BIBLIOGRAPHIE SUR L’UKRAINE 20 LIVRES POUR SITUER LES ENJEUX HISTORIQUES, IDÉOLOGIQUES ET SPIRITUELS DE LA GUERRE ACTUELLE EN UKRAINE
Depuis le 24 février 2022, l’Ukraine luJe contre la Russie, son agresseur séculaire. Les mensonges de l’envahisseur, la barbarie de sa soldatesque ont soulevé une indignaUon mondiale et un immense mouvement de solidarité. Le courage du peuple ukrainien et le professionnalisme de son armée inspirent désormais notre admiraUon. Pour la première fois dans l’Histoire, les pays européens s’intéressent à l’Ukraine en tant que telle, la découvrent d’un regard enfin débarrassé des mensonges du Kremlin, des calomnies soviéUques et des clichés hérités d’une russophilie senUmentale datant du XIXe siècle. CeJe bibliographie souhaite offrir au lecteur quelques Utres fondamentaux parmi les études contemporaines sur l’Ukraine, ayant bénéficié de l’éphémère ouverture des archives soviéUques. Ces ouvrages lui permeJront de découvrir l’histoire et la culture ukrainiennes, d’appréhender les raisons de la guerre actuelle et de comprendre la formidable résistance du peuple ukrainien. S’il ne fallait lire qu’un seul document, ce serait la « Le#re de Kiev » de ConstanUn SIGOV (1). Suivent cinq ouvrages de base consacrés à l’histoire générale de l’Ukraine (2 à 6). Les livres 7 à 11 expliquent plus précisément l’Holodomor et la Grande Terreur des années 30, ainsi que les Crimes de masse perpétrés en Europe Centrale par Hitler et Staline de 1933 à 1945 (14 millions de morts). Propagande et manipula>on de l’histoire, terreau d’un totalitarisme toujours actuel en Russie, font l’objet des études 12 à 15. La dernière rubrique, (16 à 20), plus éclecUque, aborde en parUculier des Ouvrages li#éraires dont les deux romans que m’ont inspirés mes origines ukrainiennes (le premier est déjà paru à Kyiv chez « Duh I Litera »). « En Ukraine, on ne veut pas revivre les mêmes horreurs que celles vécues par nos ancêtres dans les années 30 » Alla Lazareva, journaliste ukrainienne. 6 mai 2022 sur LCI.
Marie-France Clerc, Agrégée de LeJres PeUte-fille d’un officier de Symon Petlioura mariefranceclerc.com mfclerc83@gmail.com
1 INTRODUCTION – 1 – « LeJre de Kiev » ConstanUn SIGOV. CollecUon Placards & Libelles, www.ediUonsducerf.fr Libelles nº1216 p. Avril 2022. 2,50€ CeJe LeJre émouvante situe bien les enjeux historiques, idéologiques et spirituels de la guerre actuelle, pour l’Ukraine comme pour la Russie. Sous le déluge d’acier qui ravage Kiev, du fond de la cave qui lui sert d’abri, ConstanUn Sigov, l’un des plus grands philosophes ukrainiens d’aujourd’hui, connu pour avoir enseigné à La Sorbonne, écrit une leJre à ses amis français. Il dit la réalité au jour au jour de l’effroyable guerre que Vladimir PouUne inflige au peuple d’Ukraine. Il raconte le courage des résistants qui prennent les armes pour défendre la liberté. Il explique les non-dits de ce conflit fratricide au cœur du VieuxConUnent. Il éclaire sa significaUon pour l’avenir de l’Europe. Sa leJre représente le plus puissant des appels à la mobilisaUon de toutes les femmes et de tous les hommes qui ne peuvent se résoudre à la Victoire du mal radical. ConstanUn Sigov, qui dirige le Centre européen à l'Université Mohyla de Kiev, a été directeur d'études associé à l'Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS) à Paris de 1992 à 1995. Il a contribué à l'établissement du Vocabuaire européen des philosophies (Paris, Seuil/Le Robert, 2004) et a fondé à Kiev la maison d'édiUon Duh i litera (L'Esprit et la leJre), qui a publié des traducUons ukrainiennes faisant autorité de grands penseurs comme Montaigne, Descartes, Pascal, Paul Ricœur, Emmanuel Levinas et François Furet. Ami de Paul Ricœur et de Charles Taylor, il les a accueillis à l'Université de Kiev. Pour son inlassable acUvité de bâUsseur de ponts entre les cultures, ConstanUn Sigov a été décoré par la France au grade d'officier de l'Ordre des Palmes académiques. En 2014, il a soutenu la RévoluUon du Maïdan, dont il a été une grande voix. Son œuvre personnelle de penseur, qui occupe une place majeure dans le monde slave, rencontre un vif écho internaUonal.
