le PI ctionnaire

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Petit P.I.ctionnaire en 50 mots « Le dictionnaire des praticiens PI » (Gilbert Mangel et le Chantier, C.E.P.I., 1983)

La Pédagogie Institutionnelle a le souci des mots. Souvent accusés de « jargonner », nous allons tenter de reprendre ici les termes que nous utilisons régulièrement, et de faire percevoir à travers les textes adjoints à chaque mot, le sens que nous lui donnons, ainsi que la manière dont nous l’articulons à d’autres. Ce travail ne vaut que dans le champ de la pédagogie ; les emprunts de termes et parfois de concepts faits à la psychanalyse font l’objet des précautions que prendrait tout artisan pour utiliser dans son métier l’outil du voisin : il se fait aider, expliquer le fonctionnement, et peutêtre est-il ensuite en mesure de fabriquer l’instrument qui conviendra à l’utilisation qu’il veut en faire.

Affichage Mise au mur, au vu et au su de tous, d’écrits pouvant aider chacun à se repérer dans une réunion ou un groupe. Afficher l’ordre du jour, barrer les points traités, afficher propositions et décisions rend étonnamment transparent le fonctionnement d’un groupe. Outil d’information, mais aussi d’interpellation, l’affiche angoisse et peut rendre agressif. C’est un savoir-faire qui s’apprend, qui doit obéir à des règles techniques, mais surtout à des règles éthiques : pas d’affichage sauvage, toute affiche doit être signée. Dans ce cadre, elle peut économiser bien des discours inutiles

Angoisse Manifestation désagréable, née de l’imprévu ou de l’inconnu ; les structures habituelles de la société, plus encore de l’école, s’attachent à la faire disparaître en réglementant, en hiérarchisant, en fermant toutes les portes pouvant laisser entrer l’imprévu, l’inconnu, donc l’angoisse. Le souci du praticien de la pédagogie institutionnelle est de promouvoir les techniques (voir POUVOIR) qui permettent de s’occuper de l’angoisse, de l’utiliser à sa vraie place : celle d’une source d’énergie et de changement.

Argent Symbole de (presque) tout ce qui représente une valeur d’échange. En parler sans précaution dans un groupe peut déclencher les passions. Être au clair avec l’argent : difficile, mais nécessaire sous peine de règlements de comptes sauvages par la suite. Le travail coopératif permet d’apprendre à s’en servir ; ce qui nous est cher se paie d’une façon ou d’une autre… Et puis, ne dit-on pas de quelqu’un qu’il est d’un commerce agréable ?

Besoin Ce qui caractérise le besoin (la faim par exemple), c’est de pouvoir être complètement satisfait. Actuellement, le mot est à la mode et désigne ce que certaines catégories sociales (élèves, enseignants, habitants), n’ont pas, tout en manquant également des moyens de l’exprimer. Des spécialistes mènent alors avec soin et compétence ( ?) une analyse des besoins. L’usage qui doit être fait de cette analyse oriente utilement les recherches et permet de découvrir… ce que les gens sont sensés vouloir. La politique, la pédagogie, la sécurité sociale, la sécurité routière réduisent trop souvent l’Homme à un être de besoin, oubliant qu’il est avant tout être de langage. Le danger de cette problématique est exprimé par cette phrase d’Aïda Vasquez : « Besoin comblé, désir perdu ».

Collectif Ensemble organisé dans lequel chacun a sa part d’investissement et son pouvoir. Entité mythique, agissant comme utopie, obligeant à se déprendre sans cesse des aléas de toute organisation, à déjouer les pièges parsemant l’histoire d’un groupe humain. Remarque : le CEPI fonctionne plutôt comme une coopérative que comme un collectif. C’est dans l’effort permanent pour redélimiter, redistribuer responsabilités et pouvoirs que le mythe du collectif est présent et peut-être agissant.

Conseil Un lieu, un temps où la parole est possible, entendue, reprise. Lieu d’interrelation entre l’individu et le groupe (voir lieu de proposition, de décision, de drainage permettant de gérer le temps, d’organiser le travail, en donnant au groupe son efficacité tout en garantissant à chacun sa place. Son bon fonctionnement et son utilité reposent sur l’existence de tous les autres éléments de la classe coopérative : (Médiations, lieux divers et délimités, responsabilités, lois…). Préparé, il fonctionne grâce à des techniques que chacun apprend à maîtriser : présidence, secrétariat, affichage… mais aussi avec autre chose ; ce qui, par exemple, permet d’entendre, de percevoir angoisse et souffrance, de « voir » ce (ou celui) qui est absent (voir MACHINER) COOPERATION),


Contrôle Dans la classe ou dans un groupe en formation, y voir clair, se garder d’interpréter, se contrôler rend possible le plein exercice de la responsabilité. Celui qui en est investi a l’usage du « dernier mot » (droit de veto) comme recours ultime de tous contre les dérapages. Si l’institution m’a mis dans cette position et que je l’ai acceptée, je dois notamment pointer les présences, ne pas fermer sans que chacun ait pu dire « ça va » ou « ça ne va pas »… Je dois surtout être capable de m’abstenir d’intervenir quand ce n’est pas indispensable.

Coopération Activité décidée et réalisée par un groupe et lui permettant de produire des objets susceptibles d’être échangés ou vendus au seul profit des producteurs. La classe coopérative permet de donner au travail scolaire une valeur autre que par le bon plaisir du maître ou la satisfaction des parents. Coopérer entre adultes rend possible une démarche que les hiérarchies et les structures de l’école étouffent le plus souvent : celle d’une transformation personnelle et collective par le « faire ensemble ».

