

N

o sin motivo empezamos nuestras reflexiones sobre la obra de Fernando Savater con una cita de su gran predecesor, el filósofo español más conocido, José Ortega y Gasset. Tanto el pensamiento de Ortega como el de Savater se caracterizan por una cierta ligereza del estilo, la claridad de las ideas presentadas, lo acertado de las razones alegadas. Los ensayos orteguianos abundan en citas de otros pensadores;

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no obstante, lo que destaca (junto con una elocuencia incomparable del autor de Meditaciones del Quijote) es su humor. Con respecto de los texto savaterianos podríamos decir lo mismo. Además, los dos filósofos son excelentes analistas de la realidad que les rodea, sin fijarse exclusivamente en problemas estrictamente filosóficos. Así pues, mientras en Ortega leemos sobre el desarrollo de la física, cuestiones tales como el principio de incertitumbre,

Savater presenta postulados ecológicos o toma la palabra en la discusión sobre la corrida. A ambos les interesa también el arte, lo que se revela en las reflexiones sobre creaciones de Velázquez y Goya, en el caso de Ortega, y en muchísimas alusiones a películas, en lo que se refiere a Savater. Por último, los dos filósofos pasaron mucho tiempo en Madrid donde se dedicaron a la filosofía (es decir, a lo “superfluo”, si quisiéramos hacer referencia a la


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A veces uno puede tratar a los demás como a personas y no recibir más que coces, traiciones o abusos. De acuerdo. Pero al menos contamos con el respeto de una persona, aunque no sea más que una: nosotros mismos. cita con la cual hemos abierto el presente estudio) y a la enseñanza de filosofar. Sumerjámonos entonces en el Logos de Manzanares, como diría María Zambrano, y analicemos qué sabiduría nos ofrece el discípulo orteguiano en cuanto a la constitución ontológica del hombre como tal, su tarea vital y sus deseos primordiales. El fundamento del pensamiento: ¿qué es el hombre? Lo que destaca en la reflexión de Savater, autor de Invitación a la ética (1982), es su interés por la susodicha filosofía práctica. No obstante, antes de contestar a la pregunta “¿qué hacer?”, o “¿cuál es mi lugar en el universo?”, el pensador vasco toca una cuestión aun más fundamental: aborda el gran tema de qué somos. La respuesta savateriana a dicha pregunta, que encontramos en el ya mencionado libro dedicado a la ética, puede parecer a primera vista poco satisfactoria. Savater hace referencia a “la raíz trágica de lo humano”2: somos entes trágicos porque nuestra existencia la sostienen necesidades opuestas, representadas por términos tales como: finitud – infinitud, identidad – dinamismo, producto – posibilidad, satisfacción – pérdida.

El problema (y también la belleza) del hombre surge del hecho de que él es ante todo un puro querer. “Volo ergo sum”, “quiero luego soy”3; Savater nos remite a las palabras de San Agustín socavando el famoso argumento cartesiano. Primero, queremos ser, y luego anhelamos amplificar nuestro ser4. En esa concepción lo esencial es ello que tanto subrayaba Heidegger: nuestra experiencia básica nos revela que de algún modo formamos parte del mundo en el cual nos encontramos. Explicar o justificarlo es la tarea más importante que tiene que emprender cada uno de nosotros. En Invitación a la ética encontramos también una alusión a Ortega quien llamaba el mundo “contravoluntad”5 (respectivamente, el hombre puede ser identificado con la voluntad). Savater desarrolla esa intuición escribiendo que el hombre es consciente de que está rodeado de cosas y conoce el mundo “al intervenir en él, contra él”6. ¿Por qué “contra”? Es que mientras que para toda cosa es fundamental que se quede en sí misma, que se quede como es (identidad), la esencia del hombre radica en su actividad, posibilidad (dinamismo)7. Ser hombre significa

simplemente no ser cosa. Una obligación inmemorial del hombre es testimoniarlo, dondequiera que esté. Como las cosas son siempre finitas y el hombre, infinito (en sus posibilidades), ningún objeto le satisface. De ahí la dimensión trágica de nuestro ser. La siguiente pregunta: ¿qué es lo que de verdad queremos? En otro libro cuyo título contiene la palabra ética, Ética para Amador, Savater nos asegura que lo que cada hombre verdaderamente quiere es “vivir bien”8, o simplemente ser feliz. Pero, ¿qué es la felicidad? ¡Ése es, sin duda, un problema puramente filosófico cuya explicación no la encontraremos en un diccionario... ¿O tal vez no sea así? Llegados a ese punto cabe recordar que Fernando Savater es también el autor del Diccionario filosófico en el cual el concepto de “felicidad” sí que aparece. Lo que puede extrañar un poco es que, al explicarlo, Savater nos remite al concepto de la “alegría”9. Afortunadamente, el artículo titulado así abre la versión española del libro. Sobre el tema de la felicidad escribió el filósofo vasco trece páginas, es decir, no poco. Empezó sus reflexiones, tradicionalmente, con

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Philosophie

Collection privée de l’auteure

una característica general del hombre indicando la aprensión de la muerte como una condición fundamental de la humanidad. Y la alegría es “un desafío retado al mundo”10, un “acuerdo para vida” (pero no para una forma concreta de ésta, sino para el mero hecho de su existencia)11. Savater insiste en que la alegría “no es el final de nuestra búsqueda, [sino que] con frecuencia la antecede o no le hace caso”12. Al formular una definición exacta del concepto de alegría alude Fernando Savater, como lo suele hacer a menudo, a Spinoza. Escribe que la alegría es un tipo de aceptación del mundo o de la vida13, lo nos lleva directamente a la concepción de la felicidad porque ésta, del mismo modo que el placer, se asocia con dicha aceptación. Mientras que la alegría es un sentimiento y su reino lo constituye el presente, el placer es una sensación que se dirige hacia el futuro (por eso es trágica). La felicidad la podemos definir en cambio como un estado que es permanente y está siempre relacionado con el pasado14. Este estado de ánimo, caracterizado como estático es precisamente lo que cada hombre desea (Savater repite en ese sentido la noción básica de Aristóteles)15. Es interesante que entre las obras

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savaterianas encontremos una titulada El contenido de la felicidad; en ella, el pensador da a sus lectores instrucciones de cómo lograr “el mejor de todos los bienes humanos”, como nombraban la felicidad los antiguos. La tarea de cada hombre: ¿cómo llegar a ser feliz? En la introdución a El contenido de la felicidad se señala que es posible que al lector le parezca que la obra no habla sobre la felicidad misma. Será así porque, como ya sabemos, para Savater la felicidad es “lo que queremos”16, y “de lo que el hombre quiere [...] trata precisamente ética”17. En otras palabras, El contenido de la felicidad también ha de tratar de ella18. Es obvio que la cuestión de “lo que queremos” se asocia directamente con el problema de la libertad humana. La opinión de Savater al respecto es clara. Según el filósofo, la gente tiene inclinación a confundir la libertad y la omnipotencia; y hay que recordar que esa primera “es algo determinado, condicionado y limitado”19. La noción de libertad la podemos comparar con una idea algo estoica que encontramos en las páginas de Ética para Amador: Aunque “no somos libres en cuanto a

lo que nos pasa [...] somos libres en la elección de respuesta a lo que nos pasa”20. Y tal debe ser el fundamento de toda acción humana. El objetivo que guiaba a Savater a la hora de escribir Ética para Amador fue instruir a su hijo qué hacer (y de qué manera pensar) para vivir bien. El consejo principal es éste: “haz lo que quieras”. Sin embargo, como lo acentúa el pensador vasco, no se trata de “hacer la primera cosa que nos venga a la cabeza”21. Es imprescindible ser consciente de qué es lo que verdaderamente queremos. Hay que evitar tanto los caprichos como las órdenes y los hábitos22. La solución parece sencilla: conviene pensar. “¡La estupidez acecha y no perdona!”23, nos advierte el filósofo. Una vigilancia continua es entonces lo que debe caracterizar a un ser humano de buen juicio, o sea, un ser que se dirige hacia lo bueno (en primer lugar, hacia lo que es bueno para él). Como en una película, las tomas no se repiten, no hay cómo corregirlas24. Por eso es menester reflexionar incesantemente sobre el sentido de nuestros actos. Nadie puede ser feliz o libre en vez de mí25. Es obvio que al hablar de felicidad, Fernando Savater no se limita a un


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único consejo, “haz lo que quieras”, encerrado en una formula enigmática y casi mágica. Desde luego, desarrolla esa idea señalando por lo menos cuatro pilares sobre los cuales se sostiene la sabiduría práctica: a) hay que tener en cuenta que cada hombre quiere vivir y, además, quiere vivir bien (no debemos confiar en las personas que declaran algo opuesto); b) tenemos que estar atentos a que nuestros actos correspondan a nuestros deseos; c) debemos desarrollar “el buen gusto moral”, basándonos, con tal objetivo, en la experiencia (es que la repetición de buenas acciones impide, con el tiempo, actuar mal); d) es necesario renunciar a buscar la coartada; como somos libres, somos también responsables por las consecuencias de nuestras acciones.26 No se trata de que el filósofo no se dé cuenta de que querer tener una buena vida y saber cómo ésta debería ser no es lo mismo27. La vida siempre es complicada, Savater lo admite sin vacilar; pero parece advertir al mismo tiempo a sus lectores de que la búsqueda de los remedios más fáciles la puede complicar aun más. En cuanto a nuestras elecciones (de cada

tipo), el pensador pone de relieve que es imprescindible elegir siempre estas opciones que en el futuro abrirán más opciones28. En el libro dedicado a su hijo, Savater escribe una frase que pone de relieve que la única obligación del hombre es no ser un tonto29. Luego nos ofrece una clasificación de los necios. En primer lugar, los que creen que lo quieren todo. Después, los que no saben qué es lo que quieren. El tercer grupo lo forma la gente que tiene algunos deseos pero anhela “temorosamente y sin convicción”30. Por último, los que desean “con insistencia y vehementemente, con toda la osadía”31. Lo más importante que Fernando Savater nos quiere transmitir es, sin duda alguna, la convicción de que lo que podríamos llamar buena vida es inevitablemente individual. No hay ningún modelo común de ésta. Como nadie es capaz de vivir mi felicidad, nadie sabrá qué es lo que me la puede traer. Uno se ve a sí mismo como médico y otro, como viajero. Nuestras existencias son incomparables, pero si elegimos bien, seremos felices; y la alegría es el mayor premio que podemos recibir por cualquier cosa32. Lo primordial de una vida buena es la exigencia de que sea también una

vida humana y no la “vida de un coliflor o cucaracha”33. ¿Qué significa eso? Que nosotros, es decir, la raza humana, necesitamos algo que solamente los otros hombres nos pueden dar34. Hacia la plenitud de la humanidad: ¿Por qué necesito al otro? Ya hemos dicho que la naturaleza humana se compone de dinamismo, infinitud, autodeterminación y creatividad. Nuestro yo quiere imponerse una forma pero al mismo tiempo desea ser considerado como una “totalidad abierta”35, siempre dispuesta a cambiar. Necesitamos subrayar constantemente nuestra nocosificación. El conocimiento (de uno mismo) exige el reconocimiento (por parte del otro mientras sea parecido). “El yo se desgarra a sí mismo y se duele en las cosas; necesita ser confirmado desde fuera, pero confirmado por algo semejante a él mismo, por otro objeto infinito”36, por algo que “es lo que no es”37, es decir, por otro sujeto38, otra persona. Las investigaciones ontológicas de Invitación a la ética las desarrolla Savater de un modo más comprensible en su obra posterior. Haciendo alusión a la película Ciudadano Kane y a la parábola

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Photo libre de Savater, lamajadescalza.com

bíblica sobre Esaú y Jacob39, explica muy expresivamente de qué consta, según él, la humanidad. Al evocar la miserable soledad de Kane, el pensador proclama: “de cosas, [...] se puede solamente... cosas”40. Y continúa: “ [l]a lenteja permite saciar el hambre, pero no ayudará por ejemplo en aprender francés”41. Además, hay que recordar que Kane quedó solo porque había tratado a otras personas como si fueran cosas. Y desgraciadamente, pocas cosas guardan su encanto en aislamiento42. Como el método para lograr una comunidad humana propone Savater “la comunicación racional”43 en vista de su convicción de que “el lenguaje descubre lo mismo del otro”44. Esa idea la explica el filósofo de la manera más sencilla en Ética para Amador: “hay también que hablar con otros, presentar argumentos sí mismo y escuchar argumentos de los otros”45. Es cómo entiende la razón para hacerlo: nadie nace siendo plenamente hombre, tampoco puede llegar a serlo sin ayuda por parte de otros seres de su especie46. Otra no menos obvia cuestión es que

vivimos en una sociedad de la cual, a decir la verdad, no se puede escapar en nuestra época. Repitamos otra vez: “[l]o que el hombre en lo más hondo y más íntimo de sí mismo quiere [...] es no ser cosa”47. La raíz ética de nuestras acciones

asegura y prueba nuestra humanidad. Como hermosamente escribe Savater sobre la cortesía, ésta “comporta [...] un cierto homenaje”48 a otra persona. En ese contexto no extraña la siguiente constatación: “[e]xijo cortesía de los otros y me la exijo”49. ¿Pero si el respeto no es correspondido? No importa. Eso puede causar tristeza o pena pero no cambia nada. Como leemos en Ética para Amador: “[a] veces se puede tratar los otros como la gente y recibir en cambio solamente bofetadas, traiciones y daños. Es verdad. Pero guardamos el respeto por lo menos para una persona [...]: para sí mismo”50. Tratando a los otros como no-cosas subrayamos nuestra propia no-coseidad, la exijimos, la defendemos, la consagramos... Con relación a ese problema, Fernando Savater recuerda también la etimología de la palabra “interés”, la cual proviene de latín inter esse que significa ‘estar entre varios’51. Su objetivo es, en ese caso, enseñar a sus lectores que todos los intereses

Caricature de l’auteur créée par Miguel Herranz, lodonocais.blogspot.com

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Philosophie son relativos “salvo un único interés absoluto: el beneficio de ser hombre entre otros hombres”52. No sorprende pues que el filósofo parezca acentuar la idea fundamentel de toda la filosofía del diálogo, es decir, la de que otra persona nunca debería ser un medio para nosotros y siempre el fin (contrariamente a las cosas, que siempre son medios y nunca llegarán a ser nada más). Esa igualdad radical que favorece el pensador vasco, hace al hombre un ser único, esencialmente diferente de los animales (que carecen de capacidades éticas) y del dios (que se caracteriza por una superioridad insuperable). A consecuencia, la concepción savateriana se instala entre las teorías que degradan al hombre y las que sin razón alguna lo engrandecen. Fernando Savater es despiadadamente racional en su juicio y seductivo en su estilo. Dejémosle resumir su pensamiento: Un pesimista ético, Tomás Hobbes, estableció como irremediable divisa homo homini lupus; el materialista teológico (valga la redundancia) más consecuente de la historia de la ética, Benito Spinoza, quiso algo aún más difícil y peligroso, jubilosamente desconsolador: homo homini deus. Pero ni lobo para el hombre ni dios para el hombre, yo os digo homo homini homo y aquí creo ver la obvia (pero casi siempre oculta) raíz de la ética, pues es el hombre hombre para el hombre, es el hombre lo que hace hombre al hombre, en lo que se confirma como hombre, y merced al hombre se abre el hombre a la infinitud creadora y libre, y de este modo logra ir más allá del hombre53.

