C'est la crise!

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Crise identitaire et investissement universitaire. Un étudiant en prison Fanny Salane

Par leur arrestation et leur incarcération, les personnes deviennent des « détenus » et perdent toute identité alternative. À cette réduction, cette perte identitaire, s’ajoute la nécessité pour elles de s’adapter à un contexte nouveau. Tout ceci les amène à traverser une crise identitaire et à devoir, pour certaines, redéfinir leur identité. Leur insertion actuelle dans un cursus d’études supérieures est une facette de cette transformation. Cet article vise ainsi à explorer ce processus de « conversion identitaire »1, qui consiste à changer de vie mais aussi d’identité pour soi et pour autrui2, à partir de l’histoire d’une personne détenue3 et de l’analyse de ses trajectoires scolaire, professionnelle, familiale et carcérale. Si la recherche repose, pour son volet qualitatif, sur 49 entretiens, il est apparu intéressant de se pencher sur un cas particulier, et de montrer en quoi il peut être idéal-typique du processus identitaire étudié.

1

Strauss A., Miroirs et masques, Paris, Métailié, 1990 [1959]. Berger P., Luckmann T., La construction sociale de la réalité, Paris, Méridiens Klincksieck, 1986 [1966]. Ces deux ouvrages abordent la théorie de la conversion identitaire. 2 Dubar C., La crise des identités : l’interprétation d’une mutation, Paris, Puf, 2000. 3 Cette personne, que nous appellerons Yannick, est âgée de 36 ans lors de l’entretien. Il est inscrit en première année de licence de lettres ; il est pour la deuxième fois en prison, où il purge une réclusion criminelle à perpétuité.

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