Demande Attente exprimée ou non, la demande sert souvent à masquer autre chose. Le fait de répondre à la demande risque de « fermer un couvercle », de retarder un processus de mise au travail. Ici intervient un savoir-faire qui s’apprend : savoir attendre le moment adéquat, créer la bonne « tension » qui fera passer le courant. La non-réponse peut avoir elle aussi des effets de fermeture. Nous essayons, quant à nous, de trouver des réponses « perpendiculaires » à la demande, de celles qui relancent : Il s’agit de permettre l’articulation de la demande par laquelle transite le désir en n’ayant pas d’avance réponse à tout.

Déplacement Parfois, tous les savoir-faire, les bonnes volontés butent sur des « blocages », s’enlisent dans des impasses. Si les lieux sont divers, les activités variées, les responsabilités nombreuses, la difficulté peut être contournée : se déplacer est autorisé, nécessaire même, mais également réglementé. Au déplacement réel, un déplacement moins visible peut correspondre dans la structure personnelle de chacun : et comme par petites touches, on sort du « tout ou rien » donc de la spirale d’échec à laquelle mène un système où tout le monde doit faire la même chose en même temps… Exemple : La correspondance scolaire, le voyage-échange introduisent opportunément les supports qui peuvent permettre le déplacement de ce qui fait problème, tant dans la classe que chez tel ou tel élève.

Désir Ni demande, ni besoin, ni mon bon plaisir… Peut-être, comme le suggère la psychanalyse, s’ébauche-t-il dans la marge où la demande se déchire du besoin ? Fondamentalement demande d’autre chose, de cet autre originel : fusion et indifférenciation des premiers jours de la vie, le désir ne peut être satisfait. C’est bien parce que la restauration de cette fusion est impossible qu’on peut dire que le désir est du côté de la Loi, c’est-à-dire de la perte de l’illusion du « tout est possible » au profit d’un « je veux et je peux » ancré dans la réalité opérationnelle. Le désir se maintient toujours au-delà des objets (d’amour, de savoir…) sur lesquels il vient à jeter son dévolu. De plus, il nous paraît nécessaire de souligner qu’on ne désire que par rapport à un agencement où l’on est inclus : ce qui renvoie aux machines dans lesquelles le désir éclot et opère. « Les techniques Freinet sont des machines à fomenter du désir ». Jean Oury.

Différence Distinction, caractère qui évite la confusion entre des personnes. Nous rejoignons à cet égard A. Jacquard pour dire que le contraire d’égalité n’est pas inégalité mais différence. Souvent évident, mais aussi souvent farouchement nié, le clivage qui résulte de la différence (masculin/féminin, singulier/pluriel) est un ressort essentiel… Le jeu de ces clivages, leur articulation, nous paraissent entre autres choses la relation de formation. Nous tentons d’instaurer sous forme symbolique cette dimension dans nos stages en postulant le clivage formateur/stagiaire.

Écoute Un cocktail délicatement dosé, nécessaire au praticien de la pédagogie institutionnelle, constitué d’une part de sensibilité auditive qui lui permet de saisir les mots avec précision, d’une part de vigilance qui apporte la perception des signes d’alerte, de danger, et enfin, d’une part de disponibilité donnant la capacité d’intervenir, de répondre sur le mode adéquat. Il en résulte une capacité qu’on peut résumer familièrement en disant que le responsable est « branché » à la fois sur la première chaîne (il suit le discours rationnel et peut y prendre part) et sur les autres chaînes (il perçoit aussi autre chose et peut en tenir compte).


Écriture Ensemble de signes articulés de façon à véhiculer le langage humain… ce qui se dépose sur le papier témoigne du sens d’un travail, peut donner poids à des paroles qui, sans cela, resterait un souvenir impalpable… C’est une médiation, un objet qui permet aux membres d’une équipe de se parler, de matérialiser un projet, d’exprimer clairement pour un autre imaginé, un message… C’est un ancrage, une sorte de prise de terre qui peut réhabiliter le délire, aider à articuler les bribes de savoir que chacun redécouvre en confrontant son expérience et ses difficultés à celles des autres. La monographie, notre exercice d’écriture par excellence, contient et exprime peut-être les longs détours du lire, de l’écoute, qui conditionnent le passage à l’écriture.

Équipe Pour avoir quelque chance de gagner le match contre… la montre, la mort lente, la machine broyeuse, la connerie, une équipe n’est pas de trop. Le mot indique aussi la présence d’un terrain délimité, de règles. Une stratégie, une action concertée, une solidarité, un entraînement régulier, et la comparaison est complète. Pourtant, il y a un hic : l’autre semble trop souvent jouer avec des règles différentes.

Établissement Des salles, des murs, des couloirs, des portes, c’est la partie fixe… ce que nous voulons distinguer radicalement de l’institution avec laquelle trop de monde le confond. C’est aussi le carcan qui nous est imposé dans le travail quotidien. Notre action pour y introduire des vacuoles, des espaces vides, vise donc à décaler, à désétablir pour permettre le retour au jeu de construction qui s’instaure dès qu’un groupe est confronté à ce vide.

Fantasme Succession d’images mettant en scène plusieurs personnages, dont le « rêveur » lui-même. Bien souvent, les fantasmes sont confondus, par ceux qui les ont en tête, avec la réalité. Ainsi voit-on dans les stages de formation des situations au cours desquelles un pouvoir sadique est attribué au formateur pour expliquer les difficultés du groupe. Un autre exemple de fantasme qui exerce les pires ravages est celui de la classe homogène. Même lorsqu’il contient les germes d’une utopie mobilisatrice, le fantasme doit être travaillé, déjoué continuellement sous peine de rester l’excuse, l’alibi, le point d’appui des résistances à tout changement réel.

