TECHNOLOGIES ARCHITECTURE URBANISME
“[…] Corbu was a cyborg: the
machine, the moving camera, was part of him, part of his body, of his spatio-motor functions when “he” plotted the lines of Villa Garches and Villa Savoye. So he used the camera as a drawing-machine instead of a seing-machine. (Spuybroek, 1999 : p. 70)
SEIGOLONHCET ERUTCETIHCRA EMSINABRU
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SYNOPSIS Ce cours magistral offre un éventail de thématiques de recherche liées à l’impact de la culture numérique sur l’architecture et l’urbanisme. Nous sommes des “Tarzans in the media forest” (Ito, 2011) en immersion totale dans un monde de media, d’architecture-écran (écrin/écran), interactive et réactive. À l’heure du logiciel libre, des réseaux sur internet, du “crowdcrafting” qui annoncent la mort de l’auteur de l’oeuvre, l’auto-organisation des processus architecturaux donnent un semblant de souplesse à une architecture du contrôle, de la précision, des données, du calcul, et de l’optimisation. Quand la technologie permet la “motorisation du réel” (Spuybroek, 1999), le numérique modifie génétiquement la manière dont on pense, produit et expérience les espaces. Entre souplesse et contrôle cependant, la ville pourrait se développer tel un organisme vivant dans un ecosystème mature (Benyus, 2002). L’intention pédagogique est : [1] de communiquer le rôle des technologies du numérique dans la production et la pratique notre habitat + [2] d’initier les étudiants à la recherche en architecture.
ABBAS Yasmine, enseignant Ecole Spéciale d’Architecture Semestre 4 Automne 2012
THEMATIQUES REEL / VIRTUEL “MOTORIZATION DU REEL” IMMERSION TOTALE PANOPTIQUE ET SURVEILLANCE ALIENATION INTERACTIVITE “VEHICULES REVES” (Visite au FRAC Centre) “WAYFINDING” ARCHITECTURE HYBRIDE ? (Panel d’enseignants de l’ESA) HYBRIDE / CYBORG/ ARCHITECTURE VIVANTE NEO-VERNACULAIRE STANDARD/NON-STANDARD REPRODUCTIBILITE MECANIQUE/NUMERIQUE
TEMPS FORTS PANOPTIQUE ET SURVEILLANCE Foucault a redécouvert le panoptique de Bentham suite à sa recherche sur la médecine clinique, quand il commença à se pencher sur les problèmes de la pénalité. Dans “l’œil du pouvoir”, entretien avec Jean-Pierre Barou et Michelle Perrot, Foucault nous dit qu’ “[…] en examinant les différents projets architecturaux qui ont suivi le second incendie de l’Hôtel-Dieu, en 1772, [il s’est] aperçu à quel point le problème de l’entière visibilité des corps, des individus, des choses, sous un regard centralisé, avait été l’un des principes directeurs les plus constants” (Foucault, 2001 : p. 190). Avec son invention, Bentham réussit donc à formuler architecturalement une idée qui prend racine dans les précédentes préoccupations des “médecinsaménageurs”. Le panoptique est, comme l’indique Foucault, “une technologie de pouvoir propre à résoudre les problèmes de surveillance” (Idem : p. 191). Quel changement(s) le numérique apporte-t-il à ce système de contrôle des hommes et de leurs activités et des espaces ? Le panoptique selon Jeremy Bentham (1748-1832) :
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Une maison de pénitence sur le plan que l’on vous propose serait un bâtiment circulaire ; ou plutôt, ce serait deux bâtiments emboîtés l’un dans l’autre. Les appartements des prisonniers formerait le bâtiment de la circonférence sur une hauteur de six étages : on peut se les représenter comme des cellules ouvertes du côté intérieur, parce qu’un grillage de fer peu massif les oppose en entier à la vue. Une galerie à chaque étage établit la communication ; chaque cellule a une porte qui s’ouvre sur cette galerie.
