IL EST TEMPS.
2008 : Création de « L’Horloge sans nom ». Première présentation au Musée Richard Anacréon dans le cadre de l’exposition « Lumière, Art, Design : Philippe Daney & Michel Verjux ». 2014 : Prolongement de l’expérimentation dans le cadre de l’exposition « Philippe Daney et Joël Hubaut, Mars Attacks » à la GranvilleGallery de Paris. Aujourd’hui : Projet « Il est temps ». 2008: Creation of « No Name Clock ». First presentation at Richard Anacréon Museum as part of the exhibition « Light, Art, Design: Philippe Daney & Michel Verjux ». 2014: Prolongation of experimentation as part of the exhibition « Philippe Daney and Joël Hubaut, mars Attacks » at GranvilleGallery in Paris. Now: Project « It’s Time ».
IL EST TEMPS. Je décide de développer un objet (une horloge) composé d’une boîte en miroir sans tain diffusant le film d’une horloge référentielle que j’aurais précédemment filmée pendant 24 heures. L’horloge de la Gare de Lyon : L’horloge de la Gare de Lyon, sorte de mini Big Ben est rapidement une évidence. La Gare de Lyon, un lieu où j’ai traîné enfant, espace de mes premières histoires d’Homme, lieu où j’ai appris que ma mère avait un cancer : ça n’est pas une chose triste. C’est la vie qui va. Et cette prise de conscience, lorsque celle qui vous a donné vie disparaît, de l’irrévocabilité du temps qui passe. La construction de l’objet : Nous allons à deux personnes Gare de Lyon planter une caméra séquentielle sur un trottoir et filmer la pendule pendant 24 heures. Ou plus précisément, filmant des séquences de ½ seconde toutes les minutes pendant 24 heures. Le projet est de tirer de ces séquences de films 1440 images, une par minute (1440 minutes dans 24 heures). Et d’installer ces 1440 photos sur un cadre numérique avec temporisateur enfermé dans la boîte en miroir. L’objet fini est donc une horloge donnant l’heure juste. Ce film est doublé par une photo prise de la place de la gare, à chaque heure de la journée : le matin à proximité des cravatés de Bercy, la journée des badauds, le soir des Anglais plateaux de fruits de mer à l’Européenne, la nuit la faune de l’ombre. … enfin, d’une autre photo de l’équipe en train de filmer. Le visage joyeux au début puis, d’heure en heure, marqué par la fatigue. Sorte d’accélération du temps qui passe. Je réalise ensuite 24 horloges : « L’Horloge sans nom Minuit », « L’Horloge sans nom Une Heure du Matin »… Chaque horloge est parfaitement identique. Mais chacune est accompagnée d’un livret différent : le livret de l’horloge minuit est composé de la photo de la place et de la photo de l’équipe à minuit, le livret de l’horloge une heure du matin des photos prises à une heure du matin… Le plaisir : Donner physiquement 24 heures de temps pour constituer un objet qui, à son tour, transmettra sans fin l’heure. Que l’heure filmée en 2008 donne précisément l’heure en 2020, en 2050… Que le livret constitué de 24 photos soit, en soi, un témoignage de vie sociale : le trottoir comme une scène où se croisent des populations qui ne se voient pas. Et l’illustration d’une sorte de folie poétique de deux individus, ce jour-là microbes stressés dans les rues de Paris.