2 À PROPOS DE L’HISTOIRE DE L’UKRAINE
– 2 – « Ukraine: Une histoire en quesUons » Iaroslav LEBEDYNSKY 2019 - 302 pages. Deuxième édiUon revue et mise à jour. Ed. L’HarmaJan Un manuel praUque qui répond aux 136 principales quesUons que l’on se pose sur l’histoire de l’Ukraine. Indépendante depuis 1991, l'Ukraine a connu au début du XXIe siècle deux révoluUons puis un conflit avec la Russie. Ces événements s'enracinent dans une longue histoire peu connue en France, où elle n'a généralement été étudiée qu'à travers le prisme russe. L'ouvrage propose une lecture de ceJe histoire, des origines à nos jours, en partant des quesUons les plus souvent posées ou les plus complexes. Des chronologies et un atlas historique complet font de cet ouvrage un ouUl de référence praUque pour tous ceux qui veulent comprendre le passé et la situaUon actuelle de l'Ukraine. CeJe deuxième édiUon a été améliorée et complétée pour la période 2008-2019.
– 3 – « Histoire de l’Ukraine des origines aux premières années de l’indépendance ». Arkady JOUKOVSKY. Ed. Dauphin, 2022. Comprendre les évènements qui se déroulent actuellement depuis mars 2022 en Ukraine, implique de connaître son Histoire, souvent tragique, mais aussi riche des vertus de son peuple, aJaché à sa terre et à sa culture, conscient d’avoir été le berceau de l’ensemble de la civilisaUon slave. En effet, les évènements historiques et poliUques qui se sont déroulés en Ukraine au cours de la dernière décennie font parUe intégrante des processus mondiaux. Après une longue éclipse au cours de laquelle elle fut occultée par l’Union SoviéUque, l’Ukraine apparaît à nouveau aujourd’hui sur le devant de la scène internaUonale : sa populaUon et sa superficie, sensiblement égales à celles de la France, la qualificaUon de ses hommes, la richesse de ses ressources naturelles, sa situaUon géographique à l’autre extrémité de l’Europe, tout l’appelle à jouer un rôle déterminant dans le nouveau paysage européen qui se dessine. Arkady Joukovsky, né en 1922 à Tchernivtsi (Ukraine), a enseigné l’histoire de l’Ukraine à l’InsUtut NaUonal des Langues et CivilisaUons Orientales (INALCO) à Paris (de 1960 à 1987) et à l’Université Ukrainienne Libre de Munich. Il est l’auteur de monographies sur le métropolite de Kiev Petro Mohyla et sur l’Académie de Kiev (1615-1817). Par ses mulUples travaux, il a contribué à resserrer les liens entre l’Ukraine et la France. Il a été le président de la Société ScienUfique Chevtchenko (Sarcelles), et membre étranger de l’Académie des Sciences d’Ukraine.
– 4 – « L’Ukraine de l’indépendance à la guerre » Alexandra GOUJON novembre 2021, Ed Le Cavalier Bleu. 174 p. Revenue sur le devant de la scène internaUonale depuis une dizaine d'années, l'Ukraine semble consUtuer le théâtre d'une nouvelle Guerre froide qui cristallise les tensions entre la Russie et les naUons occidentales. Les événements récents sont aussi l'occasion de mesurer combien notre connaissance de ce pays est lacunaire, se limitant souvent aux clichés d'une Ukraine berceau de la
Russie, terre des Cosaques, grenier à blé de l'URSS, d'un Est pro-russe opposé à un Ouest patriote pro-ukrainien, et d'une suite de gouvernants entachés par une corrupUon massive. Alexandra Goujon consacre son dernier ouvrage aux nombreuses « idées reçues » qui circulent sur l’Ukraine. L’ouvrage met en évidence l’instrumentalisaUon poliUque de « narraUfs » répandus pour la plupart par la Russie, puis repris par des médias et des responsables poliUques occidentaux. Partant de ces idées reçues, Alexandra Goujon dresse un portrait précis et documenté de ceJe Ukraine peut-être un jour membre de l'UE. L’histoire de l’Ukraine est la première concernée. Elle s’inscrit tradiUonnellement dans une historiographie développée en Russie et largement relayée en Occident, qui a eu pour effet de « discréditer la spécificité de l’idenUté ukrainienne » et d’imposer l’idée que ce pays est une simple variante régionale de la naUon russe. S’appuyant sur des historiens qui font autorité (dont Andreas Kappeler), Alexandra Goujon montre ainsi que l’expression « Kiev, mère des villes russes », uUlisée en Russie pour établir une conUnuité historique entre la Rous de Kiev (IXe siècle), la principauté de Moscou (XIIe siècle) et l’État russe contemporain, « s’apparente à un abus de langage, l’homophonie entre Rous et Russe (parUcipant) à la confusion ». Déclarer que « l’Ukraine n’existe pas en tant qu’État avant 1991 » – elle « n’est même pas un État », aurait affirmé Vladimir PouUne à George Bush en 2008 – est tout aussi tendancieux. La société, la vie poliUque de l’Ukraine et sa place dans le monde sont l’objet de nombreux autres stéréotypes et contrevérités. Marteler que « l’Ukraine est profondément divisée » est un moyen de meJre en évidence les vulnérabilités et la fragilité