Randeevoe Pays des Collines, septembre 2022

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Maintenant que l’été touche à sa fin et que l’automne s’annonce, la vie reprend un autre rythme. La douce somnolence estivale qui ralentit notre mode de vie doit faire inexorablement place à la réalité prosaïque de tous les jours. Nous sommes parfois tellement férus de vacances, de soleil, de plaisir, d’insouciance qu’il nous arrive d’oublier que chaque médaille a son revers. Pas de soleil sans ombre quoi.

Voyager à l’étranger s’accompagne de pas mal de soucis et d’arrangements de dernière minute. Le vacancier aspirant au repos bien mérité a de quoi être sur ses gardes. Arrivera-t-il à destination et en temps voulu sans files interminables, sans incidents? Son avion ne restera-t-il pas au sol suite à une tantième grève? Ne sera-t-il pas victime d’une double réservation à l’hôtel, se voyant obligé à trouver logement ailleurs dans des conditions parfois déplorables mais au prix d’une suite luxueuse? Et pourra-t-il compter

LECTEURS ET LECTRICES

sur les assurances en cas de contretemps? Qu’adviendra-t-il si ce virus évité avec tant de précautions jusqu’ici le frappe en pleine vacances? Ou pire encore, s’il est victime d’un incendie qui ravage toutes vos possessions, d’un bloc de neige qui l’entraîne dans le gou re ou d’une action terroriste? Quelles idées noires, direzvous. Et bien non, c’est arrivé près de chez nous. L’été est parfois bourré de pièges dangereux.

Plus d’un mouvement de jeunesse a dû mettre fin abrupte à ses activités pour causes diverses alors que tous espéraient, enfin, un été sans masques bucaux ou autres restrictions. Les accidents routiers et incidents malheureux durant des occupations vacancières ont été multiples, une fois encore.

Non, été n’est guère synonyme de chaleur et bonheur. Même si les circonstances

texte : Geert Desmytere

sont favorables, il faudra toujours le coup de pouce nécessaire et le clin d’oeil de la fortune pour en faire un succès. Cette même philosophie compte pour les saisons moins ensoleillées qui nous attendent. La vie va et vient, donne et reprend.

Le repos qui revient nous ouvre des horizons nouveaux. Si la pandémie nous oublie, le Pays des Collines s’o rira à nous dans toutes ses belles couleurs automnales. Pas de terrasses bruyantes, pas de bars tropicaux, pas de soirées sauvages sur les plages. Faisons place au silence et au recueillement. Le chocolat chaud lentement bu assis au coin du feu remplace le cocktail estival et le bronzage. Plein de choses nous sont o ertes, à nous de les (re)découvrir.

Randeevoe s’accroche à la vie régionale et continue à vous informer. Nous sommes heureux de vous retrouver au rendez-vous.

SPIERS VEILLE À VOTRE SOMMEIL DEPUIS CINQ GÉNÉRATIONS

En 1881 Léopold Spiers ouvre un commerce dans la Rue Haute à Renaix où il vend des produits de textile et des matelas. Depuis 141 ans et durant cinq générations, son petit-fils Henry (85), son arrière-petit-fils Jo (61) et arrière-arrière-petit-fils Henry (25) Van den Daele n’ont cessé de gérer et de planifier leur entreprise située Place Franklin Roosevelt.

Le fondateur, Léopold Spiers, était un homme de principes qui aimait précision et droiture. En même temps il ne cachait guère ses ambitions.

Henry (aîné): “Mon grand-père disposait d’un petit atelier annexe au magasin où il manufacturait lui-même des matelas rembourrés de laine et de plumes mais aussi occasionnellement de crin. Il a rapidement déménagé son entreprise pour s’installer au lieu-dit “Kleine Plas”, qui s’appelle Place Franklin Roosevelt depuis la seconde guerre mondiale. Il était profondément religieux et a eu 14 filles et 2 fils. Les filles n’avaient guère le choix: c’était ou le mariage ou le couvent. Leur sort dépendait tout simplement de leur place dans la lignée, pair ou impair. L’aînée entrait au couvent, la suivante se mariait. L’ordre de naissance marquait le reste de la vie. Et le plus incroyable est que toutes ces femmes ont accepté ce verdict sans protester.”