G A R E D E LY O N D E J O U R , NOVEMBRE 2008
G A R E D E LY O N D E N U I T, NOVEMBRE 2008
PLACE DE LA GARE DE LY O N , N O V E M B R E 2 0 0 8
PHILIPPE & ARNAUD DANEY P E N D A N T L E TO U R N A G E
IL EST TEMPS. Dans l’écho du projet de 2008 et de ses prolongements en 2014. La volonté est aujourd’hui de filmer, dans ces mêmes conditions, un grand nombre d’horloges de l’espace urbain. … et de compléter le processus en filmant sur le même principe, durant 24 heures, des montres au poignet de personnes de toutes obédiences : enseignant(e), responsable d’entreprise, agriculteur(trice), infirmier(ère)... révélant ainsi le temps social et le temps humain. Le temps social : Selon certaines conventions, notre société a produit le temps social : 07h00, se lever. 08h30, arriver au travail. 18h00, sortir. 20h50, l’heure du film à la télévision. Ce temps social, anciennement ponctué en France par l’église (le temps social privé) et par le beffroi (temps social laïc), ainsi que par les alarmes des usines de production, est aujourd’hui troublé par de nouvelles réalités : le travail à mi-temps, le travail chez soi, le non-travail. Le temps humain : Celui qui touche aux besoins de l’Homme : il est temps de manger, de boire, de dormir, de lire si je le décide. Nous sommes responsables de notre « temps humain. » Chaque minute vécue est une minute vécue de plus, une minute de moins à vivre. Chaque minute ne concerne que soi, libéré du temps social qui impose un rythme. L’horloge de l’espace urbain traduit ce temps social. La montre traduit le temps humain : que faisons-nous de ce temps ? Est-il influencé par le temps social ou réussissons-nous à nous en libérer ? S’il a des constantes, le temps social n’est pas le même que ce soit à Paris, en banlieue, dans une ville de Province, à la campagne et bien plus encore à New-York ou Hong-Kong. Today, the will is to film many clocks of urban spaces as well as several watches of various persons: teacher, supervisor, farmer, nurse... in order to dissociate social time and human time. Social time is created by our society: 07:00 a.m., get up. 08:30 a.m., go to work. 06:00 p.m., leave work. 08:50 p.m., watch TV. It is disrupted by new realities: part-time, telecommuting... Human time refers to mankind’s needs and is illustrated by watch: what are we doing of this time? Is it influenced by social time?
Filmer la montrer (temps humain) : Caméra GoPro, système d’accroches au poignet. Câble + batterie 24 heures. Stockage d’images sur carte SD. + appareil photo pour filmer heure par heure la personne dans son environnement et l’équipe de production.
Filmer l’horloge urbaine (temps social) : Configuration Time-lapse avec caméra HD étanche reliée en réseau, avec carte SD. Images stockées sur mails et carte SD. Pieds de caméra. + appareil photo pour photos heure par heure de la place et de l’équipe de production.
IL EST TEMPS. Utiliser la matière produite au service : - D’installations à grande échelle ; - D’œuvres de petite taille. Les installations : Confronter ces horloges, ces montres. Les mêler, comme on regrouperait des personnes d’univers différents, dans une même installation. Lier les horloges urbaines et les montres privées de Paris et sa banlieue. De même : Lier les grandes villes de France entre elles. Lier certaines villes du monde entre elles. Projection à grande échelle « dans le désordre » de l’ensemble des montres et des horloges. Les images se chevauchent, les formats ne sont pas en rapport avec la taille réelle de l’objet (une montre peut être projetée sur trois mètres de diamètre alors que le Big Ben le sera sur un). La projection se tient dans un lieu fréquenté, de passage : place, aéroport, espace multimodal (station de métro liant gare, RER, bus)... dans tout espace de mixité sociale. Les projections, sur un espace limité, se font au sol, aux murs, sur les plafonds, générant un espace à trois dimensions dans lequel on circule, devenant acteurs de l’installation. Cette installation se complète par un ensemble de bâches reprenant, pour chaque pendule ou montre les photos de l’espace et de l’équipe durant les 24 heures de durée de l’enregistrement. Large-scale installations: to assemble clocks and watches from differents worlds in the same place. Put together clocks and watches of Paris with those of its suburb. In this projection, pictures overlap and their size is disproportionate. The exhibition takes place in a frequented site: airport, station... Pictures are projected on walls, floor and ceiling, creating a 3D space wherein people circulate, becoming actors of the exhibition.
PA R I S + E X T R A M U RO S
FRANCE
I N T E R N AT I O N A L
IL EST TEMPS. Utiliser la matière produite au service : - D’installations à grande échelle ; - D’œuvres de petite taille. Introduire ces films comme en 2008 dans des objets en verre miroir sans tain par le biais de cadres de photos numériques à timer, ramenant ainsi l’espace public dans l’espace privé, à l’échelle de chaque individu constituant la foule. 24 horloges sont fabriquées par film. Une par heure. Accompagnée de son livret comportant l’image de l’espace social à l’heure précise, ainsi que de l’image de l’équipe, l’espace privé et le temps humain à la même heure. Small works: to introduce those films into two-way mirror glass objects. In this way, public space and private space are undisassociated. 24 clocks are created by a film, one per hour, and each one is accompanied with a libretto including the picture of social space at the precise time as a picture of the team, of the private space and of the human time at the same hour.