Une tour occupe le centre : c’est l’habitation des inspecteurs ; mais la tour n’est divisée qu’en trois étages, parce qu’ils sont disposés de manière que chacun domine en plein deux étages de cellules. La tour d’inspection est aussi environnée d’une galerie couverte d’une jalousie transparente, qui permet aux regards de l’inspecteur de plonger dans les cellules, et qui l’empêche d’être vu, en sorte que d’un coup d’œil il voit le tiers de ses prisonniers, et qu’en se mouvant dans un petit espace, il peut les voir tous dans une minute. Mais fût-il absent, l’opinion de sa présence est aussi efficace que sa présence même. Des tubes de fer blanc correspondent depuis la tour d’inspection à chaque cellule, en sorte que l’inspecteur, sans aucun effort de voix, sans se déplacer, peut avertir les prisonniers, diriger leurs travaux, et leur faire sentir sa surveillance. Entre la tour et les cellules. Il doit y avoir un espace vide, un puits annulaire qui ôte aux prisonniers tout moyen de faire des entreprises contre les inspecteurs. L’ensemble de cet édifice est comme une ruche dont chaque cellule est visible d’un point central. L’inspecteur invisible luimême règne comme un esprit ; mais cet esprit peut au besoin donner immédiatement la preuve d’une présence réelle. Cette maison de pénitence serait appelée panoptique, pour exprimer d’un seul mot son avantage essentiel, la faculté de voir d’un coup d’œil tout ce qui s’y passe. Jeremy Bentham, Panoptique : Mémoire sur un nouveau principe pour construire des maisons d’inspection, et nommément des maisons de force (Mille Et Une Nuits, 2002). Édition originale : Panoptique : Mémoire sur un nouveau principe pour construire des maisons d’inspection, et nommément des maisons de force, par Jeremy Bentham, imprimé par l’ordre de l’Assemblée Nationale, à Paris, 1791, Secours publics, nº1 ; pp.12-13.
VISITE AU FRAC CENTRE – 12 OCTOBRE 2012 Visite de l’exposition Véhicules Rêvés – prolongation.
véhiculeS rêvéS
collections des FrAc centre, FrAc des Pays de la loire, FrAc Poitou-charentes
Au FrAc centre
DOssieR DOssieR péDAgOgique péDAgOgique Architecture Architecture & & véhicule véhicule
du 16 mai au 15 juillet 2012
© FRAC FRAC Centre Centre -- 12 12 rue rue de de la la Tour Tour Neuve Neuve 45000 45000 Orléans Orléans -- 02 02 38 38 62 62 52 52 00 00 -- contact@frac-centre.fr contact@frac-centre.fr -- http://www.frac-centre.fr http://www.frac-centre.fr ©
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Mes remerciement à HOFBAUER Lucy et RION Gilles pour l’excellent accueil au Frac Centre.
Visite du chantier du nouveau bâtiment du Frac Centre conceptualisé par Jacob + McFarlane
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Le développement des technologies numériques au début des années 1990 provoqua un bouleversement au sein des pratiques architecturales qui acte le passage de la forme au calcul. Ces nouveaux modes computationnels ouvrent sur des processus de production “non-standard”. L’architecte ne projette plus des formes mais conçoit des “patterns” immatériels de comportement. Les phases de réalisation sont intégrées à celles de conception, permettant de contrôler la fabrication et faisant ainsi émerger de nouvelles fonctionnalités. Les différentes éditions d’ArchiLab depuis 1999 ont aussi permis à la collection du FRAC Centre de se doter de projets innovants. Le FRAC Centre est ainsi la seule collection à réunir autant de jeunes architectes prospectifs, dressant une sorte de cartographie des laboratoires de recherche sur un plan international, comme en témoignent les acquisitions de projets d’OCEAN, Xefirotarch, Gramazio-Köhler, biothing, EZCT, DORA, Material Ecology, Theverymany, Minimaforms, etc. http://www.frac-centre.fr/
VILLE VIVANTE
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Lors d’une conférence sur l’architecture sensible (Sentient Architecture), l’historien Antoine Picon mentionnait le “Generator”, projet conçu par Cedric Price et doté d’un système d’information développé par John Frazer, un architecte qui s’est intéressé à l’Intelligence Artificielle (le projet avait débuté en 1976). Comme le note Frédéric Nantois : “La différence essentielle entre le Generator et le Fun Palace [un autre projet de Cedric Price] est la présence du contrôle informatisé, grâce à l’intégration de deux mille six cent circuits informatiques aux différents composants. L’ordinateur sert ici à proposer, en fonction des besoins et des désirs des participants, des configurations architecturales que le grutier réalisera.” Le programme informatique avait quatre fonctions : endosser le rôle de l’auteur ; gérer les ressources ; offrir une interface d’interaction avec les usagers ; optimiser les dispositions générales. Le système avait aussi la faculté de “s’ennuyer” si personne n’interagissait avec lui et proposait donc d’autres options afin de déclencher des réactions.1 Ainsi l’architecture pourrait “réagir contre” ses usagers. Ceci, remarquait Picon, “laisse l’espace au hasard et à l’imprévisible, qui est un concept encore plus intéressant à explorer aujourd’hui. [...] L’espace étant une projection de soi… Que se passe-t-il quand il commence à “réagir” – ce qui est différent d’un espace qui commence à “répondre” ?”2 Frédéric Nantois, « De Cedric Price à Bill Gates : les technologies de l’ordinaire », Cahiers de la recherche architecturale et urbaine, janvier 2001, nº7, p. 31-46 : p. 34-35 2 Propos recueillis lors de la conférence Sentient Architecture qui eut lieu à la Harvard University Graduate School of Design le 17 janvier 2006. 1
Extrait de Yasmine Abbas, Le Néo-nomadisme : Mobilités, Partage, Transformations identitaires et urbaines (FYP, 2011); p. 45.
