paperJam Economie & Finance - Décembre 2009

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Une griffe sur le nez  En parvenant à imposer dans l’industrie de l’optique son concept de lunettes en bois et matières précieuses, Gold & Wood, une petite société établie dans le nord du pays, a conquis l’univers du luxe et acquis une notoriété mondiale. Avec quatre marques à son actif, elle vient d’enrichir sa palette d’une licence exclusive pour la ligne optique de Boucheron, la prestigieuse enseigne de la Place Vendôme.

Maurice Léonard

Le président de Wood Optic Diffusion est arrivé dans la lunetterie de luxe après un parcours très éclectique. Entrepreneur avisé, il se décrit comme un concepteur de systèmes d’entreprise qu’il peut calquer à l’envi.

« N otre argument ne sera jamais le prix» Frédérique Moser (texte), Andrés Lejona et Olivier Minaire (photos)

Monsieur Léonard, vous avez démarré dans la vie active comme ouvrier dans une scierie. Quel chemin vous a conduit à prendre la tête d’une société d’artisanat de luxe? «Un chemin avec quelques détours intéressants! Mes humanités achevées au Séminaire de Bastogne, j’avais entamé des études d’ingénieur, puis passé une série d’examens pour entrer aux Chemins de fer, à la Poste et au ministère des Finances. C’est en attendant ces concours – et les résultats – que j’ai pris une place dans une scierie, pendant six mois. Un ami m’a ensuite fait entrer dans l’étude notariale de son père, à Bastogne. J’y fus clerc, pendant quelques mois. Puis, j’ai été appelé au ministère des Finances, comme rédacteur. Je suis entré dans le département TVA, à Bruxelles. J’avais 21, 22 ans

et je me suis senti très vite à l’étroit dans ce carcan de fonctionnaire. J’ai alors démarré une activité d’assureur… sur le côté, et j’ai développé un portefeuille d’assurances. Tout en restant fonctionnaire? «C’était une activité tout à fait accessoire. Mais je préparais déjà ma sortie de la fonction publique, c’est clair. Mon père était fermier, entrepreneur et indépendant, et j’avais vraiment envie d’avoir ce style de vie. Le portefeuille d’assurances s’est développé et j’ai eu l’occasion de reprendre la gestion d’une agence bancaire CGER (Caisse Générale d’Epargne et de Retraite) – devenue Fortis, devenue BNP Paribas. J’avais 26 ans, à ce moment-là. J’ai repris cette agence de bancassurance et revendu mon portefeuille d’assurances à mon frère. Toutes ces expériences ont été enrichissantes, je n’en regrette aucune. paperjam  | Décembre 2009 | ÉCONOMIE & FINANCE

Votre CV n’affiche aucun trou. Bien au contraire, certaines lignes se superposent… «C’est encore le cas aujourd’hui! Je pense que je n’ai chômé qu’un seul jour dans ma vie, entre la fin de mes études et mon entrée à la scierie…. J’ai toujours un peu cumulé. Lorsque j’étais à la tête de l’agence bancaire, j’ai suivi beaucoup de formations; en fiscalité, en gestion des conflits, en vente… Après cinq ans, mon père et moi avions envie de lancer un projet et nous ne voulions pas être dans la file, suivre tout le monde. C’est un peu facile. Nous voulions trouver quelque chose d’original, de particulier. J’étais en contact avec quelqu’un qui connaissait une histoire de lunettes en bois. Jusque-là, elle n’était pas très aboutie. Il y avait eu quelques tentatives, dans le sud de la France, à Waremme, en Belgique… Des sociétés }  92 qui démarraient, mais ne s’en sortaient pas.


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