NV #124 - décembre 2006

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NV #124

21/11/06

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Minimal Orchestra MO (Vision Alternative-Ozore Age Rec./PIAS) Le trio de Minimal Orchestra présente MO, leur nouvel album aux accents électronica drum'n'jazz. Tom Terrien (claviers/samplers), Pierre Jean Trouette (basse/contrebasse) et Ghislain Rivera (batterie/sampler), livrent une production séduisante remplie de groove, de bidouillages et de sonorités piochées dans tous les styles de l'électro. En repoussant les frontières musicales, Minimal Orchestra définit en 12 titres un univers fantaisiste et onirique, s'inscrivant dans la lignée de groupes tels que Cosmik Connection, Sayag Jazz Machine ou UHT. Au final MO est un concentré de sonorités plein de grooves, dansant, parfois expérimental, qu'il faut aussi découvrir sur scène. Endroit qui reste d'ailleurs leur meilleur moyen de créer, d'improviser, de s'exprimer et de partager. Benjamin Brégeaut +++ Agora Fidelio Finir à Paris (Sofarecords-Jerkov/Mosaïc) Agora Fidelio est un groupe français qui a déjà trois albums à son actif et une presse unanime à chaque fois. Des textes intelligents profonds et noirs, tels que l'on peut en retrouver chez Mano Solo et Noir Désir se posent sur un ensemble mélodique, avec des musiques qui nous emmènent dans des ambiances parfois douces et épurées comme Sigur Ros et Mogwaï. Agora Fidelio parvient à faire naître des sensations fortes, intériorisant et hurlant un rock-electro s'approchant également de Cult of Luna. Finir à Paris est un voyage vers des horizons où murmures et gémissements savent apaiser et peuvent se transformer en l'ivresse d'un exécutoire de haine et de rage. Agora Fidelio signe un opus sincère avec Finir à Paris, qui saura toucher et émouvoir beaucoup d'entre vous. Laure Rivaud-Pearce ++ Miho Hatori Ecdysis (Rykodisc) Pas facile de raconter, même avec des propos frelatés, ces 39 minutes 44 secondes de l'album de Miho Hatori. Ce disque est Merveilleux ? Cet album est Fantastique ? Il faut absolument que vous plongiez dans la Féerie ? Trop évident comme des phrases banales d'attachés de presse qui vendraient leurs cames au détour d'une soirée de labels indépendants. Alors ? Pas évident hein… et ce titre Ecdysis : qui a eu la bonne idée de le choisir ? Je suis contraint d'ouvrir un dictionnaire pour comprendre et voilà le résultat : « L'ecdysis, couramment appelée mue ou métamorphose, est le phénomène biologique présent chez les arthropodes insectes crustacés et arachnides ». C'est un prodige naturel qui permet de grandir en taille et d'acquérir de nouveaux organes. Voilà donc pourquoi cette jeune asiatique, plus connue pour ses apparitions vocales dans Gorillaz, souligne si justement sa mue artistique. Ce disque est avant tout un truc de dingue, une toile soigneusement tissée, un rocher où se réfugier, un endroit secret qui permet de planer sans prise aucune de psychotrope. Dans le style de Björk (ce n'est pas la faute de Miho si Bjoky a tout piqué dans les racines de l'Asie) ou d'Anja Garbarek : tout sur son disque respire la grâce. Faisant des boucles de programmation sans faire tonner un rythme binaire, relevant noblement certains instruments (le cornet sur The spirit of Juliet) dans des compositions sublimes où le pas cadencé est nécessairement militaire, mais feutré et pacifique. Doit-on dire pour autant merci à ProTools uniquement ? Sachant s'entourer de réels musiciens chevronnés comme Mauro Refosco pour escorter ses ordinateurs, elle dessine une nouvelle carte du monde où l'Afrique aurait un lien de parenté musicale avec l'Europe ou l'Amérique, une frontière à main levée brisée sur papier car pour elle et sur son disque : les racines du blues font encore des pouces à l'ombre des bonzaïs. Sa voix particulière qui enfante des titres et enfile des comptines provoque une résonance dans l'intérieur du corps. La voilà soudainement en geisha dans un diptyque Sweet Samsara proche du Japon puis de la Jamaïque. Blues, pop, électro, ce disque totalement original est une martingale qui se consomme avec avidité sans jamais devenir lourdingue. Pierre Derensy ++++

