Le Journal du Samedi

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Ptr-MMM : rencontres secrètes Ramgoolam-Cuttaree cette semaine Alors que tout indiquait qu’une alliance bleu-blanc-rouge était déjà conclue, la reprise des négociations entre le Parti travailliste et le MMM, cette semaine, semble indiquer qu’une grosse surprise n’est pas à écarter dans un avenir proche. Le négociateur mauve n’est autre que Jayen Cuttaree RUDY VEERAMUNDAR

IL NE s’agissait que d’un temps d’arrêt. Après avoir été paralysées pendant quelques jours à l’issue de la rencontre du jeudi14 janvier dernier entre le Premier ministre, Navin Ramgoolam et le leader des mauves, Paul Bérenger, les négociations en vue d’une alliance électorale entre le Parti travailliste (Ptr) et le Mouvement Militant Mauricien (MMM) ont repris lundi. De « réelles avancées » ont marqué la première rencontre de cette semaine entre le No 2 du MMM, Jayen Cuttaree, et le Premier ministre. Certaines sources n’ont pas hésité à observer que c’est ce même Jayen Cuttaree qui avait été à la base de l’alliance Ptr-MMM en 1994. Il est considéré comme étant celui qui peut débloquer la situation de « deadlock » par rapport à la répartition des tickets dans une éventuelle alliance rouge-mauve. L’entente entre les deux dirigeants a servi de base à une seconde réunion, mardi, toujours entre Ramgoolam et Cuttaree. Les principaux points qui sont actuellement au centre des discussions concernent la répartition des tickets des dirigeants du MMM dans un éventuel gouvernement de coalition. Il s’agit là de points très sensibles qui ont donné lieu à l’échec dont l’express avait fait NO 7 23 JANVIER 2010

état lundi dernier. Tout dans l’attitude de Bérenger donnait à penser que le MMM avait mis un terme aux négociations. Dans un discours prononcé dimanche dernier à La-Gaulette, Paul Bérenger avait dénoncé une propagande qui consistait à donner l’impression que le Parti travailliste était assuré d’une victoire. Bérenger avait notamment déclaré : « Si telle était la vérité, Ramgoolam ne se serait pas mis à mendier une alliance avec le MSM et ne se serait pas montré aussi réticent pour aller de l’avant avec le nouveau découpage électoral. » La prise de position de Bérenger met en lumière la stratégie audacieuse de Navin Ramgoolam et aussi la pression exercée par la vieille garde du MMM pour que le parti soit du prochain gouvernement. Bérenger est sorti quelque peu ébranlé de la première réunion avec Ramgoolam mais du fait qu’il s’agissait d’une négociation, il n’a pas tout à fait fermé la porte. A noter que Le Journal du Samedi avait annoncé, en primeur, cette rencontre surprise entre Navin Ramgoolam et Paul Bérenger. Que s’est-il passé lors de ce tête-à-tête ? A coup sûr, ces deux hommes se font rarement de cadeaux. Ce sont deux négociateurs aguerris, qui se connais-

sent par cœur. Selon nos renseignements, Paul Bérenger aurait demandé un poste de vice-Premier ministre, sans portefeuille spécifique. Un poste calqué sur le modèle Lee Kwan Yu. Ce dernier, ancien Premier ministre et architecte du miracle singapourien, avait, pendant un certain temps, occupé la fonction de Senior Minister au conseil des ministres dans son pays, et ce sans portefeuille ministériel. Ce qui lui donnait, dans les faits, un rôle de mentor. Il nous revient que les négociations ont buté sur ce point. Il y a aussi eu des différends sur le nombre de tickets qui seraient accordés à chaque parti. Lundi dernier, les deux partis devaient cependant revenir à la table des négociations grâce à un numéro d’équilibriste de Jayen Cuttaree. Le changement de stratégie électorale brusque de Navin Ramgoolam est intervenu il y a quelques semaines. On pensait qu’avec la réunification du PMSD et la disponibilité du MSM, l’alliance bleu-blancrouge était chose faite, mais il existe désormais un sentiment que ce projet peut voler en éclats pour plusieurs raisons. Ramgoolam sait qu’il a le vent en poupe et que c’est lui qui joue désormais le rôle d’aimant, de pivot, qui attire les

alliances. Il fait de la realpolitik impitoyable et non de la moralpolitik. A titre d’exemple, on imaginait la semaine dernière que c’est Maurice Allet qui allait être nommé ministre pour le récompenser de son soutien. Ramgoolam lui a préféré Hervé Aimé, qui à un certain moment n’était pas vraiment dans ses « good books ». Pour certains observateurs, il est évident que Navin Ramgoolam est sur le « buyers market » et s’ouvre à toute négociation où il pourra être en situation de faire la meilleure affaire possible. La rencontre qui s’est tenue entre Xavier Duval, Rama Valayden et lui, après le conseil des ministres d’hier, est le parfait exemple qu’il n’a pas encore dit son dernier mot. Il s’est permis de réfuter un article de l’express selon lequel il y avait un froid entre Xavier Duval et lui. L’article affirmait que les deux hommes ne se parlent plus depuis le mois de novembre dernier. Il a cependant expliqué qu’il avait un projet pour le pays et qu’il se permettait de discuter avec tout parti ou individu qui pourrait l’aider dans le projet en question. Alors que le regard de tout le monde était braqué sur une coalition avec le MSM, le MMM est également dans la course.

« Si telle était la vérité, Ramgoolam ne se serait pas mis à mendier une alliance avec le MSM et ne se serait pas montré aussi réticent pour aller de l’avant avec le nouveau découpage électoral » Paul Bérenger.

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