Infiltration, le privilège des chemins

Page 5

Les vidéos de Rémy Yadan questionnent les trucages de la mémoire. De l’infiltration physique dans une église évangéliste à Buenos Aires à la mise en lumière de l’effet fascinatoire face aux dogmes religieux, Rémy Yadan intercepte un réel qu’il prélève pour mieux l’appréhender. Ayant mis en image son histoire familiale et minière du Nord de la France, Bertille Bak s’immisce désormais dans d’autres rapports culturels et politiques. Suite à une résidence en Thaïlande, Bertille Bak a rencontré un groupe d’habitants pour mettre en lumière leurs résistances quotidiennes. Actuellement à New York pour une résidence de 6 mois, Bertille Bak entreprend un nouveau projet de film sur l’immigration polonaise aux Etats-Unis. Les vidéos d’Ivan Argote jouent l’ambiguïté d’une image trafiquée ou non. Ses actions filmées au Centre Pompidou nous laissent avec le sentiment d’être dupé. Cette prise directe avec le réel se radicalise par un faux sabotage de l’histoire de l’art. Ivan Argote interroge notre rapport aux images passées au filtre d’Internet et de la télévision. Gael Peltier traque le corps, un corps corruptible, en allant au bout d’un dépassement de ses propres limites… Accomplissement de soi ou arrachement à soi-même, il s’agit d’exalter le corps. Gaël Peltier prend « à bras le corps » les notions de dissimulation, d’infiltration, de machination. Sortir l’image de son corpus originel, l’en extraire, la prélever, deviennent les maîtres–mots du mode opératoire de son travail. Aymeric Ebrard tente de percer les mystères de notre quotidien en questionnant l’objet et ses parts d’ombres. Revisitant codes et clichés de la vie contemporaine à travers le filtre de l’art, Aymeric Ebrard énonce le rapport à la fiction comme un condensé de vérité. Cheminements labyrinthiques et mystiques, il intègre la littérature, le cinéma, l’anthropologie dans un profond questionnement existentiel. Images de la destruction, de l’appauvrissement de zones urbaines et de zones délaissées, Eva Nielsen intègrent la sérigraphie dans ces peintures à l’huile afin de rassembler des fragments du réel. Observation directe et décomposition de l’image, à partir de photographies numériques, de croquis et d’archives, Eva Nielsen désarticule des images en prise avec des évènements historiques et sociologiques. Sa nouvelle série de peintures, suite à un voyage à Détroit aux Etats-Unis et en Espagne, joue sur un équilibre précaire de matières. Elisa Pône questionne des pulsions et par la même de l’organisation de nos sociétés et du conditionnement de nos rapports. S’immiscer dans des systèmes, des histoires pour en relever les paradoxes, Elisa Pône révèle l’étrangeté poétique du feu d’artifice à l’intérieur d’une automobile. Cette image nous déstabilise par son incongruité et dérange par son irréversibilité. En assumant le caractère décoratif de ses œuvres, Sylvain Rousseau compose un scénario avec un casting de formes, d’images et de couleurs. Le bureau (de la certitude), 2009, est un bureau avec un halo lumineux et une lampe éteinte. Avec cette pièce Sylvain Rousseau met en scène un élément de mobilier usuel qui se joue de notre perception. Pierre Labat éprouve les données matérielles de l’espace. Constructions puissantes et sobres, chacune de ses sculptures relève d’un langage de formes réduit, « minimaliste ». Questionnant constamment la position du spectateur qui devient une composante de l’oeuvre, la sculpture concrétise son avènement au travers de résistances physiques et émotionnelles. Travaillant constamment la troisième dimension, les œuvres de Pierre Labat s’immiscent pourtant dans une possible réflexion du plan pictural, de son histoire et de sa mystique.


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.