de l’État ukrainien. Assurer, contre toute évidence, que « les russophones sont menacés », que le conflit dans le Donbass est « une guerre civile », alors que l’implicaUon russe y est avérée, que « la Crimée a toujours été russe » (alors qu’elle ne l’est que depuis 1783, qu’elle a été raJachée à l’Ukraine de 1954 à 2014, et que les Russes n’y sont devenus majoritaires que suite à la déportaUon des Tatars en 1944), vise à jusUfier son annexion et l’intervenUon dans le Donbass, tout en suggérant l’incapacité de Kiev à résoudre le conflit. Prétendre que Maïdan est « un coup d’État fasciste soutenu par l’Occident » vise à discréditer ceJe révolte et le changement de pouvoir qui en découle, et à rejeter l’idée d’un mouvement populaire spontané. Au fil des pages, l’ouvrage révèle une Ukraine aux mulUples vulnérabilités, peinant à avancer sur la voie des réformes. Le pays dispose pourtant aussi de nombreux atouts et se transforme. Les révoluUons orange (2004) et de la dignité (2013-2014) témoignent d’une soif de liberté et d’émancipaUon, d’une forte volonté de rupture avec un système poliUque corrompu. Elles révèlent l’étonnante capacité de mobilisaUon d’une société civile vigilante et dynamique, ainsi qu’un engagement civique qui peut être observé dans de nombreux secteurs. La démocraUsaUon est certes imparfaite mais elle progresse, en contraste avec les régimes autoritaires russe et biélorusse. Et, progressivement, le pays s’ancre au monde euro-atlanUque. Le livre d’Alexandra Goujon confirme que l’historiographie et la désinformaUon consUtuent des éléments essenUels des relaUons internaUonales. La poliUque russe a longtemps obéré la compréhension de l’idenUté de l’Ukraine, d’où le peu d’intérêt porté à cet État jusqu’à une date récente. Mais au lieu d’anéanUr le senUment d’idenUficaUon naUonale et la volonté d’indépendance des Ukrainiens, elle les a renforcés.
– 5 – « Ukraine. Le réveil d’une naUon » Les PeUts MaUns. Alain GUILLEMOLES. 2018. 255p. Seconde ed. L'Ukraine est au centre de la nouvelle guerre froide qui s'est installée entre les pays occidentaux et la Russie. En 2013, les Ukrainiens ont conduit une révoluUon pour se rapprocher de l'Europe. Ils l'ont vite payé par l'annexion de la Crimée, puis par un conflit armé alimenté par la Russie, à l'est de leur territoire. Depuis, malgré la guerre qui se prolonge, l'Ukraine tente de se construire un nouveau desUn. Quelles sont ses chances d'y arriver ? D'où est venue ceJe aspiraUon à s'émanciper ? Comment ce pays s'est-il transformé depuis la révoluUon du Maïdan ? Entre enquête et reportage, ce récit revient sur les événements clés de la crise ukrainienne, dont l'auteur a été le témoin. Il dessine le visage d'une naUon en train de se réinventer et permet de comprendre ce qui se joue, aujourd'hui, dans ce pays nouveau sur la carte de l'Europe mais dont l'histoire vient de loin.
– 6 – Comment l’Ukraine s’en sort-elle aujourd’hui? L’historien Yaroslav Hrytsak répond. hJps://www.ukrinform.fr/rubric-society/3345711-yaroslavhrytsak-historien-les-ukrainiens-savent-faire-face.html Comment parler de l'histoire et des réalisaUons de l'Ukraine, quelles sont les plus grandes réalisaUons accomplies par l'Ukraine au cours de la période la plus longue de son indépendance et comment les Ukrainiens peuvent-ils devenir une communauté forte? Nous avons abordé toutes ces quesUons avec l'historien et professeur de l'Université catholique ukrainienne YaroslavHrytsak. *
3 SUR HOLODOMOR, LA GRANDE FAMINE DE 1932-1933
– 7 – « LeJres de Kharkov ; la famine en Ukraine et dans le Caucase du Nord à travers les rapports des diplomates italiens, 1932-1934 » Andréa GRAZIOSI, 1989 Les EdiUons Noir sur Blanc, 2013, 279 pages ISBN 978-2-88250-318-3 Résumé. Au début des années 1930, le gouvernement fasciste italien met en poste plusieurs diplomates en URSS. AJenUfs aux manifestaUons de la poliUque stalinienne autant qu'à la vie quoUdienne de la populaUon désespérée, ils font état, dans des rapports réguliers, des événements terribles de la guerre civile, de la collecUvisaUon forcée et de la famine, qui coûtèrent la vie à des millions de personnes. Ces documents excepUonnels, écrits sur le ton d'une chronique depuis Moscou, Kharkov ou Batoum, évoquent entre les lignes les sacrifices de la populaUon, mais aussi les événements marquants de la grande Histoire. Ils nous permeJent aujourd'hui de mieux comprendre ceJe période cruciale de l'histoire soviéUque. Longtemps oubliés au ministère italien des Affaires étrangères, ces témoignages ont été mis en lumière par le travail d'Andrea Graziosi. La traducUon parue dans les Cahiers du monde russe et soviéUque est ici complétée par de nouveaux documents, inédits en français, avec une préface de l'historien Nicolas Werth et une introducUon revue et augmentée d'Andrea Graziosi.
