BIGBOOK FALL 2012

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entre mode et politique S

uite à la fin tragique de Gianni Versace en 1997, sa sœur Donatella Versace, alors vice-présidente, est devenue directrice artistique de la maison italienne et son frère aîné, Santo Versace, a été promu CEO de l’entreprise. BIGBOOK BRUSSELS a eu la chance de croiser cette grande personnalité lors d’une fashion week. Interview d’un expert de la mode mais aussi de la politique.

Peu de gens savent qu’en plus d’être le CEO de Versace vous siégez au parlement italien. Que pensez-vous de la situation actuelle en Europe ? Il y a un problème majeur, c’est le nombre d’institutions. Trop d’intervenants, de bureaucratie empêchent de prendre des décisions pragmatiques rapides comme en Chine, en Inde, en Russie ou aux USA. 500 membres au Parlement européen seraient suffisants. En Italie, j’ai écrit un projet de loi pour éliminer les institutions liées aux provinces. Si on peut prendre des décisions rapides on peux évincer le problème du dumping et autres complications qui bloquent le secteur de la mode. A cet égard, quelle est la force de la mode italienne ? La base de tout est l’art et la maîtrise manuelle de cet art comme en peinture avec Giotto, Michelangelo, Ber-

nini… Il y a aussi toute une tradition de l’artisanat encore présente aujourd’hui. Prenez cette créativité mêlée à la qualité du travail manuel et vous obtenez l’inspiration qui a guidé le travail de Gianni Versace mais aussi de Salvatore Ferragamo. Tous deux ont débuté leur carrière dans le sud de l’Italie, respectivement en Calabre et dans un petit village de Naples. Ferragamo a été un des pionniers durant les années’50 grâce à ses extraodinaires chaussures faites main et Gianni, grâce à la beauté et à la qualité de ses vêtements. Parmi les clientes de Ferragamo, il y a des reines, des princesses et des actrices comme Ava Gardner, Anna Magnani, ou Sofia Loren. Si nous parlons de mode aujourd’hui, nous pouvons voir ce sont les Italiens qui tiennent les plus grandes marques. Par exemple, Riccardo Tisci chez Givenchy, et Frida Giannini chez Gucci. Sans oublier les talentueux Italiens qui sont managers dans le secteur. Beaucoup de designers italiens présentent leurs collections à Paris. Pourquoi Paris reste-t-elle la capitale absolue de la mode ?

société de com’) qui promeuvent puissament l’image de Paris à travers le monde. L’Italie, elle, est divisée. Milan, Rome et Florence ont chacune leurs priorités. Enfin, Paris a aussi l’avantage de posséder d’énormes groupes comme LVMH, Cartier, Hermes qui peuvent investir des sommes titanesques en publicité. A votre avis, comment la mode pourrait-elle vaincre la crise actuelle ? Justement. Si vous pensez aux groupes français tels que Hermès, Louis Vuitton et Cartier, vous constatez qu’ils sont déjà sortis de la crise. En période difficile, les gens aiment la beauté pour oublier leurs problèmes. Ils aiment bien s’habiller surtout. Pas de façon ostentatoire, comme avant… Mais ils cherchent la qualité, l’esthétique, le style. Et puis, avec des marques comme Zara et H&M, on compense par le prix et le choix énorme dans la variété des collections.

Paris, c’est la France cosmopolite dans toute sa capacité à accueillir les meilleurs talents du monde entier. De Lagerfeld aux plus grans stylistes japonais. Versace avait été invité en janvier 1989 pour son événement à la Gare d’Orsay. A Paris, il existe aussi une concentration de différents pouvoirs (gouvernement, municipalité, medias,

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