PANEL ENSEIGNANT DE L’ESA – 2 NOVEMBRE 2012
Poster produit pour l’occasion.
Cette rencontre avait pour but le partage et le croisement de réflexions sur l’architecture hybride – physique et numérique. Cette expérience pédagogique a aussi été l’occasion de montrer que la culture numérique et l’architecture est un thème de convergence à l’ESA et de prendre connaissance de la richesse du travail d’un nombre d’enseignants de l’école.
BIBLIOGRAPHIE Stan Allen, “Mies’ Theater of Effect” in Stan Allen, Practice: Architecture, Technique + Representation (Routledge, 2009): pp. 97 – 116 Paul Arthur, Romedi Passini, Wayfinding: People, Signs and Architecture (McGraw-Hill, 1992) Jean Baudrillard, Simulacres et simulation (Galilée, 1981) Jeremy Bentham, Panoptique : Mémoire sur un nouveau principe pour construire des maisons d’inspection, et nommément des maisons de force (Mille et Une Nuits, 2002) Janine Benyus, Biomimicry : Innovation Inspired by Nature (William Morrow Paperbacks, 2002) Marie-Ange Brayer, Frédéric Migayrou, Malafouris Lambros, Biothing: Alysa Andrasek (HYX, 2009) Mario Carpo, “Reproductibilité mécanique et reproductibilité numérique, la mort de l’identique” in Libero Andreotti (Ed.), SPIELRAUM : W. Benjamin et l’architecture (Editions de la Villette, 2011) : pp. 269 – 277 Cesare Maria Casati, “Charles Eames’ Ovoid Theater” in DOMUS 424: http://www.domusweb.it/en/from-the-archive/ charles-eames-ovoid-theatre/ Bernard Comment, Le XIXe siècle des panoramas (Adam Biro, 1993) – “L’individu dans la ville – compensation et maîtrise” : pp. 89 – 94 + “Panoptisme et panoramisme” : pp. 95 – 100 Michel Foucault, “L’Oeil du pouvoir” (entretien avec Jean-
Pierre Barou et Michelle Perrot), in Jeremy Bentham, Le panoptique (Belfond, 1977) : pp. 9 – 31 in Michel Foucault, Dits et écrits II, 1976 – 1988 (Gallimard, 2001) : pp. 190 – 207 Michel Foucault, Le Corps utopique. Les Hétérotopies (Nouvelles Editions Lignes, 2009) Yona Friedman, Pro Domo (Actar, 2006) – “The Flatwriter : Choice by Computer”: pp. 128 – 138 Buckminster Fuller, Ideas and Integrities : A Spontaneous Autobiographical Disclosure (Lars Müller Publishers, 2010) – “I Figure…”: pp. 111 – 147 Ersnt Hans Gombrich, L’art et l’illusion : psychologie de la représentation picturale (Gallimard, 1987) Stephen Graham and Simon Marvin, Splintering Urbanism: Network Infrastructure, Mobilities and the Urban Condition (Routledge, 2001) Allison Griffiths, Shivers Down Your Spine: Cinema, Museum, and the Immersive View (Columbia University Press, 2008) Donna J. Haraway, Simians, Cyborgs and Women: The Reinvention of Nature (Routledge, 1991) Rem Koolhaas, Junkspaces : repenser radicalement l’espace urbain (Manuels Payot, 2011) – Traduction de Daniel Agacinsky. Toyo Ito, Architecture Words 8: Tarzans in the Media Forest (Architectural Association Publications, 2011) George L. Legendre, Guest-ed., “Mathe + Mathics of Space”, Architectural Design July/August 2011, Profile Nº 212 – Antoine Picon, “Architecture and Mathematics: Between Hubris and Restraint” : pp. 28 – 35. Michael Wein-
stock, “The Metabolism of the City: The Mathematics of Networks and Urban Surfaces”: pp. 102 – 107 Pierre Lévy, L’intelligence collective : pour une anthropologie du cyberespace (La Découverte, 1997) – “Du molaire au moléculaire. Technologie de l’intelligence collective” : pp. 50 – 64 Kevin Lynch, L’image de la cité (Dunod, 1983) – “La forme de la ville” : pp. 106 – 138 Greg Lynn, Folds, Bodies and Blobs. Collected Essays (Books-By-Architects, 2004) – “Blob Techtonic, or Why Techtonic is Square and Topology is Groovy”: pp. 169 – 182 Marshall McLuhan, Pour comprendre les médias (Bibliothèque Québéquoise, 1993) – “Le message c’est le médium” : pp. 37 – 57 Frédéric Migayrou, “Les ordres du non standard” in Frédéric Migayrou, Zeynep Mennan, Architecture non