– 8 – « Famine rouge », Grasset, Anne APPLEBAUM, 2019, Paris, 512 pages Le livre d’Anne Applebaum, journaliste et historienne, spécialiste de l’Europe de l’Est dont les travaux sur le Goulag ont été couronnés par le presUgieux Prix Pulitzer, s’aJèle à l’étude d’un des aspects du stalinisme, la Grande famine en Ukraine 1932-1933, appelée le Holodomor, de la contracUon de deux racines, holod [famine, faim] et moryty [exténuer, tuer]. Près de quarante ans après l’œuvre pionnière de Robert Conquest (The Harvest of Sorrow – Les Sanglantes Moissons, 1986), c’est la première grande enquête sur la famine ukrainienne dans l’historiographie occidentale, même si d’éminents historiens lui ont consacré des études importantes dans le cadre de leurs travaux sur la collecUvisaUon en URSS dont on citera en premier lieu en France Nicolas Werth. « Famine rouge » s’ouvre sur les révoluUons ukrainiennes à la suite de la chute des empires russe et austro-hongrois, et s’achève sur les événements actuels, le Maïdan (2013-2014), l’annexion de la Crimée (2014) et la guerre dans l’Est de l’Ukraine (2014-…). Cet élargissement de cadre permet de placer le Holodomor dans une perspecUve longue, en en expliquant la genèse et en en éclairant les conséquences jusqu’à nos jours. La plongée dans les événements des années 1917-1920 et, en parUculier, la conquête bolchévique de l’Ukraine, outre le fait d’apporter des informaUons factuelles, expose les raisons qui ont condiUonnées la poliUque de Staline à l’égard de l’Ukraine. Car l’auteure est persuadée que celle-ci trouve son explicaUon dans son expérience de ces années révoluUonnaires, lorsqu’il était commissaire aux naUonalités. Redoutant le soulèvement ukrainien, Staline s’est appliqué à mater la campagne avec la plus grande fermeté, prenant la luJe de survie de ceJe dernière comme une manifestaUon de l’irrédenUsme ukrainien.
La famine elle-même – le cœur du récit – se dévoile au travers d’une chronique implacable, réunissant les rapports internes, la correspondance des responsables de tous les niveaux, y compris du plus haut échelon de l’État, les témoignages des survivants et des observateurs, pour abouUr à une trame complexe d’une grande précision. La mise en chapitres chronologique et thémaUque très détaillée permet de couvrir tous les aspects, dès les prémisses de la collecUvisaUon aux conséquences de la famine à court et moyen termes, mais aussi son camouflage et sa présence dans la mémoire. L’auteure aborde également les aspects concomitants à la famine, indispensables pour saisir l’ensemble du tableau, à savoir la destrucUon des élites ukrainiennes : poliUques, culturelles, religieuses. Le fait que Staline qui, par peur de perdre l’Ukraine, a détruit ses élites, aJaqué sa langue et sa culture, décimé sa paysannerie, a, in fine, échoué : l’Ukraine existe. Les sUgmates du Holodomor non seulement n’empêchent pas d’avancer, mais aujourd’hui d’autres épisodes, plus récents, fondent la naUon, laissant le passé entre les mains des historiens.
– 9 – « Ukraine 1933, HOLODOMOR IUnéraire d’une famille et témoignages de survivants ». Philippe et Anne - Marie NAUMIAK ÉdiUons Bleu et Jaune. 2017 HOLODOMOR est le terme qu’uUlisent les Ukrainiens pour désigner le génocide contre le peuple ukrainien. Philippe et Anne-Marie Naumiak, enfants d'un survivant du Holodomor qui a vécu en France pendant plus d’un demi-siècle, font le choix de témoigner pour l'Histoire : « Notre démarche n’est pas une quête de racines que nous n’avons, du reste, jamais oubliées. C’est un retour que nous savions inévitable aux sources d’une tragédie familiale, poliUque, mémorielle, naUonale et religieuse dont nous sommes les témoins et les hériUers. » Après avoir retracé l’iUnéraire de leur famille, ils livrent au lecteur des récits authenUques, recueillis en Ukraine, dans lesquels les derniers témoins du Holodomor racontent l’horreur – inimaginable, indicible, absolue – qu’ils ont connue.
