Ôshima Nagisa : le film Natsu no imôto et le problème de l'identité d'Okinawa.

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nouveau héros, encore une fois, il ne l’a pas impliqué dans la réalité. Bref, il s’est dérobé. La réalité est lâche et complexe. Masamura et Nakahira ne se plongent que dans des choses fringantes et comme ils ne se plongent pas dans cette réalité, alors on peut considérer que c’est un échec. Je l’avais pensé comme ça et cela a fini par se réaliser ». Si l’image d’un personnage qui vit le « sentiment de liberté » indiqué par Ôshima est quelque chose de partagé par ces trois générations « d’aprèsguerre » dans le cinéma japonais, ce n’est pas le propre du cinéma de Ôshima, mais plutôt celui du cinéma de Masumuro et Nakahira. Au contraire, Ôshima considère que ce « nouveau héros » n’existe pas dans la « réalité », ou bien, pour le dire de façon plus rigoureuse, ne vit pas dans la « réalité » de l’époque de « l’après-guerre ». « Les imbéciles pensaient simplement que Staline était un père ». Ces paroles d’Ôshima concernent principalement le « notre génération » comme cela est clairement montré dans Nihon no yoru to kiri ou Seishin zankoku monogatari. Mais le retour du père sous la forme de « Staline » ou d’un équivalent existe dans les générations suivantes, celles de la Zengakuren ou du Zenkyôto. Mais il faut nous préciser que cela ne veut pas dire qu’il y ait une distinction claire entre des personnes « imbéciles » ou « non » pour les générations « d’après-guerre ». Le « retour du père » dans une « société sans père » n’a pas été apporté de l’extérieur de cette « société sans père » par l’apparition spécifique « d’imbéciles », parce que cela est fondamentalement immanent dans une « société sans père ». En ce sens, le « retour du père » traverse plus ou moins tous les individus qui constituent la « société sans père ». Dans la « réalité » de « l’après-guerre » décrite dans le cinéma de Ôshima, il y a d’un côté les « nouveaux héros » qui jouissent exclusivement d’un pur « sentiment de liberté », et de l’autre, il y a les « imbéciles » qui ont pris leurs responsabilités, prêts à se confronter à un monde complexe et lâche. Mais cela ne signifie pas que c’est à travers cette confrontation mutuelle entre ces deux types d’individus que naissent ces drames. Dans la définition des personnages d’Ôshima, ils ne sont pas complètement fondés sur une telle dualité. Plus précisément, ils sont fondés sur le principe unique de « l’orphelin ».

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