A modo de despedida: una bienvenida perpetua En el prólogo a Invitación a la ética leemos que su autor quiso titular el libro, haciendo una alusión o incluso un homenaje a Baltasar Gracián, el gran pensador español del Siglo de Oro, Oráculo manual. La verdad es que podemos tratar todos sus textos como si lo fueran, a pesar de llevar otros títulos. Fernando Savater es un gran coleccionador de la sabiduría humana. Su propia teoría filosófica emerge de la inmensidad de citas de otros pensadores en los cuales se apoya. Savater es un maestro perfecto. Es la partera socrática del siglo XXI. ¡De su erudición podemos aprender un montón de cosas, teniendo a la vez la impresión de que Savater nos indica algo que siempre hemos sabido! Lo fundamental es que el filósofo vasco logra demostrar en su obra y en su actividad pública la importancia de lo superfluo, que menciona Ortega. Para Savater, filosofar significa meditar sobre la vida y esforzarse en la búsqueda de las maneras de mejorarla. Así pues, mientras uno viva mejor que filosofe. Los libros de Savater enseñan perfectamente cómo hacerlo. Por último, hay que señalar que escribir sobre la obra savateriana parece un disparate total. Los razonamientos que se pueden encontrar en sus textos son perfectos. No tiene ningún sentido leer sobre Savater, leer a él es suficiente (¡es imprescindible!). 1 Ortega y Gasset J., “¿Qué es filosofía?”, Alianza Editorial, Madrid 2007, p. 74. 2 Savater F., “Invitación a la ética”, Editorial Anagrama, Barcelona 2005, p. 20. 3 Ibíd, p. 23. 4 Ibíd, p. 27. 5 Ibíd, p. 16. 6 Ibíd. 7 Ibíd, pp. 16-17. 8 Savater F., ”Etyka dla syna”, Wydawnictwa Szkolne i

Pedagogiczne, Warszawa 1996, p. 74. 9 Savater F., “Mój słownik filozoficzny”, Wydawnictwo Axis, Poznań 2003, p. 347. 10 Ibíd, p. 242. 11 Ibíd. 12 Ibíd, p. 248. 13 Ibíd, p. 249. 14 Ibíd, pp. 250-251. 15 Según el Estagirita, la felicidad es el mejor de todos los bienes humanos y, además, su fin definitivo. Arystoteles, “Etyka Eudamejska”, Wydawnictwo Naukowe PWN, Warszawa 1977, p. 142; Arystoteles “Etyka wielka”, Wydawnictwo Naukowe PWN, Warszawa 1977, p. 19. 16 Savater F., “El contenido de la felicidad”, Punto de Lectura, Madrid 1994, p. 21. 17 Ibíd. 18 En otro momento leemos que el objetivo del libro “era abordar la felicidad desde su entraña ética”; ibíd, p. 13. 19 Ibíd, p. 87. 20 Savater F., ”Etyka dla syna”, Wydawnictwa Szkolne i Pedagogiczne, Warszawa 1996, p. 29. 21 Ibíd, p. 70. 22 A dicho problema dedica el pensador un capítulo entero de su libro; ibíd, pp. 35-50. 23 Ibíd, p. 98. 24 Ibíd, p. 178. 25 Ibíd, p. 56. 26 Ibíd, p. 101. 27 Ibíd, p. 83. 28 Ibíd, p. 182. 29 Ibíd, p. 96. 30 Ibíd, p. 97. 31 Ibíd. 32 Ibíd, p. 151. 33 Ibíd, p. 75. 34 Además de la compañía y el mutuo reconocimiento, se trata del acto de enseñar; es que enseñando unos a otros (enseñando lenguaje, en primer lugar) los hombres se hacen hombres. Ibíd., pp. 76-78. 35 Savater F., “Invitación a la ética”, Editorial Anagrama, Barcelona 2005, p. 30. 36 Ibíd, p. 27. 37 Ibíd, p. 35. 38 Ibíd, p. 28. 39 Trata de cómo Esaú renunció a su herencia en beneficio de su hermano por una escudilla de lentejas. 40 Savater F., ”Etyka dla syna”, Wydawnictwa Szkolne i Pedagogiczne, Warszawa 1996, p. 87. 41 Ibíd. 42 Ibíd, p. 76. 43 Savater F., “Invitación a la ética”, Editorial Anagrama, Barcelona 2005, p. 36. 44 Ibíd, p. 37. 45 Savater F., ”Etyka dla syna”, Wydawnictwa Szkolne i Pedagogiczne, Warszawa 1996, p. 93. ”Ponte en su lugar” es otro consejo muy sencillo. Así titula Savater una parte de su libro (ibíd, pp. 117-139). 46 Ibíd, p. 77. 47 Savater F., “El contenido de la felicidad”, Punto de Lectura, Madrid 1994, pp. 31-32. 48 Ibíd, p. 37. 49 Ibíd. 50 Savater F., ”Etyka dla syna”, Wydawnictwa Szkolne i Pedagogiczne, Warszawa 1996, p. 89. 51 Ibíd, p. 133. 52 Ibíd, p. 134. 53 Savater F., “Invitación a la ética”, Editorial Anagrama, Barcelona 2005, p. 38.

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Para nosotros todos, amantes, habladores

for lovers or users of words
 el problema es este this is the difficulty –

lo que se pierde what gets lost
 no es lo que se pierde en traducción sino
 is not what gets lost in translation but more
 what gets lost in language itself lo que se pierde

en el hecho en la lengua

en la palabra misma ( Alastair Reid : What Gets Lost / Lo Que Se Pierde ) ReVue | Décembre 2011


Traduction

Monika Kapuścińska

Aventura de una traducción: El Glíglico Cortaziano “a la polaca”. La musicalidad del lenguaje literario.

A pesar de que la traducción se caracteriza generalmente por la repetición de esquemas fijos, no todas las traducciones tienen formas tan rígidas.

Z

ofia Chądzyńska fue una traductora extraordinaria cuyo trabajo abrió ante nosotros, los lectores polacos, la posibilidad de comprender la literatura de Hispanoamérica. Para ella, la traducción fue no sólo un trabajo regular, sino también una gran aventura con obras literarias de autores excepcionales. Alain constata que “siempre se puede traducir a un poeta – inglés, latino, griego – palabra por palabra, sin añadir nada, guardando el orden de las palabras del original, para encontrar al fin un compás, o incluso un ritmo” (en Barman 1985: 286; la traducción es nuestra). En una de las entrevistas (Kubik, 2000) Chądzyńska insistió en que “la traducción requiere ante todo el oído”; lo mismo reconoce Balcerzan (1968: 23) cuando llama al regreso a “los detalles – visuales, lexicales, rítmicos, de entonación”. El objetivo de ese artículo es analizar y comparar la musicalidad del lenguaje creado por Julio Cortázar en su famosísima novela Rayuela y la traducción de dicho lenguaje llevada a cabo por Chądzyńska. Cortázar es considerado como uno de los máximos representantes de la nueva novela hispanoamericana que, entre muchas novedades, se caracteriza por un peculiar tipo de protagonista:

un antihéroe. En el caso de la novela de Cortázar, su protagonista principal, Horacio Oliveira, es un hombre extravagante, que tiene muchos problemas personales: uno de ellos, quizás el más importante, es la incapacidad de comunicarse con los demás, la incapacidad de expresarse para ser entendido. Con el objetivo de revelar los problemas de la comunicación, que padecemos como Oliveira, en el mundo contemporáneo, Cortázar nos invita en Rayuela a toda una serie de juegos de palabras; dichos juegos sirven no solo para divertir sino que constituyen ante todo una burla de la realidad. Así pues Horacio añade una “h” al principio de las palabras cuando abarca tema que considera difíciles, y a la hora de hablar, con su amada, de hacer el amor, se sirve de un lenguaje creado por ella y desconocido por los demás, preguntando, por ejemplo: “¿Pero te retila la murta?”. (Cortázar, 2007: 221). El lenguaje que acabamos de mencionar se llama el glíglico. Es sencillo y efímero. Es un lenguaje de las emociones, del amor y de la música. Es un lenguaje que quiere decir todo lo que no puede ser articulado ni explicado por medio de las palabras. Podemos constatar que es una

alternativa para el lenguaje ordinario en el cual la gente no sabe comunicarse. El capítulo 68, escrito en glíglico, es uno de los más extraordinarios de la novela de Cortázar*. A pesar de su brevedad nos intriga con su innovación. El glíglico lo podemos clasificar como un juego de palabras, una formación libre de éstas: formación que, en práctica, se realiza a través del uso de eufemismos, sufijos, afijos y otros -ijos (o hijos, si quisiéramos participar en el juego de Holiveira). El capítulo 68 es una evocación de la escena amorosa en la forma más musical del lenguaje. El escritor argentino nos ofrece aquí u nuevo modelo de comunicación: más apasionante, líquido, rítmico, que late con la aspiración acelerada de los amantes. En la creación del glíglico lo más importante es el ritmo. En una de las Morellianas leemos: Hay jirones, impulsos, bloques, y todo busca una forma, entonces entra en juego el ritmo y yo escribo dentro de ese ritmo, escribo por él, movido por él y no por eso que llaman el pensamiento y que hace la prosa, literaria u otra. Hay primero una situación confusa, que sólo puede definirse en la palabra; de esa penumbra parto, y si lo que quiero

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Una breve muestra del glíglico aparece ya en el capítulo 20, cuando Horacio pregunta a la Maga cómo hace el amor Gregorovius:

— ¿Pero te retila la murta? No me vayas a mentir. ¿Te la retila de veras? (...) Y te hace poner con los plíneos entre las argustas? — Sí, y después nos entreturnamos los porcios hasta que él dice basta basta, y yo tampoco puedo más, hay que apurarse, comprendés. Pero eso vos no lo podés comprender, siempre te quedás en la gunfia más chica. (Cortázar, 2007: 221) decir (si lo que quiere decirse) tiene suficiente fuerza, inmediatamente se inicia el swing, un balanceo rítmico que me saca a la superficie (...) Ese balanceo, ese swing en el que se va informando la materia confusa, es para mí la única certidumbre de su necesidad, porque apenas cesa comprendo que no tengo ya nada que decir (Cortázar, 2007: 564). El ritmo, al que le otorga tanta importancia el autor, se hace un concepto inseparable de Rayuela. El glíglico parece ser una gran metáfora musical que en la escena amorosa llega al punto culminante, vulgar en su suavidad. Citemos el capitulo 68: Apenas él le amalaba el noema, a ella se le agolpaba el clémiso y caían en hidromurias, en salvajes ambonios, en sustalos exasperantes. Cada vez que él procuraba relamar las incopelusas, se enredaba en un grimado quejumbroso y tenía que envulsionarse de cara al nóvalo, sintiendo cómo poco a poco las arnillas se espejunaban, se iban apeltronando, reduplimiendo, hasta quedar tendido como el trimalciato de ergomanina al que se le han dejado caer unas fílulas de cariaconcia. Y sin embargo era apenas el principio, porque en un momento dado ella se tordulaba los hurgalios, consintiendo en que él aproximara

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- Ale wydęga ci murtę? Tylko mi nie kłam. Naprawdę ci ją wydęga? (…) A kładzie ci plinki między argusty? - Bez przerwy. A potem sobie wzajemnie tropikamy marcyny, aż on krzyczy, że ma dosyć, ja też już nie mogę dłużej, musimy się spieszyć, rozumiesz. Chociaż ty tego nigdy nie zrozumiesz, masz o wiele za mało gunfii. (Cortázar, 1984: 46; la traducción de Zofia Chądzyńska)

suavemente sus orfelunios. Apenas se entreplumaban, algo como un ulucordio los encrestoriaba, los extrayuxtaba y paramovía, de pronto era el clinón, la esterfurosa convulcante de las mátricas, la jadehollante embocapluvia del orgumio, los esproemios del merpasmo en una sobrehumítica agopausa. ˇEvohé! ˇEvohé! Volposados en la cresta del murelio, se sentían balparamar, perlinos y márulos. Temblaba el troc, se vencían las marioplumas, y todo se resolviraba en un profundo pínice, en niolamas de argutendidas gasas, en carinias casi crueles que los ordopenaban hasta el límite de las gunfias (Cortázar, 2007: 533) El mismo capítulo traducido al polaco suena así: Ledwie zaczynał lerfić jej noemy, już jej się drliła klamycja i oboje zapadali w wodomurie, w dzikie prężyny, w rozpaczliwe dystalancje. Ale jeżeli tylko próbował wydęgać jej murtę, pogrążała się w jękliwe wyrgi i musiał rozmitrygiwać kaldurmię, czując jak powoli arnulie spektualniają się, oprzaniają, muleją i w końcu sztywnieją jak trimalsjat ergomaniny, do którego niechcący wpadło kilka fmopii kożaniery. A przecież to był dopiero początek, w jakimś momencie ona odsłaniała piwesty,

zezwalając, aby przybliżył doń swoje łękowia. Zaledwie się przypalmowali, ogarniał ich, czaturował, wreszcie ekstraminował wielki ulukariusz, nagle to był już klinton, esterfuryczna konwalkisja mertrydów, dyszymiąca embokapulwia orgumnii, merpasm esprymiczny, w ogromnej nadhumicznej agorenii. Evohe! Evohe! Rozkolwieni na kreście wolpemii czuli, jak balnikują perlinni i swolodenni. Drżał trok, poddawały się marplumy w pieszorniach niemalże okrutnych, które ich znowu doprowadzały na samą granicę gunfii (Cortázar, 1986: 377; la traducción de Zofia Chądzyńska). En lineas generales, en cada texto pueden distinguirse dos planos: el de la forma (el lenguaje, las palabras utilizadas) y el del contenido (lo que el texto significa, las emociones que transmite). El traductor debe integrar ambos, atento a que el cambio del código en afecte el ambiente general del texto. Como indica Amorós (2007: 59), el capítulo 68 de Rayuela está basado en un esquema sintáctico habitual y conviene poner de relieve que lo observamos también es su traducción al polaco): Apenas él... a ella se le... y caían en... Cada vez que él procuraba... se


Traduction enredaba en... y tenía que... sintiendo cómo poco a poco... se iban... hasta quedar tendidos como el... al que se le han dejado caer unas... Y sin embargo, era apenas el principio, porque en un momento dado ella se... consintiendo en que él aproximara suavemente sus... Apenas se... algo como un... los... de pronto era él... Se sentían... temblaba el... se vencían las... y todo se... en un profundo... que los... hasta el límite de las.... Ledwie zaczynał...już jej się...i oboje zapadali w... Ale jeżeli tylko próbował... pogrążała się w...i musiał...czując jak powoli...i w końcu sztywnieją jak...do którego niechcący wpadło kilka...w jakimś momencie ona odsłaniała... zezwalając, aby przybliżył doń swoje... Zaledwie się...ogarniał ich wreszcie... nagle to był już...w ogromnej...czuli, jak...Drżał...poddawały się...niemalże okrutnych, które ich znowu doprowadzały na samą granicę Las connotaciones son más o menos claras: ese “esqueleto” es de hecho una descripción clásica del amor físico. Las palabras que faltan en el texto arriba citado son las que, gracias a su forma inusual (véase la lista presentada abajo) estimulan nuestra imaginación al permitirnos crear nuestra propia visión del acto amoroso. Es que al ser incapaces de entenderlas, entramos en el juego que nos propone el autor; empezamos a ser co-creadores de la acción reflejando en ella todas nuestras pasiones y fantasías. Y ahora mismo miremos esas palabras y su traducción al polaco en el contexto gramatical. En el texto observamos toda una serie de verbos: amal-aba se agolp-aba procur-aba

lerfić drliła wydęgać

envulsionarse rozmitrygiwać se espejun-aban spektualniają się se iban apeltronando oprzaniają se iban reduplimiendo muleją se entreplum-aban przypalmowali encrestori-aba czaturował extrayxt-aba ekstraminował balparamar balnikują Salta a los ojos que Chądzyńska, al traducir el texto de Cortázar al polaco, no se dejaba sugestionar por el significado literal del original (si hubiera algo que se pudiera denominar así en el caso del glíglico). Algunas de las raíces traducidas al polaco son afines a las españolas en el nivel fonético (fenómeno que podemos clasificar como un tipo de calco lingüístico); otras, en cambio, no tienen nada que ver con sus equivalentes españoles. En cuanto a la dimensión rítmica impuesta al texto por Cortázar, observamos que el número de silabas en los verbos en Pretérito Perfecto crece de cuatro (a-ma-la-ba y a-gol-pa-ba) a cinco (resol- vi-ra-ba y or-do-pe-na-ba).