4 SUR LA GRANDE TERREUR STALINIENNE DE 1937-1938 – 10 – « L’ivrogne et la marchande de fleurs. Autopsie d'un meurtre de masse 1937-1938» Nicolas WERTH. 2011 ed. Point. Histoire. Le 30 juillet 1937, Staline appelle à l’éliminaUon secrète des « éléments contre-révoluUonnaires » et fixe des quotas d’arrestaUons et de condamnaUons à mort ou au Goulag. Aussitôt, l’administraUon policière réclame des dépassements de quotas. Chacun veut gagner la course au rendement, à Moscou, surtout, où un certain Khrouchtchev se disUngue par son zèle. Très vite, les suspects viennent à manquer et une chasse aux innocents s’enclenche. La machine s’emballe et tue à la chaîne. 750 000 morts en seize mois – c’est la Grande Terreur. N’importe qui, n’importe quand : un ivrogne qui a éclaboussé de vodka le portrait d’un hiérarque, une marchande de fleurs décrétée terroriste, et tant d’autres vicUmes anonymes… Une des plus terribles pages secrètes de l’histoire enfin révélée. Nicolas Werth est Directeur de recherche au CNRS. Il a publié de nombreux ouvrages sur l’URSS, notamment L’État soviéUque contre les paysans (Tallandier, 2011) et La Route de la Kolyma (Belin, 2012).
5 NAZISME ET COMMUNISME : 14 MILLIONS DE MORTS – 11 – « Terres de Sang » Timothy SNYDER. Gallimard 2012 L’historien américain raconte la convergence meurtrière entre régimes nazi et soviéUque entre 1933 et 1945. Vaste fresque savante, « Terres de sang » possède un contenu aussi grandiose et terrifiant que son Utre. Il Ure sa dimension tragique de l’unité d’acUon (le meurtre de masse), de temps (la période 1933-1945) et surtout de lieu (l’est de la Pologne, l’Ukraine, la Biélorussie). L’espace ainsi circonscrit par l’historien américain Timothy Snyder, professeur à Yale, a en effet été le théâtre des pires tueries collecUves du conUnent. Là, le chevauchement de deux systèmes totalitaires a laissé, selon l’auteur, 14 millions de vicUmes, affamées sur ordre, tuées ou gazées, vivant dans leur chair la convergence entre communisme et nazisme. Alors que les récits et témoignages sur la Shoah abondent, plus rares sont les descripUons aussi bouleversantes que les chapitres consacrés ici à la famine organisée par Staline en Ukraine au début des années 1930. La populaUon y est poussée au cannibalisme. L’usage systémaUque de la faim comme arme la plus constante du crime de masse est d’ailleurs une perspecUve originale portée par l’ouvrage et illustrée d’anecdotes souvent insoutenables |…] Sans se laisser sidérer par les atrocités, il montre par exemple méthodiquement comment Hitler et Staline menèrent de concert l’anéanUssement des élites polonaises, tombées en une véritable « guerre contre les Lumières européennes », entre 1939 et 1941 ; comment les premiers massacres de juifs (la « Shoah par balle ») par les Allemands sont contemporains de ceux des Polonais par les SoviéUques (à Katyn notamment). Ils précèdent l’exterminaUon des juifs, décidée en décembre 1941. Pour la première fois, Timothy Snyder met en évidence la manière dont ces événements se répondent en s’enchaînant. Ainsi, dans la fantasmagorie nazie, la décision de tuer l’ensemble des juifs dans les « terres de sang » vise-t-elle à obtenir une victoire de subsUtuUon contre la « juiverie internaUonale », après l’échec de l’offensive allemande face à l’Armée rouge et alors que Staline a refusé, un an plus tôt, une proposiUon hitlérienne de déportaUon de 2 millions de juifs dans ses fronUères. Côté soviéUque, la déportaUon de peuples enUers ordonnée depuis Moscou achèvera de laminer ces provinces de l’horreur. Une telle perspecUve, désormais admise dans la recherche, aurait fait scandale, en France, il n’y a pas si longtemps. Dans les années 1990, la mise en relaUon, et en équivalence, du communisme et du nazisme par l’historien allemand conservateur Ernst Nolte, discrètement soutenue par François Furet, n’avait-elle pas été perçue comme un moyen de relaUviser la criminalité du nazisme en lui trouvant des antécédents soviéUques ? A l’autre bout de l’échiquier, ne présente-t-on pas le racisme nazi comme le mal absolu par rapport à un pouvoir communiste au moins sous-tendu par l’idéal de progrès et l’universalisme marxiste ? Snyder, lui, renvoie dos à dos disUnguos subUls et nuances intéressées. Même si la collecUvisaUon inspire la mise en coupe réglée de l’Ukraine, les archives établissent pour lui que Staline et son appareil visent à parUr de 1938 des cibles de moins en moins sociales et de plus en plus explicitement ethniques ; les Polonais et les Ukrainiens puis, après 1945, les juifs.
