Madagascar, dahalo - Bilal Tarabey

Page 20

cheveux d’argent. L’Ange fait les présentations. C’est le chef de région. « Bonjour. – Bonjour. » Visage rond, une voix de basse. L’Ange s’éclipse. « Alors… et… vous êtes à Fort-Dauphin depuis longtemps ? – Une heure et demie. – Ah… c’est bien… » Le chef de région jette un regard vers le comptoir en contreplaqué. Une femme vient prendre les commandes. Le haut fonctionnaire s’enfonce dans le canapé. Sa chemise blanche amplifie la lumière. Un ventilateur tourne au plafond. « … un affrontement direct avec Remenabila ? Non je ne pense pas. Tout le monde sait qu’il y a aujourd’hui des centaines de militaires du côté d’Esira. Remenabila le sait aussi. Je suis quasiment sûr qu’il n’est plus dans son village. Il est certainement déjà parti. » Un jus et un café filtre atterrissent sur la table. « Les Forces spéciales ? Le village de Remenabila, Iabohazo, sera vide quand les militaires seront là-bas, un point c’est tout. » Le chef de région saisit le verre de jus. « Oui, la situation devient particulièrement inquiétante. Il y a toujours eu des dahalo dans la région. Mais là, le phénomène de bandes armées a pris de l’ampleur depuis le début de l’année, vers le mois de février. À partir de là, il m’a été rapporté que des voleurs de bétail descendaient par centaines sur les villages. De véritables razzias. On dit qu’ils sont armés de kalachnikovs. Mais moi, la plupart des blessés que j’ai vus portaient des marques de fusil de chasse. » Ses yeux regardent ailleurs. « Tout le monde s’accorde à dire que ces bandes sont apparues avec la décision du Gouvernement de rétablir la vente de zébus sur pied. Avant, on abattait les zébus et on ne commercialisait que la viande. Maintenant, le Gouvernement a changé de façon de 22


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.