En consecuencia el ritmo ni acelera, ni es uniforme; todo lo contrario, parece ser cada vez más lento, y el tiempo dilatado suspende al lector en el momento descrito. En la traducción al polaco, sin embargo, no se nota esa tendencia. De todas formas, salvo la mencionada arriba, la traductora se esfuerza por conservar ciertas tendencias generales presentes en el texto original. Así pues, los afijos típicos de la lengua española, del texto original (como: pro-, re-, en-, entre-, extra-, para-), los sustituye en su traducción por los afijos más característicos del polaco (wy-, roz-, przy-, etc.). Como Cotrázar, Chądzyńska juego con palabras relacionando dichos afijos con lexemas corrientes, lo que resulta en grupo atípico (en español: procuraba; en polaco: wydęgać). Lo mismo pasa con las terminaciones flexionales en los tiempos pasados (en español: -aba, -ía, en polaco: -ła, -li) y en las formas impersonales del verbo (en español; -ar, -ir; en polaco: -ać, -ić). Veamos qué pasa en el texto

Auteur: Marcin Szmandra

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Traduction cortaziano y su traducción al polaco con los sustantivos: noema clémiso hidromurias ambonio exasperantes incopelusas grimado nóvalo arnillas trimalciato ergomanina fílulas cariaconcia

noemy klamycja wodomurie prężyny dystalancje murtę wyrgikal durmię arnulie trimalsjat ergomaniny fmopii kożaniery

Resulta que al traducir los sustantivos, Chądzyńska ya no busca sus equivalentes polaco, sino que como si intentara adaptar los neologismos creados por el novelista argentino a la pronunciación polaca (en lo que se refiere a su “significado”, no interviene en éste). Con relación a los sustantivos del capítulo 68, Amorós (2007: 60) llama la atención sobre el uso, por parte de Cortázar, del ritmo trimembre, por ejemplo: “y caían en hidromurias, en salvajes ambonios, en sustalos exasperantes”. Es interesante que cada una de las tres partes es más larga que la anterior: hidromurias (4 sílabas), salvajes ambonios (6 sílabas), sustalos exasperantes (8 sílabas) (lo mismo pasa en polaco: wodomurie (4 sílabas), dzikie prężyny (5 sílabas), rozpaczliwe dystalancje (8 sílabas)). El análisis que acabamos de llevar a cabo nos lleva a una conclusión más: es curioso cómo las palabras cortazianas pierden su fuerza arrancadas del texto y escritas en columnas mientras que en el marco de él nos hechizan. Resulta que su encanto es efímero ya que está estrechamente vinculado a la música que se depende del orden impuesto a

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dichas palabras por el autor. La tensión, así como la musicalidad, del texto literario puede ser aumentada por el uso de frases cortas o por la acumulación de verbos en una frase. Veamos ejemplo: Apenas se entreplumaban, algo como un ulucordio los encrestoriaba, los extrayuxtaba y paramovía, de pronto era el clinón, la esterfurosa convulcante de las mátricas, la jadehollante embocapluvia del orgumio, los esproemios del merpasmo en una sobrehumítica agopausa. ˇEvohé! ˇEvohé! Zaledwie się przypalmowali, ogarniał ich, czaturował, wreszcie ekstraminował wielki ulukariusz, nagle to był już klinton, esterfuryczna konwalkisja mertrydów, dyszymiąca embokapulwia orgumnii, merpasm esprymiczny, w ogromnej nadhumicznej agorenii. Evohe! Evohe! En varias enumeraciones: una larga frase interrumpida por varias comas por lo que parece constar de toda una serie de frases más cortas y, por ende, más rápidas; el carácter progresivo de la descripción: todo eso influye en la métrica y la musicalidad del texto. Vale la pena notar la maestría de la traducción de Chądzyńska: su versión polaco “suena” como la de Cortázar en español. La profesión del traductor requiere un buen oído, y especialmente si éste se dedica a traducir obras difíciles, como la novela de Cortázar. El lenguaje no es solo un repertorio de palabras y reglas gramaticales: el traductor ha de oír su melodía y “expresarla” en otro idioma. Todo puede ser dicho de varias maneras, dependiendo de cómo queremos que nuestro lector adquiera la información. Handke (1984: 26, la traducción es nuestra) comenta al

respecto: “el estilo no solo constituye la expresión de la personalidad de la persona que habla, sino que también expresa su concepto del lector y de la manera de la que supone que la información será percibida”. El análisis del glíglico nos lleva a la conclusión que tanto su creador, Cortázar, como la traductora, Chądzyńska, cuentan con la inteligencia de sus lectores. Podemos preguntarnos ¿para qué sirve esta musicalidad del glíglico? A primera vista parece que su único fin es resaltar los aspectos estéticos y valores fonéticos de la lengua. No obstante, tal y como lo conceptualiza Cortázar en su novela, el glíglico está destinado sólo a los amantes, es una barrera que los separa del resto del mundo encerrándolos deliberamente en el reino del amor y de las emociones. Por otro lado, el glíglico lo podemos tratar también como una burla del lenguaje tradicional, o incluso, elevándolo a otro nivel significativo, como una burla de la incomunicación, incomunicación que sufrimos por utilizar el lenguaje tradicional. El acto de entender no está basado en las palabras y construcciones fijas: se basa en algo más fundamental, en el sentimiento y en la emoción, en la música y en la espontaneidad, en la creatividad y en la falta del orden impuesto. Bibliografia: 1 Amorós A. «Introducción a Rayuela». Cátedra, Madrid 2007. 2 Balcerzan E. «Poetyka przekładu artystycznego», Nurt, Katowice 1968. 3 Barman A. «Translation and the trials of the foreign». En: The Translation Studies Reader, ed. Lawrence Venuti, Routledge, London & New York 1987. 4 Cortázar J. «Gra w klasy», trad. Zofia Chądzyńska, Wydawnictwo Literackie, Warszawa 1986 5 Cortázar J. «Rayuela», Cátedra, Madrid 2007. 6 Handke R. «O czytaniu. Krótki zarys wiedzy o dziele literackim i jego lekturze; Style, stylizacja i stylistyka». WsiP, Kraków 1984. 7 Kubik M. «Portrety pisarzy: Zofia Chądzyńska– czyli o przekładzie zdanym na słuch», en: Gazeta Uniwersytecka UŚ, Uniwersytet Śląski, Katowice 2000 8 Kubik M. «Ten błysk, rytm, magia słów. O Zofii Chądzyńskiej (24 II 1912 - 23 IX 2003)», Zeszyty Literackie, Warszawa 2004


Linguistique

Małgorzata Sankowska

¿Sigue vivo er andalú? Peculiaridades fonológicas de las hablas andaluzas a base de la música actual

Flamenco, copla, culturas árabe y gitana, Federico García Lorca, la Giralda, la Alhambra, Pablo Ruiz Picasso, Sevillanas, blancura arquitectónica, palmeras y calor... Todas estas palabras nos traen a la mente la imagen de una región española muy turística y destacada por su legado cultural y artístico, Andalucía. Lo que hay que recalcar es que esta comunidad española con el mayor número de habitantes (8 415 4901) también tiene su manera peculiar de hablar que, junto con las joyas artísticas, cultura y población, forma su identidad.

S

i alguien dice: Juan tiene mala leche, todos entendemos esta expresión. Sin embargo, si oímos: Juan no es bueno ni picao pa albóndigas, la mayor parte de nosotros no sabe que esta expresión local andaluza (Córdoba) también significa que Juan es una persona de mal carácter. O bien, si en un restaurante de la región, un hablante no andaluz ve la carta en la que ponen pipirrana, pringá, alcaucí, bienmesabe... es probable que no sea capaz de escoger un plato. El español es una de las lenguas más variadas del mundo, se caracteriza por un gran número de variantes dialectales. Sobre la diversidad de la lengua española arrojó luz ya el mismo Cervantes en su gran obra El Quijote: “(...) y no había en toda la venta sino unas raciones de un pescado, que en Castilla llaman abadejo, en Andalucía bacalao, y en otras partes curadillo, y en otras truchuela”1. ¿Por qué los dialectos

merecen un enfoque científico? ¿Qué papel desempeñan? Ciertamente, el lenguaje es algo más que la manera de comunicar ideas. Como lo comenta José María de Mena, es “una actividad humana subconsciente e inconsciente que tiene sus raíces en los propios entresijos biológicos y hasta teológicos del alma”2. Una de sus numerosas funciones consiste en expresar la identidad. Esa tesis la confirma, sin duda, el caso de España donde la mayoría de las comunidades tiene un sentimiento muy fuerte de autonomía y conserva cuidadosamente su patrimonio histórico y cultural. Carbonero Cano explica al respecto que “los grupos humanos se sienten identificados y cohesionados, entre otras cosas, por la lengua que utilizan. (...) Las modalidades territoriales y sociales de una lengua, cuanto más diferenciadas están de las otras, más aglutinan en su seno las tradiciones y sentir de los pueblos que las usan.”3

No cabe duda de que las hablas meridionales mercen un enfoque lingüístico detallado. Es que por un lado constituyen una modalidad fácil de reconocer, pero por el otro, sus características son muy dificiles de describir4. Lo que es más, resulta imposible establecer unos límites claros entre el andaluz y el castellano. No se sabe qué elementos, si se eliminan, hacen constatar que ya no se habla en andaluz sino en castellano5. Es un habla muy diversificada cuyo análisis exhaustivo requeriría describirla provincia por provincia, pueblo por pueblo, barrio por barrio. A pesar de los factores significativos como: gran número de hablantes, rico repertorio léxico, carga histórica, importancia para el arte (por ejemplo, el papel que desempeñó en las coplas flamencas) o su parentesco con la lengua de Hispanoamérica, se observa un cada vez mayor acercamiento del andaluz

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Littérature Linguistique al castellano en cuya consecuencia muchas de sus características originarias van desapareciendo. Es obvio que la lengua está en marcha y distintos procesos de cambio afectan la forma de hablar. De todas formas, en el caso del andaluz siempre conviene también tener en cuenta el complejo de inferioridad de los andaluces y la peyorativa valoración que dan a dicho dialecto muchos españoles. ¿Cómo lo tratan, tomadas en consideración esas circunstancias, los jóvenes andaluces? ¿Están orgullosos de su lengua o van a abandonar su uso? ¿Sobrevivirá el andaluz en las siguientes generaciones? Claro está, hoy en día es imposible responder a estas preguntas de manera unívoca. El objetivo del presente artículo consiste en mostrar qué peculiaridades originarias del andaluz están presentes en la música actual de Andalucía, creada por los jóvenes. Consciente de que la creación musical siempre ha servido a los jóvenes de manifiesto, convirtiéndose así en el espejo de sus creencias y actitudes, espero que el análisis de unas canciones de grupos modernos andaluces tales como Son A n d a l u z (Sevilla), O’funk’illo (Sevilla), No me pises que llevo chanclas (Sevilla), Chambao (Málaga) y Los Deliqüentes (Cádiz), muestre la forma de hablar de los jóvenes de la región. Tanto más que, como confirman muchos investigadores,

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el rol sustancial de la música en la sociedad parece incuestionable: a la mayoría de los rincones del mundo está vinculado un estilo musical elaborado a lo largo de su historia6. Además, es cierto que Andalucía es una región que a la música le otorga mucha importancia dada la impresionante función del flamenco en su cultura. Es sabido que el flamenco siempre ha sido una expresión viva del contexto socio-histórico y de la vida cotidiana del pueblo andaluz. No hay que olvidar que como el cante flamenco suele transmitirse por lo general oralmente, desempeña también la función del mejor ‘portador’ del habla andaluza. Sin embargo es también interesante que desde los años 60 vayan desarrollándose intensamente en Andalucía nuevos estilos


Linguistique musicales entre los cuales el rock andaluz merece una atención especial. Se trata de conservar la tradición del flamenco y mezclarla con corrientes nuevas como el pop, rock, funk o blues, procedimiento gracias al cual la música andaluza se rejuvenece sin perder su carácter folclórico y originalidad. El surgimento del rock andaluz se relaciona estrechamente con la necesidad de buscar raíces, lo que constituye la mejor prueba de que las nuevas generaciones tienden a mantener su identidad regional. Los orígenes del andaluz es un tema muy complejo y lleno de inexactitudes ya que muchos procesos lingüísticos influyeron en la formación de ese dialecto. Primero, hay que tener en cuenta que es muy probable que en la época de sus orígenes, los rasgos propios del andaluz hayan estado presentes en todo el español7. En cuanto a la investigación histórica, falta todavía un análisis íntegro de los testimonios. Lo que se sabe es que el surgimiento del andaluz se remonta a la Baja Edad Media, cuando Andalucía vivió separada de Castilla8. Es imprescindible recordar que en aquel periodo en Andalucía, en vez del latín, la lengua oficial fue el árabe, lo que sin duda influyó en la estructura del dialecto. La población de Al-Andalus utilizaba también otra lengua, la alajamía, es decir, una lengua no árabe derivada del latín y considerada romance9. Además, en el andaluz se notan influencias lingüísticas de muchas o t r a s

culturas (véase el esquema). A la hora de hacer una aproximación científica al andaluz tropezamos con un problema más, que es el de la denominación. Se discute sobre si es una modalidad, variante dialectal o dialecto10. Algunos expresan la convicción de que lo que impide considerarlo como un dialecto es su variedad interna; explican que los rasgos peculiares del andaluz son escasos y se observan también en otras variedades, característica que lo convierte en una modalidad poco diferencial. Otros siguen la opinión de Manuel Álvar, un gran conocedor de la dialectología española y el autor del Atlas Lingüístico y Etnográfico de Andalucía, según la cual el andaluz es un dialecto11. Álvar subraya que aunque los rasgos andaluces se dan en otros dialectos, la totalidad de éstos no aparece en ningún otro12. Como el objetivo del presente artículo no es entrar en las cuestiones de denominación, se emplearán las designaciones menos polémicas como modalidad, variante o habla andaluza. Otro aspecto significativo es la ya mencionada valoración peyorativa que dan al andaluz muchos españoles. Hay un convencimiento de que el andaluz es un castellano mal hablado, degenerado, y de que sus rasgos fonéticos se deben a la pereza articulatoria de los hablantes. Se critica también el léxico que varía según la zona, el pueblo o el barrio y que está lleno de influencias de otras culturas. Así van creándose numerosos tópicos sobre esta modalidad que consolidan el complejo de inferioridad de los andaluces. Es una de las razones por las cuales los hablantes del andaluz tienden a autocontrolarse en las situaciones comunicativas

formales u oficiales, despojando su habla de una buena parte de sus rasgos distintivos13. Todo eso dificulta una investigación lingüística objetiva. En cambio, un estudio sustancial del andaluz requiere que los investigadores recuerden que la llamada gracia andaluza equivale, en realidad, a “la manifestación de las formas de ser y hablar de los andaluces que dan constantes muestras de una coloquialidad llena de ironía, de sentido del humor”14. Podríamos concluir entonces que el andaluz sí que es gracioso pero no por la “pereza” de los andaluces sino por su imaginación e ingenio particulares15. Su lengua se ha convertido en la expresión de la sabiduría e identidad del pueblo. Así que si algún día muy caluroso un andaluz nos dice: ¡Vaya frío que está haciendo!, no nos sorprendamos porque es cómo se manifiesta la ironía y el sentido del humor que suelen emplear los andaluces en su habla16. Existen dos fenómenos fonéticos estrechamente vinculados a la modalidad andaluza. Son el seseo y el ceceo. El seseo equivale a la pronunciación de la c (ante e o i) o la z como s, que en Andalucía es una realización corono-dental o predorsodental, mientras que el ceceo es la pronunciación de la s parecida a la de la c (ante e o i) o a la de la z17. Dicho en otras palabras, generalmente en la comunidad andaluza se pierde la distinción entre la s y la c (ante e o i) y la z, lo que puede plantear dificultades con diferenciar algunas unidades léxicas. Veamos un ejemplo: Sale de casa. Cuando lo dice un andaluz seseante tenemos dudas de si se marcha de casa o va a cazar18. Sin embargo, el contexto comunicativo es lo que normalmente aclara esa ambigüedad. Además, la realización de dichos sonidos depende

