Séchoirs à tabac, entre conservation et reconversion

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Les mairies et le PLU, pour valoriser et réguler

A une échelle plus locale encore, nous allons nous appuyer sur l’exemple de la commune de Saint-Avit-Saint-Nazaire pour essayer de comprendre dans quelle mesure la municipalité tente de valoriser ses cathédrales de bois et d’en réguler la réutilisation. Un entretien avec le maire, Jean-Pierre Naudon, nous permet de révéler les carences et les retards du Plan Local d’Urbanisme à ce sujet. En effet, actuellement, seuls les séchoirs situés dans les zones urbanisables du PLU peuvent être reconvertis. Mais la grande majorité se trouvant en zone classée agricole, elle ne peut donc pas abriter d’autres usages que ceux liés à l’agriculture. C’est ainsi qu’à plusieurs reprises, des tabaculteurs désireux de diversifier leur activité en transformant leur séchoir en gîte rural, se sont vus refuser leur projet. Désormais, les élus avirois mettent l’accent sur le sort des séchoirs à tabac de la commune, qui seront bientôt les seuls témoins de la culture qui l’a façonnée. Ainsi, le prochain PLU, qui sera dès lors intercommunal, insistera sur la protection de ces sombres carcasses d’une part, sur la possibilité d’un changement de leur destination d’autre part. Cette réflexion existait déjà lors de la mise en place de leur Projet d’Aménagement et de Développement Durable (PADD) en 2004, mais aujourd’hui, il devient plus urgent de réviser le statut de ces constructions dans la mesure où la tabaculture a pratiquement disparu. Outre la conservation de l’identité patrimoniale de ce bâti, l’idée concerne le développement local : il faut stimuler le concept d’agro-tourisme qui permettra la pérennisation de l’activité de la ferme et l’installation de jeunes familles sur la commune. En revanche, si le maire est fortement attaché à pouvoir autoriser la reconversion des séchoirs à tabac, il souhaite vivement prohiber la vente de l’édifice seul, afin d’éviter la partition des corps de ferme traditionnels. Plutôt qu’un usage d’habitat détaché du sol productif, il recherche davantage l’activité qui peut être régénérée autour de ce pôle agricole. La municipalité devra donc procéder à un relevé des séchoirs existants. Installés pour la plupart sans permis de construire, beaucoup ne figurent pas sur le cadastre. Leur inventaire devra également indiquer l’état d’usure de chacun d’entre eux. Il faudra ensuite établir une charte architecturale et paysagère qui protégera l’aspect des silhouettes agricoles : les réhabilitations devront respecter le volume, les matériaux, les ouvertures… Au-delà de la révision de son PLU, la commune concocte également quelques projets concernant ces carcasses à pétun. Lors de la réalisation du giratoire à l’entrée du village, sur 70


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