Pionniers

Godelieve Spiers appartenait aux nombres pairs et fut en droit d’épouser Joseph Van den Daele en 1928. Deux années plus tard ils aménagent le magasin. En 1952 la surface de vente redouble après d’importants travaux de rénovation.

Henry: “Lors de l’ouverture du magasin renouvelé nous avons accueilli près de 2000 personnes. J’étais alors adolescent mais je comprenais à fond la philosophie Spiers. Il était évident qu’au moment propice je prendrais la relève avec mon épouse Marie-Louise De Meester. Nous étions dans les années soixante, une époque où tout semblait possible. En 1964 nous avons encore agrandi l’espace et créé ainsi une salle d’exposition de 950m2. A la même époque paraissait “Le Cri de Renaix”, un magazine lancé avec quelques collègues, rempli d’annonces et de publicité locales. D’ailleurs, Léopold Spiers était lui-même

un pionnier en ce qui concerne la communication. Dans les années précédant la Grande Guerre il éditait déjà son propre almanach.”

Confort

Dans le courant des années 80, le consommateur s’intéresse de plus en plus à tout ce qui touche à la santé et au bien-être. La quatrième génération Spiers s’engage résolument dans cette voie vers un sommeil sain et agréable.

Jo: “Fini le temps où l’on achetait un matelas comme ça, sans réfléchir. Dans le haut de gamme, tel Auping, on trouve non moins de 18 matelas différents. Aujourd’hui nous ne sommes plus vendeurs mais conseillers. Nous estimons que le client, bien informé et avisé, n’aura pas à revenir dans les dix ans, tant la durabilité et la qualité de nos produits sont fiables. Nos clients sont d’ailleurs très fidèles et ne nous oublient pas, même s’ils habitent entretemps bien plus loin. Dès qu’il est question de la chambre à coucher, ils pensent à nous, ils pensent “Spiers”. Cela nous touche vraiment. C’est le résultat d’une stratégie efficace, d’une communication adéquate. Nos clients ont entre 35 et 90 ans et viennent souvent de Wallonie. Pour bien tâter le pouls au poignet des nouvelles tendances nous avons radicalement opté pour l’objectif du sommeil en confort total. Nous avons donc aménagé notre salle d’exposition en conséquence. Evoluer avec le temps, nous l’avons toujours fait, sans crainte aucune.”

Numerique

Etre dans le vent signifie aujourd’hui inévitablement la dominance de la

région : Renaix | texte : Geert Desmytere

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numérisation. Un sujet délicat qui dirige presque automatiquement le regard vers la cinquième génération. Henry travaillait dans le secteur de la santé et érigeait des stands sur des foires. Son père a voulu savoir si l’entreprise familiale l’intéressait.

Henry: “Je n’ai jamais rêvé de poursuivre la tradition familiale. J’ai une soeur aînée qui a un job et un frère et une soeur cadets qui font des études. Mais je voyais le défi. J’ai commencé à l’essai et j’ai maintenant un contrat fixe. Les patrons ne m’accordent aucun privilège, ce que j’apprécie par ailleurs. J’avoue avec plaisir que le travail me plaît. Ma priorité est d’élaborer un nouveau site web. Mon père estime que le contact direct avec le client reste primordial et il a sans doute raison. Un lit de qualité ne s’achète pas en ligne, nous sommes entièrement d’accord à ce sujet. Mais d’autres produits, tels que draps, couvertures de lit ou oreillers peuvent facilement se vendre par boutique en ligne. Il ne s’agit donc pas uniquement de ne pas rater le train de la digitalisation mais d’en faire un atout supplémentaire qui enrichit notre grande expérience et notre garantie de qualité. La génération actuelle a d’autres modes de consommation, ce qui nous oblige à être vigilants. Les défis sont multiples mais tout aussi urgents. Parfois je voudrais avancer plus rapidement mais je comprends qu’il ne sert à rien de vouloir brusquer les choses. La patience reste une vertu. Finalement je suis

un néophyte si je compare mon trajet avec le parcours de mon grand-père et de mon père. Le plus important, c’est d’arriver à les convaincre de mes idées.”

Point Final

Que ressentez-vous à l’idée que vous êtes le repésentant de la cinquième génération et que vous ne voulez pas être celui qui met fin à l’entreprise?