standard – Exposition présentée au Centre Pompidou, Galerie Sud, 10 décembre 2003 – 1er mars 2004 (Editions du Centre Pompidou, 2003) : pp. 26 – 33 William J. Mitchell, The City of Bits : Space, Place and the Infobahn (On Architecture) (The MIT Press, 1996) William J. Mitchell, Me++ : The Cyborg Self and the Networked City (The MIT Press, 2003) Antoine Picon, Culture numérique et architecture – une introduction (Birkhäuser, 2010) Luigi Prestinenza Puglisi, Hyperarchitecture : space in the electronic age (Birkhäuser, 1999) – “Projection” : pp. 30 – 51. “Mutation” : pp. 51 – 69. “Simulation” : pp. 70 – 86 Simon Sadler, The Situationist City (MIT Press, 1999)
Jacques Sautereau, (Ed.), “Réel/Virtuel”, Cahiers de la recherche architecturale et urbaine, Janvier 2001, Nº 7 – Frédéric Nantois, “De Cedric Price à Bill Gates : les technologies de l’ordinaire” : pp. 31 – 46 Mark Sheppard (Ed.), Sentient City : ubiquitous computing, architecture and the future of urban space (MIT Press, 2011) Lars Spuybroek, “The Motorization of reality”, Architecture and Urbanisme – Reality? Virtual Reality? Cloud 9. dECOi. NOX. Michael Silver. Kent Larson, 1999: 10, 349, pp. 68 – 73 : p. 68 Andrew Webber and Emma Wilson (Eds.), Cities in Transition: The Moving Image and the Modern Metropolis (Wallflower, 2008) – Giuliana Bruno, “Motion and Emotion: Film and The Urban Fabric”: pp. 14 – 28 http://cyborganthropology.com/ http://spacesyntax.com
EXERCICE Rechercher ce que c’est qu’une EXPERIENCE AUGMENTEE. Un exercice en deux temps. OBSERVER, EXPERIMENTER – Les canaux à Paris, France, du Port de l’Arsenal à la Cité des Sciences et de l’Industrie sont les lieux choisis d’expérimentation. Choisir une méthode, photographies, croquis, collecte de “flyers”, recherche sur internet (liste de blogs, de sites), pour repérer l’information sur les canaux, les activités qui s’y passent, des usages et comprendre comment l’expérience de découverte est ainsi augmentée. Y a-t-il des carences d’information ? Est-ce que l’information est nécessaire pour la découverte ? Faire un compte-rendu de la méthode entreprise, des observations et expérimentations et précisez ce qui vous a intéressé en terme d’expérience augmentée. ECRIRE – Le but est d’approfondir la question de recherche sur l’expérience augmentée. L’écriture de cet exposé devra comprendre [1] un récapitulatif de votre recherche empirique et de l’enseignement reçu – il s’agit d’en dégager un intérêt de recherche précis ; [2] une argumentation de votre intérêt de recherche intégrant des références clefs ; [3] une discussion sur l’expérience augmentée – en quoi votre observation/intérêt de recherche relève de l’expérience augmentée ? et [4] une conclusion étayée d’exemples qui explique comment cette recherche peut mener à un projet architectural et/ou urbain.
DIGEST DE TRAVAUX D’ETUDIANTS Etudiants ayant suivi ce cours : AMLOUL Malak, AMRANI Houda, ASFUROGLU Asaf Cem, ATTALI Tiffany, BERAUD Augustin, BITTON Margaux, CECCALDI Jean-Louis, CHICOTEAU Félix, DEACKEN Nolwenn, DEJONGHE Quentin, DELAUNAY Sarah, DIENG Dior, DJIAN David, DOLBAKIAN Vincent, DUTRIEUX Amanda, EL CHIATI Alya, FAID Kenza, FOREST Clément, GIROUD Thomas, GIUDICELLI Lola, GNINTAMAGAN Tchéplé Priscille, HASSEN ALI Victoria, JACOB Zoé, JAFFAL Sabrina, KALLAB Georges, LANDIE Feriel, LAPLAIGE Pauline, LARERE Joséphine, LE DAIN Charlotte, LEMHANDEZ IMANI Kenza, LEMSEFFER Anis, MAGNE Timothée, MAMOU Sara, MATHIEU Charles-Edward, MEMPONTE Lucas, MERRARI Misk, MESTER de PARAJD Arpad, MOTROT Cécilia, MOUSSA-RENAMY Ivan, MSEFER Myriem, OSTOJIC Victor, PIERSON Pauline, PINSON Thaïs, REMON Zoé, RUBINSTEIN Léa, SELLIN Aurélie, SEROR Myriam, SIBAÏ Myriam, SIMON Ferdinand, SOULTANIAN Manon, STASSINET Charlie, TAZI Mohamed Amine, THOMAS Robin, VILLENEUVE Pierre, WEILL Alexandre, WU Di, ZEIDAN Tracy, ZOUBEIDI Selma.