Fascination (Séduction) Qu’elle soit « bonne » ou « mauvaise », la relation maître-élève sans autre support est néfaste. Nous pensons qu’il ne doit pas y avoir de « couple éducatif » à l’école car un tel couple se fonde sur la captation duelle. Trop souvent, l’image du bon maître vient perturber le travail de ceux qui tentent d’introduire dans leur classe les outils, les techniques, l’organisation qui permettra à chaque enfant d’échapper à la fascination de l’adulte.

Formation Condition nécessaire à la pratique de toute profession « a fortiori » des métiers réputés impossibles. La formation pédagogique serait donc nécessaire à toute activité d’enseignement, d’éducation, de formation. Malheureusement, elle est souvent confondue avec le savoir, avec l’information, voire avec un « don ». Notre pratique de la formation nous a appris que c’est hors de toute relation hiérarchique, mais à partir de positions définies qu’un processus de formation a quelque chance de s’enclencher. (Pour éclairer le terme « positions » se reporter au mot DIFFERENCE qui permet de saisir notamment que tenir une position n’est pas tenir un discours). L’alternance entre une pratique professionnelle et des temps de reprise dans des stages, des groupes, peut permettre à ce processus de se dérouler. Une formation ne s’achève jamais.

Garant Nous disons souvent que le responsable est garant de la loi : peut-être intervient-il lorsque le fonctionnement de la loi du groupe est entravé par quelque chose d’imprévu que le groupe n’est pas en mesure de gérer. Se rappeler que la garantie est ce à quoi on fait appel lorsque le fonctionnement normal n’est plus assuré, à cause d’une rupture, d’un vice de fabrication.

Groupe Lorsqu’un ensemble d’individus est réuni, la constitution d’un groupe est loin d’être assurée : un projet commun, des règles, la conscience chez chacun d’y avoir une place, tout cela se construit progressivement et risque à chaque moment d’être remis en


question. Le « faire ensemble », la production, aident à échapper aux faux problèmes, à convertir ou déplacer les obstacles inconscients (voir DEPLACEMENT).

Inconscient L’inconscient n’existe pas… Il agit. Sa définition est l’affaire des spécialistes. Nous nous contenterons ici de dire l’importance que nous accordons à ce champ de forces qui se croisent, s’entrecroisent, se renforcent ou se détruisent à notre insu… L’inconscient détermine le comportement des élèves mais aussi du maître. Plutôt que l’ignorer, en tenir compte peut aider à ne pas nuire, à reconnaître pour mieux les maîtriser les phénomènes de transfert, d’identification, de défense qui se manifestent dans la classe ou dans un stage de formation.

Inscription « Action d’inscrire son nom... ». Le simple fait d’inscrire le nom d’un enfant en face d’une responsabilité, peut changer son comportement, tant par le fait qu’il prend réellement place dans la vie de la classe, que par le fait que cela soit marqué, qu’un signe l’atteste et prouve ainsi la reconnaissance du groupe à l’égard de cette place. L’oubli d’inscription peut retentir de façon grave sur l’oublié. Le refus d’inscription est un signe de non engagement dans le groupe : cette évidence est si souvent contestée, en stage par exemple, que le fait d’attacher de l’importance aux modalités d’inscriptions est, pour nous, une précaution capitale.

Institutions À la fois structures, histoires, vécus, les institutions de la classe coopérative sont aussi bien des règles qui déterminent ce qui se fait et ce qui ne se fait pas que les définitions des lieux, moments, statuts, fonctions, rôles, rites assurant à la fois le fonctionnement du groupe, la liberté des individus, et surtout les possibilités de changement comme parties intégrantes du système : l’institution n’est pas l’ét ablissement, pas plus d’ailleurs que l’organisation.

Interdit L’interdit (dire non à la fusion) permet à chacun, maître, élève, de prendre sa place, de se structurer par rapport à l’entourage, ce qui renvoie à l’interdit premier : l’interdit de l’inceste. Il est illusoire et dangereux d’éluder le fait qu’une loi repose sur un interdit. Quant à la manière dont sont traitées les transgressions, c’est peut-être là qu’on peut le plus clairement distinguer la fonction thérapeutique (le thérapeute n’est pas impliqué directement dans les effets d’une transgression et tend vers une attitude que, faute de mieux, on nomme neutralité) de la fonction pédagogique : l’enseignant est impliqué dans le fonctionnement de la classe et ne peut laisser les gêneurs paralyser le groupe. L’interdit s’assortit donc d’une sanction.

Lieu, limite, loi Les trois « L », sur lesquels repose essentiellement la théorie de la pédagogie institutionnelle. Pour pouvoir dire « je », il faut d’abord être quelque part : ceci explique la nécessité de créer des lieux. Variés, ils permettront d’autant plus de « je ». Le Larousse dit qu’un lieu est « un endroit, un temps convenable pour dire, faire quelque chose » (soulignés, les mots élargissant le sens). « Quelque part », je dois pouvoir l’identifier : les repères, le côté familier, le fait que je ne me trompe pas, tout cela est possible si les limites sont bien marquées. Et c’est dans ce jeu des lieux, ce repérage des limites, que la Loi prend sa place et son sens. Attention : il ne s’agit pas de la loi du patron, du président ou du professeur, il s’agit de la loi du père symbolique, celle qui donne accès au langage. La loi ouvre des possibilités, trace des limites, ce qui autorise dire et désir dans l’intervalle, dans l’inter-dit.

