Or Norme N°11 - Art & Culture

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LES CLASSIQUES Comme toutes les villes de l’est (à l’instar de Strasbourg), Vienne donne sa pleine mesure en hiver, quand le froid sec et le soleil (ou, au contraire la neige) parent la ville d’une atmosphère glacée qui fait tout son charme. A Vienne, l’art occupe toute sa place et la capitale autrichienne est réputée, parmi les métropoles mondiales, pour toujours offrir un allèchant programme d’expositions (des plus prestigieuses au plus inattendues), doublé de révélations surprenantes, le tout dans une ambiance « no stress » qui repose les méninges. Alors, pourquoi ne pas résolument décider de fuir pour quelques jours ces fêtes de fin d’année quelquefois si fatigantes pour prendre une bouffée d’art bienvenue ? Vienne n’est qu’à 1h30 d’avion de la France. Suivez-donc nos traces…

LE BELVÉDÈRE Vienne sans « Le Baiser » de Gustav Klimt (et les autres œuvres majeures des sécessionnistes du début du siècle dernier), ce serait comme Paris sans la tour Eiffel… Votre première visite sera donc sans doute pour le Musée du Belvédère, perché sur sa petite colline, à trois stations de tram de l’Opéra national autrichien. N’hésitez pas à profiter des gigantesques jardins. La montée est en pente douce et la majesté du lieu donnera à plein. Un conseil : venez dès l’ouverture à 10 h, un peu avant même : on arrive ici du monde entier pour admirer une œuvre majeure : « Le Baiser » du génialissime Gustav Klimt. Donc, en pleine journée, on n’est pas tout seul… Si ce tableau, à l’évidence un des plus prestigieux du monde de l’art, magnétise les visiteurs, on aurait tort de l’admirer directement. Ce serait zapper ce qui est la véritable substance du mouvement de la « Sécession », enclenché durant les ultimes années du XIXème siècle par une poignée d’artistes, las de devoir enchaîner les peintures les plus académiques, et surtout avides d’exprimer tout le potentiel qu’ils sentaient en eux. « À chaque époque son art, à l’art sa liberté » ont-ils proclamé fièrement. D’ailleurs, on retrouve ce manifeste au fronton même de la maison de la Sécession, au centre-ville (voir page 57). Et leur chère liberté, les sécessionnistes l’ont exprimé à plein, sans grand respect des convenances du XXème siècle naissant, protégés par l’aura de Klimt qui avait su gagner à la cause l’essentiel de la « bonne société » viennoise de l’époque. Malin comme un singe, le vieux Gustav a su magnifier les femmes des puissants industriels et banquiers de la capitale impériale, en les peignant dans des robes

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Le Baiser - Klimt

somptueuses. Ses commanditaires ont-ils alors remarqué les poses et les regards plein de désir de leurs compagnes ? L’histoire ne le dit pas mais il y a fort à parier que Klimt, réputé charmeur en diable, n’aura pas fait que peindre ses modèles… Une marque d’audace parmi tant d’autres, la véritable marque de fabrique du mouvement de la Sécession qui sonna l’envol de l’art moderne partout en Europe et qui reste aujourd’hui une époque majeure de l’histoire de l’art qui ouvrit la voie aux arts déco, à l’abstrait, au cubisme… Quand la cloche de la liberté résonne, on l’entend de loin. Le Belvédère recèle une quantité astronomique de chefs-d’œuvre non seulement de Klimt et Schiele mis aussi de Kokoschka, Gerstl.. et tant d’autres. En outre, leurs œuvres (à l’exception du « Baiser ») circulent en permanence dans les expos du monde entier. C’est ainsi qu’on peut revenir plusieurs fois dans ce lieu tout en restant en permanence surpris. Ce fut notre cas quand nous avons découvert Familie, un tableau tout à fait méconnu de Klimt,


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