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La plupart des guides touristiques proposent des itinéraires [ennuyeux]. [...] A l’aide de nouveaux plans et de différents itinéraires, nous espérons permettre une découverte du quartier qui mette en avant le hasard et l’aventure. [...] Notre recherche a commencé avec la lecture [des textes] des Situationnistes.1 Nous avons effectué des expériences telles qu’utiliser une promenade proposée pour le 7ème dans le 10ème... [ou] se promener autour du canal en empruntant les rues dont la première lettre permettait d’épeler “un cadavre exquis” [en référence au jeu inventé par les Surréalistes]. [...] D’autre part nous avons réalisé que souvent les gens comparaient la ville où ils vivaient à celles qu’ils visitaient [en disant des choses] telles que “So is that the Soho of Paris ?”.
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Tracé du parcours selon le mot “EDGY” à l’aide de l’application Nike Running sur iPhone [Les étudiantes se sont inspirées du travail de l’artiste Jeremy Wood].”2 1 2
Guy Debord, La société du spectacle (Folio, 1996) Http://jeremywood.net
Extrait du travail de LANDIE Fériel et ZOUBEIDI Selma.
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Filature à l’Arsenal –
A la manière de Sophie Calle1 et de ses “filatures parisiennes”, nous avons suivi des personnes le long du Canal Saint Martin, sans aucun critère particulier. Par hasard, amusement, ou simple curiosité nous nous sommes mis dans la peau de véritables détectives afin d’analyser l’appropriation d’un territoire par ses occupants. Riverain, gérant du bistrot du coin, manifestant, piéton occasionel ou piéton égaré – tous à leur manière tracent un chemin le long de ces rives. D’où viennent-ils? Où vont-ils? Ces questions, nous nous les sommes posées dans un premier temps tout en relevant sur une carte leurs trajets puis nous nous les avons questionnés. [...] D’où venez-vous? “Je suis passée au tabac gratter mon Banco et figurez-vous que j’ai remporté le pactole (rire). Du coup je suis passée à la boulangerie prendre des sucreries”. Où allez-vous? “Je vais chercher les petits à l’école, et je les amène chez leur père, il est de corvée ce week end. Je dois déguerpir je vais les rater autrement”. 1
Christine Marcel, Yve-Alain Bois, Olivier Rolin, Sophie Calle : M’as-tu vue ? – Did you see me? (Prestel, 2004)
Extrait du travail de DEJONGHE Quentin, FOREST Clément et WU Di.
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Partis pour faire une expérience augmentée avec la Tentative d’épuisement d’un lieu parisien de Georges Perec comme manuel d’analyse...1 C’est une démarche entre le littéraire et le scientifique, l’objectif et le subjectif car Perec décrit de façon objective et scientifique [?] tout ce qui se déroule mais choisit un endroit et une heure de façon tout à fait subjective. Le but est donc de décrire tout ce que l’on voit dans les moindres détails surtout les choses les plus banales. [...] La date : 5 novembre 2012 L’heure : 17h30 Le lieu : Chez Papa, petit bar de quartier à la devanture jaune qui invite à s’assoir, situé sur le boulevard de la Bastille entre la rue Biscornet et celle de Lacuée. Point de vue assez restreint – une vision à 120° sur le Port de l’Arsenal. Le temps : Froid, pluvieux – Une femme promène son chien, un Beagle ? – Il commence à pleuvoir. – Un groupe de 6 jeunes filles passent en courant se protégeant la tête avec des livres. – Le serveur [nous sert] une pinte de bière. – Le bus 52 en direction de Bastille passe plein à craquer. [...] — Bus 87 (le violet en direction de la Porte de Reuilly) avec l’affiche de KIRIKOU aussi jaune [...]. — Gris de l’asphalte, blanc du passage clouté, rouge du sens interdit, bleu du panneau de parking, marron des poteaux, blanc sale des bâtiments, vert des poubelles, rouge, bleu, couleur métal, et noir-violet des voitures et motos garées. — Femme baladant 3 chiens dont un grand marron et un jeune dalmatien. 1
Georges Perec, Tentative d’épuisement d’un lieu parisien (Christian Bourgois, 1983)
Extrait du travail de CHICOTEAU Félix et GIROUD Thomas.