Machine, machiner Un stage de pédagogie institutionnelle est un ensemble très complexe, avec des ateliers (groupes de production), des moments d’échange d’expériences, d’outils, des groupes de parole, des assemblées générales, des instances de décision, un partage précis des responsabilités. Les « courants » affectifs y circulent, y « allument » des prises de conscience, s’y amplifient tout en restant canalisés par la machine. Machiner, c’est donc, pour nous, construire collectivement une machine, dont nous avons pu constater qu’elle avait des effets modificateurs, restructurants, sur les personnes, à propos de leur travail. Les machines institutionnelles peuvent se figurer sous forme d’« atomiums », dont chaque sphère est en interrelation avec toutes les autres.

Médiation Tout ce qui peut permettre d’échapper à la captation duelle dans la relation, d’accéder à un mode de communication dans lequel A et B peuvent se parler « à propos » de L’objet médiateur. Ce peut être le journal, le voyage, la correspondance, le magnétophone, le projet… La médiation donne une chance d’éviter les phénomènes de domination, de fascination, de position spéculaire et l’agressivité, rentrée ou non, qui en découle. Trois types de


médiations peuvent être distingués : -

Objets et activités communs : on parle ensemble à propos de quelque chose. Institutions : lieux, rôles, statuts : on sait qui parle à qui il parle et d’où il parle. Le groupe : il existe en tant que sujet de lui-même.

Monographie « Étude limitée (…) portant sur un seul « objet », dit le Larousse. Pour nous, c’est le résultat écrit d’un travail à propos d’un élève, d’une classe, d’une situation. La description du « cas » est faite par l’auteur. Le travail se déroule ensuite dans un groupe de praticiens qui questionnent, réagissent, écrivent, en référence aux concepts de la pédagogie institutionnelle. Aventure imprévisible qui transforme ceux qui s’y risquent en mettant à jour les fils cachés tissant la relation, la monographie montre mieux que tout discours ce qu’est notre travail.

Nom C’est le mot qui identifie, distingue une personne ou un sujet (ce peut être un groupe-sujet). Le nom est quelque part lié à la Loi… celui qui signe de son nom s’engage et s’expose. Pour que quelque chose s’articule et fasse sens, il y faut des catégories, par exemple des noms et des verbes… et, d’expérience. « À force de dire oui, on perd son non (nom) », SOL.

Nuire Renforcer les difficultés. Notre problème d’enseignants ou d’éducateurs est d’être capables de ne pas nuire : cela suppose la capacité de s’abstenir de tout ce qui risque d’en « rajouter ». « Avez-vous fermé le gaz ? » demande F. Oury à ceux qui veulent démarrer une classe institutionnelle, rapprochant une telle tentative d’un acte secouriste. Pour créer un îlot respirable, il importe de ne pas reproduire, même à notre insu, les mécanismes qui ont provoqué les blocages, qui accentuent les souffrances. L’histoire personnelle de chaque élève comporte des zones de fragilité qui sont radicalement différentes de celles de son voisin : ne pas nuire implique donc l’impossibilité radicale de servir à tous le même « potage ».

Objectifs Bien avant la mode venue d’outre atlantique, la pédagogie institutionnelle permettait l’évaluation en référence à des objectifs précis, pour chacun et pour le groupe. Les correspondants, les « clients » à qui est servi le journal, les projets, les lois dans la classe, les couleurs auxquelles on accède en prouvant sa compétence : autant de repères qui permettent les bilans provisoires, précisant graduellement le sens d’un questionnement et l’orientation d’une quête continuelle. On peut espérer ainsi passer de l’évaluation des savoirs au savoir évaluer puis à un savoir évoluer. En résumé, pas de pédagogie par objectifs, mais pas de pédagogie sans objectifs.

Opérateur Une fois reconnu le sujet, ce qui enclenche l’action, ce qui fait que ça va fonctionner, c’est un ensemble de provocations, d’appels qui rendent nécessaires les relations multiples. Clubs, ateliers, projets, outils, responsabilités… sont des opérateurs, qui permettent le remaniement des identifications, séparant (opérant) peu à peu le sujet et l’articulant à l’Autre.

Outil « Objet fabriqué dont on se sert pour exécuter un travail », dit le Larousse. « Les Cromagnons de la pédagogie façonnent leurs silex dans la classe » : c’est ainsi que Fernand Oury décrivait le travail de ces praticiens-chercheurs qui ont inventé et testé les premiers outils de la pédagogie institutionnelle à partir de leur pratique des techniques Freinet dans l’école caserne. Cette formule, pour le moins lapidaire, rend bien compte de la manière dont sont peu à peu élaborés, utilisés, échangés, remaniés et perfectionnés à l’épreuve des faits les outils de la classe coopérative et les outils de formation. Il n’est pas inutile de préciser qu’un outil n’est pas neutre : il induit certains effets. Mais c’est surtout la manière dont on s’en sert, le contexte dans lequel il est utilisé qui lui donne son efficacité. Exemple : les fichiers autocorrectifs permettent un travail individualisé, mais un tel travail, s’il est pratiqué isolément, en absence de projets collectifs, sans institutions coopératives, risque de profiter surtout à ceux qui sont déjà avantagés…

Parole Une parole vraie se glisse parfois dans le fatras des mots prononcés quand il y a « je » devant, et moi dedans, qu’elle est entendue, et que j’ai la chance de la tenir.


