Une seule terre N°9 - Avril 2013

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A découvrir

Portrait PARTAGE ET RéFLEXION

A Caux, l’être humain au cœur de la sécurité

Préserver le paradis sur terre La Balinaise Bernadeta Sutrisnowati est la première « formatrice climat » de Pain pour le prochain issue d’un pays du Sud. Car le changement climatique se fait sentir même dans ce petit coin de paradis touristique, comme dans toute l’Asie.

«

Les conséquences du changement climatique se font déjà sentir partout, y compris dans mon pays. En Indonésie et dans toute l’Asie, nous sommes dans une situation très vulnérable : les catastrophes naturelles ont toujours existé, mais cela est en train d’empirer », nous lance, de Bali, Bernadeta Sutrisnowati. « Wati », pour les intimes, sait de quoi elle parle : la trentenaire, qui a grandi dans un petit village de cette île bénie des dieux, a vu de ses propres yeux les conséquences du changement climatique sur la vie des paysans. Travaillant pour l’EPER sur la réduction des catastrophes naturelles, la perspective à long terme – le changement climatique – lui était plutôt méconnue… Jusqu’à ce jour de 2011 où, à l’occasion d’un atelier organisé à Kalimantan, en Indonésie, Pain pour le prochain lui propose de devenir facilitatrice d’ateliers sur le climat. Et Wati se lance : d’abord au Kenya, ensuite aux Philippines, à Palavan. Elle nous explique que les ateliers servent à aider les organisations partenaires à adapter leurs projets au changement climatique. Pour cela, les hommes et les femmes sont séparés et effectuent des analyses distinctes. « Nous voulons connaître leurs points de vue respectifs, souligne-t-elle. Dans mon pays, les femmes ne peuvent pas parler librement en présence des hommes, ou alors elles se sentent intimidées – des barrières qui existent aussi aux Philippines et au Kenya. J’ai été très surprise par la grande différence de réponses entre les deux groupes et par les conflits qui peuvent parfois surgir. Mais à la fin, ils arrivent toujours à se mettre d’accord. » A Kalimantan, par exemple, il est apparu que les hommes craignent plutôt les ouragans et les éboulements et les femmes les inondations qui suivent les fortes pluies. La raison en est simple : les

premiers gagnent leur vie en construisant des briques sur les talus ; les secondes en cultivant les champs en plaine. Mais les deux redoutent les tremblements de terre et admettent que les pluies et les saisons sèches sont devenues beaucoup plus imprévisibles. Au bout du compte, les participants et participantes peuvent préconiser de travailler plus étroitement avec des universités pour développer des semences moins gourmandes en eau, par exemple. Wati est enthousiaste : « Je veux partager mon expérience et aider les gens à mieux se préparer au changement climatique ! » Certes, Pain pour le prochain est une organisation chrétienne, mais elle travaille avec toutes les personnes affectées par cette réalité. Comme elle agit au plus près des communautés et qu’elle dispose d’un réseau très étendu, elle peut vraiment changer les choses. Les projets sont destinés à essaimer. En Asie, un atelier de suivi va avoir lieu aux Philippines à la fin de l’année. Wati va le préparer et l’animer avec Marion Künzler, responsable du programme climat chez Pain pour le prochain. Ensuite, elle va appuyer les partenaires locaux dans leurs activités ultérieures. Vu le succès de l’expérience avec Wati, Pain pour le prochain est en contact avec des formateurs au Kenya et en recherche d’autres en Amérique latine.

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Dans le cadre enchanteur d’un ancien palace au-dessus de Montreux, les rencontres de Caux réunissent chaque année des personnes désireuses de partager une expérience communautaire autour de thèmes d’actualité, inspirés par la spiritualité. Du 29 juin au 12 août, les initiatives de Caux sur la sécurité humaine prévoient un cycle de sept conférences, d’une semaine chacune, sur des thèmes complémentaires : la gouvernance équitable pour lutter contre la corruption ; le dépassement du racisme pour guérir les mémoires ; la préservation de la terre pour assurer la sécurité ; la justice économique pour humaniser l’économie ; la participation des enfants pour assurer la paix ; la multiculturalité pour apprendre à vivre ensemble ; les ressorts intérieurs pour construire un monde meilleur. IA

TECHNOLOGIES POUR LE DéVELOPPEMENT Le nouveau site Terrespoir facilite vos achats de fruits du Cameroun Terrespoir, fondation de commerce équitable créée par Pain pour le prochain et DMéchange et mission, met son site au goût du jour : nouveau graphisme, navigation adéquate, boutique en ligne où l’on peut créer son compte et passer ses commandes, rubrique actualités pour suivre Christophe Reymond, le responsable, dans ses déplacements dans toute la Suisse… C’est lui qui entretient les contacts avec les 140 producteurs camerounais à qui il achète entre 10% et 30% de la production, certifiée bio et Max Havelaar. En Suisse, une association de soutien les aide à racheter des pièces de rechange ou à obtenir des microcrédits pour construire une nouvelle unité de séchage de fruits ou lancer une plantation d’avocatiers, par exemple. IA www.terrespoir.com

FIFF Three Sisters, du chinois Wang Bing, remporte le prix œcuménique du Festival international du film de Fribourg Dans la province du Yunnan, en Chine, trois sœurs vivent dans des conditions d’extrême pauvreté. La mère a disparu et le père travaille en ville. Le film montre avec pudeur les conséquences de la mondialisation sur les plus faibles, entre la précarité du quotidien et l’amour qui unit ces trois sœurs. Il induit une réflexion sur nos propres choix de consommation et notre responsabilité. Pain pour le prochain et Action de Carême décernent le prix œcuménique, doté de Fr. 5’000. AJN


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