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Notre première approche a été de nous laisser guider [depuis la Gare de l’Est] jusqu’au Canal en regardant toutes les signalisations visuelles comme les panneaux de signalisation, de direction, les plans au niveau de la gare, du métro et du chemin jusqu’au Canal. [...] Au niveau [des rues], aucun panneau ne nous laisse imaginer la présence du canal dans le quartier. Nous avons eu l’impression d’avoir été laissés à nous-mêmes ou alors que pour le quartier, le canal n’existait pas ou qu’il existait justement trop, comme si son histoire et son attrait dans Paris suffisait
pour qu’on sache ou il est situé. [...] Dans un deuxième temps, nous avons eu une approche plus sensible. En effet, nous avons cherché à étudier “l’existence” du canal dans l’esprit des gens qui vivent à proximité. [...] Notre démarche se rapproche de celle du wayfinding [...] le dispositif conjoint d’orientation,d’identification et d’informations visuelles dans un lieu [dont Kevin Lynch a parlé]. [...] A la suite de Kevin Lynch, des études ont démontré que les éléments de l’environnement, avaient une influence sur la “signalitique directionnelle”. [...] Romedi Passini, à l’instar de Lynch précise le rapport entre la ville, la signalétique et le graphisme.1 Les informations spatiales combinées à la forme urbaine nous permettent d’arriver à la conception de l’espace urbain augmenté. [...] Dans East Paris Emotion Map un dispositif mesure l’excitation émotionnelle des participants en fonction de leur situation géographique dans la ville : “Sur la carte, les promenades sont représentées par des lignes bleues retraçant les chemins empruntés par les participants. Les domaines de l’excitation émotionnelle élevée sont représentés par des grappes rouges. L’excitation n’est pas nécessairement positive ou négative mais pensée en termes d’attention accrue au corps ou à l’environnement. Les points blancs indiquent où les participants ont ajouté des annotations textuelles pour décrire la variété des événements et des stimuli sensoriels qui ont causé leurs réactions émotionnelles au cours de leurs promenades.”2 Alessandro Aurigi, Fiorella De Cindio (Eds.) Augmented Urban Spaces : Articulating the Physical and Electronic City (Ashgate, 2008) 2 Traduction du texte en anglais présenté sur le site http://paris.emotionmap.net 1
Extraits du travail de DEACKEN Nolwenn, DIENG Dior et MOUSSA-RENAMY Ivan.
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[ 2 ] Photographies [ 1 ] et [ 2 ] DEACKEN Nolwenn, DIENG Dior et MOUSSA-RENAMY Ivan.
[ 3 ] Photographie OSTOJIC Victor et VILLENEUVE Pierre.
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Notre travail a été de chercher comment les scooters pratiquaient et utilisaient le Canal Saint-Martin. [...] La mairie de Paris a installé 80 000 places de parkings dédiées aux deux roues. [...] Mais la majorité des stationnements se fait en dehors de ces places de parkings. Les scooters stationnés utilisent différents éléments du mobilier urbain, pour se garer. [...] Le mobilier urbain n’est pas uniquement détourné [de sa fonction originale] par les [conducteurs de] scooters mais par les sans- abris pour vivre, et par plein d’autres usagers comme les enfants pour jouer, les skateurs pour pratiquer leur sport. [Sur la carte à droite les étudiants repèrent] la circulation et les points d’arrêt au niveau du canal [bleu foncé], les sationnements illégaux créés avec le mobilier urbain [rouge], les places légales de parking [bleu clair]. Extraits du travail de OSTOJIC Victor et VILLENEUVE Pierre.