En poussant son raisonnement, Timothy Snyder sort de la problémaUque du « qui a commencé ? ». Il met admirablement en lumière l’« interacUon » criminelle de deux totalitarismes et, à l’occasion, leur « complicité combaJante » […]. Nourri par l’exploitaUon d’archives polonaises, russes et ukrainiennes méconnues, le livre aJeint son but : exhiber le cœur sanglant de l’Europe. Il recompose une histoire qui demeure la nôtre. Les vicUmes des deux régimes ont laissé de nombreuses traces. Tombées après la guerre de l'autre côté du rideau de fer, elles sont restées dans l'oubli pendant plus de soixante ans et ne sont revenues au jour qu'à la faveur de la chute du communisme. Timothy Snyder en offre pour la première fois une synthèse si puissante qu'un nouveau chapitre de l'histoire de l'Europe paraît s'ouvrir avec lui. Ce faisant, il redonne humanité et dignité à ces millions de morts privés de sépultures et comme effacés du souvenir des vivants.
6 DE STALINE à POUTINE : MÊME PROPAGANDE, MÊME INFOX !
– 12 – « Le voyage de Monsieur Herriot. Un épisode de la Grande Famine en Ukraine » Iryna DMYTRYCHYN. Éd. L'HarmaJan. Col. Présence ukrainienne. 2018. 302 p. L'ouvrage se penche sur le voyage effectué par Édouard Herriot (1872-1957), ancien président du Conseil et maire de Lyon, en Union soviéUque en 1933 et, plus parUculièrement, son séjour en Ukraine, dévastée par la famine. A travers des documents et des témoignages, l'auteure examine les raisons du souUen de l'homme poliUque français au régime stalinien, qui a ainsi contribué à la négaUon de la Grande Famine, le Holodomor.
– 13 – « L’Affaire Kravtchenko » Nina BERBÉROVA. Babel n° 977, 2009, 320 pages « J’ai choisi la liberté », l’ouvrage du dissident soviéUque V. A. Kravtchenko, paraît en France en 1947 avec le même immense succès que dans le reste du monde occidental. Peu de temps après, l’hebdomadaire procommuniste Les LeJres françaises publie un arUcle accusant Kravtchenko de ne pas en être le véritable auteur et d’avoir été piloté par les services secrets américains. L’intéressé porte plainte immédiatement pour diffamaUon. Quand s’ouvre le procès, le 24 janvier 1949, il apparaît tout de suite qu’il va tourner au procès du régime soviéUque et que la quesUon de fond qui est posée là est celle de l’existence de camps de concentraUon en URSS, d’où de violents débats et des déposiUons passionnantes, auxquels assistait pour un journal de l’émigraUon russe la jeune Nina Berberova. Son témoignage brille par la rigueur du compte rendu, l’acuité du regard et l’efficacité du style. «Née à Saint-Pétersbourg en 1901, Nina Berberova est morte à Philadelphie en 1993. Toute son œuvre est publiée par Actes Sud, notamment» L’Accompagnatrice« (1985 ; Babel n° 62), »C’est moi qui souligne« (1989 ; Babel n° 22), »Le Livre du bonheur« (1996 ; Babel n° 343), »Les Derniers et les Premiers« (2001 ; Babel n° 739).»
– 14 – « La seconde guerre mondiale dans le discours russe. À propos du conflit russo-ukrainien ». Galia ACKERMAN ed l’HarmaJan. Présences ukrainiennes. Novembre 2016. 202 pages
La propagande officielle russe présente la victoire soviéUque dans la Seconde Guerre mondiale comme un élément fondateur de l'idenUté russe actuelle. La victoire soviéUque, très présente dans la mémoire populaire, est détournée à des fins poliUques, comme si elle était un gage de la moralité innée du régime PouUne et de son droit à la défense de ses intérêts géopoliUques, y compris l'annexion de la Crimée. Dans ce recueil, d'éminents chercheurs et essayistes français et étrangers analysent différents aspects du discours poliUque russe face à une réalité bien différente.