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Littérature Linguistique estrechamente de la zona. Hay que Tú eres el que decide /deside/ el de las vocales finales, por ejemplo: decir que el ceceo es estigmatizado, camino; Y queremos alegrarte con estas la estrella (singular) vs. lah estrellah o sea, no tiene prestigio (plural). No obstante, la lingüístico. La aspiración, con relación pronunciación ceceante a la posición u otros muy a menudo se factores, es bastante convierte en objeto de inestable. Merece la burla para los españoles. pena subrayar también gitanos En las canciones que este fenómeno, , arabes ......... analizadas encontramos aunque se crea que es un únicamente las arabismo fonético, tiene soluciones seseantes, raíces castellanas20. En el voces , aragonesas análisis de las canciones, lo que puede deberse mozarabes voces este rasgo salta a los ojos a las zonas de las que leonesas como primero, junto con provienen los grupos: en el seseo: su mayoría, son grupos castellano herencia sevillanos, y en esa medievelromana arcaismos Cuando la luz /lú/ del sol región principalmente entra por mi ventana; eras se sesea. Además, , portugues italiano /erah/ tú mi princesa azul; puede que los cantantes eres /ereh/ la niña que huyan de las soluciones siempre quise tener (Son no prestigiosas. En Andaluz); las canciones de Son Voy rulando por las calles Andaluz oímos: Esquema 1. Las influencias lingüísticas en andaluz se las puede /lah calleh/ de mi ciudad presentar a través del presente gráfico. (O’Funki’llo); eres la llama que iluminó Déjate llevar por las mi corazón /corasón/ gris; sensaciones /lah sensacioneh/ salió esa dulce /dulse/ voz; canciones /cansiones/. (Chambao); me llenaste de una sensación / Son las tres /lah treh/ de la tarde (Los sensasión/ inmensa; Deliqüentes). los labios que encierran /ensierran/ Otra característica fonética del dulce/dulse/ voz. andaluz la constituyen la –s y la –z Se aspira no sólo la –s final finales (entre otras consonantes) sino también la interior, lo que Igualmente en las canciones de que pierden su fuerza o llegan a provoca cambios interesantes en el O’funki’llo: desaparecer. Al perderla, se convierten comportamiento de las consonantes en un leve soplo respiratorio que la siguen. El fenómeno muy me llaman la atención /atensión/; en la que se denomina aspiración19. El frecuente en el caso de una consonante derrumbamiento de las consonantes al plazuela /plasuela/, sorda será la geminación, es decir, la final de la sílaba, como el seseo/ceceo, aparición de una consonante ‘doble’ también puede plantear dudas en o en las de No me pises que llevo (como en las palabras italianas de tipo cuanto al significado de las unidades chanclas: abbiamo, tutto): mosca /mokka/, fresco léxicas. Por ejemplo, ¿cómo saber si la palabra es en plural o en singular si no /frekko/. Dicho fenómeno aparece me crucé /crusé/ con un moro; lo cogí repetidamente en las canciones se pronuncia la –s final? O bien, ¿cómo en brazos /brasos/, diferenciar la segunda y la tercera analizadas: persona gramatical? La distinción se y las de Chambao: realiza gracias a la abertura vocálica Voy rulando por las calles de

ANDALUZ

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Linguistique Littérature mi ciudad con los cascos /cakkoh/ puestos; el aire fresco /frekko/ me da en la cara (O’Funki’llo); Tú piensas que soy tu amigo pero yo busco /bukko/ el amor (Son Andaluz). El yeísmo es otra cuestión que hay que tener en cuenta, aunque no es un fenómeno exlusivo de Andalucía puesto que existe también en otras regiones21. Para aclarar, lo observamos cuando se confunden los sonidos de la y y de la ll a favor de la primera. Dicho de otro modo, toda ll se pronuncia como la y, lo que puede provocar, una vez más, dificultad es con diferenciar algunas unidades léxicas como: cayó y calló. En las canciones encontramos algunos ejemplos del yeísmo, aunque no son numerosos: allí /ay/ me hiciste mayor (Son Andaluz). La igualación aparece también entre la –l y la –r implosivas. En algunas zonas, la -l seguida por una consonante se convierte en la –r (arguno, borsa, barcón), y en otras se nota el caso contrario (cuelpo, saltén). Se afirma que esta tendencia (reflejada en el dicho andaluz: “Zordao, barcón

y mardita sea tu arma ze escriben con ele”)22, se debe a la relajación de las consonantes. En las canciones analizadas la observamos también en los artículos: Todo el mundo va del cuento /Todo er mundo va der cuento/; las migas del / der/ bigote (Los Deliqüentes); Hicimos el /er/ amor ay bésame (Son Andaluz). Otra característica relevante del andaluz, aunque se la considera como poco difundida, es la relajación del sonido de la ch. Por dicha relajación se entiende la realización puramente fricativa de la ch, mientras que en el castellano su articulación suele ser africada23. Así, en la modalidad andaluza, llega a sonar como la ch francesa o la sch alemana: Cuando abro la cama recuerdo aquella noche /noshe/ (Son Andaluz); Con los cascos puestos escuchando /escushando/ buena música (O’Funki’llo); Yo no soy pinocho /pinosho/ que el corazón tiene de madera; Vino Papa

Noel la noche /noshe/ de nochebuena /noshebuena/ (Los Deliqüentes); A mano derecha /deresha/ (No me pises que llevo chanclas). Ya se ha sacado a colación la pérdida de consonantes que es tan corriente en el andaluz. Otro ejemplo es la pérdida de la –d- intervocálica, que con mayor frecuencia se observa en los participios. Es sabido que es un fenómeno bastante general en el español vulgar de casi todas las regiones24. Sin embargo, los españoles tienden a mantener la d en las situaciones comunicativas formales, y en el andaluz se pierde totalmente, independientemente del contexto. Por lo tanto, los andaluces sustituyen Granada por Graná, moneda por monea, vestido por vestío. La pérdida de la d se nota en todos los participios que aparecen en las canciones analizadas: Lo cogí en brazos porque estaba desmayado /desmayao/; Te esperaré metido /metío/ en una charca al fresquito y refugiado /refugiao/ del sol (O’Funki’llo); Navegan cargados /cargaos/ de ilusiones que en la orilla se quedan (Chambao). Las pérdidas y caídas de consonantes conllevan la aparición de una figura de dicción llamada apócope. Consiste en que no se pierden solamente consonantes sino también sílabas enteras. Dicho fenómeno, muy presente en las coplas flamencas, se conserva tanto en las canciones modernas como en el habla: Dos palabras pa’ enamorarte (Son Andaluz);

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Littérature Linguistique Nunca me dices na’; De buen rollito pa’ que quiero ma’; que te quita to’ el estrés (O’Funki’llo); Canto pa’ los pobres que temprano se levantan (Chambao); Yo desayuno a lo fresco una tosta con mermelá (Los Deliqüentes). Según todos los indicios, es precisamente esa figura la que da al habla andaluza una gran rapidez, vivacidad y pasión25. Y por último cabe mencionar un claro gusto de los andaluces por el diminutivo. Es suficiente echar un vistazo a la creación literaria de Federico García Lorca, poeta granadino, para notar la abundancia de diminutivos en el habla andaluza. A veces cuando oímos: Voy a tomarme un cafelito o una cervecita, o Mijita, date prisita, salimos ahora mismito, el uso del diminutivo nos parece excesivo o prescindible pero no hay que perder de vista que también tiene sus funciones pragmáticas como la emotiva, apelativa, irónica, intensificadora o, simplemente, sirve de “adorno”. Los diminutivos se reiteran en las canciones analizadas: Con esa rastita que vacilan una jarta; Solo quiero sentir una mijita de libertad; aquí estaremos a gustito; te enseñaré la vida en el campito (O’Funki’llo); Quiero estar contigo y en una casita y en un lugar prohibido; entre tu sonrisa y tus ojitos negros (Son Andaluz); Vino Papa Noel la noche de nochebuena y me dejó un regalito junto a la candela (Los Deliqüentes). Los ejemplos presentados en el presente artículo muestran que los grupos modernos de Andalucía intentan mantener la tradición flamenca y popularizar su habla

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en la cultura musical actual. Sin embargo, si comparáramos las canciones analizadas con las coplas, probablemente observaríamos la disminución del uso del andaluz. Además, conviene poner de relieve que las peculiaridades descritas se confinan a las de carácter mayoritariamente fonológico. A pesar de un repertorio léxico exuberante del que disponen los andaluces, en el habla de hoy se nota que su uso, como el de todo tipo de peculiaridades morfológicas, es cada vez menor. Concluyendo, el alma andaluza puede expresarse tanto en los maravillosos patios cordobeses, los jardines de la Alhambra, los espectáculos de flamenco, como en el habla. Si es una expresión viva de la tradición y cultura, ¿por qué descartarla y burlarse de ella? La región tan rica como Andalucía ¿qué sería sin sus locuciones, dichos, diminutivos y “pereza articulatoria”? El alma andaluza está también en su habla y espero que no se pierda la peculiaridad de ésta, porque si es así se perderá una parte excepcional del ser andaluz. 1 Cervantes, M., Don Quijote de la Mancha, Ediciones Ibéricas, Madrid 1965, p. 28. 2 José María de Mena, El polémico dialecto andaluz, Plaza & Janes Editoriales, Barcelona 1986, p. 29. 3 Carbonero, P., Habla Andaluza, identidad cultural y medios de comunicación, en: Estudios de Sociolingüística Andaluza, PUS, Sevilla 2003, p. 13 4 Narbona A., Cano R., Morillo R., El español hablado en Andalucía, Ariel, Barcelona 1998, p. 9. 5 íbidem 6 Fernández Bellerín, M.C., El papel de la música en la sociedad y en la educación, en: Revista Digital Investigación y educación, número 23, 2006, p. 2. 7 Narbona A., Cano R., Morillo R., El español hablado en Andalucía, Ariel, Barcelona 1998, p. 50. 8 Íbidem. 9 Íbidem. 10 Cano Aguilar, R., Algunas reflexiones sobre la lengua española hablada en Andalucía, Universidad de Sevilla, en: Cauce, Núm. 14-15, 1992, p. 47-50 11 Íbidem. 12 Íbidem. 13 Narbona A., Cano R., Morillo R., El español hablado en Andalucía, Ariel, Barcelona 1998, p. 25.

14 Carbonero, P., Habla Andaluza, identidad cultural y medios de comunicación, en: Estudios de Sociolingüística Andaluza, PUS, Sevilla 2003, p. 126. 15 Heras Borrero, J., La gracia andaluza- o el gracioso andaluz- : Aspectos lingüísticos y/o pragmáticos, en: Galloso, M., Estudios en torno a la lengua y literatura en Andalucía, Grupo Editorial Universitario, p. 13. 16 Íbidem. 17 Lapesa, R., Estudios de historia lingüística española, Paraninfo, Madrid 1985, p. 256. 18 Narbona A., Cano R., Morillo R., El español hablado en Andalucía, Ariel, Barcelona 1998, p. 129. 19 Narbona A., Cano R., Morillo R., El español hablado en Andalucía, Ariel, Barcelona 1998, p. 155. 20 Íbidem. 21 Íbidem. 22 A. Zamora Vicente, Dialectología española, Gredos, Madrid 1979, p. 313. 23 Narbona A., Cano R., Morillo R., El español hablado en Andalucía, Ariel, Barcelona 1998, p. 147. 24 Narbona A., Cano R., Morillo R., El español hablado en Andalucía, Ariel, Barcelona 1998, p.176. 25 José María de Mena, El polémico dialecto andaluz, Plaza & Janes Editoriales, Barcelona 1986, p. 135.


Table des Littérature matières

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Dall’unificazione ai giorni d’oggi In 2011 the Italian celebrated the 150th anniversary of the Resurgence of their country. Still, not more than 45% of citizens know about this event and the polls state that the society does not feel united. This could be caused by many differences between the north and the south, which accept regional affiliation, not national status. At the same time, they reinforce mutual prejudice. In order to find the roots of all these resentment, we should remember the facts, which made the Italian peninsula the Kingdom of Italy. Italy would have not been what it is today, if not three important personas: Guiseppe Mazzini; Camillo Benso di Cavour and Giuseppe Garibaldi. Key words: nation, identity, unification, anniversary, independence

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La camorra nella versione letteraria di Roberto Saviano The article „La camorra nella versione letteraria di Roberto Saviano” deals with the image of the Camorra in the works of Roberto Saviano. The first part describes the way the author reveals the true nature of the organization, which often presents itself asthe just defender of the individual. It shows how the Camorra, by offering work and tempitng with better life, leads people to humiliations and death. The second part presents how organized crime influences the whole territory of Campania and the local society. The third part includes the description of how the organization deals with its adversaries. It also shows the experiences of the author after writing ‘Gomorra”. The last part of the article includes conclusions from earlier discussions. Key words: man, morality, values, Naples, Saviano

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Fra lingua e dialetto The present article was dedicated to the contemporary linguistic situation in Italy. This country perfectly exemplifies a coexistence of two language systems: national one (together with its numerous varieties ) and dialects. Their diatopic, diamesic and diaphasic varieties are very often described. It results from historical events, first of all from the fact that Italy was not a single country but was divided into many different states. It is estimated that in 1861, when the Italian Unification took place, only 2,5% of the society was italophone. The situation has currently changed, however vocabulary, accent, intonation, pronunciation even grammar habits change according to region. In the Italian context we should bear in mind that the standard language is an abstract perfection unattainable by the majority of the society. Key words: language, dialect, Italian, dialects’ future, bilingualism

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Culture

Nadia Hmaid

Dall’unificazione ai giorni d’oggi

Esistono non ”cinque, quattro, tre Italie” ma ”una Italia”. Lo ha affermato il Presidente della Repubblica Giorgio Napolitano citando Giuseppe Mazzini, nel suo intervento alla Camera in occasione della celebrazione dei centocinquanta anni dell’unità del paese.