La circulation au Canal Saint-Martin se fait sur une circuation à une seule voie. Cela enraine que les scooters enfreignent e code de la route en passant par es piste cyclabes pour doubler les voitures, ce qui expose au danger, es cyclistes et les piétons. Le canal est bien déservis aux niveaux de la quantité des parkings à deux roues, mais cerains scooters ou motos se garent aux niveaux des rembardes des ponts. Egalement aux niveaux des vides créent par les bordures séparatrices des pistes cyclabes. Le mobilier urbains permets la créaions de parkings improviser mais
Victor Ostojic et Pierre Villeneuve
circulation et point d’arret autour du cannal stationnements crées par le mobilier urbain illégaux stationnement crées par des parkings à deux roues légaux
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Parcours 1 – sans ouïe ni vue. si un chemin est étroit et entouré d’herbes hautes, on se sent en confiance, car l’odeur et la présence de la végétation créent une limite. Au contraire, si la voie est large et le sol pavé, je n’ai aucun point de repère et suis donc moins stable. Parcours 2 – sans les bruits de la ville – capture d’écran à gauche. Je me suis rendue sur le site isolée à l’aide d’écouteurs. Je n’entendais que le bruit de ma musique, tous les sons de la ville étaient indiscernables. Parcours 3 – sans la vue : Les changements de sols étaient très importants, la qualité sableuse ou minérale du revêtement ne procure absolument pas la même sensation. On réalise alors que, privé de la vue, nous sommes beaucoup plus rassurés lorsque nous sentons des limites. En ce sens, une margelle prend toute son importance. Les quais à proprement parler, apparaissent comme incertains [...]. La présence de végétation, le bruissement des feuilles sont familiers et deviennent une sorte de garde corps. Etant en contre bas, les mouvements de la ville paraissent lointains et cette absence de signaux est relativement déstabilisante. [...] En regardant mon trajet [enregistré par l’intermédiaire de l’application Nike Running sur iPhone], j’ai réalisé que j’allais très lentement sur le bord des quais, ce qui traduit mon manque de confiance en ce lieu.Toutefois, paradoxalement, lorsque j’ai retrouvé la vue, j’ai découvert un endroit à la fois apaisant et agréable qui possède vraisemblablement toutes les qualités requises au bien-être d’une personne jouissant de ses cinq sens. [...] Dans The image of the City, l’urbaniste américain Kevin Lynch explique que les personnes qui parcourent la ville, la voient à travers cinq éléments majeurs : les “edges” [limites], les “pathes” [chemins], les “nodes” [nœuds], les “landmarks”
[repères] and les “districts” [quartiers].1 Dans le cas de notre recherche, ces cinq éléments vont en effet avoir des répercutions sur la manière dont nous avons envisagé l’espace dépourvues tantôt de l’ouïe, tantôt de la vue. Dans le cas de Sarah et Amanda qui avaient les yeux bandés, les “edges” ont joué un rôle prépondérant dans leur parcours, à la fois quant au chemin, mais également au niveau de leur allure. En effet près du canal Saint-Martin la frontière sans barrière entre l’eau et les quais a été un facteur qui a considérablement ralenti leur route et qui les a constamment gardées éloignées de l’eau. Dans le cas de Léa, qui n’entendait pas les sons de la ville, ce sont les “landmarks” qui ont eu une nette répercution sur son parcours. [...] Lors de notre expérience, nous avons réalisé que, sans téléphone, nous n’aurions pu nous rendre au Canal car nous n’avions même pas envisagé un itinéraire en amont. Il semble que nous ne soyons plus à l’écoute de notre environnement : par exemple, lors d’une analyse de site pour un projet, bien que nous allions sur un lieu donné, il devient de plus en plus difficile de nous contenter de nos observations personnelles. [...] Dans The Eyes of the skin, architecture and the senses Juhani Pallasmaa, souligne l’hégémonie de la vue dans notre société actuelle. Il relate comment la vision est notre moyen de perception favori, constituant à son sens, une sorte de “paradigme occulocentré”.2 [...] Il nous semble qu’il appartient à l’architecte de mener le client, notamment à l’aide de son discours, à une perception plus seulement visuelle mais enfin multi-sensorielle. Kevin Lynch, L’image de la cité (Dunod, 1983) “Les univers sensoriels de l’architecture contemporaine”, in Xavier Bonnaud et Chris Younès, Architecture et perception (La découverte, 2012). Juhani Pallasmaa, The Eyes of the Skin, Architecture and the Senses (John Wiley & Sons, 2012) 1 2
Extraits du travail de DELAUNEY sarah, DUTRIEUX Amanda et RUBINSTEIN Léa.