Jo: “Beaucoup de pression. Soyons francs: cela ne devient pas plus facile, bien au contraire. La vente est difficile et des

situations telles que la pandémie ou la guerre en Europe accentuent les problèmes. Mais je pense aux paroles de Léopold Spiers, il y a un siècle: la crise est toujours là. Nos produits ne sont pas bon marché. Beaucoup de gens ont des soucis plus urgents quand ils sont confrontés aux charges quotidiennes. En plus, nous ne sommes pas dans le centre du monde. Renaix est notre port d’attache depuis des générations et bien que nous soyons heureux ici, il est toujours possible de faire mieux. Alors, finalement, c’est plutôt simple: arrêter n’est pas de mise. C’est même carrément impensable, émotionnellement. Mon père conserve des archives dans la cave contenant un nombre indéfini de documents. Il garde les plus beaux dans son bureau. Il nous arrive de découvrir des pièces dont nous ne connaissions pas l’existence. Récemment mon père et moi avons trouvé des documents concernant l’exportation de nos matelas aux Etats-Unis. Quelle surprise! L’idée que je serais le dernier maillon de la chaîne m’ est tout simplement insupportable. D’autre part, je ne veux pas transmettre cette même pression sur mon propre fils. Donc, nous verrons ce que donne l’avenir. Entretemps nous poursuivons nos efforts, nous essayons d’évoluer au rythme du temps et des goûts et donc de faire ce que les générations antérieures ont fait durant plus de 140 ans: entreprendre.”

À NICOLAS DE POTTER-POTTIER DE RETRACER SA FAMILLE PERSÉCUTÉE DANS LE PAYS DES COLLINES

Un ancêtre de Nicolas de Potter-Pottier fut décapité en 1568 sur la Grand-Place de Renaix sur ordre du duc d’Albe. Les traces conduissent aussi vers le Pays des Collines.

Une branche dispersée de par le monde

A travers sept livres, Nicolas a pu reconstruire une large partie de l’histoire. Il est reconnaissant envers tant de personnes travaillant dans les archives locales qui l’ont aidé tout au long du chemin. Son itinéraire l’a conduit aussi à Tournai et dans la Région des Collines.

Département du Nord et Pays des Collines

Moment historique cet été sur la Grand-Place de Renaix. Nicolas de Potter d’Indoy (65) de Bruxelles et Frans-Bruno de Potter (62) de Califonie (Etats-Unis), cousins lointains, se retrouvent sur les lieux où leur ancêtre commun Liévin de Potter fut décapité en 1568 sur orde du duc d’Albe, inquisiteur espagnol. Cette rencontre remarquable est le fruit d’une quête assidue de 22 années.

Nicolas de Potter d’Indoy, originaire de Torhout et vivant actuellement à Ixelles, est journaliste et publiciste. A l’âge de 15 ans, il découvre les événements effroyables qui se sont déroulés il y a 500 ans. “Cela m’a bousculé, c’est sûr. Mais je me trouvais en pleine adolescence et je voulais alors avant tout réaliser bon nombre de choses au plus vite. Liévin, disons Lieven, a donc dû patienter. En 2000, j’ai pensé que le temps était mûr pour un examen approfondi des circonstances qui étaient à l’origine de l’exécution publique de notre ancêtre. Et depuis lors je n’ai cessé de poursuivre mes recherches. Il semble que mes ancêtres directs appartenaient au camp des catholiques. Restait à savoir où les choses avaient tourné au pire pour la souche protestante de la famille. J’ai trouvé des réponses dans les archives communales de Renaix mais aussi d’Ellezelles, Frasnes et Flobecq.”

Nicolas: “ Alors que la Guerre de quatrevingts ans (1568 à 1648) fait ravage dans les contrées qui forment actuellement les Pays-Bas et la Belgique, les membres protestants de la famille De Potter se voient forcés de fuir la région. Cette branche de la famille se disperse aux quatre vents. J’ai trouvé des repères en France, aux Pays-Bas, en Allemagne et même aux Etats-Unis d’Amérique. C’est d’ailleurs ainsi que je suis tombé sur Frans. De par son mariage il a des liens avec la maison royale danoise. Sa profession l’oblige à faire régulièrement la navette entre les Etats-Unis et l’Allemagne. Ce sont ses enfants qui lui ont fait part de mes recherches.”