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siste solo un’Italia, ma meno del 45% dei diciottenni italiani sa che nel 2011 ricorre il 150° anniversario dell’unità del loro paese. Dai sondaggi emerge che i ragazzi tra i 18 e i 25 anni non si sentono coinvolti personalmente in questa celebrazione perché, a differenza degli adulti, solo un ragazzo su due ritiene che si tratti di una tematica attuale. Sor-

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prendentemente, sono i giovani a mettere in risalto il lato economico, evidenziando un eccessivo peso economico sociale alle celebrazioni del rito patriottico. Meno interessati, oppure più responsabili? O forse si tratta solo di disinteresse e insensibilità. Gli italiani si sentono veramente uniti? Oppure, fatta l’Italia bisogna fare gli italiani? Alla pari di Massimo d’Azeglio ci poniamo questo quesito. Un evento patriottico dovrebbe risvegliare l’orgoglio di essere italiani, ma alla luce del sondaggio, il popolo non si sente unificato. Le divisioni e differenze tra il Nord e il Sud marcano un senso di appartenenza più regionale che nazionale, che si consolidano in molti pregiudizi reciproci. Per scovare le radici di tutti questi dubbi bisogna fare un salto nel passato e ripercorrere gli eventi che fecero della penisola italiana un’unica nazione. È opinione comunemente accettata che la rivoluzione francese mutò il volto dell’Europa Occidentale. Essa sembrò, in un primo tempo, una questione riguardante esclusivamente i francesi: in realtà diede il primo

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Culture impulso all’unificazione. Napoleone fece il suo primo ingresso in Italia nel 1796 sconfiggendo prima i piemontesi, poi gli austriaci a Lodi, aprendosi le porte di Milano. Successivamente fu la volta di Venezia, Genova, delle legazioni pontificie e di una parte della Toscana. Questi territori costituirono la Repubblica Cispadana e Transpadana, e successivamente si u n i r o n o proclamando la Repubblica Cisalpina con capitale Milano e la bandiera tricolore come simbolo. Napoleone stabilì l’ordine italiano firmando il 18 ottobre 1797 il trattato di Campoformio con gli austriaci. Una conseguenza di questo accordo fu la fine della Repubblica di Venezia. Lo stato veneto veniva infatti ceduto, insieme all’Istria e alla Dalmazia, all’Arciducato d’Austria, che, in cambio, riconobbe la Repubblica Cisalpina. Alla Francia furono assegnate tutte le isole Ionie. La presenza di Napoleone portò molti cambiamenti: nacque la pubblica amministrazione e venne rinnovata l’economia con l’ingrandimento del ceto borghese e la promozione del capitalismo. Inoltre, grazie al cambiamento del sistema fiscale furono gettate le basi per l’industria. Durante il suo soggiorno, il codice civile napoleonico e con esso il matrimonio civile, l’uguaglianza dei cittadini e di tutte le fedi davanti alla legge, l’istruzione laica, la libertà di stampa e la libertà di culto per gli ebrei vennero adottate in Italia, i, assieme all’introduzione della lingua francese. Inoltre la politica napoleonica rese i territori italiani dipendenti dagli

interessi francesi, con pesanti tributi finanziari e requisizioni. Il 26 gennaio del 1802 venne proclamata la Repubblica italiana con la capitale a Milano. Il presidente diventò il primo console di Francia, al quale apparteneva il potere esecutivo. Egli nel 1802 fu incoronato Imperatore dei francesi e di

seguito di questa incresciosa situazione creatasi, il 6 aprile Napoleone abdicò e fu mandato in esilio sull’isola d’Elba. Dopo questi eventi, fu ridisegnata la carta politica europea e in particolare quella italiana. L’Italia fu divisa in: Regno di Sardegna, Viceregno Lombardo-Veneto, Ducato di ParmaP i a c en z a - G u a s t a l l a , Ducato di ModenaReggio Emilia, Granducato di Toscana, Stato Pontificio, Regno delle Due Sicilie. Nel 1830-31 il fallimento dei moti carbonari diede inizio a una crisi delle società segrete. Giuseppe Mazzini nella veste di nuovo rappresentante propose un moderno modo di agire. La figura di Mazzini rappresenta il lato teorico e filosofico della rivoluzione italiana: egli passò quasi tutta la vita in esilio, dove fondò numerose associazioni tra cui la Giovine Italia e la Giovine Europa. La filosofia del pensiero mazziniano era incentrata sul fatto che gli italiani dovevano contare su se stessi, e non attendere dall’estero la propria liberazione. Egli credeva che l’unificazione non doveva essere una lotta territoriale, ma bensì una lotta spirituale,; per fare questo occorreva illuminare ”le coscienze” degli italianispingendole a muoversi verso questo nuovo modo di intendere il concetto di unificazione. Tutte le classi sociali dovevano essere a conoscenza dell’ideale di unificazione ed avere pari diritti.. Mazzini credeva nell’uguaglianza, nella democrazia e non tollerava gli abusi di forza, si esprimeva a favore della classe operaia ed era a favore del suffragio universale. Il suo progetto di unificazione riguardava anche l’Europa e quindi l’unione fra popoli e nazioni.

Esiste solo un`Italia, ma meno del 45% dei diciottenni italiani sa che nel 2011 ricorre il 150° anniversario dell’unita del loro paese conseguenza divenne il Re d’Italia trasformando la Repubblica in un Regno. Nel 1820 nacquero i primi movimenti patriotici. Il primo e il più famoso fu la società dei Carbonari, un’organizzazione segreta napoletana, i cui membri usavano un linguaggio segreto per comunicare fra di loro. Le prime rivolte furono organizzate a Napoli; successivamente si espansero anche a Torino e in altre parti della penisola italiana e molte si conclusero con successi sul campo. Le rivolte avevano come scopo principale quello di ottenere un parlamento e una costituzione fondata sul sistema rappresentativo. Il 1812 fu un anno nero per il Reil quale sempre più minacciato dalla potenza inglese, doveva far fronte all’aumento dei problemi nazionali ed esteri. In Italia si creò un malcontento generale sempre maggioreche si manifestò in un aumento delle rivolte. Nello stesso anno il fallimento della famosa campagna napoleonica in Russia peggiorò la situazione interna. A

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Culture L’unificazione è stato un processo lungo che può essere suddiviso in varie fasi. La prima guerra d’indipendenza ebbe luogo nel 1848 e cominciò con le insurrezioni in Sicilia; il nucleo della rivolta furono però le famose cinque giornate di Milano (dal 18 al 23 marzo) che si conclusero con l’allontanamento degli austriaci e e conla dichiarazione di guerra da parte dei piemontesi contro questi ultimi. Durante la seconda guerra d’indipendenza, che si svolse dal 1859 al 1861, un ruolo

Cavour andava oltre: era convinto che, se si fosse riusciti a far diventare tale regione uno stato, questa sarebbe diventata una premessa per l’unificazione. Nel 1858, a Plombières, la Francia e il Piemonte stipularono un accordo in base al quale, in caso di guerra, la Francia avrebbe sostenuto le truppe piemontesi. L’episodio chiave della seconda guerra d’indipendenza fu la spedizione dei Mille con a capo Giuseppe Garibaldi, una figura simbolo e fondamentale per l’Italia di quei

Nel 1861 la carta geografica dell’Italia era quasi completa, ad eccezione del Veneto e di Roma... importante fu svolto da Camillo Benso conte di Cavour, il quale nel 1852 divenne presidente del Consiglio. Egli diede al governo un aspetto liberale, curando il lato economico della rivoluzione. Cavour nacque a Torino, ma passò molto tempo in Svizzera diventando uno delle persone più ricche in Italia, grazie a delle azioni bancarie. Vedeva il Piemonte come motore dell’unificazione, e la rese una delle regioni più benestanti grazie ad alcune riforme fortemente volute e attuate da lui. Poiché credeva nella forza economica di uno stato, ridusse il numero dei giorni liberi, modificò alcune leggi permettendo la scomparsa dei privilegimigliorò l’agricoltura introducendo i concimi chimici e stipulando una serie di contratti per lo scambio delle merci con Francia, Belgio e Olanda. Rinnovò il sistema bancario: grazie a lui fu fondata la Banca Nazionale. Grazie a queste riforme il Piemonte visse un periodo di forte crescita economica. Il pensiero di

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tempi. Nel 1860a capo del corpo dei volontari denominati ”Cacciatori delle Api”, Garibaldi partì dalla spiaggia di Quarto in Liguria e sbarcò presso Marsala in Sicilia, conquistando il Regno delle Due Sicilie. Alla spedizione parteciparono 1162 uomini e una donna. Il più giovane dei volontari fu un bambino di 10 anni. La storia ricorda Garibaldi come un marinaio e un soldato di grande animo ribelle e spirito guerriero, che si batteva per la democrazia e l’indipendenza. Non aveva coscienza politica, faceva parte della “Giovine Italia” del tutto casualmente, e veniva chiamato l’eroe dei due mondi perché il suo contributo si estese anche in molti paesi dell’America meridionale, aiutandoli con il suo apporto ad unificarsi. Era un guerriero molto amato dai soldati e le donne avevano un debole per lui e per il suo fascino. Nel 1861 la carta geografica dell’Italia era quasi completa, ad eccezione del Veneto e di Roma con i suoi territori circostanti. Il

18 febbraio, si riunì a Torino il Parlamento, per dar vita alla legiferazione, grazie alla quale, il 17 marzo, Vittorio Emanuele II fu nominato Re d’Italia. La terza guerra d’indipendenza ebbe inizio nel 1866. La Prussia presentò una richiesta formale all’Italia contro l’Austria, offrendo al nuovo regno l’opportunità di annettere il Veneto.La vittoria della Prussia permise di includere quasi tutto il Friuli e il desiderato Veneto. Nel corso dei quattro anni seguenti, si susseguirono una serie di tentativi mirati ad occupare Roma, tutte conclusesi con degli insuccessi. Il 20 settembre 1870 q le truppe del generale Lamarmora giunsero sotto le mura della città e, aperta una breccia nei pressi di Porta Pia, occuparono l’ Urbe, che nell’anno seguente fu proclamata capitale del regno. Nonostante l’annessione forzata, il Papa poteva svolgere la sua funzione di capo della chiesa cattolica, e venne riconosciuta la extraterritorialità della Città Leonina (futura Città del Vaticano), del Laterano e del Castel Gandolfo. L’Italia ai giorni d’oggi è uno stato abitato da vari “popoli” che hanno usi e costumi diversi, ma questo deve essere un punto di forza e di unione, ma non di divisione. E, ripensando a quei giorni così importanti della storia dell’unificazione, molti italiani, pur non sentendosi del tutto tali, dovrebbero mettere da parte le divisioni esistenti e, prendendo spunto dal passato, tentare di impedire il tracollo economico e finanziario del Paese. 1 Ugo G., ”La piccola storia d’Italia”, Guerra Edizioni, Perugia 1994, pp. 92-111 2 Di Stefano P., “I giovani e l’Unità d’Italia dimenticata”, artykuł z dnia 10.11.2009, za stroną internetową www.corriere.it 3 Ruggero R. e Corrado V.,”Storia d’Italia”W: Dal primo settecento all’unità,T.3. Giulio Einaudi Editore S.P.A,Torino 1973, s. 251-285


Littérature

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Carmela Gentile

La camorra nella versione letteraria di Roberto Saviano

Nella letteratura troviamo spesso esempi di combattenti fuorilegge, che lottano con lo scopo di difendere gli interessi della gente delle classi sociali inferiori, esposte inermi allo sfruttamento da parte dei potenti. Gli anni passano, i sistemi cambiano, ma le differenze tra poveri e ricchi esistono e forse esisteranno per sempre.

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nche oggi si possono trovare esempi di moderni Robin Hood, che pensano soprattutto al bene dei più poveri, a costo di violare una legge a volte ingiusta, che con le sue procedure limita l’uomo semplice e non gli consente di diventare felice. A prima vista contemporanei paladini

della foresta di Sherwood potrebbero apparire le organizzazioni criminali italiane, considerate dalle fasce di popolazione più deboli l’unica fonte di lavoro e di impulso all’economia regionale, spesso dimenticata dalle autorità centrali. Questa apparenza è falsa. Una delle prove che lo accerta

è di sicuro l’attività letteriaria di Roberto Saviano. Smascheramento del mito L’autore di “Gomorra” cerca di mostrare al mondo la realtà della criminalità organizzata distruggendo totalmente

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Littérature il quadro che la camorra vuol dare di sé. Saviano dimostra che l’aiuto che questa fornisce è superficiale. In primo luogo il Sistema, come viene spesso chiamata la camorra, si presenta come un datore di lavoro, che aiuta i disoccupati campani dando loro un impiego, che invece lo stato non gli ha fornito. Saviano parla di questo aspetto e sottolinea che lavorare per la camorra non è sicuro né gratificante. Uno dei settori descritti in “Gomorra” è l’edilizia. La camorra, secondo il libro, ha conquistato quasi tutto il settore edile campano soprattutto grazie alla rapidità delle realizzazioni dei progetti. Ciò però comporta gravi conseguenze. Si può leggere che: Di lavoro si muore. In continuazione. La velocità di costruzioni, la necessità di risparmiare su ogni tipo di sicurezza e su ogni rispetto d’orario. Turni disumani novedodici ore al giorno compreso sabato e domenica. Cento euro a settimana la paga con lo straordinario notturno e domenicale di cinquanta euro ogni dieci ore. I più giovani se ne fanno anche quindici. Magari tirando coca.(pp.237238), e in più: In sette mesi nei cantieri a nord di Napoli sono morti quindici operai edili. Caduti, finiti

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sotto pale meccaniche, o spiaccicati da gru gestite da operai stremati dalle ore di lavoro. Bisogna far presto. Anche se i cantieri durano anni, le ditte in subappalto devono lasciar posto subito ad altre. Guadagnare, battere cassa e andare altrove.(p. 237)1 Il lavoro in effetti c’è, però è degradante e distruttivo. In questa trappola cadono spesso anche i giovani, che non avendo altre prospettive spesso si legano al mondo camorristico. I ragazzi diventano affiliati o collaboratori del Sistema, le ragazze invece cercano fidanzati tra uomini legati alla camorra. Le donne dei camorristi vogliono in questo modo alzare il proprio status sociale e assicurarsi un futuro migliore. I ragazzi invece si legano alla camorra per mancanza di lavoro senza la prospettiva di trovarlo in un altro modo. Spesso hanno parenti nel clan, oppure sono figli di lavoratori precari che non vogliono

scooter- un desiderio che con il salario delle loro famiglie non potrebbero mai esaudire. Dopo un po’, ricevono una pistola. Il terzo grado, quasi da camorrista maturo, è la responsabilità di una via del quartiere. I ragazzini controllano che i camion che riforniscono i negozi della zona, siano quelli controllati dal clan. Anche la camorra ha tanti vantaggi nell’ assumere i giovanissimi: un ragazzino prende meno della metà dello stipendio di un affiliato adulto di basso rango, raramente deve mantenere i genitori, non ha le incombenze di una famiglia, non ha orari, non ha necessità di un salario puntuale e soprattutto è disposto a essere perennemente per strada.(p.119) Tutte e due le parti guadagnano e il Sistema risponde perfettamente alle aspettative e ai bisogni di un giovane. In questo modo piccoli spacciatori diventano la base di un’organizzazione criminale, che

condividere lo stile di vita dei genitori. Il sistema li fa guadagnare, l’attività che svolgono li fa sentire più sicuri. Già i dodicenni aiutano a spacciare droga. In cambio ricevono uno

senza di loro non funzionerebbe così bene. Ma molti ragazzi non procedono nella “carriera”. Sono quelli che non hanno talento commerciale e vengono utilizzati soltanto per fare i corrieri di hashish. Dopo circa venti spedizioni ricevono in regalo la moto con cui trasportavano la droga. L’avventura con la criminaltà organizzata frequentemente finisce molto male sia per le ragazze, sia per i ragazzi. Le donne sono spesso condannate a vivere in solitudine, perché


Littérature i loro mariti finiscono in prigione oppure vengono uccisi. Inoltre, durante le guerre tra clan gli avversari spesso si vendicano sulle famiglie dei criminali stessi. In una tale situazione, anche le donne possono essere in pericolo e le accompagna la paura per sé e per i loro cari. Gli uomini, invece, corrono il rischio continuo di morire o di essere arrestati. I piccoli camorristi sono chiamati da quelli più adulti “morti parlanti”. Entrando nelle strutture criminali, la loro vita è già persa. Possiamo vedere allora, che l’aiuto all’individuo è da parte del Sistema soltanto un mezzo per arrivare ai propri scopi e non migliora le condizioni dell’uomo. Anzi, spesso porta morte e paura.

