Que cela se passe mal ?
Qu’il n’y ait pas de réciprocité. Et comme je ne suis pas une fan noyée dans la masse, ce genre de réaction génère beaucoup de frustration. Et cela peut être très destructeur pour moi. Je rêve d’une relation comme entre Gainsbourg et Bardot, ou DalÍ et Amanda Lear. Les muses dirigent-elles ton travail musical comme ton travail graphique ?
© GLADYS HULOT
Oui, tout est relié à la muse. Et la musique est venue, d’ailleurs, grâce à des muses. Avec Nicolas Sirkis et David Bowie, j’ai commencé à travailler la lame sonore comme un instrument rock. Ce n’est pas évident en solo ! Mais comme la solitude me plaît, je travaille mes arrangements toute seule, jusqu’à même composer toute seule pour mes instruments. J’ai su par des proches de Bowie que mon cover de « Life on Mars » a été vu et apprécié par lui, qu’il l’a partagé lui-même sur son site. C’était une reconnaissance étourdissante. Après, le thérémine est arrivé, avec Armen Ra, ma muse actuelle. C’est la seule muse à laquelle je ressemble sans intention particulière ! Il m’est apparu en rêve, après la mort de Bowie, comme un jumeau inespéré. C’était comme un passage de relais entre eux. Et ma création est passée d’une muse à l’autre avec une fluidité incroyable. Et comme ma démarche profonde a tout de suite
été comprise par lui, je me suis plongée toute entière dans son contexte de vie. Le thérémine en fait partie et me permet une interaction quotidienne avec lui. En amont de la muse, il y a donc un travail incroyable de nourriture culturelle…
Oui ! J’apprends tout, sur tout. Cela fait partie du processus créateur. Je dois maîtriser tout ce qui fait que ma muse est ce qu’elle est. Et je dois aussi tout maîtriser au sujet des supports auxquels je m’intéresse. Par exemple, en commençant ma dernière œuvre, le tarot, j’ai tout appris sur ces cartes. Tout. Comme c’est un projet énorme, j’ai exploré toutes les spécificités du tarot de Marseille, mais en le revisitant selon l’inspiration insufflée par ma muse : la présence androgyne d’Armen transcende chacune de mes cartes. Certains pensent qu’il s’agit d’une série d’autoportraits, pourtant, c’est bien Armen qui se décline, de carte en carte.
w w w. g l a dy s h u l o t. c o m @ g l a dys . h u lot
16