Larguons les amarres, pour un Dolus solidaire - PoCa Post-Carbone - Eav&t

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L’adaptation comme paysage

De nombreux facteurs s’assemblent pour indiquer que le réchauffement climatique menace à moyen terme l’ostréiculture*. Par ailleurs, les ostréiculteurs voient depuis peu se développer une activité culturelle dans les marais, avec laquelle la plupart n’ont que peu d’emprise. La stratégie présentée ci-après s’attache à démontrer les intérêts paysagers, sociaux, culturels et économiques d’une diversification des activités économiques, en renfort de l’ostréiculture. Il s’agit ainsi de construire, avec les ostréiculteurs, le renouvellement de leur pratique des marais oléronais. Les marais, une histoire rocambolesque Situé entre les terres hautes et fertiles et la mer intérieure des pertuis charentais, le paysage des marais ostréicoles du littoral nord-est de Dolus d’Oléron présente des contours découpés, enchevêtrés, superposés plus ou moins nettement, créant une dentelle de bassins saumâtres et de terre pelliculaires. Cette unité paysagère est issue d’une longue histoire, fruit de maintes adaptations de ses utilisateurs. Bien qu’il existe des traces d’utilisation des marais dès l’Antiquité, les vasières originelles connaissent une première transformation d’envergure au Moyen-Âge, lorsque les communautés religieuses récemment installées les façonnent pour en faire des marais salants. La saliculture nécessite en effet « l’aménagement d’un réseau hydraulique hiérarchisé et précis1», avec ses chenaux*, varaignes*, ruissons* et bassins. Les marais de Dolus sont ainsi aménagés au XIVe siècle. Avec les guerres, la dépendance aux propriétaires et les salaires au rabais, la vie des sauniers se durcit. Pour faire face à l’instabilité de la période, ils diversifient leurs activités une première fois en « s’ouvrant vers la mer avec la pêche au filet et aux coquillages2. » Quelques marais deviennent marais gâts* et d’autres, endigués, deviennent tannes* pour servir de terres d’agriculture et de pâturage pour le bétail. Au XIXe siècle, l’activité salicole d’Oléron connaît une nouvelle crise avec l’arrivée du chemin de fer en France, qui offre une supériorité écrasante aux territoires salicoles qui y ont accès. Les sauniers se reconvertissent une nouvelle fois, pour se tourner vers l’ostréiculture. Les salines retravaillées deviennent des 1.2. Marais [In]submersibles ?, Communauté de communes de l’île d’Oléron, 2016, p.7 3. NADEAU Charles, l’Histoire des huîtres Marennes-0léron, www.oleron.fr, 2015

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