“Gomorra” lo descrive così: Ti senti gonfio come dopo una mangiata o una bevuta di pessimo vino. Una paura che non esplode nei manifesti per strada o sui quotidiani. Non ci sono invasioni o cieli coperti di aerei, è una guerra che ti senti dentro. Quasi come una fobia. Non sai se mostrare la paura o invece nasconderla. Non riesci a comprendere se stai esagerando o sottovalutando. Non ci sono sirene d’allarme, ma arrivano le informazioni più discordanti. Dicono che la guerra di camorra sia tra bande, che si ammazzano tra loro. Ma nessuno sa dove si trovano i confini tra ciò che è loro e ciò che non lo è. Le camionette dei carabinieri, i posti di blocco di polizia, gli elicotteri che iniziano a sorvolare a ogni ora, non rasserenano,

mai chi sarà la prossima vittima di una sparatoria. Si sente l’ansia. La gente per strada è particolarmente attenta a quello che fa, quali posti frequenta, con chi parla e di che cosa. Deve accertarsi che l’interlocutore sia fuori da ogni sospetto. Si potrebbe morire, questa è la preoccupazione maggiore. Le persone si sentono in trappola e non sono tranquillizzate dalle azioni delle forze pubbliche. Questo stato rende impossibile la vita normale, per non parlare della felicità, tanto promessa dal Sistema. Purtroppo la lista di problemi legati alla presenza della camorra a Napoli e nei comuni vicini non termina qui. Saviano scrive fra l’altro dei vestiti firmati, ma confezionati a basso

sembrano quasi restringere il campo. Sottraggono spazio. Non rassicurano. Circoscrivono e rendono lo spazio mortale della lotta ancora più angusto. E ci si sente intrappolati, spalla a spalla, trovando insopportabile il calore dell’altro. (p.105) Non si sa di chi fidarsi, e neppure se il rischio sia veramente reale, o sia soltanto un’esagerazione. Non si sa

prezzo negli stabilimenti vicino Napoli. I sarti impiegati non ricevono dunque una paga adeguata. La camorra tende in generale a controllare il commercio, per esempio cercando di avere il monopolio per il rifornimento dei negozi. Nel libro si parla anche del controllo della camorra sulla produzione e distribuzione di prodotti alimentari, come la mozzarella. Settori come

Terra contaminata Si potrebbe pensare a questo punto che forse l’attività d el l a

camorra, anche se nuoce all’individuo, contribuisce allo sviluppo della regione in generale. Saviano ci dimostra che non è così. Il Sistema distribuisce in Campania la droga, che rende dipendenti un numero sempre più elevato di persone. A causa del traffico di armi le guerre tra le famiglie camorristiche, che se ne contengono la gestione, sono sempre più sanguinose. Accade anche che vengono uccisi uomini, che non avevano niente a che fare con il crimine. Per questo la gente del luogo si sente terrorrizzata durante i periodi degli scontri a fuoco. Il narratore di

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Littérature Chi decide di denunciare un camorrista costringe gli altri a riflettere sulla loro moralità, gli fa nascere dubbi o rimorsi di coscienza. La gente generalmente lo teme, ma teme di più la camorra, per questo preferisce evitare l’argomento e stare lontano da chi ha superato il timore della vendetta del clan l’edilizia e la rimozione dei rifiuti sono dominati da affari illegali. Persino i fondi che dovevano aiutare a ricostruire le case dopo due disastri naturali in Campania: il terremoto degli anni ’80 e l’alluvione del 1998 sono stati intercettati in gran parte dai clan allora dirigenti. Si vede perfettamente che le attività camorristiche non solo non fanno sviluppare la regione, ma portano persino al suo sempre più profondo arretramento, perché tendono ad impedire che qualcuno possa aprire un’impresa privata senza il permesso del Sistema. La camorra vuole avere il controllo assoluto e vediamo un’altra volta come sfrutta i suoi lavoratori. L’organizzazione campana è fonte continua di morte: attraverso il traffico di armi e di droga, per la mancanza di sicurezza nei cantieri, per l’illecita gestione legata allo smaltimento dei rifiuti tossici e non, causa di gravi patologie. A tale proposito Saviano riferisce che le malformazioni congenite in Campania sono lievitate dell’ 84% e i tumori del 24%. In tutta la regione a causa del cancro c’è una media di 7172,5 morti all’anno.2 Si vede allora che i luoghi dove è nata la camorra hanno subito e subiscono contiuamente delle ingi-

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ustizie. Dolore e paura sono onnipresenti, hanno cambiato completamente questa terra, che ispirava vari artisti e scrittori. Tanta gente si è ormai rassegnata a soffrire non ha voglia di cambiare niente. Crede che la camorra non si possa combattere e che si debba vivere come se questa non esistesse. Ma c’è però chi sente l’obbligo morale di agire, andando purtroppo incontro a sgradevoli, spesso tragiche conseguenze. Eroi chiamati traditori Uno dei più famosi oppositori della camorra è stato padre Giuseppe Diana, chiamato don Peppino Diana. Questo sacerdote della chiesa di Casal di Principe, per evitare che la sua terra continuasse a sprofondare nel degrado, ha costruito un centro di accoglienza per gli immigrati in modo che non fossero contagiati dalla camorra, e ha organizzato marce anti-sistema. Don Peppino ha combattuto con i fatti e con le parole . Ha scritto un documento dal titolo “Per l’amore del mio popolo non tacerò”, che è stato firmato da tutti i sacerdoti del suo paese. In questo manifesto Don Diana elenca tutte le attività illecite del Sistema e fa vedere

a che cosa possono portare. In più incoraggia la popolazione e gli altri preti ad esprimere apertamente la propria condanna alla camorra, per aiutare la propria terra e renderla migliore. Parla della denuncia come un’occasione per produrre nuova coscienza nel segno della giustizia, della solidarietà dei valori etici e civili. (p.246) Lo scopo di “Per l’amore del mio popolo non tacerò” e di tutta l’attività di don Peppino non era battere la camorra, ma l’obiettivo era invece comprendere, trasformare, testimoniare, denunciare, fare l’elettrocardiogramma al cuore del potere economico come un modo per comprendere come spaccare il miocardio dell’egemonia dei clan. (p.250) Il sacerdote ha sottolineato tante volte che la camorra non ha niente a che fare con la religiosità, anche se con la sua terminologia e certi gesti vuole mostrare il contrario. Questo era, secondo il Sistema, il suo reato più grande, a causa del quale il prete doveva morire. Don Giuseppe Diana è stato assassinato il 19 marzo del 1994 nella sala riunioni della chiesa. Dopo la sua morte certi quotidiani hanno cercato di distruggere la sua immagine, forse per giustificare lievemente il clan sospettato di aver ucciso il prete.


Littérature Si è parlato dei suoi contatti con il Sistema e si è insinuato che avesse delle amanti. In tal modo si è cercato di trovare in lui una colpa, come se fosse stato ucciso per essere in qualche modo punito. Si vede allora che chi decide di combattere contro la camorra deve essere pronto a morire e persino dopo la morte non è rispettato come persona che ha sacrificato la propria vita per rendere migliore la vita di molti Qui bisogna sottolineare a qual punto la camorra ha imposto alla società locale i suoi modi di pensare e i suoi valori. Se qualcuno cerca di comportarsi secondo la propria coscienza, viene escluso dalla comunità. Don Peppino era un’autorità per gli abitanti di Casal di Principe e il Sistema ha provato a distruggere la sua immagine soltanto dopo la sua morte. C’è chi è costretto a vivere in solitudine e in continua paura, perché ha violato le regole della camorra. Una di queste è, per esempio, il divieto di testimoniare. Quello che “parla” rimane isolato dal resto della comunità, perché succede che le persone che ti girano vicino si sentono in difficoltà, si sentono scoperte dallo sguardo di chi ha rinunciato alle regole della vita stessa, che loro invece hanno totalmente accettato(...) perché è così che è sempre andato (p.307) Chi decide di denunciare un camorrista costringe gli altri a riflettere sulla loro moralità, gli fa nascere dubbi o rimorsi di coscienza. La gente generalmente lo teme, ma teme di più la camorra, per questo preferisce evitare l’argomento e stare lontano da chi ha superato il timore della vendetta del clan. In “Gomorra” l’autore menziona una giovane donna che, a causa della decisione di cooperare con le forze dell’ordine, deve pagare l’alto prezzo di rinunciare al suo vissuto, ai suoi af-

fetti e ai suoi beni. Deve abituarsi a vivere in solitudine, senza amici, abbandonata da una parte della famiglia e dal fidanzato, che la lascia poco tempo prima del matrimonio. Viene licenziata dal lavoro e trasferita sotto la scorta della polizia in un luogo segreto. Resta sola. La figura più tragica è però di sicuro quella del narratore di “Gomorra”, che è nello stesso tempo l’autore del libro. Roberto Saviano ha sacrificato veramente tanto per raccogliere il materiale per la sua opera e subisce gravissime conseguenze dopo la pubblicazione di essa. Dal momento in cui il libro è stato pubblicato con successo Saviano vive cambiando spesso alloggio. Succede frequentemente che i proprietari degli appartamenti non vogliono affittarglieli o gli impongono un affitto molto più alto del solito. Se deve abitare in un hotel non può nemmeno aprire la finestra. Spesso dorme anche nelle caserme dei carabinieri. Oltre alla vita in esilio, Saviano deve misurarsi con la critica, con le accuse e le calunnie. Molte voci cercano di negare la verità descritta in “Gomorra”, ma non mancano neanche insulti personali. Il giovane scrittore ha letto le varie opinioni espresse su di lui tra le quali, il sospetto che non sia lui l’autore del libro, che sia solo un cialtrone che lavora per qualche politico, che pensa solo alla fama e ai soldi. E nel suo paese natale sono apparse scritte sui muri come “Saviano verme” e un enorme bara con il suo nome. Saviano ha sofferto molto a causa di tutto questo, ma la sua attività ha aiutato tanta gente a conoscere e capire il problema della camorra. Lui continua a scrivere e non ha paura della morte: Ho avuto e ho tante paure, ma quella di morire non la avverto quasi mai. La peggiore delle mie paure,

quella che mi assilla di continuo è che riescano a diffamarmi, a distruggere la mia credibilità, a infangare ciò per cui mi sono speso e ho pagato.3 Fine delle apparenze Il paladino che si oppone all’ingiustizia e vuole aiutare la gente che ne ha bisogno, non è, come abbiamo visto, la camorra, ma qualcuno che combatte contro di lei. L’arma più forte in questo caso è la parola. Grazie al suo uso un solo uomo è riuscito a superare l’omertà. Saviano dà coraggio e fa nascere la speranza che anche una singola persona, un individuo così duramente criticato e a prima vista impotente, possa far tremare un’organizzazione così ben costruita e così potente. E forse allora non sarà più un sogno credere che in Campania ed in tutto il mondo, dove è presente la camorra, vinca la verità e che il dolore della gente causato dalla criminalità organizzata scompaia per sempre. 1 Tutte le citazioni con la pagina indicata fra parentesi saranno tratte da Saviano R.: “Gomorra” Mondadori, Milano 2006 2 Saviano R. “Lettera alla mia terra” La Repubblica 22.09.2008r. 3 Saviano R. “La bellezza e l’inferno” Mondadori, Milano 2009

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Littérature Linguistique

Fra lingua e dialetto Magdalena Szczepanik In Italia la situazione linguistica è molto particolare, infatti coesistono due sistemi linguistici: la lingua e i dialetti, il che fino ad oggi suscita accese polemiche. Basta prendere
in considerazione le ultime notizie provenienti dalla Sicilia, dove negli ultimi giorni 
il dibattito riguardante l’uso del dialetto è risorto a causa dell’approvazione della legge 
che consente l’insegnamento del dialetto, della letteratura e della storia siciliana nelle scuole. Ovviamente il caso della Sicilia non è l’unico esempio di tale iniziativa nella Penisola. 
A proposito di tale discussione si parla non soltanto del rapporto lingua – dialetto, 
del plurilinguismo italiano, di una miriade di dialetti italoromanzi, ma anche della vitalità 
di questi ultimi.

La lingua e il dialetto

inferiore dell’espressione.

Nel corso del presente articolo saranno usati due termini – la lingua e il dialetto. Secondo J.R. Firth il primo termine “ha una funzione sociale, sia come mezzo 
di comunicazione sia come modo di identificazione dei gruppi sociali”1. R. Hudson, 
un altro linguista, aggiunge che la lingua “è in se stessa una nozione sociale, dal momento 
che tale lingua X è definita in termini di un gruppo di individui che la parlano”2.
 La spiegazione del concetto del dialetto non è molto diversa, basta menzionare l’origine greca di tale parola: διάλεκτος, letteralmente “discussione”3, il che sottolinea l’intrinseco legame con la società. Nel XII – XIII secolo, la parola ha assunto funzione territoriale, esprimendo così l’identità degli utenti. Vale la pena rimarcare che dapprincipio il dialetto non era considerato come il modo

Si noti che i due concetti, essendo in stretta correlazione, sono molto simili. In ottica 
di E. Coşeriu4, dal punto di vista grammaticale, non si possono osservare differenze 
tra gli stessi. Tutti e due hanno i sistemi fonetici, morfologici e sintattici ben formati 
e potrebbero essere esaminati in quanto due lingue diverse. Secondo l’esperto menzionato, 
le divergenze si possono distinguere soltanto al livello funzionale, testuale e semiologico. Vale la pena affermare che non esiste un tratto caratteristico, il quale renderebbe 
la definizione del dialetto inequivocabilmente diversa dalla lingua. Entrambi vocaboli appaiono molto omogenei. Per sapere se si tratta di lingua o di dialetto si deve prendere 
in considerazione tutti i fattori più avanti elencati. Nella penisola tricolore sono state approvate due accezioni del dialetto5. Secondo 
la prima, esso è il “codice distinto dalla lingua nazionale, che, anche

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se storicamente imparentato con questa, non è una sua filiazione o degenerazione”6. È importante affermare che tutti i dialetti italiani si sono formati contestualmente nello stesso periodo in seguito 
alle peculiarità politiche e socio–culturali. In data odierna vige la consapevolezza degli studiosi che il dialetto è la forma corrotta dell’italiano o lo scadimento di esso. Va sottolineato 
che dal punto di vista storico tale parere è totalmente erroneo. Basta osservare il fatto 
che la lingua italiana è solo l’evolversi del dialetto toscano, il quale nel XV secolo, è stato promosso al rango di lingua nazionale a causa della “questione di lingua”, la tesi già avallata anche precedentemente nel XIV secolo dal sommo vate Dante Alighieri. La seconda definizione si basa sui criteri sociolinguistici, secondo i quali la differenza tra la lingua e il dialetto consiste nella quantità delle persone che usano una data lingua.
 G. Berruto presenta il dialetto in quanto “uno strumento di comunicazione linguistica, 
di ambito ed


