MUSEOMAG 03 | 2015

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EDITORIAL

Et si nous regardions la mort en face, sans répulsion ni sensationnalisme? Depuis le 12 juin, le Musée national d’histoire et d’art accueille la plus grande exposition de momies jamais organisée: une programmation rendue possible grâce au concours et à l’expertise des ReissEngelhorn Museen de Mannheim. Mais la singularité de  Momies – Un rêve d’éternité  repose moins sur le nombre de momies réunies en un seul et même lieu que sur son caractère éminemment scientifique. De fait, le visiteur va pouvoir explorer le thème de la momification telle qu’identifiée dans cinq continents et ainsi prendre toute la mesure d’un procédé qui peut être naturel, intentionnel ou artificiel.   Le déclencheur de ce projet scientifique fut l’analyse archéométrique d’une tête de momie égyptienne appartenant à notre collection et exposée au musée jusque dans les années 80. Enfant, lorsque je me rendais en famille au «  Staatsmusée  », je suppliais mes parents de m’emmener d’abord scruter cette tête humaine dont on ignorait alors l’origine exacte, si ce n’est qu’elle provenait d’une donation datant du XIXe siècle. Ainsi, pendant des décennies, le MNHA a exposé cette tête humaine qui m’a fasciné toute mon enfance. Ce n’est pas un hasard si nous en avons fait la « tête d’affiche » de notre exposition, tant sa puissance visuelle est indéniable. Aujourd’hui, le visiteur pourra de nouveau la voir – au moins le temps d’une exposition temporaire –, mais surtout en apprendre davantage sur sa provenance et son sort tragique grâce aux travaux de recherche effectués en collaboration avec le centre d’archéométrie Curt-Engelhorn de Mannheim. Les résultats nous ont convaincus de valoriser tout notre fonds égyptologique et de le présenter en complément à l’exposition sur les momies. Des bords du Nil vers Luxembourg propose ainsi aux visiteurs un éclairage tout à fait nouveau sur notre propre collection d’objets provenant de l’Egypte ancienne.   Le Musée Dräi Eechelen vient lui aussi d’inaugurer une ambitieuse exposition temporaire, riche en enseignements. Intitulée Les frontières de l’Indépendance. Le Luxembourg entre 1815 et 1839, elle prend comme point de départ le bicentenaire du Congrès de Vienne pour thématiser la naissance du Grand-Duché de Luxembourg et les soubresauts historiques jusqu’à son Indépendance. Quelque 300 objets – dont le traité de Vienne et sa Ratification, documents rares et précieux qui nous viennent des Archives nationales de Lisbonne

© MNHA

CHÈRES LECTRICES, CHERS LECTEURS,

et qui sortent pour la toute première fois de leur lieu de conservation – illustrent cette période passionnante et fondamentale pour notre pays. Ne manquez pas l’occasion de vous familiariser avec les origines du Luxembourg à travers de nombreux documents totalement inédits!   La programmation «  Guest Work  » se poursuit grâce à deux prêts mis à disposition par The Apelles Art Collection Luxembourg. Après avoir accueilli une œuvre de Murillo en provenance du Musée national d’art ancien de Lisbonne, nous avons le privilège de montrer au Luxembourg un tableau d’un autre artiste important du siècle d’or espagnol : Francisco de Zurbarán. Jusqu’au 20 septembre son « Martyre de Saint Sébastien » – l’unique œuvre que Zurbarán a consacrée à ce sujet – sort ainsi de l’ombre d’une très importante collection privée. Une première à ne pas manquer cet été, sachant qu’à l’automne, le tableau migre à Düsseldorf pour intégrer une grande rétrospective Zurbarán au Museum Kunstpalast.   Pour terminer, un petit appel public à contribution en guise de prospective : en vue d’une exposition sur Le Luxembourg pendant la Guerre froide (1945-1990), prévue de mars à octobre 2016, nous recherchons des objets, documents, photographies, films, témoignages et informations sur les relations entre le Luxembourg et le bloc de l’Est et/ou les États-Unis et le bloc de l’Ouest entre 1945 et 1990 ainsi que sur l’influence de la Guerre froide sur la société luxembourgeoise. Toute personne susceptible de nous aider dans notre démarche scientifique est cordialement invitée à contacter le musée. Dans un deuxième temps, nous vous solliciterons également pour nous aider à compléter une exposition dédiée à l’artiste luxembourgeois Jean Mich (1871-1932), programmée pour le printemps 2017. MICHEL POLFER DIRECTEUR 03 ‘ 2015 museomag

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