Frans de Pottère, comme l’indique sa carte de visite, n’en croit pas ses yeux quand il découvre les livres de Nicolas. “Chez nous en Amérique, l’intérêt pour l’histoire est absent. Nous ne connaissons ni archives ni documents historiques. Je savais que nous, en tant que huguenots et donc protestants, avions dû quitter Renaix dans les années 1560, craignant les atrocités de l’Inquisition espagnole. Mais je n’étais pas au courant des détails de l’histoire. Le sauve-qui-peut est représenté dans un tableau du peintre Ruysdael. C’est une oeuvre difficile à regarder sans violentes émotions. Lorsque Nicolas m’a invité à Renaix, j’ai immédiatement accepté son offre. Quel jour mémorable pour nous deux et pour toute notre grande famille.”

Il est pratiquement impossible de fixer l’arbre généalogique dans un schéma. Nicolas a dû se limiter à chaque fois au nom du fils aîné. Il fait partie lui-même de la sixième génération de descendants du Brugeois Louis De Potter, célèbre républicain qui joua un rôle clé lors de la révolution belge de 1830. Il a écrit différents ouvrages à cet égard. Le dernier livre décrit les liens entre les familles de Potter et Pottier.

Nicolas: “Pour moi, ce lien est une évidence. Je me suis déplacé dans le département du Nord - ce qui s’appelle la Flandre flamingante - et en Wallonie et j’y ai trouvé des vestiges de mes ancêtres, entre autres à Arras, Valenciennes, Douai et Cambrai mais aussi bien à Tournai, Flobecq, Frasnes ou Ellezelles. Je suis persuadé que nous sommes apparentés à la famille Delannoy qui habite le château d’Anvaing. Je tenais absolument à démontrer ce lien et j’y suis arrivé grâce au soutien des responsables des archives locales. Mais le travail est loin d’être achevé. Nous avons par exemple découvert dans la bibliothèque de Flobecq des documents mentionnant les persécutions des protestants dans le Pays des Collines. Parallèlement nous avons trouvé des sources d’avant 1500 où il est question du Hameau de Potterée, la seigneurie de (la) Potterie et la seigneurie d’Aulnoit à Ellezelles (Hamayde Hamaide).

La conclusion de notre travail des 22 dernières années nous amène en effet en ces lieux sans avoir pu trouver la mention de notre nom de famille sur un document d’archive officiel. Notre nom, POTTIERPOTTER-POTTÈRE apparaît cependant sur le Cartulaire de Tournai et sur l’inventaire des Fiefs de la Hamaide-Hamayde.”

région : Renaix | texte : Geert Desmytere

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Un médecin de Renaix en mission médicale au Liban, petit pays du Moyen-Orient

En septembre prochain, Dr. Delphine Santens, pédiatre de Renaix, se rendra à Beyrouth, la capitale du Liban (frappée par une énorme explosion dans le port en 2020), pour prodiguer des soins médicaux aux enfants des réfugiés de la Syrie voisine, toujours en guerre. Le pays connaît une grave récession économique, la famine menace, le chômage sévit et le pays doit également faire face aux conséquences de la crise sanitaire de la COVID-19. L’ONU déclare que les trois quarts de la population avaient besoin d’aide avant la catastrophe du port de Beyrouth. En outre, aucun autre pays n’accueille autant de réfugiés syriens par habitant.

Dr Santens : En octobre de l’année dernière, j’ai été contacté par l’organisation «See and Smile » , une organisation caritative et humanitaire à but non lucratif, qui s’engage à fournir une assistance médicale dans la région. L’idée de pouvoir offrir de l’aide à ces enfants m’a immédiatement interpellé. De nombreuses familles ont dû fuir le conflit et vivent désormais dans des camps de réfugiés. Dix jours de volontariat au Liban, c’est aussi tout un défi, mais la mission est soutenue et dirigée par les Nations Unies. Comme il n’y a pratiquement pas de médicaments ou d’équipements médicaux disponibles sur place, les médecins sont invités à les collecter personnellement et à les apporter. C’est une préoccupation supplémentaire pour les médecins qui offrent déjà leurs services bénévolement.

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