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On s’est décidées à aller voir des personnes en leur demandant s’ils étaient du quartier et s’ils avaient quelques minutes à nous accorder. Une fois la personne d’accord, nous lui avons demandée de représenter le quartier comme elle le ressentait: les chemins pris, les restaurants, magasins, café fréquentés... Souvent, la crainte était de ne pas bien dessiner ou de ne pas se faire comprendre. Nous avons donc précisé qu’il fallait qu’elles dessinent à leur façon un plan symbolique et schématique. Une personne interrogée est un étudiant qui passe tout son temps libre sur le canal avec son groupe d’amis... le week end, après les cours. Il prend l’exercice demandé comme un défi, il précise qu’il connait tout les endroits branchés du quartier, les meilleurs bars et pubs, les squats pour retrouver toutes les personnes huppées du lycée. [Dessin 1 page suivante] Une autre personne interrogée est une femme dans la soixantaine. Elle faisait sa marche du jour qui consiste à faire le tour du canal en partant de la rotonde et tournant au niveau du pont levant. Sur son dessin, elle a surtout localisé les espaces verts. Cette démarche nous a aussi permi de constater que chacune des personnes questionnées avait un regard sensible qui variait selon les âges et leurs activités personnelles. [Dessin 2] Cette recherche nous a permise d’être plus proche des habitants du quartier, de savoir ce qu’ils ressentent, ce dont ils sont le plus proches et de quoi ils ont besoin, car finalement si un projet devait avoir lieu, nous devrions tout d’abord penser à leurs besoins étant donné qu’ils feraient vivre le projet. Extraits du travail d’AMRANI Houda et de FAID Kenza.
Dessin 1 – le canal représenté par un jeune étudiant.
Dessin 2 – le canal représenté par une femme dans la soixantaine.
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Le transposeur est un instrument de musique fictif qui transforme les bruits de la ville en sons musicaux. Il prend la forme d’un clavier de piano, sur lequel à chaque note correspondrait un son. Deux systèmes se font face: la musique de la ville, chaotique et aléatoire que nous représentons sur une “portée” semblable à undiagramme du son. D’un autre côté, le système de solfège très organisé, presque mathématique qui régit artificiellement l’harmonie musicale d’une mélodie. On transpose alors le chaos en organisation. [...] Grâce au transposeur, nous avons écouté et isolé plusieurs fois chaque son pour lui donner une valeur et transposer la “musique de la ville” sur une portée classique.
[...] On pourrait ainsi créer une carte auditive du Canal Saint Martin, où [... l’]on pourrait [cartographier] les différentes ambiances sonores du canal. Nous prenons ici comme référence l’exposition de Jenny Marketou1 “Smell It: A Do-It-Yourself Smell Map” en 2008. L’artiste avait produit une installation interactive : sur un mur, une carte des odeurs était installée. Cette installation était le produit d’une expérience participative puisque les visiteurs étaient invités à rendre leurs impressions olfactives sur la carte après avoir effectué une promenade. Enfin dans la même thématique nous avons regardé le travail de Jason Logan “I Smell NY”.2 Les travaux sur l’odeur étaient plus nombreux que ceux sur le bruit et ces travaux portaient
sur une thématique proche de la notre, c’est-à-dire travailler sur une seule caractéristique de la ville : l’odeur pour Marketou, les sons dans notre cas. [...] La question du son pourrait être un facteur de création dans une architecture de type paramétrique. En effet, pourquoi ne pas imaginer pousser l’expérience plus loin ? Au lieu de correspondre à une note, les sons répertoriés seraient liés à une typologie d’espaces. On pourrait alors partir des sons pour générer une architecture. [...] Pour conclure le transposeur n’est peut-être pas forcément utilisable tel quel, en revanche, de cela nait un processus : nous avons alors le début d’une récolte de datas pour créer une
banque de données de sons plus conséquente. Celle-ci pourrait être utile en amont du projet pour cibler les potentielles zones de désagréments auditifs dans une cartographie interactive du type de celle de Jason Logan, ou bien comme élément de fabrication urbain en associant des sons à des espaces et en utilisant le son comme élément fondateur d’une architecture. Jenny Marketou est une artiste New-Yorkaise, Elle a exposé à Philadelphie une carte participative des odeurs appelée “Do-It-Yourself Smell Map” 2 Jason Logan est illustrateur et l’auteur de “If We Ever Break Up, This Is My Book.” Il a fait une carte olfactive des senteurs New-yorkaises appelée “I smell New-York”. 1
Extrait du travail de SELLIN Aurélie et GNINTAMAGAN Priscille
ABBAS Yasmine est architecte DPLG, titulaire d’un master au MIT (Massachusetts Institute of Technology) et d’un doctorat à la Harvard University Graduate School of Design. Hybride et néo-nomade, elle a vécu, étudié et travaillé au Maroc, en France, aux États-Unis, au Danemark et aux Émirats arabes unis, dans des domaines aussi variés que l’architecture, l’ethnographie commerciale ou le développement durable. Une expérience qui lui apporte un regard aiguisé sur les changements du monde contemporain, en particulier sous l’angle de la recherche et de l’innovation en design. Elle a publié en 2011 aux éditions FYP l’ouvrage intitulé : Le Néo-nomadisme : Mobilités. Partage. Transformations identitaires et urbaines. Email : yaz@alum.mit.edu Site internet : http://neo-nomad.net Twitter : @panurban