Islenska

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Autant je pouvais comprendre les signes runiques un à un, autant l’unité du texte me paraissait opaque. Où était la prophétie là-dedans ? Qu’est-ce que tout cela signifiait ? À fixer les runes, ma vue se troubla. J’eus l’impression que certaines d’entre elles s’effaçaient à mesure que je parcourais le manuscrit. Je me moquai de ma niaiserie auprès de l’elfe, pensant qu’il partagerait mon autodérision. Mais il ne sourit même pas, indifférent à mon ressenti. Je regardais à nouveau, cette fois des vers entiers disparaissaient. «Le minuscule éclaire», «Enflamme l’imprudent», «Fuyant les esprits tumultueux». Ma main commença à trembler. Je voulus rendre le parchemin à l’elfe. Il le refusa. Désormais, il m’appartenait. J’insistais. Je ne voulais pas être responsable de la disparition de lettres si anciennes. Sigurjón balaya mes craintes d’un revers de main. Il expliqua alors que ce poème était unique et essentiel dans sa culture, que son contenu délivrait des secrets ancestraux doublés d’une aura mystique. Un poète, ou plus exactement un scalde, l’avait chanté il y a bien longtemps. Ce scalde se nommait Tyrfingur Thorsteinson. Tyrfingur Thorsteinson ne savait pas que les signes qu’il traçait possédaient un pouvoir. Il ne savait pas non plus qu’il écrivait une prophétie. Il ne le comprit que bien plus tard quand il surprit un elfe en sa maison, en train de dérober le parchemin sur lequel il avait écrit ces vers. Je me demandais si l’elfe en question était Sigurjón. Je n’avais aucune idée de l’âge qu’il pouvait avoir ni quelle était le maximum qu’un elfe pouvait atteindre. Après tout, pourquoi pas des 30


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