Passage Devenir responsable dans un stage de pédagogie institutionnelle, c’est passer d’un statut à un autre. Ce ne peut être automatique. La condition nécessaire est d’avoir fait un minimum de chemin (trois stages ou chantiers, donc trois années de pratique reprise dans des lieux de formation). Mais est-ce suffisant ? Nous avons traité ce problème de diverses manières depuis la création du C.E.P.I. Un exemple : le « Kolo-kolo » est, dans une tribu sud-américaine, le tabouret de bois que celui qui désire siéger au conseil doit être capable de confectionner. Nous avons donné ce nom à un groupe spécifique au sein duquel ceux qui désiraient passer responsables venaient parler avec ceux qui avaient assumé leur propre passage…

P.I. Abréviation pour pédagogie institutionnelle, mais aussi pour pédagogie inachevée, et pour position intenable. Ce qui s’invente avec acharnement dans la classe, le groupe et les stages, dans les chantiers, ce qui se vit dans les institutions qui sont nécessaires à la vie du collectif, ce qui s’apprend, se désapprend, se polit, se casse, se dessine, tout cela peut-il se dire ? Oui, mais pas en quelques lignes : et même la lecture des ouvrages adéquats n’y suffit pas !...

Place Pour pouvoir dire « nous » (coopérer), il faut pouvoir dire « je ». Et pour pouvoir dire « je », il faut être quelque part, c’est-àdire avoir une place. Le drame de l’élève qui ne réussit pas dans la classe dite « traditionnelle » c’est qu’il ne peut pas y trouver d’autre place que celle du cancre, ce qui risque de renforcer ses inhibitions. En multipliant les lieux, les situations, les tâches, les responsabilités, les possibilités de relations et de négociations, nous donnons à chacun la possibilité de trouver sa place dans un tissu complexe (voir INSTITUTIONS), sa place, donc ses points de repère, qui permettent d’évoluer donc de s’éduquer.

Politique Ce qui se joue du pouvoir et que nous employons au masculin pour le distinguer de la politique. Pour les praticiens de la P.I., ce ne peut être ni la bonne conscience militante, ni le fini d’une idéologie réformatrice. Ce serait plutôt la résistance, le travail persistant de la différence et du pouvoir séparateur, le passage du pouvoir aux pouvoirs.

Pouvoir « Contrairement à la pile célèbre, le pouvoir ne s’use que si l’on ne s’en sert pas ! ». Cette réflexion affichée dans nos stages indique que nous entendons nous servir du pouvoir. Plus exactement, des pouvoirs. « Le pouvoir ne parle pas : il agit ». Cet autre aspect du problème nous amène sur le terrain du faire : le pouvoir de faire est le moyen de ne pas se laisser déposséder de son travail : voilà un double objectif de notre pratique. Accéder à mon pouvoir, c’est aussi vaincre mon impuissance : celle-ci n’est pas toujours due aux pouvoirs que les autres (même les vilains chefs) prennent sur moi…

Production But et processus, objet commun d’un groupe permettant de médiatiser les relations, d’échapper à la captation duelle dans laquelle s’enlise souvent la pédagogie. La production fait l’objet d’un contrat, engagement réciproque entre les divers acteurs concernés. Parfois tacite, le contrat de production peut devenir un outil matériel écrit et signé. Toute rupture peut alors plus facilement se parler (en Conseil par exemple). Prévoir des RECOURS ! (voir ce mot).

Proposition, décision Si étrange que cela paraisse, beaucoup d’adultes confondent dans les faits ces deux termes. Le risque encouru par celui qui ose dire « je propose de faire… » est plus grand que le bon sens permettrait de l’espérer. Et puis, entre cette « chose soumise à un groupe pour qu’on en délibère » et la décision prise, il y a (en principe) tout ce processus que rend possible une structure fragile : faire en sorte que les propositions soient entendues (chacun parle à son tour, les autres écoutent), reprises (le président doit pouvoir reformuler), discutées (maîtriser le temps, faute de quoi les dernières propositions passent aux pertes et profits). Pour pouvoir mettre en œuvre des modalités de prise de décisions adéquates, le président doit également être capable de repérer les propositions contradictoires, celles qui sont complémentaires, ne pas confondre leurs champs d’application : voilà qui relève d’une réelle compétence. Quant aux décisions, les marquer clairement, par la parole rituelle « la décision est prise », par l’écrit, les faire relire, les afficher : autant de précautions nécessaires si l’on veut conserver au Conseil son rôle central, créer et maintenir la confiance de chacun, échapper là encore à la confusion. La préparation et certains outils peuvent aider : (affichage des propositions, un petit groupe les classe et prévoit les temps nécessaires à leurs discussions).


Recours Toute pratique de groupe, tout processus d’apprentissage est émaillé de ruptures, de ratés, de transgressions. Si le travail est intense, les règles et les contraintes sont diversement supportées. Pour échapper à un processus d’exclusion, pour ne pas retomber dans la dépersonnalisation, les recours doivent exister à tous les niveaux. Ex. : si quelqu’un est critiqué, il doit pouvoir se défendre. Si on lui retire une responsabilité, il doit exister d’autres lieux où il pourra se valoriser. Un contrat non respecté est d’abord l’occasion de parler avant d’être l’objet d’une sanction. Parfois la sanction et aussi un recours par rapport à la culpabilité dont les effets paralysants ne sont plus à démontrer.

Responsabilité C’est le fait d’accepter d’être un des piliers de l’édifice. Porter, tenir la position, décider, conduire, mais également rendre compte, faciliter, écouter, assumer les conséquences, ramasser, ouvrir et fermer, se faire obéir… Pour conjurer les effets nocifs d’accumulation du pouvoir qui apparaissent chez les responsables nous tenons fermement à la rotation des responsabilités. Remarque : mieux vaut ne pas se jeter à l’eau sans savoir nager !...