01H00 02H00 03H00 04H00 05H00 06H00 07H00 08H00 09H00 10H00 11H00 12H00 13H00 14H00 15H00 16H00 17H00 18H00 19H00 20H00 21H00 22H00 23H00 24H00
PA R I S
LONDRES
BERLIN
NEWYORK
L’ O B J E T H O R L O G E
HONGKONG
...
IL EST TEMPS. Présentation muséographique : Enfin, un espace démonstratif, dédié à l’exposition du travail. Sorte de matrice du processus. C’est un espace noir, dénué de tout signe extérieur, composé de projections des horloges et des montres, des images des tournages, des objets générés par ces films. Mêlant le petit et le grand, la projection et l’objet. Le personnel et le collectif. Museum presentation: this demonstrative area is dedicated to showcasing the work, as a matrix of process. This black space is composed by projections of clocks and watches.
« Tebong a imprimé son empreinte dans l’histoire du mobilier des années 90. […] Bauer et Daney marquent leur période car ils ne se contentent pas d’être gestionnaires d’un outil de production. Artistes, ils ont choisi la finalité de leur œuvre : le matériel au service de l’individu. Leurs objets sont utilisés pour transmettre une culture, l’histoire d’une époque. […] Ils appartiennent à une génération de précurseurs. Ils ne rendront pas la société postindustrielle meilleure ou pire. Ils nous indiquent avec leurs moyens qu’elle arrive, qu’elle est là. Elle sera ce que les politiques diront aux gestionnaires d’en faire. L’artiste ne fait que baliser le terrain. » - Brice d’Antras, écrivain, 1992
« En nous immergeant intégralement dans son univers, Philippe Daney ne cherche pas à nous noyer, mais à nous faire devenir poisson, le temps d’une rencontre. Seule la matière conservera un souvenir de notre entrevue. Ensuite ? Quand on lui demande de résumer son parcours, Philippe Daney répond : “Simplement, je vais mon chemin.” » - Thierry de Beaumont, journaliste, auteur, 2008
« Plus tard, il ajoute : “Les moments de vide, de creux, d’errance sont nécessaires.” Il travaille la lumière comme nous travaillons la danse ou les arts plastiques, librement. Philippe Daney écoute, retenant tout avec une précision imparable, bondit sans cesse, fait confiance au projet et aux gens, s’implique, perd et reperd son sac. » - Julie Desprairies, chorégraphe, 2008 Juliette Barbier, plasticienne, 2008
« Philippe Daney reste à la fois catcheur et alchimiste. Il s’approche de ce qu’il a sans doute cru apercevoir et qui l’a déjà mené à passer de ces objets Tebong “beaux objets pour tous” à ses mises en scènes de pièces de théâtre dans lesquelles la lumière peu à peu devint un des principaux personnages. […] À cette réflexion sur l’espace, Philippe Daney introduit une autre composante essentielle qui est celle du temps […] et cette tour St Aubin proche de la grandiose cathédrale d’Angers, devient Beffroi et non pas clocher rendant ainsi au peuple citoyen l’apanage du temps qui s’écoule et rythme une journée de travail. » - Philippe Hardy, directeur général de l’EESAB (École Européenne Supérieure d’Art de Bretagne), directeur du site de Rennes. 2010
« Philippe Daney ouvre la fenêtre et invite au partage de son travail sur les interstices, en équilibre à la frontière de l’art et du design. Il manipule la matière immatérielle de la lumière qui souligne la forme en évoquant la nostalgie d’un temps consommé, il conçoit des miroirs qui la transforment en ondes, plissements et fragmentations et vient l’abîmer dans un puits sans fond. Ces recherches portent également sur les prélèvements d’un passé évocateur, des fragments : reliques, palettes, voitures qu’il décadre en inventant des espaces de liberté. Le temps et l’expérimentation nourrissent un scénario modulable de vie, une composition ouverte avec un logiciel libre. Philippe Daney ne se laisse pas enfermer dans la formule, dans la tendance, il brouille les pistes livrant l’amateur au désarroi de l’interprétation. » - Anne Bony, journaliste, écrivain, 2012
Philippe Daney est architecte DPLG. Design, scénographie, architecture, lumière, sont autant de domaines qui lui sont familiers.* Philippe Daney a été nominé Chevalier des Arts et des Lettres en juillet 2008. *Voir le livre Made In Daney, éd. Archibooks
Constitution de ce livret : Étienne Labaou & Philippe Daney, mars 2015
PHILIPPE DANEY
H T T P : / / P H I L I P P E D A N E Y. C O M