Le Train du MonTenvers eT La Mer de GLace
LeMontenvers, avec son charme d’un autre temps, reste l’une des locomotives du tourisme à Chamonix. Le voyage se déroule à bord d’un célèbre petit train rouge à crémaillère. Le temps s’arrête et le spectacle est impressionnant.
Dès le milieu du XVIIIe siècle, Chamonix, en Haute-Savoie, attire les touristes par ses paysages de haute montagne. Avant la construction du train à crémail lère, le site du Montenvers est accessible à dos de mulet ou en chaise à porteurs. Le balcon naturel surplombant le glacier amiral du massif est baptisé en 1741 Mer de Glace par les Anglais Windham et Pococke, avec ses sept kilomètres de long pour deux cents mètres d’épaisseur et une largeur qui varie entre sept cents
et mille neuf cent cinquante mètres. Les célébrités s’y pressent pour admirer le plus grand glacier de France. Alexandre Dumas, Louis Pasteur, William Turner, Chateaubriand, ou encore Victor Hugo, en font des descriptions élogieuses.
Au début, le projet de construction d’un train n’est pas vu d’un bon œil par les Chamoniards. En effet, conduire les touristes au Montenvers fait vivre de nombreuses familles de guides et de muletiers. Pourtant, le projet est validé par le conseil général et la construction débute en 1905. Un chantier titanesque, où travaillent deux cent cinquante ouvriers dans des conditions très difficiles. Parmi eux, beaucoup de Piémontais, réputés pour leur habileté à tailler le granit.
En 1908, un petit train rouge à crémaillère à vapeur dessert le Montenvers, à 1913 mètres d’altitude. La Mer de Glace devient dès lors le glacier le plus accessible. Avec le chemin de fer, il ne faut que cinquante-cinq minutes pour gravir les mille mètres de dénivelé entre Chamonix et le site. Un record pour l’époque !
La voie grimpe à flanc de montagne. Le petit train tout rouge d’effort monte au milieu de la forêt, emprunte des tunnels tail lés dans la roche et quelques viaducs. La haute montagne s’an nonce… et après un dernier virage, la magie opère : destination atteinte au pied de la célèbre Mer de Glace. Même si le ni veau de celle-ci a fortement baissé en deux siècles, elle descen
dait jadis jusque dans la vallée, et a perdu deux kilomètres et demi de longueur et plus de cent cinquante mètres d’épaisseur-, aujourd’hui, à hauteur du Montenvers, elle tire une langue gri sâtre en été. Mais Les Drus, les Grandes Jorasses et les GrandsCharmoz forment une grandiose haie d’honneur au glacier.
Pour renforcer l’attrait des lieux, une grotte est creusée dès 1946, pour permettre aux visiteurs de découvrir l’intérieur de la Mer de Glace. En 1954, les locomotives à vapeur sont rempla cées par des motrices électriques. Une première pour un train à crémaillère. Et, en 1962, des motrices diesel prennent le relais. Aujourd’hui, le train du Montenvers est l’un des derniers trains à crémaillère de montagne en France.
À PROXIMITÉ :
À partir de la gare du Montenvers, située sur l’arête rocheuse qui surplombe le glacier de la Mer de Glace, on peut apprécier quelques points de vue spectaculaires sur certains des sommets les plus prestigieux de Chamonix : les Drus (3754 mètres), les Grandes Jorasses (4205 mètres), l’Aiguille du Grépon (3482 mètres). Près de celle-ci, on peut y voir une exposition de magnifiques cristaux de montagne trouvés dans la région. En été, on peut réaliser de belles balades jusqu’au Plan de l’Aiguille par exemple et redescendre à pied dans la vallée. La Mer de Glace est l’un des sites importants de la vallée de Chamonix, c’est le glacier le plus grand de France, et en hiver, des milliers de skieurs la descendent jusqu’à la gare du Montenvers après avoir skié la célèbre Vallée Blanche.
Il est nécessaire d’emprunter la télécabine depuis la gare du Montenvers pour accéder au glacier de la Mer de Glace et pour visiter la grotte de glace taillée à main d’homme. Dans les en trailles du glacier, on admire une collection originale de sculp tures de glace. On y trouve le Glaciorium, un centre d’inter prétation, qui répond également aux questions liées au climat et à l’environnement. La grotte est retaillée chaque printemps, car le glacier avance de soixante-dix mètres chaque année. À
l’automne, les « grottus » creusent la grotte pour la prochaine saison d’hiver.