Stage Lieu d’entraînement à la pédagogie institutionnelle en situation, explicitement montée sur le type « maître/élève ». C’est une machine complexe dans laquelle les formateurs préparent minutieusement ce montage qui permettra le travail des temps, des lieux, des possibilités ou impossibilités à dire « je » (voir DIFFERENCE). N.B. : Le stage diffère du chantier, lieu d’élaboration sans le montage « artificiel » stagiaires/formateurs, lieu de reprise collective du travail, confrontation avec la nécessité d’une institutionnalisation dans la réalité de la coopération entre adultes, le chantier est enfin le lieu où se parle le passage stagiaire-formateur, où il se travaille.

Statut/Fonction/Rôle La conscience la plus précise du type d’implication de chacun dans le fonctionnement du groupe ou de la classe, selon cette grille est fondamentale. Schématiquement, le statut, c’est ce qui est, la fonction ce qui agit, le rôle ce qui se joue. Tout ça est souvent emmêlé. Le travail de distinction, rendu possible par les institutions, par la parole, aide chacun à se repérer, donc à progresser. Quelques exemples de ce travail de feuilletage illustreront notre propos : la situation de chacun dans une échelle de compétence fait partie des statuts, les services, postes de travail, responsabilités, sont des fonctions, la présidence, le secrétariat sont des rôles. Exercice : quand vous écrivez au panneau d’affichage de la classe, comment signez-vous ? « Le maître », « Untel » ou « le responsable de… ».

Transfert Nous utilisons ici un mot emprunté à la psychanalyse pour rendre compte d’un phénomène que nous constatons dans la classe, les stages, les groupes : une situation peut réactiver un sentiment ancien qui se porte sur le formateur ou sur celui qui est vécu comme tel. Comme on ne peut en éviter la naissance permanente, mieux vaut savoir les détourner vers des activités, les « plurielliser » en donnant à chacun de multiples objets transférentiels : les correspondants, l’équipe, les responsables, les animaux d’élevage, le groupe… Ainsi, les transferts qu’on n’aura pas pu éviter auront quelque chance d’être résolus, en particulier avec l’aide du groupe (E.P.I.).

Transmission (Voir PASSAGE). Ce qui rend apte à occuper la position de celui qu’on considère comme son maître. Le processus est, pour nous, traité au cours des années par la continuité dans la participation à des stages, à des groupes… Une part des savoirs, des savoir-faire s’y transmet. L’histoire de chacun s’y inscrit, permettant à ceux à qui ça chante de « s’autoriser à », d’affronter la difficulté, d’avoir à répondre publiquement d’une responsabilité, d’en risquer la reprise dans les chantiers et les conseils.

Trépied Schéma désignant les ingrédients de la P.I. et dont la présentation a évolué. Ce fut tour à tour un « tabouret » avec les trois pieds : « T » = techniques, « G » = groupe, « I » = inconscient. Puis une sorte de « tipi » avec les mêmes « pieds » mais reliés par la barre du « politique ». Enfin, avec une partie supérieure correspondant à l’activité des groupes d’adultes, le schéma aboutit actuellement à trois bandes de Mœbius enlacées dont chacune porte à la fois les caractéristiques du travail en classe et celles du travail dans les C.E.P.I. et nouées par le nœud de l’inconscient.


Vide Source d’ANGOISSE (voir ce mot), et à ce titre, impitoyablement pourchassé dans les emplois du temps. Et pourtant, pour que « ça joue », il faut qu’il y ait l’espace libre, vacant, qui permette le déplacement, l’initiative, qui pourra accueillir l’imprévu, qui aidera à débloquer les situations difficiles. Attention : nous pensons que pour qu’il y ait vacuole, elle doit être entourée de sa « membrane », en l’occurrence un temps et un lieu. Ne pas confondre le vide nécessaire avec l’absence de structure qui, elle, ne peut rien ouvrir du tout, puisqu’il n’y a alors ni « dedans » ni « dehors ».

Violence Ce qui met en danger l’intégrité physique, par abus de la force, contrainte. Ce dernier terme nous plonge dans le dilemme : quelle contrainte pour éviter la violence à laquelle nous sommes confrontés (celle des élèves, la nôtre, celle de l’établissement). Il semble que seule la loi intégrée ait quelque chance d’être respectée de façon durable et supportable. Faire la loi ensemble, c’est peut-être reconnaître d’abord la violence, et se donner les moyens pour – non pas la supprimer : illusion ! – mais la ramener à un niveau supportable par tous, et parfois lui trouver une utilisation bénéfique au groupe. En une phrase, prendre le taureau par les cornes.

Bibliographie Cette bibliographie (ou P.I.bliographie !) est sévèrement limitée. N’y figurent pas les nombreux textes polycopiés, ces thèses non éditées, des articles divers publiés par des praticiens de la P.I., des textes très « voisins » (J. OURY, F. TOSQUELLES, F. DOLTO…), les présentations générales. LIVRES

F., VASQUEZ A. – Vers une pédagogie institutionnelle (Maspero 1967). De la classe coopérative à la pédagogie institutionnelle (Maspero 1971). OURY F., PAIN J. – Chronique de l’école caserne (Maspero 1972). OURY F., POCHET C. – Qui c’est l’conseil ? (Maspero 1979). Collectif (LOPEZ J., etc.) – Je propose qu’on travaille pas assez (Maspero 1979). Collectif (KEMPF F., etc.) – Maintenant la pédagogie institutionnelle (Hachette 1979). PAIN J. – Pédagogie institutionnelle et formation (GIFIE 1982). OURY