– 15 – « Le Régiment Immortel. La guerre sacrée de PouUne », Galia ACKERMAN 288 pages. Publié le 02 mai 2019 EdiUons Premier Parallèle
Quand PouUne embrigade les morts avec les vivants… « Avez-vous entendu parler du fusil de Tchekhov ? Il s’agit d’un principe dramaturgique énoncé par le grand écrivain russe, selon lequel tout détail mémorable dans un récit de ficUon doit être nécessaire et irremplaçable. “Si, dans le premier acte, vous dites qu’il y a un fusil accroché au mur, écrivait-il, alors il faut absolument qu’un coup de feu soit Uré avec au deuxième ou au troisième acte. S’il n’est pas desUné à être uUlisé, il n’a rien à faire là.” Le Régiment immortel décrit ce “fusil de Tchekhov” qui, en 2019, était encore accroché au mur. Je décris dans ces pages la formaUon d’une nouvelle idenUté russe qui s'organise autour de la victoire remportée à l’issue de la “Grande guerre patrioUque” (1941-1945), la créaUon d’un nouveau récit naUonal basé sur de mulUples omissions et mensonges, la militarisaUon de la naUon enUère – à commencer par les enfants –, les aspiraUons impérialistes visant à élargir autant que possible la sphère d’influence russe, le culte païen du “peuple éternel et invincible” et la haine de l’Ukraine et de l’Occident. Ce fusil était devant nous. Il aurait dû nous sauter aux yeux. Pourtant, nos poliUques n’ont rien vu venir, débaJant sereinement avec Vladimir PouUne de la sécurité européenne, mulUpliant les échanges commerciaux et culturels, sans comprendre que la nuit noire allait bientôt s’abaJre sur la Russie, capable d’entraîner dans l’abîme non seulement l’Ukraine, mais également nos autres voisins. L’Ukraine est à feu et à sang, le fusil a servi. » Galia Ackerman, mars 2022 D’origine russe, Galia Ackerman vit en France depuis 1984. Docteure en histoire et chercheuse associée à l’Université de Caen, elle est spécialiste de l’Ukraine et de l’idéologie de la Russie postsoviéUque. “C'est de l'avenir de l'Europe qu'il est quesUon dans ces pages.” « Galia Ackerman démontre comment les "technologues poliUques" du Kremlin ont accaparé le Régiment immortel, "apothéose païenne du culte de la naUon", pour l’accorder à la nouvelle idéologie de l’État russe basée sur un patrioUsme effréné et une militarisaUon sans précédent. » Isabelle Mandraud, Le Monde « Le Régiment immortel éclaire, à la lumière de sa longue histoire, la "folie ultra naUonaliste" d'un pays où règne encore le soviéUsme - l'appareil autoritaire -, mais délesté de son essence communiste » Jean-Marie Durand, Télérama « La Russie est d’autant plus malade de son histoire qu’elle ne la connaît pas » Anna Colin Lebedev, Maîtresse de Conférences en sciences poliUques, Université de Nanterre
7 AUTRES LIVRES… ET LITTÉRATURE
– 16 – « Le Laboureur et les mangeurs de vent. Liberté intérieure et confortable servitude » Boris CYRULNIK. Odile Jacob. Avril 2022. Ou comment expliquer la soumission de millions de Russes à la dictature belliqueuse de PouUne ? Résumé : « À 7 ans, j’ai été condamné à mort pour un crime que j’ignorais. Ce n’était pas une fantaisie d’enfant qui joue à imaginer le monde, c’était une bien réelle condamnaUon.» B. C. Boris Cyrulnik a échappé à la mort que lui promeJait une idéologie meurtrière. Un enfant qu’on a voulu tuer et qui toute sa vie a cherché à comprendre pourquoi, pourquoi une telle idéologie a pu prospérer. Pourquoi certains deviennent-ils des «mangeurs de vent», qui se conforment au discours ambiant, aux pensées réflexes, parfois jusqu’à l’aveuglement, au meurtre, au génocide?? Pourquoi d’autres parviennent-ils à s’en affranchir et à penser par eux-mêmes? Certains ont tellement besoin d’appartenir à un groupe, comme ils ont appartenu à leur mère, qu’ils recherchent, voire chérissent, le confort de l’embrigadement. Ils acceptent mensonges et manipulaUons, plongeant dans le malheur des sociétés enUères. La servitude volontaire engourdit la pensée. «Quand on hurle avec les loups, on finit par se senUr loup» Penser par soi-même, c’est souvent s’isoler. Seuls ceux qui ont acquis assez de confiance en soi osent tenter l’aventure de l’autonomie. Au-delà de l’histoire, c’est notre présent que Boris Cyrulnik éclaire. À travers sa tragique expérience de vie, hors des chemins baJus, Boris Cyrulnik nous montre comment on peut conquérir la force de penser par soi-même, la volonté de repousser l’emprise, de trouver le chemin de la liberté intérieure. Un livre profond et émouvant. Un livre fondateur.