CHAMONIX ET L’AIGUILLE DU MIDI
Le massif du Mont-Blanc est le troisième site naturel le plus couru de la planète et la France, la Suisse et l’Italie se partagent ce trésor. Tout est relié à Chamonix avec sa vallée de dix kilo mètres enchâssée, entre 1 000 mètres et 1 300 mètres d’altitude, entre deux skylines de sommets. Versant sud, les rocheuses des Aiguilles Rouges ; versant nord, la chaîne reine et sa symphonie de dômes ouatés, aiguilles acérées et glaciers se craquelant.
La découverte de la Mer de Glace en 1741 par les Anglais Windham et Pococke depuis le balcon naturel du Montenvers à 1 913 mètres d’altitude suivie, en 1786, de la première ascen sion du Mont-Blanc par les Chamoniards Michel Paccard et Jacques Balmat ont lancé Chamonix sur la scène internationale. La bourgade est devenue le rendez-vous des voyageurs et des aventuriers. C’est un paradis pour les amoureux de grands es paces. Du haut de ses 4 810 mètres ou 4 807 mètres (cela varie selon les relevés au fil des ans), le mont Blanc veille en silence sur la vallée.
Depuis le centre de Chamonix, le téléphérique de l’Aiguille du Midi transporte les visiteurs en vingt minutes aux portes de la haute montagne. Les terrasses aménagées du site de l’aiguille du Midi à 3 842 mètres d’altitude offrent une vue à 360 degrés sur toutes les Alpes françaises, suisses et italiennes. Grâce à un ascenseur, on accède à la terrasse sommitale pour profiter d’une vue imprenable sur le mont Blanc. Les amoureux de sensations
fortes apprécient Le Pas dans le vide, une boîte en verre où l’on se retrouve avec plus de mille mètres de vide sous les pieds. Une prouesse technologique.
Le Tube, une galerie d’acier longue de trente mètres permet de faire le tour complet du piton central de l’Aiguille du Midi sans revenir sur ses pas. Le site est le départ de très nombreuses
courses en montagne, dont l’ascension du mythique mont Blanc par les trois Monts. De nombreux alpinistes de renom y ont laissé leurs traces et c’est pour rendre hommage à ces aventuriers inventifs et audacieux, dont Gaston Rebuffat est le plus célèbre exemple, que sera créé le Musée le plus haut du Monde.
À partir de l’Aiguille du Midi, le voyage en télécabine Panoramic Mont-Blanc glisse au-dessus des séracs et crevasses de la vallée Blanche et traverse le glacier du Géant jusqu’à la pointe Helbronner sur le versant italien à 3462 mètres d’alti tude, avec sa vue imprenable sur la Vallée d’Aoste et sur tout le Piémont.
cheMin de fer de La baie de soMMe Le Train des bains de Mer
En1858, dix ans après l’ouverture de la ligne Amiens-Boulogne, la Compagnie des Chemins de fer du Nord ouvre une ligne entre Noyelles-sur-Mer et Saint-Valéry-sur-Somme. À cette époque, le chemin de fer révolutionne les transports et chaque ville, chaque village, rivalise d’arguments pour pouvoir être desservi par le chemin de fer. En 1887 est fondé le Réseau des Bains, réseau secondaire, permettant de rejoindre Le Crotoy et Cayeux-sur-Mer.
De nos jours, la gare du Crotoy, située juste à côté d’un château d’eau, accueille les voyageurs tandis que près du quai attend patiemment la locomotive, n°1, une Corpet-Louvet de 1906 qui appartenait à la Compagnie des chemins de fer départementaux de l’Aisne et qui a été classée Monument Historique en 1987. Elle vient d’être mise sous pression devant son hangar et elle vient de s’accrocher aux voitures. Il faut préciser que le Chemin de Fer de la Baie de Somme dispose
d’une collection tout à fait unique de locomotives à vapeur à voie métrique, qui est en fait l’une des plus vastes et des plus représentatives en France. Six sont actuellement en état de marche.
