Histoire de la 2e Guerre Mondiale 5 (1944-1945)

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À 2 h 40, ce 6 juin, après les premiers atterrissages, le général Speidel, chef d’état-major de Rommel, téléphone au Feldmarschall : « On ne pense pas qu’il s’agisse ici d’une opération importante », dit-il. À 4 heures, le Führer interdit par téléphone à von Rundstedt d’utiliser ses divisions de réserve. « Il convient d’attendre le plein jour pour avoir une vision claire de la situation. » Ce n’est qu’à 16 h 55 que l’état-major du Führer ordonnera de contre-attaquer et de réduire dans la nuit les « têtes de pont » qu’ont réussi à créer les troupes alliées : « La plage devra être nettoyée cette nuit au plus tard. » Voilà cinq jours et cinq nuits que les bombardiers de la RAF et de l’US Air Force écrasent la France sous des milliers de tonnes de bombes. Ils disloquent les voies de communication ferroviaires et routières, les gares, les ponts. La Wehrmacht est paralysée et la multiplication des raids à l’ensemble de la France ne permet pas de situer les lieux de débarquement. Mais cette nuit du lundi 5 au mardi 6, les canons des cuirassés et des croiseurs ont martelé le « Mur de l’Atlantique » cependant que les raids aériens rasent les villes : du Havre à Cherbourg, pas une seule agglomération qui ne soit transformée en ruines. Les victimes civiles françaises se comptent par milliers. Et malgré ces deuils, ces souffrances, la population accepte de payer ce prix pour sa libération, comme si elle avait retenu les mots de Churchill et de De Gaulle, l’un annonçant en 1940 « de la sueur, du sang, des larmes », le second évoquant « les pertes, les fureurs, les larmes ». Personne, en tout cas, ne doute que c’est l’épreuve finale qui commence avec ce 6 juin, ce « jour le plus long ». À Vichy, l’angoisse et même la panique saisissent les membres du gouvernement, du service de sécurité. 123


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