La Science du Bio au Canada- Numéro 2

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R E P OR TAGE

Sélection en fonction de la qualité des paillis : une activité transformatrice DR . A NDR E W H A MMER MEIS T ER D I R E C T E U R D U C E N T R E D ’A G R I C U LT U R E B I O L O G I Q U E D U C A N A D A , U N I V E R S I T É D A L H O U S I E

Rouleau-crêpeur sur des parcelles de recherche pour le paillage des céréales d’hiver à AAC Lethbridge (Photo credit: Agriculture et Agroalimentaire Canada)

Par le professeur Andrew Hammermeis- tures de couverture adaptés à l’utilisation ter, directeur du Centre d’agriculture bi- du rouleau à lames ou « rouleau-crêpeur ». ologique du Canada, Université Dalhousie « Partant de l’exemple du seigle et du Les sélectionneurs de plantes cultivées triticale, nous devions changer notre façon d’Agriculture et Agroalimentaire Cana- de concevoir le développement de cultivars da (AAC) ont opéré un changement radical pour passer des plantes à haut rendement en matière d’objectifs de sélection pour le en grains à des cultures de couverture qui seigle d’automne et le triticale d’hiver. Le fleurissent tôt, concurrencent efficacemot d’ordre n’est plus au rendement : le ment les mauvaises herbes et produisent programme de sélection cherche des car- beaucoup de biomasse afin de répondre actéristiques de cultures de couverture qui aux besoins des systèmes de production aident à contenir les mauvaises herbes et biologiques », explique le professeur Larsréduire le travail du sol dans le contexte en. d’un système de production végétale durable. TROP DE TRAVAIL DU SOL EN Cette importante activité de recherche pourrait avoir un effet transformateur sur les façons de faire en agriculture biologique, comme cela a été le cas en agriculture conventionnelle, quand les plantes cultivées résistantes aux herbicides sont apparues. Avec l’aide de partenaires de l’industrie, les professeurs Raja Ragaputhy (AAC à Lethbridge) et Jamie Larsen (AAC à Harrow) et le technicien Jordan Harvie ont mis sur pied un programme de recherche au sein de la Grappe scientifique biologique III (GSB3) visant à développer des cultivars de cul-

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AGRICULTURE BIOLOGIQUE?

L’agriculture biologique est critiquée depuis longtemps pour son recours fréquent au travail du sol afin de désherber, implanter des cultures de couverture, incorporer des amendements et préparer des lits de semences. Aussi, bien que la GSB3 évalue les effets du travail du sol sur les systèmes de production végétale biologiques, elle soutient également un projet qui place les programmes de sélection conventionnels dans une situation de contre-emploi.

L A S C IE N C E D U B I O A U C A N A D A , NUMÉ R O 2 , P R IN T E MP S 2 0 2 0

Le travail intensif et fréquent du sol peut entraîner des pertes de matière organique du sol, altérer sa structure, le fragiliser face à l’érosion et dégrader globalement sa qualité et sa santé. L’impact du travail du sol dépend grandement de la profondeur et de la fréquence d’intervention et du degré de perturbation. Les techniques varient aussi énormément d’une exploitation biologique à l’autre. Par exemple, les charrues et les disques lourds peuvent renverser le sol jusqu’à 20 cm de profondeur, voire davantage, alors que les houes rotatives ne perturbent que la surface du sol pour désherber, laissant sur place résidus et culture commerciale (le cas échéant). Les effets néfastes du travail du sol peuvent être atténués par l’usage de cultures de couverture, de rotations et de techniques de formation de sol telle la culture de plantes fourragères vivaces. Les professeurs Caroline Halde (Université Laval) et Derek Lynch (Université Dalhousie) étudient l’impact net du travail du sol sur la santé des sols dans les cultures de fermes québécoises. Leur projet de recherche est une activité de la GSB3.


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