Rappelons que le réseau des Bains de mer a bénéficié de l’effort de recons truction de l’après-guerre, mais, en dépit des efforts consentis, la concurrence de la route amène la Société Générale de Chemins de fer Économiques, devenue CFTA (Chemins de fer et Transports Automobiles), a cesser l’exploitation de la ligne Noyelles-Le Crotoy le 31 décembre 1969 et celle de Noyelles-Cayeux le 31 décembre 1972. Fin 1969, quelques amateurs et amoureux de chemins de fer commencent à se concerter pour tenter de sauvegarder la ligne du Crotoy. Ils créent l’association du Chemin de fer de la Baie de Somme, et se mettent au travail.
À 14 h 30 précises, le coup de sifflet l’annonce : conducteur, chauffeur et mécanicien sont prêts. Les voyageurs sont propulsés quatre-vingts ans en arrière pour un voyage à travers le temps ! Le tortillard s’ébranle doucement, dans un panache de fumée ; les photographes sont massés de part et d’autre de la voie pour immortaliser le moment. Le convoi traverse une route, mais ici, pas besoin de passage à niveau pour prévenir les automobilistes : le « tchou tchou » et l’avertisseur sonore, que le mécanicien ne cesse d’actionner, suffisent.
Ce petit train de plaisir à voie étroite (un mètre) circule sur un réseau de vingt-sept kilomètres qui relie les stations touristiques de la baie de Somme. Officiellement nommé Train des bains de mer pour les grandes dames parisiennes, il fut rapidement bap tisé « train des cocus », allusion aux maris qui venaient retrouver, le week-end, leurs chères épouses venues se refaire une santé dans les stations balnéaires de la Somme.
Après un parcours de sept mille quatre cent soixanteneuf mètres entre Le Crotoy et Noyelles-sur-Mer, c’est l’heure d’un arrêt à Noyelles-sur-Mer. Il permet d’admirer une autre vieille dame classée Monument Historique en 1994 : la loco N° 101, une Pinguely de 1905 des Chemins de fer du Morbihan.
La gare de Noyelles-sur-Mer étant en cul-de-sac, des manœuvres sont nécessaires. Place à un spectaculaire retourne ment manuel de la locomotive afin que la machine se remette en tête du train. On se retrouve alors dans la dernière voiture, ce qui est parfait pour découvrir la portion comprise entre Noyelles-sur-Mer et Saint-Valery, riche en paysages. La ligne qui relie Noyelles-sur-Mer à Saint-Valéry-sur-Somme a été mise à double écartement (voie normale et voie métrique imbri quée) en 1887. Elle comprend sur toute sa longueur quatre files de rails : au centre, la voie métrique, à l’extérieur, la voie nor male. Elle est implantée sur une digue qui a remplacé en 1912
l’estacade en bois d’origine, qui avait mille trois cent soixantesept mètres de longueur.
Au terme du long bief formé par le canal maritime qui ouvre la plaine côtière en amont d’Abbeville, le canal de la Somme s’achève là avec l’écluse de Saint-Valery, qu’enjambe la voie fer rée depuis 1858. Cette écluse, la vingt cinquièmes placée sur le cours de la voie d’eau, peut également être considérée comme son ouvrage d’art le plus imposant. Alors que ses fondations sont coulées dès 1813, l’ensemble n’est achevé qu’en 1827 et com prend un double barrage qui encadre un sas d’une longueur im posante. Celui-ci est conçu au commencement du XIXe siècle comme une anse d’attente destinée à accueillir plusieurs na vires marchands remontant ou descendant le fleuve canalisé. Jusqu’aux années 1950, il s’agissait du seul point de passage du canal pour les automobilistes en provenance des communes de Noyelles-sur-Mer, Le Crotoy ou Nouvion-en-Ponthieu !
Seize heures passées de trois minutes. Le train touristique quitte la gare de Saint-Valéry-sur-Somme, traverse le canal et s’engage sur les voies du dépôt ferroviaire. La scène est im muable et se répète deux cent soixante jours par an. Là sont garées méticuleusement la plupart des locomotives issues des grands fabricants français de la période 1885-1930 : BuffaudRobatel, Cail, Corpet-Louvet, Fives-Lille, Pinguely, Piguet, auxquels s’ajoute un constructeur belge, Haine-St Pierre. Aucun autre chemin de fer touristique en France n’aligne une aussi grande variété de locomotives à vapeur en état de marche et en service régulier. Dans les prochaines années de nouvelles voitures-restaurants, en provenance de Suisse, aux accents vin tage des années quatre-vingt, plus confortables surtout l’hiver, viendront remplacer les voitures Belle Époque en bois, après restauration.