REVUES

Divers (OURY J. et F., VASQUEZ A., MANNONI M…) – Divers articles (recherches n° 3, 4/5, 1966). MICHAUD G. – Analyse institutionnelle et pédagogie (Recherches, n° spécial, sept. 69). FABRE M., VASQUEZ A. – Marguerite ou le jardinier d’amour (Éducation et Développement n° 76, mars 1972). Groupe de travail, Éducation, Formation – Bruno, un cas parmi d’autres (Éducation et Développement n° 83, février 73). G.E.T. Nantes – Contre l’école-caserne, la pédagogie institutionnelle (Cahiers pédagogiques, n° 140, 1976). G.E.T. – Expériences de travail en groupe (Éducation et Développement, n° 112, octobre 1976). C.E.P.I. – Résister et vivre (Cahiers pédagogiques, n° 185, 1980). LAFFITTE R. – Histoire d’un sevrage (B.T.R. L’Éducateur, n° 39, 1980). Ajoutons enfin que depuis décembre 1979 le module « Genèse de la classe coopérative » publie de nombreux articles dans l’Éducateur et que, depuis plusieurs années, des individus des G.E.T. et du C.E.P.I. signent des textes dans les « Cahiers pédagogiques ». J. R.


PI ctionnaire

(suite)

Complément au « PIctionnaire » de 1983 Il a été conçu en 1994 par le groupe de travail « Les Marleines », Dominique Bois, Danielle Emo, Edith Evelyne, Nadine Jusseaume-Cheron, Marie-France Mensa-Schréque, Jacques Pain, Bruno Robbes ( cf « De la formation des maîtres à la pédagogie institutionnelle », Matrice, 1994) Commentaire du PIctionnaire : Dominique Bois.

Déplacement Donner du sens par un mouvement interne ou externe à la personne, en lui permettant d’aller ailleurs, dans la documentation, à des conférences, d’enquêter… J’ai peur de véhiculer quelque chose de trop scolaire avec la correspondance, mais je retiens l’idée des échanges avec d’autres organismes de formation et une certaine idée de l’individualisation des apprentissages.

Désir … « La perte de l’illusion du « tout est possible » au profit d’un « je veux et je peux » ancré dans la réalité opérationnelle ». Je dirais que le désir de se former est à soigner, parce qu’il est parfois si fuyant que les animateurs véhiculent une inertie qui pourrait engloutir les formateurs. Fernand Oury dit : « les techniques Freinet sont des machines à fomenter du désir ». C’est dans les institutions de la P.I. qu’il faut chercher la solution.

Écoute Si c’est un des savoir-être dominant des animateurs, il en est de même pour les formateurs.

Écriture La technique des monographies peut avoir sa place avec les animateurs, tout comme elle l’a eu avec moi, comme moyen de mettre à distance une formation que j’étais trop seule à porter. Cela dit, les animateurs ont à se familiariser avec des pratiques d’écriture, à les apprivoiser afin de s’en faire des partenaires et non des obligataires.

Établissement Une affaire de locaux… Pourvu que la formation continue à se faire, ici ou ailleurs !

Équipe Donnons lui une existence, elle est si souvent comme « l’arlésienne » : celle dont on parle tout le temps et que personne ne voit jamais. L’animateur est mandaté par une équipe pour effectuer un certain nombre de missions, il partage un sens commun avec d’autres, il court après les mêmes objectifs et met sa force au service de tous. Peut-on faire une équipe d’un groupe en formation ?

Fascination (séduction) Je sais que c’est une stratégie que je mets en place quand je ne me trouve pas à la hauteur de la mission qui m’incombe. Je situe alors la relation dans un cadre duel et empêche l’autre d’exercer son esprit critique. C’est assez incompatible avec les intentions de la P.I. auxquelles je souscris… !

Fantasme Est-ce que la mise en place d’une organisation P.I. n’en est pas un ?

Formation … « Une formation ne s’achève jamais ». Personnellement, mon cursus universitaire me donne la possibilité de satisfaire cette pratique de distanciation. Que vais-je mettre en place pour inciter les animateurs à rester, voire à entrer dans cette démarche ?


Garant Du déroulement de la formation, de l’intégrité morale et physique des stagiaires, de la satisfaction des commandes du cahier des charges, des institutions que je rêve de mettre en place…

Groupe Pour moi, c’est une somme d’individus qui partagent quelque chose en commun, alors que l’équipe est fondée sur le principe de l’objectif commun à atteindre. Le « faire ensemble », dans des actions investies de sens, véhiculées par une pédagogie active, paraît être un moyen de construction de dynamique collective.

Inconscient Celui qui agit au détriment de tous… Mieux l’analyser pour le maîtriser, tout au moins pour prendre de la distance, comprendre les phénomènes de résistance, les demandes de formation qui signifient plus une demande de reconnaissance qu’une réelle demande formation… Inscription Inscription dans un parcours de formation, mettre son nom sur son parcours, inscrire ses actions dans du sens… Marquer sa place, prendre sa place dans le secteur professionnel de l’animation… Institutions Des instances mises en place par le formateur, avec le groupe et pour le groupe, porteuses de sens, de structuration individuelles et collectives, que l’on questionne, modifie et auxquelles on se réfère. Elles sont pour moi fondement de médiation entre le formateur et les stagiaires, entre les stagiaires, entre formateur, savoir et stagiaires. Faisons en sorte que celles que nous mettrons en lace ne soient pas elles aussi malades. Interdit On peut aussi dire : « INTER-DIT ». Les mots placés entre les personnes, dans un contexte donné. L’interdit renvoie à la loi, au degré zéro, aux règles, il s’assortit de sanctions (dans une perspective de signifier la transgression et de la réparer de façon constructive). Lieu, Limite, Loi Inscrire une action dans un espace, du temps, poser les possibles, les négociables, les non possibles et les non négociables : savoir dans quel cadre on évolue, c’est permettre un état de liberté. Machine, machiner Pouvons-nous considérer une formation inspirée des techniques P.I. comme une machine ? Quelle force de distanciation y trouverions-nous ! Médiation C’est notre dominante optionnelle. Nous parlons au quotidien de médiation locale, de re-tisser du lien social dans les quartiers, de dépasser les sources de conflit et de non connaissance… L’animateur devient cette instance tierce qui va permettre l’instauration, par une action d’animation, d’un contact, d’une relation. Quelle déception quand des conflits ne sont pas dépassés dans la formation, quand ils ne se disent et ne se régulent pas ! Mettons en place un « OBJET MÉDIATEUR » pour que les personnes se parlent « à propos de… » des objets et activités en commun, des institutions, le groupe. Monographie « Résultat écrit d’un travail à propos d’un élève, d’une classe, d’une situation… ». À défaut d’inviter les composants du groupe à réagir en référence aux pratiques de la P.I., ce peut être un parfait moyen de questionner le sens posé dans des actions par une structure d’animation, au regard de ses choix éducatifs et pédagogiques. Nom Chacun a une place de sujet, ce qui donne d’autant plus d’importance à des espaces de parole, afin que les personnes parlent en


