Échappées | Or Norme #35

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LE JARDIN D’APPOLONIA L’horizon “ poétique et pragmatique ”

« Nous on ne veut pas l’art pour l’art, on veut l’art pour la société ». Dimitri Konstantinidis ne cède rien de l’ADN d’«Apollonia-échanges artistiques européens», la structure qu’il dirige depuis 1998. L’homme est aussi souriant qu’obstiné. Avec plus de 60 missions de prospection en Europe, en Asie centrale et au Moyen-Orient, 250 expositions et manifestations artistiques sans compter le soutien à plus de 1 300 créateurs et quelques dizaines de publications, Apollonia aurait pu se reposer sur ses lauriers ou se contenter d’une vitesse de croisière d’ores et déjà bien soutenue. Il n’en est rien puisque se profile un «Jardin d’Apollonia» qui se veut «artistique et participatif».

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OR NORME N°35 Échappées

OR CADRE

Texte : Véronique Leblanc

Photos : Alban Hefti

LE TRÈS CONVOITÉ TERRAIN 106 L’amorce en existe déjà au 23 rue Boecklin où l’association s’est installée à l’été 2015. Entre arbres et plantes, des œuvres s’installent et chacun peut venir y mettre la main à la pâte comme en témoignent Rebecca et Linus âgés de 10 ans qui y passent chaque vendredi après l’école avant de rentrer chez eux dans le quartier de l’Orangerie. Nouvel espace d’exposition adjacent aux locaux d’origine, ce jardin a vocation à s’étendre sur le très convoité «terrain 106» propriété de la Ville. Apollonia y a cru, puis s’est inquiétée avant d’être rassurée lorsqu’en pleine conférence de presse, le 16 mai dernier, Alain Fontanel, adjoint au maire en charge de la culture, s’est invité pour annoncer que l’extension de l’Ecole européenne en concurrence avec le Jardin d’Apollonia était désormais envisagée ailleurs. Tout semblait en bonne voie. Dimitri veut toujours y croire mais… attend encore la promesse de vente qui doit intervenir avant la fin de l’année. EXPOSITIONS, HÔTEL ET ATELIERS SOCIAUX D’ARTISTES «L’effet positif de cette attente, précise-t-il, est que plus elle se prolonge, plus notre financeur

KS Groupe mesure l’importance du projet ! Il ne nous lâche pas et c’est essentiel puisque le Jardin d’Apollonia ne bénéficiera d’aucun fond public. » Ce projet est ambitieux, qu’on en juge : 800 m2 d’espace d’exposition d’art contemporain dans une ville qui n’en regorge pas, un petit hôtel de quatre étages - avec jardin, restaurant et espace de coworking – ainsi qu’une quinzaine d’ateliers sociaux d’artistes, «une première» souligne Dimitri, «il n’en existe nulle part alors que beaucoup d’artistes travaillent dans la précarité». BANNIR LE «HORS DE MA VUE» Autre point auquel lui-même et Richard Sauer, PDG de KS Groupe, tiennent beaucoup, l’intégration de personnes autistes au projet avec plusieurs appartements aménagés pour artistes semi-dépendants. «Comme un point de départ de quelque chose qui permette de modifier l’espace collectif pour soigner des blessures collectives, un pas vers une société multiple où le «hors de ma vue» n’aurait plus cours. »

‘‘ Un pas vers une société multiple où le «hors de ma vue» n’aurait plus cours. ”


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