À PROXIMITÉ :
SAINT-VALÉRY-SUR-SOMME
Saint-Valéry-sur-Somme, lovée à l’embouchure de la baie de Somme, est une petite ville médiévale séduisante avec ses rem parts, ses portes fortifiées et, surtout, sa très touchante chapelle des Marins. Membre du club des plus belles baies du monde, ce port de plaisance et de pêche porte l’empreinte d’un riche passé historique et culturel. On déambule à l’envie au sein du pittoresque quartier du Courtgain qui est le seul de la côte d’Opale épargné par la dernière guerre. Il est remarquablement lié à l’histoire du patrimoine maritime du port. Ce quartier est délimité par un ensemble de petites rues et ruelles qui se croisent et le long des quelles s’échelonnent des maisonnées aux couleurs chatoyantes et aux abords fleuris, nichées sur les flancs de l’ancienne falaise.
L’habitat d’origine ancienne (XIXe siècle), très coloré par tra dition est typiquement Picard, car la brique prédomine avec des toitures en ardoises. Autrefois, les marins repeignaient chaque année leur bateau et les surplus de peinture égayaient les devan tures. Au détour des quartiers, on croise des oratoires dédiés à
la Madone des Roches (Sainte patronne des Marins Pêcheurs) et à Sainte-Thérèse. Les quais aménagés en digue promenade et estacade en bois permettent une agréable déambulation avec vue sur la baie de Somme, où se mélange un pastel de couleurs envoûtantes. Avec un peu de chance, on distingue le long du chenal, à marée montante ou descendante, le phoque veau-ma rin montrant hors de l’eau sa moustache. Une halte à la Maison de la Baie de Somme et de l’Oiseau est indispensable pour com prendre, voir et entendre la baie, son évolution, sa flore et sa faune, et plus particulièrement sa colonie de phoques. Y sont reconstitués plusieurs paysages de la côte Picarde, mis en scène et sonorisés, présentant plus de deux cent cinquante espèces d’oiseaux naturalisés.
LE CROTOY
La station balnéaire du Crotoy est un petit bijou avec ses vil las Belle Époque et, à marée basse, ses plages de sable fin. Le Crotoy a connu son heure de gloire au début du siècle lorsque le parfumeur Guerlain fit découvrir à la belle société parisienne, les joies des bains de mer. Aujourd’hui, c’est une station fami liale et un charmant port de pêche animé toute l’année. Son atout principal reste sa magnifique plage de sable fin, qui à ma rée basse, s’étend à perte de vue.
NOYELLES-SUR-MER
Avec le Chemin de fer de la Baie de Somme, à partir de SaintValéry-sur-Somme, on peut se rendre à Noyelles-sur-Mer. L’une des curiosités de Noyelles-sur-Mer, bourg de huit cents âmes, est son cimetière chinois. Il faut remonter au premier conflit mon dial pour expliquer la présence d’un tel cimetière en Picardie.
Les Chinois étaient recrutés par l’armée anglaise dans leurs colonies pour effectuer du terrassement ou récupérer les corps sur les champs de bataille. Huit cent quarante-neuf coolies ont trouvé la mort dans cette région, dont une partie est décédée lors de l’épidémie de grippe espagnole en 1918 et 1919.
CAYEUX-SUR-MER
Au sud de la baie de Somme, on trouve Cayeux-sur-Mer, deuxième station balnéaire à avoir été créée en France, en 1870,
après Dieppe. Elle présente un emblématique phare blanc et vert, un petit port de pêche, des cabines de plage, du bois des pins de Brighton et une immense plage de sable.
LE PARC DU MARQUENTERRE
Le parc du Marquenterre, réserve naturelle, s’étend sur deux cent cinquante hectares en bordure de la baie de Somme. Lieu de repos et de nourrissage des oiseaux migrateurs, le parc offre aux visiteurs plusieurs circuits de découverte, ponctués de postes d’observation permettant de côtoyer la faune avicole sauvage dans son milieu. Plus de trois cent soixante espèces d’oiseaux ont pu être observées en Baie de Somme. Plusieurs guides proposent de traverser la baie. L’une des sorties emblématiques consiste à traverser la baie du Crotoy à Saint-Valéry-sur-Somme, ou l’in verse, à marée basse. Il s’agit d’une sortie assez physique à cause des sables mous et glissants et des méandres à enjamber.