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gestion rachetées représentent environ 12 % des actifs gérés. C’est la première phase de consolidation de cette jeune industrie. Les sociétés de gestion indépendantes ne sont pas en reste : en dix ans, la gestion collective multiplie par trois le montant des actifs sous gestion (de 17 à 48 milliards de dollars). Pour répondre à une demande croissante de rendements élevés, de nombreux acteurs segmentent leurs offres et créent les premiers fonds de croissance. à cette époque, un gérant se porte en effet bien mieux en achetant des « valeurs de croissance » comme Polaroid et Xerox, plutôt que des blue chips telles que AT&T, General Electric, General Motors ou Texaco, quitte à s’exposer à des valeurs plus petites et moins liquides. Fidelity est l’un des premiers acteurs à s’engouffrer dans la brèche dès 1957, avec Fidelity Capital Fund. Puis les principales sociétés de gestion lancent à leur tour leur propre fonds de croissance avec leur gérant vedette : Howard Stein (Dreyfus Fund), Fred Carr (Enterprise Fund), Fred Alger (Security Equity Fund).

1970-1980 : la stagflation pénalise la gestion actions 1974. L’embargo des pays de l’Opep provoque une envolée du cours du baril de pétrole. L’inflation, qui atteint 5-6 % au début des années 1970, explose à 12 %. Dans un contexte de stagflation, les investisseurs cherchent à se prémunir contre la chute des marchés financiers et à se protéger contre l’inflation. Les courtiers et intermédiaires, principaux canaux de distribution des fonds jusqu’ici, se tournent vers d’autres produits. Même si les pays producteurs transfèrent massivement leurs pétro-dollars vers New York et Londres, seules places à pouvoir accueillir des montants

aussi importants, la croissance de l’industrie s’arrête. Certains gérants envisagent sa disparition prochaine. Après avoir atteint un pic à près de 60 milliards de dollars, l’encours géré tombe à 36 milliards en 1974, tandis que l’industrie perd près de 1,5 million de souscripteurs en quatre ans. Cette nouvelle crise amène les sociétés de gestion à revoir leurs gammes en déterrant ce qui n’était que des projets quelques années auparavant. Certaines créent ainsi des fonds investissant dans les bons du Trésor, les certificats de dépôt et d’autres instruments obligataires à court terme, afin de concurrencer des comptes d’épargne qui n’offrent qu’un rendement de 4,5 % à 5,5 %. Le premier fonds monétaire, Reserve Fund, naît à New York en septembre 1972. Puis les sociétés de gestion déjà établies proposent à leur tour leurs propres fonds monétaires : Dreyfus lance Dreyfus Liquid Asset Fund, tandis que Fidelity propose Fidelity Daily Income Trust. Conçus comme des poches permettant de récupérer les liquidités sortant des marchés actions, ces fonds sont peu à peu considérés comme une classe d’actifs à part entière, répondant à un besoin de long terme des investisseurs. Les fonds monétaires voient leur encours passer de 2 milliards de dollars en 1974 à 11 milliards en 1978, puis à 76 milliards en 1980, année où la gestion monétaire dépasse toutes les autres classes d’actifs. D’autres innovations financières apparaissent parallèlement : Wells Fargo crée un fonds pour le compte d’un fonds de pension en 1971, tandis que les fonds indiciels prennent leur essor avec la création en 1975 de Vanguard, un acteur atypique qui offre l’autre particularité d’être la première société de gestion mutualiste. Ces innovations vont s’accélérer au cours des décennies suivantes.

Les fonds monétaires deviennent une classe d’actifs à part entière

1945

> ordonnance créant les caisses de retraite en France

1952

> fondation de la théorie moderne du portefeuille par Harry Markowitz

1957

> lancement du premier fonds actions Growth (privilégiant les valeurs de croissance)

1972

> lancement du premier fonds monétaire aux états-Unis

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La construction des fondements théoriques Diversification, alpha, béta, ratio de Sharpe. Ces notions qui gouvernent la construction de portefeuilles et l’analyse de la performance sont le fruit des travaux académiques des années 1950 à 1980. Reprenant les travaux du français Louis Bachelier en 1900, Harry Markowitz fonde la théorie moderne du portefeuille en 1952, en démontrant qu’en univers incertain, l’investisseur peut construire un portefeuille efficient qui offrira une rentabilité optimale pour un niveau de risque donné. En 1964, William Sharpe construit sur cette base le modèle

d’évaluation des actifs financiers, qui permet d’estimer la rentabilité attendue d’un actif et d’analyser la performance d’un portefeuille, grâce au ratio de Sharpe et au nouveau concept de béta. Eugene Fama, à travers la théorie de l’efficience des marchés, affirme qu’à tout instant, le prix d’un actif est le reflet de toute l’information publique disponible sur la valeur de cet actif, posant les jalons de la gestion indicielle. Cette théorie, partiellement validée, sera l’objet d’une vive controverse, toujours d’actualité.

Un siècle de gestion d’actifs I 5


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