– 17 – « Cuisiner simplissime et aider l’Ukraine ». Jean-François MALLET. HacheJe.10€ « Touché et préoccupé comme tout le monde par la guerre en Ukraine, j’ai voulu m’associer au formidable élan de solidarité actuel, au travers de ce que je sais faire le mieux : cuisiner ! De là est née l’idée de ce Simplissime Ukraine. Merci à HacheJe d’avoir répondu présent aussi vite pour soutenir ceJe acUon ». Voici donc une édiUon spéciale de 45 receJes, 10 exclusives et 35 « best of », dont tous les droits d'auteurs et bénéfices de l'éditeur seront reversés à la FondaUon de France pour son acUon en Ukraine.
– 18 – « L’Ukraine vue par les écrivains ukrainiens de la fin du XIXe siècle à la première moiUé du XXe siècle ». Iryna DMYTRYCHYN, Présence Ukrainienne. L’HarmaJan
CeJe édiUon bilingue, consUtuée de morceaux choisis de la liJérature ukrainienne de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle, reflète l’image que les auteurs ukrainiens avaient de leur pays, à travers leur vision des évènements historiques, les paysages, les traits de caractères. Ce livre fera découvrir des écrivains talentueux mais souvent peu connus en Occident, dont les œuvres n’avaient parfois jamais été traduites. La diversité de leurs styles et de leurs points de vue révèle toute la complexité d’une histoire, et la richesse d’une culture. Titulaire d’un doctorat en histoire, Iryna Dmytrychyn est chargée de cours d’ukrainien à l’InsUtut naUonal des langues et civilisaUons orientales à Paris.
– 19 – « Les abeilles grises », Andreï KOURKOV, traduit du russe (Ukraine) par Paul Lequesne, Liana Levi, Paris, 2022, 400 pages.
Dans un peUt village abandonné de la « zone grise », coincé entre armée ukrainienne et séparaUstes prorusses, vivent deux laissés-pour-compte : Sergueïtch et Pachka. Ennemis d'enfance, désormais seuls habitants de ce no man's land, ils sont obligés de coopérer pour ne pas sombrer. Et cela, malgré des points de vue divergents vis-à-vis du conflit. Sergueïtch sympathise avec un soldat ukrainien qui lui rend des visites furUves ; Pachka fréquente en cacheJe ses « protecteurs russes » pour se procurer des denrées alimentaires. Leurs condiUons de vie sont rudimentaires : charbon pour se chauffer, conserves pour se nourrir, bougies récupérées dans une église détruite pour s'éclairer. Les journées monotones de Sergueïtch sont cependant animées de rêves visionnaires et de souvenirs. Ce qui lui importe avant tout, ce sont ses abeilles. Apiculteur dévoué, il croit en leur pouvoir bénéfique qui autrefois a•rait des clients venus de loin pour dormir sur ses ruches lors de séances de « thérapie curaUve ». Alors que l'hiver les abeilles demeurent dans sa grange, à l'abri du froid et des bombardements, il décide, le printemps venu, de leur chercher un endroit plus calme. Ses six ruches chargées sur la remorque de sa vieille Tchetviorka, le voilà qui part à l'aventure. Mais même au coeur des douces prairies fleuries de l'Ukraine de l'ouest et le silence des montagnes de Crimée, le grand frère russe est là, qui surveille... Andreï Kourkov, né en 1961 à Leningrad, en Union soviéUque, est assurément le plus connu des écrivains ukrainiens. S’il vit depuis sa peUte enfance à Kiev, en Ukraine, il écrit en russe et revendique avec fierté, et depuis longtemps, son appartenance « poliUque » à la culture ukrainienne.
– 20 – « Cinq Zinnias pour mon inconnu », 2016. « Un possible Voyage » 2020. Marie-France
CLERC. Chez l’auteure : mfclerc83@gmail.com PeUte-fille d’un officier de Petlioura, je me suis inspirée de la vie de mes grands-parents dans mes deux romans. « Cinq Zinnias », ceJe histoire de loup, de fleurs et de moutarde, vous fera voyager en Ukraine à travers la mémoire cachée d’une famille ukrainienne émigrée en France en 1923, une mémoire retrouvée sur cinq généraUons, et qui se transmet, enfin. « Un roman fascinant et poéUque sur les fils de desUnées humaines qui relient la France à l’Ukraine » Andreï KOURKOV, Préface de l’édiUon ukrainienne de « Cinq Zinnias » parue à KYIV chez ConstanUn SIGOV, fondateur de DUH I LITERA. 2021. « Un possible voyage » (en cours de traducUon par l’écrivaine Evhenia Kononenko), parle de la nostalgie du pays perdu, décrit la réalité de la vie en Ukraine SoviéUque et montre comment une mémoire familiale amputée par l’exil et 75 ans de communisme, peut redevenir, par la grâce d’une rencontre, mémoire vivante. Marie-France Clerc, agrégée de LeJres. mariefranceclerc.com
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