Linguistique impiego demograficamente più ristretto che la lingua”7. Da quest’affermazione emergono ancora due altri fenomeni legati strettamente alla lingua intercomprensibilità 
e prestigio sociale. Il dialetto è considerato dalla maggior parte della società come una forma di pessima espressione, non adeguata agli utenti più colti. Il parlare, che gode del più grande prestigio, si caratterizza del più grande livello dell’intercomprensibilità tra gli utenti. Gli stessi capiscono la lingua italiana standard, mentre la persona che usa soltanto la lingua italiana non capirà mai per esempio il napoletano. Per M. Loporcaro, il dialetto “è utilizzato per disegnare una varietà linguistica 
non standardizzata, tendenzialmente ristretta all’uso orale entro una comunità locale 
ed esclusa dagli impieghi formali ed istituzionali”8. Si osservi che la prima affermazione 
è molto importante. I dialetti, che in maggior parte esistono solamente nell’uso orale, 
non formano mai le varietà standard, anche se a volte accade che sono codificati. Non possedendo la normalizzazione accettata, non possono essere approvati da un ordinamento statale, il che significa che il dialetto non può svolgere le funzioni ufficiali, nonché 
non dovrebbe essere insegnato a scuola. A tal proposito, G. Berruto9 conclude tale differenza tra i due concetti esaminati con una boutade: “le lingue non sono altro che dialetti con 
un esercito”10. Va notato che un altro tratto distintivo tra la lingua e il dialetto è legato alle aree geografiche in cui essi operano. La lingua è il mezzo del parlare interregionale, accolto sia all’interno dello Stato che all’estero. Il dialetto è caratterizzato dalla dimensione geografica inferiore rispetto alla lingua, di solito esso compare in ambiti limitati, come per esempio
 un villaggio o una regione. Il fenomeno menzionato attinente ai rapporti areali e territoriali di una lingua viene chiamato da U. Ammon11

Überdachung (copertura), il che significa che la lingua, 
in un determinato luogo, include sotto di sé le varietà linguistiche che sono strettamente legate con essa grazie alla parentela genealogica. In questo caso la varietà possedente la copertura 
è chiamata Dachsprache (lingua tetto). Il caso contrario si chiama Dachlos (senza tetto) e in realtà è molto raro. Di solito con tale fenomeno abbiamo a che fare quando utenti di un dialetto non possono studiare a scuola la lingua standard, per cui, in teoria, il loro dialetto non ha “il tetto”. Conviene rilevare che i dialetti italiani, avendo “il tetto linguistico”, costruiscono il primo esempio. Le riflessioni fatte ci spingono a citare un’altra definizione di G. Berruto: 
“la lingua è un insieme di varietà linguistiche, in cui una varietà standard copre tutte le altre e nessuna delle varietà coperte ha un grado più che medio di dissimilarità dalla varietà tetto”12. 
Questa conclusione è legata all’osservazione di M. Cortelazzo: “dialetto è una variante oppositiva, sezionale, collettiva e naturale

di una lingua”13. Tenendo conto dalla pluralità dei punti di vista riguardanti la definizione di entrambi, 
si arriva alla conclusione che non è semplice definirli in modo assoluto e rigoroso. Per capire i confini tra gli stessi si devono prendere in considerazione i fattori sia linguistici che extralinguistici.

La nascita dei dialetti e della lingua italiana Avendo stabilito il criterio di distinzione tra la lingua e il dialetto, si può passare all’analisi della situazione linguistica in Italia14. Inizialmente è necessario fare 
una considerazione preliminare: in realtà la lingua italiana è un surrogato del dialetto, 
il quale nel XV secolo si è assunto al rango di lingua nazionale in conseguenza delle vicende politicoculturali. Per questa ragione prima si parla della nascita dei dialetti.

Conformemente

alla

“teoria

Nella tabella di sotto si trova la sintesi delle divergenze tra il dialetto e la lingua:

LA LINGUA

IL DIALETTO il fatto sociale il mezzo di identificazione

i sistemi fonetici, morfologici e sintattici ben formati standardizzata possiede ordinamento statale uso scritto e orale la dimensione più grande formale, istituzionale

non standardizzato non possiede ordinamento statale uso orale (di solito) la dimensione più piccola informale, colloquiale,

prestigio sociale insegnata a scuola mezzo di comunicazione interregionale grande intercomprensibilità linguisticamente dominante

la mancanza del prestigio sociale non è insegnato a scuola mezzo di comunicazione regionale poca intercomprensibilità linguisticamente inferiore

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Linguistique del sostrato”15, i dialetti hanno la loro origine nelle parlate delle popolazioni prelatine, le quali durante la romanizzazione della penisola, 
hanno trasmesso nel latino tutti i tratti caratteristici delle loro lingue originarie. La mappa che si trova al di sotto presenta la variazione linguistica in quel periodo:

Le lingue dell’Italia antica 16

Da ciò risulta che già durante la prima unificazione linguistica nella storia 
della penisola, la lingua latina si differenziava regionalmente. A tal proposito si osservi 
che sul territorio italiano non era mai esistito il fenomeno dell’unificazione linguistica assoluta. In seguito all’espansione romana, la lingua latina ha sempre avuto un aspetto di grande predominanza e di egemonia linguistica. Tuttavia, nello stesso tempo si possono osservare 
le prime tendenze alla divisione della lingua latina in quella colta e quella parlata dalla massa. Probabilmente, tale situazione è stata cagionata da

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motivi tra l’altro come: la grandezza dell’impero romano, lo scarso livello d’istruzione, il contatto con altre lingue, nonché 
la diffusione del Cristianesimo. L’apice del fenomeno osservato intercorre a cavallo dell’VIII e IX secolo, in cui abbiamo le prime testimonianze letterarie della disgregazione linguistica. Tale applicazione della lingua volgare alla letteratura è il primo cenno per l’approvazione linguistica di questa peculiarità fino ad allora ancora poco sviluppata. Da tal momento, il latino comincia ad essere considerato la lingua della corte, 
della letteratura, della scienza e della tecnica, riservata alla gente più istruita. La lingua 
della plebe, chiamata il latino parlato, non colto o volgare17, si caratterizzava dalla dinamicità, dalla flessibilità delle regole e dalla mancanza di un comune modello volgare di riferimento. Dal 476 fino all’unificazione dell’Italia, avvenuta nel 1861, si può notare 
la frantumazione del territorio italiano, che era diviso in più Comuni e Stati, completamente separati. In aggiunta, nei primi secoli, a causa dell’instabilità politica, si osserva la mancanza degli scambi interpersonali. Tutto questo ha rinsaldato che in ogni regione, avente una cultura socio-politica diversa, attecchisse un proprio modo di parlare, un linguaggio totalmente diverso anche da una regione vicina, il dialetto regionale vero e proprio. Per di più, 
anche all’interno di ogni provincia si osservava il

fenomeno della diversificazione 
tra la lingua parlata e scritta, la gente più colta adoperava il mediolatino, invece tutti coloro che usavano la lingua soltanto oralmente, usavano la lingua parlata locale – il volgare che subiva sempre più mutamenti radicali senza una norma codificatrice. Ci si può immaginare che nel corso di tutti i secoli, il sistema linguistico 
nella Penisola Italiana fosse pieno di divergenze, le quali, in sostanza, si può ravvisare 
fino ai nostri giorni. Nel XV secolo a Firenze, che in quel periodo era una città più sviluppata, la culla 
della letteratura e della cultura italiana, nasce la discussione chiamata “questione della lingua”, riguardante la scelta della lingua della classe dominante e per gli scrittori. In seguito a tale dibattito il toscano diventa lingua conforme alla norma linguistica, gli altri volgari (prima chiamati “le lingue sorelle”18) cominciano ad essere annoverati come “peggiori”. Conseguentemente appare per la prima volta l’uso del termine “dialetto”. 
Secondo G. Marcato19, codesto fenomeno ha luogo nel 1546 in opera di Niccolò Liburnio Occorenze umane. Progressivamente, il latino perde pian piano la sua egemonia. Tuttavia, tale scelta linguistica non ha posto fine al continuo sviluppo delle peculiarità. Secondo I. Beszterda 
per tanti decenni la lingua italiana rappresentava “l’appannaggio di una ristretta élite di dotti, intellettuali e letterati, mentre il resto della popolazione era confinato nell’ambito dialettale”20, anche se questi ultimi costituivano la violazione dei principi normativi. Per confermarlo, meritano di essere segnalati i calcoli fatti nel momento dell’unificazione dell’Italia. 
Secondo De Mauro21, nel 1861 soltanto il 2,5 % del popolo


Linguistique conosceva la lingua italiana. 
Si affermi che22: “gli italofoni erano concentrati per oltre tre quinti in Toscana e a Roma,
 (…) meno dell’1% della popolazione conosceva (ossia scriveva e leggeva) l’italiano”. 
Un altro studioso, A. Castellani, si riferisce al numero tra il 9 e 12, 63 %23. Anche se i dati presentati sono diversi, si nota ictu oculi che l’uso dell’italiano non era affatto diffuso. In tale situazione è giustificata l’esigenza di possedere una lingua comune che sarebbe stata comprensibile per tutto il popolo. Il motto di M. D’Azeglio e degli altri politici nel 1861 era “L’Italia è fatta, ora facciamo gli italiani”24, il che era un’impresa molto ardua considerando il bagaglio storico-culturale portato da secoli dagli italiani. L‘unico possibile rimedio sembrava consistere nell’unità della lingua. La classe dirigente si rendeva conto 
del fatto che soltanto la lingua poteva formare un tipo di legame tra gli italiani, poteva esprimere l’identità italiana, il che avrebbe garantito anche la stabilità politica. 
Si deve sottolineare che in quel tempo, a causa sia della secolare frantumazione politica della Penisola in tanti piccoli regni che della frammentazione sociale ed etnica, il concetto 
di nazione era appena percepito dagli italiani. Per risolvere il problema nel 1877 il governo della Sinistra ha promulgato la legge chiamata Coppino, la quale poneva il rigore sull’obbligo scolastico e serviva a dare le basi linguistiche ai nuovi cittadini. In questo modo, almeno 
nella lingua scritta e nelle funzioni amministrative era usato l’italiano. Tuttavia, si noti che fino agli anni cinquanta circa il 60% degli italiani abitualmente usava il dialetto, mentre 
il 20% della popolazione non parlava affatto la lingua italiana.25

Le varietà della lingua italiana Prendendo spunto dalle informazioni storiche sembra opportuno rimarcare che tutti i processi sopraddetti, specialmente la realtà storica e la discontinuità territoriale, hanno provocato la nascita di una lingua con molte varietà e sfumature, piena dei particolarismi regionali. Nessuna lingua umana costituisce un’entità omogenea, il che significa che 
essa presenta tante varietà. La maggior parte degli studiosi è d’accordo che esse si possono analizzare in sincronia tramite seguenti assi (o dimensioni) di variazione: diastratica (legata alle differenze linguistiche tra i diversi strati socioculturali di una data società), diafasica 
(è relativa all’uso della lingua nelle diverse situazioni comunicative), diamesica (riguarda le differenze linguistiche che

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si basano sui mezzi di espressione e comunicazione corrispondente al mezzo di parlare o di scrivere), diatopica (è una delle fondamentali assi linguistiche, specialmente in Italia, corrisponde alla diversa collocazione spaziale degli utenti della lingua). Partendo da questa divisione, va notato che nella lingua italiana si possono osservare tutte 
e quattro dimensioni sopraddette. Di solito si distinguono nove sottotipi della lingua italiana: • Italiano standard letterario – (lingua scritta) questione attinente alla tradizione letteraria che è legata alla norma prescrittiva, esso è disciplinato dalle grammatiche. • Italiano neo-standard – è definito l ‘italiano dell’uso medio, • Italiano parlato colloquiale (lingua parlata) concernente la

La linea RIMINI – SPEZIA

i dialetti d’Italia 29

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Linguistique conversazione quotidiana, • Italiano regionale popolare (parlata, a volte scritta) riguardante solitamente la gente non istruita, • Italiano formale trascurato (parlato) si usa nelle situazioni spontanee, informali, nelle quali gli utenti non badano alla correttezza linguistica così come per esempio nelle situazioni in cui si deve usare la lingua aulica, • Italiano gergale (parlato) tipico per un gruppo che è unito tramite idee, modi di vita. Di solito lo scopo di usarlo consiste nell’individuare l’identità del gruppo, ma anche rinsalda i legami tra parlanti, distingue gli utenti di esso dagli altri, • Italiano formale aulico (scritto o parlato) riguarda di solito le situazioni molto formali e solenni, • Italiano tecnico-scientifico (scritto o parlato) legato ai testi scientifici o tecnici, 
è caratterizzato dai termini che sono comprensibili soltanto per il gruppo chiuso delle persone che possiedono una certa conoscenza del problema analizzato, • Italiano burocratico (scritto, a volte parlato) è usato in uffici, nell’amministrazione.26

La varietà del dialetto Le trattazioni sinora fatte inerenti alla complessa realtà linguistica italofona, 
ci hanno mostrato non soltanto le varietà intrinseche della lingua italiana, ma anche 
la compresenza del dialetto, anch’esso diviso in tante varietà27: diatopica, diafasica, diastratica. Per quanto concerne la prima, gli studiosi autorevoli sono concordi nell’affermare che i dialetti italoromanzi28 si possono dividere secondo la linea Spezia – Rimini, separando gli idiomi settentrionali dagli altri. La mappa presentata sulla pagina precedente mostra la divisione dialettale nell’Italia d’oggi.

Questa linea rappresenta l’insieme di isoglosse30 che rispecchia diversi tratti fonetici. Seguendo la mappa, possiamo notare che ogni area è suddivisa in subaree che sono ancora più ristrette. Tale divisione geografica si basa anche sui confini naturali (per esempio le catene montuose, i bracci del mare) e storici (secolare frammentazione della Penisola italiana). A questo punto si deve presentare un fenomeno chiamato “continuum dialettale”31,
che pone l’accento sul fatto che i dialetti parlati nelle aree geograficamente adiacenti 
si differiscono minimamente, aumentando l’intercomprensibilità tra gli utenti,
 le differenze si accentuano man mano che ci si allontana, in poche parole più distanti 
sono i luoghi, più i dialetti si differiscono. Nell’ambito di diamesia, si possono notare anche le divergenze che rispecchiano l’opposizione città – campagna, quindi l’uso urbano o rustico. La dimensione diafasica è legata alla situazione comunicativa. Di solito il dialetto viene 
usato nell’ambito informale, esclusivamente o prevalentemente confidenziale, familiare, riguardante l’uso quotidiano della lingua. La terza variazione, diastatica, ha un minore influsso sulla differenziazione sociolettale del dialetto. È difficile parlare nell’ambito di questa dimensione, di un utente colto e incolto, dato che questo modo di parlare è usato soprattutto da questi ultimi. Ancora oggigiorno, a causa dell’oralità del dialetto, non si parla dell’asse della variazione, diamesica. Tuttavia si deve sottolineare che a volte, anche se non è molto diffuso, il dialetto è usato nella forma scritta nella letteratura.

I contatti interlinguistici L’onnipresenza di tanti sistemi linguistici a lungo termine in Italia ha cagionato 
una

serie di fenomeni attinenti ai contatti interlinguistici: • Monolinguismo dialettale (cosiddetti dialettofoni) – il fenomeno che riguarda l’uso soltanto del dialetto, oggi è in minoranza. • Bilinguismo - secondo R. Titone “il bilinguismo è sociale o collettivo quando un intero gruppo (famiglia, comunità, nazione) si vale di due lingue in maniera alternativa”.32 • Monolinguismo standard (italofoni) – il fenomeno odierno, però soltanto per 
la minoranza degli utenti chiamati italofoni, consistente all’uso dell’italiano in modo esclusivo, si solito esiste nelle zone sviluppate. A sostegno delle nostre riflessioni, occorre menzionare i dati statistici resi accessibili dall’ISTAT, i quali mostrano sia la tendenza dell’aumento della lingua italiana nei confronti delle diverse forme dialettali sia l’incremento dei parlanti bilingui:

Anno

dialettofoni italofoni

1861 1951 1982 2002

97,5% 63,5% 46,5% 6%

2,5% 18,5% 29,5% 19,1%

*in famiglia

*in famiglia

69,5%

53,7%

Utenti bilingui -18% 21% 56,2%

i dati statistici riguardanti le divergenze linguistiche in Italia33 Con le ultime considerazioni, si vuole accennare un altro fenomeno collegato strettamente all’interferenza linguistica, chiamato “commutazione di codice”34. Esso descrive la mescolanza delle espressioni dialettali e l’italiano standard nel corso del medesimo enunciato. Si può anche affermare che la soprascritta divisione è legata in maniera rigorosa all’origine degli utenti. In questo modo nel primo caso possiamo parlare


Linguistique degli utenti provenienti dai ceti bassi, di scarsa istruzione, che di solito abitano in un villaggio. 
I parlanti bilingui sono di solito i cittadini medi delle piccole località o grandi campagne, invece il terzo fenomeno riguarda le persone colte, provenienti del ceto alto, le quali abitano nelle grandi città.