The Sugar Plum Fairy Pr. The sugar plum fairy pr. (Montauk/Codaex) Voici le premier album d'un groupe qui a su se faire une réputation en moins de 3 ans grâce à leurs performances live qui réunissent une musicalité impressionnante avec des projections vidéos, donnant une dimension et une ampleur considérable. Un premier EP 5 titres autoproduit et des concerts effectués en France et en Belgique avaient déjà permis à ce trio composé de 2 musiciens et d'une vidéaste de récolter des avis unanimes. Désormais, ce premier album prouve la maturité d'un groupe qui risque de laisser son empreinte dans l'univers popélectro. Des voix planantes, des lignes de piano romantiques et des rythmiques électro envoûtantes. On ne peut s'empêcher de penser alors à certains morceaux de Dead Can Dance. Les amateurs de Ez3kiel pourront y trouver un univers familier, mais quand même singulier. Guillaume Martel ++++ Compilation Tribal drum conspiration (Follow me Records) Voilà une conspiration envoûtante qui réunit les artistes phares de la scène electro tribal francophone, avec les Tambours du Bronx, Hilight Tribe, Kaophonic Tribu, JMPZ, Somogo… Une compilation qui invite au voyage, une rencontre entre musiques ethniques et industrielles, percussions et machines. Un CD initiatique pour tous ceux qui veulent découvrir les percussions électro-tribal, un billet pour s'abandonner à la force douce du didgeridoo, une invitation à la transe, à la danse. Bref, treize titres où modernité et tradition s'allient pour notre pur plaisir. Mariama Diané +++ The Hellboys Mutant love (Bonus Tracks Records/Discograph) Et si le futur était dans le passé ? Un peu équivoque et paradoxal me direz-vous, mais pourtant tellement vrai lorsque l'on écoute les Hellboys. L'avenir du rock'n'roll est bel et bien là, dans leur musique coriace et totalement dénuée de complexes. Telle une mission salvatrice qu'ils se sont fixés, ils reprennent avec une ardente frénésie ce qui fait la gloire du rock : des rythmes qui font danser les filles et une atmosphère alternant inventivité sonique et électricité ravageuse. Leur rock old school (aux divagations un peu punk, garage...) possède des influences comme les Rolling Stones, les Clash ou encore les Sex Pistols. Et quel honneur pour ces derniers de voir leur ultraviolent No feelings repris avec enthousiasme et qualité ! Alors on les écoute, sans cesse, revenant dans les 70's, en se remémorant la gloire des groupes d'antan. Trente ans plus tôt, ils auraient été adulés par des milliers de fans ; mais désormais les légendes sont toutes autres, et quel dommage... Valentin Morisseau ++++ Ventura Pa Capona (Get a life ! Records) Pour moi l'une des seules possibilités pour que le marché du CD perdure, c'est que les maisons de disques et les artistes se décident enfin à faire de beaux objets, qu'on ait plus seulement dans les bras une petite galette ronde couleur argent mais tout un concept. C'est ce qu'a compris Ventura en nous proposant dans un souple boîtier en carton un objet design tiré a seulement 1000 exemplaires. De quoi attiser collectionneurs et jalousie. Bien sûr, on ne peut pas présenter que du visuel, sinon autant aller dans un musée, il faut une musique qui colle à l'ensemble, et là aussi c'est réussi avec un cocktail du meilleur de la scène du début des années 90 (Nirvana, Dinosaur JR, Sebadoh…). Bref une remise au jour de tout ce qui nous a fait vibrer. Mais ce n'est pas qu'un copié collé, l'originalité est là aussi, par la basse omniprésente ou le chant cassé, apportant une ambiance sombre mais jamais oppressante. En conclusion voila un bel objet qui donne la voie à suivre à beaucoup. Simon Pégurier +++

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nouvelle vague # 124


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