leur nom. Nuire Ou plutôt comment ne pas nuire ? Comment ne pas reproduire les fonctionnements que l’on conteste ? C’est un appel à la supervision de pratiques de formation, c’est se donner le droit d’interrompre les parcours de formation de certains, pour eux et pour les autres, tant des actions de formation peuvent être déstabilisantes et déstructurantes. Objectifs Les stagiaires auront à travailler à leurs propres objectifs pédagogiques sur le terrain professionnel. Ils y associeront la pratique de l’évaluation. Ils se donneront des repères, en référence à un sens et chercheront à garantir celui-ci. L’équipe de formateurs doit aussi inscrire ses actions de formation dans des objectifs afin de savoir où elle va. Outils « Un outil n’est pas neutre, il induit certains effets ». De même que des outils existants se doivent d’être adaptés à des situations données : on ne fait pas la même chose avec des enfants scolarisés et des adultes en formation. Les outils servent un état d’esprit. Parole Comment entendre la parole vraie ? Passage « Passer d’un statut à un autre », quels passages auront à accomplir les stagiaires ? De sans formation à animateur professionnel, d’animateur volontaire à animateur professionnel, de chômeur à personne en formation, de comptable à animateur, de dépendant à autonome… Place Partir du « Je ». Mettre l’apprenant au centre des préoccupations de la formation. Les « petits papiers » auront cette fonction-là. Politique « Le passage du pouvoir aux pouvoirs ». Quel est le circuit du pouvoir ? Pouvoir de compétence, pouvoir statutaire, pouvoir de contraindre, toutes les composantes de la formation ont à se situer au milieu de choix de gestion de la cité, formulés par d’autres. Pouvoir « Le pouvoir ne parle pas, il agit »… « Le pouvoir de faire et le moyen de ne pas se laisser déposséder de son travail… Accéder à mon pouvoir, c’est aussi vaincre mon impuissance ». Qu’il serait facile de ne penser qu’à soi et de contraindre le groupe !! Permettre à l’autre d’exercer son pouvoir et de s’approprier sa formation, c’est aussi accepter d’entendre des remises en question et partager son propre pouvoir. Dans quelles intentions politiques sommes-nous ? Production Professionnellement parlant, les stagiaires auront à produire des actions d’animation, des outils, des écrits… Cette chose apparente permet une mise à distance de soi, elle peut être soumise à un contrat, elle peut être vue, discutée et médiatiser des relations. Quoi qu’il en soit, la production, en tant que choix de formation est un moyen de travailler autour des questionnements, des demandes et attentes de formation, ainsi que de les entretenir. Proposition, décision Proposer et décider, voici deux actions distinctes l’une de l’autre. Collectivement, il semble difficile de faire l’impasse sur des démarches de vote. Son on fait le choix de partir de l’apprenant, il est nécessaire que chacun s’y retrouve sans que le « totalitarisme » possible d’un formateur soit remplacé par celui d’un ou plusieurs stagiaires. Recours Il s’agit ici de toute la différence entre rigueur et rigidité : parler avant de sanctionner, permettre l’erreur, ne pas voir que des fautes, laisser sa chance, instaurer la parole comme convoyeuse de sens. Il serait si facile de contaminer aussi les institutions que l’on voudrait mettre en place avec les meilleures intentions du monde !


Responsabilité Jusqu’où suis-je capable de conduire des pratiques P.I. ? Statut, fonction, rôle Qui sommes-nous, d’où parlons-nous, qu’avons-nous à faire ? Stagiaires et formateurs ont à évoluer dans différents lieux et à se re-positionner lors de chacun des changements. Parfois, tout se passe dans le même lieu, alors bouc émissaire, c’est un rôle, un statut ou une fonction ? Transfert Comme l’inconscient, il est à prendre en compte. Transmission Transmission de savoirs, de savoir-faire… Voici l’essentiel de ma préoccupation : enquêtes, mise en place d’un réseau d’échanges de savoirs pourraient être des moyens à ne pas négliger. Trépied Loin du schéma désignant les ingrédients de la P.I., je pense simplement que trois évite la relation duelle. Vide Comment laisser un espace temps pour que tout se mette en place ? Violence Si des états de violence sont effectivement propres à la personne, il faut considérer que d’autres sont consécutives à des dysfonctionnements institutionnels. On n’est pas obligé de porter des coups pour que la violence existe : la négation de la personne en est une première forme. Ainsi, à mon sens, l’instauration de règles, de temps de parole et de lois est une garantie – si tant est que l’on puisse gérer ce que l’on met en place – de modération.


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