Le capital-investissement contribue-t-il au développement de l'Afrique ?

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24 Private equity et PME : un instrument de croissance

et aux PME en particulier. Certaines coopérations bilatérales pourraient assumer de subventionner les instruments aux dimensions les plus sociales. Les particuliers représentent également des contributeurs potentiels significatifs. Ils pourraient être davantage encouragés, en France, par l’extension des mesures fiscales concernant l’impôt sur le revenu et l’impôt de solidarité sur la fortune dont bénéficient les régimes des FPI et FCPI – et par des mesures équivalentes dans d’autres pays. Le rendement de ces régimes fiscaux en termes de développement pourrait être très supérieur à celui de l’aide au développement classique financée par l’impôt. Certes, en France, les niches fiscales ne sont pas bien vues, mais ces investisseurs pourraient être encouragés de manière complémentaire ou alternative par la couverture “Le développement du risque de leurs investissed’équipes africaines, ments au moyen de mécanisme centrées sur les petites du type d’ARIZ5 ou par la mise entreprises, est un en place de dispositifs permetobjectif en soi. ” tant de couvrir les premières pertes. Que ces mécanismes comportent une part de subvention indirecte ne doit pas effrayer, si les objectifs comme les réalisations de ces fonds correspondent bien à l’intérêt général, et si les rendements obtenus par les investisseurs se situent manifestement au-dessous des attentes de marché : nous sommes là dans un cas de cofinancement de politique publique. Les mêmes raisonnements peuvent s’appliquer à la dernière catégorie d’investisseurs potentiels : les entreprises industrielles et financières engagées dans une démarche de responsabilité sociale et environnementale passant par la mise en place de fonds d’investissement à vocation d’impact. La seconde catégorie de moyens à déployer rapidement relève de l’assistance technique. Les très petites et petites entreprises n'ont eu accès à cet instrument que très récemment. Les fonds de capitalinvestissement peuvent utiliser cet instrument au profit des entreprises dans lesquelles ils investissent. Plus l’intervention est large, plus l’efficacité est réelle : à côté d’expertises techniques ponctuelles, il est aussi possible de financer des postes de management, d’assurer des formations et de permettre la conduite d’évaluations. Ce dernier point est très important : la capitalisation et le retour d’expériences sont fondamentaux pour faire progresser un secteur qui chemine à tâtons et invente une nouvelle voie en matière de politique de développement. Par ailleurs, il est imporLe capitalinvestissement contribue-t-il au développement de l'Afrique ?

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tant de faire progresser les équipes de gestion de fonds elles-mêmes : souvent jeunes et confrontées à des défis professionnels importants, elles doivent pratiquement toutes se renforcer, tout particulièrement en ce qui concerne la qualité de gestion environnementale et sociale. Le développement d’équipes africaines, centrées sur les petites entreprises, est un objectif en soi. Il implique de s’investir dans la promotion de ce métier, d’oser soutenir des équipes naissantes et peu expérimentées. Il faut assumer de possibles pertes, d’autant plus facilement que les montants seront limités, et soutenir la formation dans les universités et institutions de formation supérieures. Sensibilité accrue à l’environnement Le soutien aux PME africaines, il faut le répéter, ne passe pas seulement par la promotion du capital-investissement adaptée au contexte. L’environnement juridique et fiscal des affaires, la qualité comme le coût des infrastructures et des services essentiels, la disponibilité de capital humain, l’ouverture et le cadre commercial international, la performance des services publics, etc., sont des facteurs d’essor ou au contraire de limitation du dynamisme des PME. Néanmoins, le développement de l’impact investment ,– l’apport d’instruments financiers ayant des objectifs sociétaux complétant la recherche de rendements financiers – jouera un rôle crucial dans la grande bataille pour l’équilibre de la croissance africaine qui se joue depuis une dizaine d’années, succédant à la longue et déprimante période d’ajustement structurel. Pour que cette époque demeure définitivement derrière nous, il faut que suffisamment d’énergie et de moyens soient consacrés à cet objectif, notamment par les organisations publiques ou les institutions de développement privées.

5 ARIZ est un dispositif de garanties de l’Agence Française de Développement destiné à faciliter l’accès au financement des petites et moyennes entreprises privées et des institutions de microfinance.

R ep è re s Investisseur et Partenaire pour le Développement (I&P) est une société de financement privée créée en 2002. Elle accompagne, sur le plan financier et managérial, des institutions de microfinance et des entreprises de taille moyenne en Afrique – celles qui n’ont pas accès aux financements bancaires et pour qui les microcrédits ne sont pas suffisants. Ses interventions prennent la forme de participation au capital et éventuellement, de prêts.


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