Rapport sur l'hypersexualisation des enfants

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Selon cette même étude, la sexualisation touche aussi les garçons et les hommes : - Elle mène à une diminution de l’attirance pour leur partenaire. - Elle met en péril la capacité d’être empathique avec leur partenaire féminin. - Elle interfère sur leur capacité à conserver une relation. En France, le professeur Xavier POMMERAU, psychiatre, spécialiste de l’adolescence, est très préoccupé par l’apparition de conduites à risque précoces. Alors que la moyenne d’âge de ses patients était de 17 ans il y a 10 ans, elle est aujourd’hui de 14-15 ans. Il accueille dorénavant des jeunes filles en coma éthylique ou lourdement auto-mutilées qui sont en conduite de rupture. Des enfants de 12/13 ans s’exposent dans des postures et des tenues proches de la pornographie et « jouent des jeux dangereux ». Ce sont généralement des jeunes filles en forte souffrance identitaire qui portent l’illusion qu’elles seront aimées grâce à un « abus de séduction ». Souvent, ces jeunes filles qui se mettent en scène, en quête de séduction mais pas nécessairement de sexualité, ont été des lolitas complices de leurs mères. Le paradoxe de ces conduites extrêmes est qu’elles ne se forment pas nécessairement sur une situation de rupture avec les parents. Ces conduites peuvent toucher toutes les classes sociales, toutes les familles. Beaucoup de parents ignorent totalement le comportement de leurs enfants, certains n’ont en réalité pas conscience du risque. « On a l’impression que ces jeunes ont besoin d’un cadre. Ils réagissent plutôt bien à la prise en charge éducative ». Le Professeur POMMERAU considère que ces pathologies sont l’expression d’un problème de société : le manque de connaissances des parents, la démission du « village social » qui devrait collectivement prendre en charge ses enfants et dans une civilisation numérique nouvelle se repositionner quant aux images « tolérables ». Ces enfants ne sont pas en quête de transgression mais de normes. •

La pathologie la plus évidente face à la dictature de l’apparence est l’anorexie.

Le taux de jeunes filles – 13 à 17 ans – « maigres » augmente très fortement : 12,2 % en 1999, 14,9 % en 2006. Le Dr Marie-France Le Heuze, psychiatre pour enfants à l’hôpital Robert-Debré, service référent pour la région Ile de France (2003, L’enfant anorexique) constate une forte augmentation des cas d’anorexie pré-pubère. 37 % des fillettes de 11 ans sont déjà à la diète. Il y aurait en France 70 000 adolescents et adolescentes atteints d’anorexie mentale. Au Royaume Uni, 5 % des cas d’anorexie concernent des enfants de 5 à 7 ans. Un constat identique au Canada et en Australie. Les spécialistes concluent à un problème de société qui n’est en rien biologique. Certes, l’anorexie est une maladie qui peut apparaître à tout âge, y compris dès l’enfance. Pour autant, les facteurs déclenchant sont sociétaux. L’anorexie est une maladie des temps modernes dont la prévalence ne cesse de croître dans les pays occidentaux et plus largement à travers le monde. Dans son étude « Anorexie mentale de l’enfant et de l’adolescent », Marie France Le Heuzey, souligne en premier lieu l’étrange propagation de cette maladie. « Il s’agissait originellement d’une maladie réservée aux jeunes filles de bonne famille, de race blanche et de milieux aisés, vivant en milieu citadin dans les pays industrialisés ». Aujourd’hui la plupart des continents et des milieux sociaux sont touchés. Quant aux facteurs, il n’existe pas de lien 76


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