VIGNERON
PIERRE WACH
Le défenseur du Grand Cru Kastelberg
Nicolas Roses
Sur les tables du monde, les Grands Crus d’Alsace s’expriment avec caractère. Le terroir fait alors écho sur les lèvres des amoureux du vin en quête de bien boire. Dans la cave du Domaine Wach s’affine le millésime Kastelberg 2018, sous le regard de Pierre Wach. Ce jeune vigneron est fier et soucieux de son terrain de jeu de huit hectares. Parfois oppressé par l’engouement pour le mouvement biologique, il lutte pour une approche pédagogique et authentique.
Jessica Ouellet
Loin d’un monde truffé de paillettes, les vins portant la certification biologique — voire biodynamique — contiennent aussi des intrants. Biologiques, évidemment. Depuis deux ans, Pierre fait des choix qui le rapprochent de la fameuse mention. Or, les machines agricoles actuelles et le manque de logique constatée sur certaines actions dans les vignes refroidissent son envie de franchir le cap. Obstiné à trouver des solutions qui empêcheraient l’affaiblissement de ses sols, entre autres, il multiplie les recherches. Il reste positif et patient quant aux technologies à venir. Selon lui, l’avenir d’une culture efficace passe par l’inventivité, plus longue à instaurer qu’un retour aux anciennes pratiques, tel le labourage par les chevaux.
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OR NORME — HORS SÉRIE ÉPICURIENS
Texte :
Photo :
Parmi les blancs d’Alsace d’exception, certains brillent par leur singularité. C’est le cas du Kastelberg, l’unique Grand Cru sur sol de schiste qui a trouvé avec Pierre Wach un jeune défenseur idéal…
UN ATTACHEMENT AU TERROIR QUASI PATERNEL
Domaine Wach 5 rue de la Commanderie Andlau Tél. 03 88 08 93 20
Les bouteilles vinifiées par Pierre révèlent ses compétences et sa curiosité envers les cépages. En témoigne un pinot noir nature démontrant un dangereux indice de buvabilité. Au delà du défi personnel, ce rouge exprime l’idée qu’un vigneron
fait rarement partie d’une case. Le nom de la cuvée (Spleen) raconte aussi une certaine mélancolie par rapport à la critique facile et au manque de confiance envers les artisans de la terre. Les vingt-sept printemps de Pierre auprès de son lopin de terre ont développé un attachement quasi paternel. Ce terroir phare de l’entreprise familiale, il en parle avec une passion qui donne envie de se servir un verre. Il rigole toutefois en avouant son incapacité à faire vivre un basilic dans son appartement. La dégustation de différents millésimes du
“ L’avenir d’une culture efficace passe par l’inventivité. ”
Kastelberg permet de saisir la complexité du schiste. La taille modeste et l’escarpement sont tout autant de contraintes pour la petite poignée de vignerons qui s’y acharnent. Sur cette roche noire et très dure, le cépage riesling s’inscrit comme une évidence. En résultent des blancs puissants et iodés, où dansent des notes de citron et de roche. Aux prémices de l’hiver, le vent froid endort les vignes qui entourent le village d’Andlau. Des clients de longue date débarquent au caveau en prévision des repas de fin d’année. Ils sont heureux de saluer le vigneron qu’ils ont vu grandir au rythme des bouteilles dégustées. Avec patience, Pierre parle des aléas climatiques et de ses vins, qu’il connait comme ses enfants. En levant le coude, le Kastelberg s’impose au palais avec une rare précision. Un exercice d’attente permettra de satisfaire de grands moments de dégustations.