Filer la métaphore - Du bouton aux journées du matrimoine

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La fermeture de la mercerie À L’Économe à Lyon, août 2005 Journées du matrimoine, Musée dauphinois, 2007 Installation : projection du film La traîne de la Mariée dans le chœur des religieuses, film vidéo, 69’31’’

on trouverait assurément bien des analogies : même volonté « d’installer un événement dans la durée », même souci de « restituer à tous les histoires singulières », même stratégie d’inscription de l’événement « dans le territoire et les réseaux d’institutions partenaires », même cheminement revendiqué de l’intime au collectif, du singulier à l’universel… Alors, bien sûr, il y a ce glissement du patrimoine au matrimoine. Très au-delà de la « facétie du jeu sémantique » évoquée par son fondateur et inspirateur, il faut y voir, me semble-t-il, un acte plein de sens et profondément artistique. Celui d’un « poète » qui invite à voir, derrière l’événement et ce qu’il pourrait sembler traduire – la nostalgie des temps révolus, un certain passéisme réactionnaire, voire un repli identitaire –, le besoin, fortement présent dans notre société, de réinventer un récit partagé, de reconstituer – fût-ce de façon éphémère – un collectif donnant de la valeur aux mêmes objets, d’affirmer publiquement et simultanément une même communauté de destin. En ce sens, mettant en pleine lumière le « Plus Petit Objet Culturel Commun », « Monsieur Bouton » ne pouvait trouver plus belle métaphore pour exprimer ce désir diffus d’une communauté retrouvée : oui, de même que le bouton et la boutonnière relient deux éléments d’un même vêtement, le travail mené sur la mémoire et l’héritage contribue à recréer – ou, au moins, à renforcer – le fameux « lien social ». Il est donc parfaitement légitime que les Journées du matrimoine aient trouvé place au sein de l’événement institué très offi-


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