Il futuro dei dialetti Alla fine, vale la pena soffermarsi sul futuro dei dialetti. Conformemente 
ai rilevamenti statistici dall’anno 1861 fino al 2002, il numero dei dialettofoni è calato 
dal 97,5% al 6%. Benché i numeri presentati siano molto generali e non prendano 
in considerazione per esempio i contesti di circostanze spaziali e temporali diverse (infatti 
dal 1961 fino al 2002 quasi il 70% della gente più anziana padroneggia 
il dialetto nell’ambito familiare), il livello di istruzione, le diverse zone del paese (al Nord 
i dialettofoni costituiscono l’11,1 % mentre al Sud il 27,2%), rispecchiano la progressiva scomparsa del numero dei dialettofoni. Tale fenomeno è causato da tanti fenomeni 
sia socio-economici che antropo-culturali (tra l’altro: lo sviluppo economico, la migrazione del popolo dalle compagne alle grandi città, l’amalgamarsi di varie culture, la crescente importanza della stampa e dei mass-media, le iniziative dei politici). Considerando tutti questi fenomeni e la dinamicità dei cambiamenti linguistici occorsi 
a cavallo dei 150 anni, potrebbe sembrare che entro qualche anno assisteremo 
alla sdialettalizzazione della Penisola. Va osservato che tale processo ha avuto luogo 
negli altri paesi europei fin dai secoli passati. Come la curiosità si può accennare che nel 1991 G. Berruto35 aveva quattro scenari possibili del futuro dei dialetti: sviluppo del bilinguismo, trasfigurazione dei dialetti, morte dei dialetti e l’ultimo, mantenimento dell’uso del dialetto in

certe regioni e scomparsa progressiva del dialetto in altre zone. Oggidì, a venti anni di distanza, si può condividere che la terza tesi, quella più pessimistica, non si è affatto verificata. G. Berruto36, durante il convegno “Lingua e Dialetto nell’Italia del 2000 – Dinamiche sociolinguistiche in atto e diversità regionali”, spiega : 
“non c’è traccia di un incremento del dialetto, ma neanche del suo disincremento. Il dialetto non si configura più come codice dei ceti bassi, sintomatico di uno svantaggio sociale, ma viceversa come una tastiera di arricchimento espressivo. Una possibilità in più da sfruttare. Conoscerlo è dunque un vantaggio. Il dialetto è vivo e vegeto come sistema atto a subentrare in condizioni particolari. Parlerei di un codice di nicchia, dunque”. Quest’opinione può significare la propensione del revival dei dialetti. Nonostante ciò si può affermare che, pur non svalutando completamente i dialetti tradizionali (il 6 % della popolazione italiana usa tale forma) i quali davvero stanno scomparendo, ma con la nuova forma di essi, la quale potrebbe essere un ibrido della parlata nativa e della lingua nazionale (cosiddetto “dialetto moderno”), i dialetti continuano a coesistere con la lingua nazionale. Secondo G. Berruto37 
“il dialetto si muove verso l’italiano e non viceversa”. Tale fenomeno è strettamente legato 
a quello del bilinguismo, si può osservare che durante gli ultimi venti anni, il numero di queste persone è aumentato due volte, contemporaneamente riguarda quasi il 60% della popolazione italiana. Questo ci porta alla conclusione che il modo di parlare nativo si è fortemente ancorato nella mente dei propri utenti, il dialetto non soltanto rispecchia la storia delle comunità e costituisce un patrimonio molto prezioso per i parlanti, ma anche sottolinea l’importanza dei legami territoriali, a volte, intransigenti e invalicabili. I tentativi della sdialettalizzazione

totale hanno fatto fiasco, quando la gente si è resa conto che il dialetto non è soltanto un codice linguistico, ma anche la lingua della spontaneità, dell’anima che esprime appartenenza a un certo territorio ed è vettore di tanti tratti caratteristici degli utenti. Va sottolineato che per tanti italiani, il disuso del dialetto significherebbe la negazione non soltanto della loro storia, cultura, credenze, ma anche 
della propria identità. Si deve aggiungere che riferendosi alle idee romantiche, il dialetto 
è considerato anche in quanto “manifestazione autentica delle virtù incontaminate di cui il popolo è portatore”38. Tirando le somme negli ultimi anni si osserva una profonda volontà, da parte 
degli utenti, di non dover rinunciare interamente la loro lingua, che costituisce il loro humus. 
Ancora qualche anno fa si osservava, oltre al decremento dei dialettofoni, il cambiamento 
dei criteri valutativi della lingua usata da questa gente. Si riteneva che il dialetto rappresentasse l’arretratezza linguistico– culturale, si diceva che soltanto l’adozione 
della lingua italiana garantisse un’ascesa sociale. Secondo l’opinione predominante, l’uso 
dei dialetti era anche concausa dello sviluppo della criminalità organizzata, tesi non condivisa dalla scrivente, ritenendo tale fenomeno sia più addebitabile alla formazione socioculturale, all’ambiente circostante, all’educazione ricevuta che all’uso della lingua. Tuttavia adesso possiamo osservare le tendenze valutative diverse, F. Panizza39, durante il convegno
a Castellano, ha concluso che: “se un tempo il dialetto era considerato un retaggio del passato, se non un segnale di ignoranza–oggi è stato riabilitato e si è sfatato il mito che chi parla 
il dialetto poi non riesca a parlare correttamente l’italiano. Bisogna, comunque, stare attenti 
a non considerare il dialetto come una reliquia da museo, perché altrimenti siamo destinati 
a perderlo. Bisogna fare

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Linguistique uno sforzo comune per tenerlo vivo, che è quello di adattarlo 
alla modernità”. A questo punto giova notare che ultimamente tante regioni promuovono letteratura 
e poesia regionale, spettacoli teatrali, serate di musica, tante manifestazioni locali40. Alcune zone, come è stato detto all’inizio dell’articolo, hanno introdotto anche le leggi allo scopo di proteggere i loro dialetti41. Tutte queste iniziative culturali mirano a riscoprire i dialetti e a non permettere di perderli. La quarta ipotesi di G. Berruto, la quale riguarda il fenomeno della differenziazione regionale a livello sociolinguistico, si è avverata nell’Italia di oggi. Si osservi che la Penisola era sempre caratterizzata dall’eterogeneità politico-culturale-linguistica. 150 anni di cambiamenti sembrano poco efficienti, specialmente quando la gente era forzata attraverso le leggi a rinunciare al proprio modo di parlare nativo che rappresenta il proprio bagaglio culturale tramandato da generazione a generazione. In più si deve sottolineare che fino ad oggi l’Italia rappresenta enormi divergenze economiche, il che influisce sul modo di vivere, sulle scelte e sulle idee degli utenti della lingua. Tutto questo rinsalda la polarità tra italiano e dialetto. Per affermare le nostre riflessioni, ci permettiamo di mostrare di sotto la mappa di C. Grassi che rispecchia

il numero dei dialettofoni nella metà degli anni 80. Nonostante che siano passati quasi trenta anni, le statistiche dell’ISTAT del 2000 ci presentano che fino ad oggi esistono notevoli disparità, in certe regioni si usa ancora 
il dialetto (però quello ‘moderno’) ed invece in altre, si è stabilito l’uso della lingua italiana. Vale la pena sottolineare che sia la mappa che la tabella riguardano il numero percentuale dei dialettofoni nell’ambiente familiare:

Regione

Solo o prevalentemente dialetto

Piemonte 11,4% Valle d’Aosta 12,5% Lombardia 10,7% Trentino Alto Adige 23,1% Veneto 42,6% Friuli Venezia Giulia 16,6% Liguria 12,4% Emilia Romagna 14,2% Toscana 4,1% Umbria 13,0% Marche 18,1% Lazio 8,1% Abruzzo 22,9% Molise 27,3% Campania 30,5% Puglia 17,7% Basilicata 25,9% Calabria 40,4% Sicilia 32,8% Sardegna 46,4% valori percentuali del 2000 riguardanti l’uso del dialetto secondo le regioni43

Conclusioni

distribuzione dei dialettofoni (in famiglia) nelle regioni italiane42

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Per concludere, si può affermare inequivocabilmente che tutte le considerazioni ottenute confermano la realtà eterogenea della Penisola italiana

e la mancanza dell’unico repertorio linguistico panitaliano, il che è il retaggio della particolare situazione socio-politicoculturale. Si precisa concisamente che nell’Italia contemporanea si osservano quattro fenomeni linguistici: • graduale regresso dei dialetti tradizionali, • rivitalizzazione dei dialetti ‘moderni’. • incremento del numero degli italofoni e degli utenti bilingui, • estensione geografica dell’italiano. Davanti alle riflessioni fatte, si può ipotizzare che i dialetti in Italia 
non scompariranno nei prossimi anni, perché essi non rappresentano soltanto il modo 
di esprimersi quotidiano. Il dialetto è il senso e il significato delle radici storiche 
e antropologiche degli utenti, è anche l’espressione della cultura, delle tradizioni 
e dell’identità etnica. Per questo motivo si può confermare che è probabile che cambi la loro forma, ma non avremo a che fare con la loro estinzione totale. In quanto l’Italia, a differenza di altri paesi, è molto conservatrice, legata alle tradizioni, gelosa delle proprie origini 
e se vogliamo azzardare della propria grandezza nell’ambito storico-culturale, come se il mito dell’antica Roma non svanisse mai nella mente degli italiani anche a distanza di secoli. 1 Hudson R, “Sociolinguistica”, il Mulino, Bologna 1996, p.11. 2 Ibidem 3 Zingarelli N., Lo Zingarelli Vocabolario della lingua italiana, Zanichelli, Bologna2007, p. 546, voce: dialetto. 4 Coşeriu E., “‘Historische Sprache’ und ‘Dialekt’”, in: Sobrero A. (a cura di), Introduzione all’italiano contemporaneo, Editori Laterza, Roma – Bari 2007, p. 279. 5 Coveri L., Benucci A., Diadori P., “Le varietà dell’italiano. Manuale di sociolinguistica italiana”, Bonacci Editore,


Linguistique Siena 1998, p. 34. 6 Ibidem 7 Berruto G., “La sociolinguistica”, Zanichelli, Bologna 1974, p. 62. 8 Loporcaro M., “Profilo linguistico dei dialetti italiani”, Editori Laterza, Bari 2009, .p. 3. 9 Berruto G., “Fondamenti di sociolinguistica”, Laterza, Roma – Bari 2005, p. 181. 10 Ivi, p. 181. 11 Ammon U., “Status and Function of Languages and Language Varieties”, De Gruyter, Berlin – New York 1989, p. 42 – 45. 12 Ibidem 13 Cortelazzo M., “Avviamento critico alla dialettologia italiana”, Vol. I: Problemi e metodi, Pacini, Pisa1969, p. 27. 14 http://www.insegnareitaliano.it/ documenti/Laboratorio%20docenti/ italiano/Martignon/riflessione_sulla_ lingua/Origini_lingua.PDF [la data dell’ultima consultazione: 31.05.2011]. 15 Cfr. Loporcaro M., op. cit., p. 33. 16 Prosdocimi A. L. (a cura di), “Lingue e dialetti dell’Italia antica”, p. 13, in: Loporcaro M., op. cit., p. 35. 17 Vale la pena affermare che in realtà si dovrebbe parlare dei volgari in plurale, perché in quel tempo esistevano tanti tipi di tali parlate, che si differenziavano a seconda delle aree geografiche. 18 Loporcaro M., op. cit.,p.4. 19 Marcato G., “dialetto, dialetti e italiano”, Carocci, Roma 2002, p.13. 20 Beszterda I., “La questione della norma nel repertorio verbale della comunità linguistica italiana: tra lingua e dialetti”, Wydawnictwo Naukowe UAM, Poznań2007, p. 304. 21 De Mauro T., “Per lo studio dell’italiano popolare unitario”, in: R. Simone, G. Ruggiero, (a c.di), Aspetti sociolinguistici dell’Italia contemporanea, Bulzoni, Roma 1977, p.150. 22 Ibidem 23 Castellani A., “Quanti erano gli italofoni nel 1861?” in: Studi Linguistici Italiani, VIII, fasc. 1, 1982, pp.3-26.

24 Beszterda I., op. cit.,p.124. 25 Ivi, p.126. 26 Berruto G., 1987, Sociolinguistica dell’italiano contemporaneo, Roma, Studi Superiori NIS, pp.19 -27 27 Berruto G., Le varietà del repertorio, in Sobrero A. (a cura di), op. cit.,pp. 22-23. 28 Bisogna mettere in rilievo che tale nomenclatura non è conseguenza di voler sottolineare le similitudini tra i dialetti, al contrario, si dice che i dialetti italoromanzi non possiedono niente in comune, in sostanzia è un’etichetta geografica. 29 Fonte: http://www.ilc.it/ mescolanze4.htm [la data di ultima consultazione: 26.09.2011]. 30 Isoglossa - Linea immaginaria che, in una rappresentazione cartografica, delimita l’estensione spaziale di un fenomeno linguistico [Vocabolario della lingua italiana di Nicola Zingarelli,op.cit., p.987 voce: isoglossa]. 31 Loporcaro M., op. cit., p.13. 32 Titone R., “Bilinguismo collettivo e dinamica degli scambi linguistici”, in Quaderni per la promozione del bilinguismo, n.2/ XII, 1973, p. 2. 33 I dati presentati non rispecchiano la variazione diatopica, diafasica e diastatica. Per approfondire la questione: http://www.istat. it/salastampa/comunicati/ non_calendario/20020312_00/ testointegrale.pdf [la data dell’ultima consultazione: 26.09.2011]. 34 Laporcaro M., op. cit., p. 176. 35 http://www.algloriosopiave. tv/ita/dialetto_dettaglio. asp?c=9&s=1 [la data dell’ultima consultazione: 31.05.2011] 36 Ibidem 37 Ibidem 38 Ibidem 39 http://www.uffstampa. provincia.tn.it/c2008.nsf/0/A3 46B532C17A5EB4C125760B 00357852?OpenDocument [la data dell’ultima consultazione:

31.05.2011]. 40 Si parla anche sempre di più della didattica riguardante l’insegnamento del dialetto nelle scuole, cfr. Di Dio L., “L’uso delle canzoni dialettali nella classe di lingua L2 e LS”, in: Scuola e lingue moderne, anno XLVII, 2009. 41 la legge regionale 45/1994 in Emilia Romagna, o la 6/1990 in Campania 42 C. Grassi, A. Sobrero, T. Telmon, “Fondamenti di dialettologia”, Laterza,Bari 1998, p. 84. 43 http://www.istat.it/ salastampa/comunicati/ non_calendario/20020312_00/ testointegrale.pdf [la data dell’ultima consultazione: 26.09.2011].

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