paperJam Management - février 2009

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Private Banking

Photos: Eric Chenal / Blitz

CroÎtre avec la maniÈre

Jean-Michel Gaudron (texte), Maxime / INgrid (illustration)

Si le Luxembourg est unanimement reconnu pour ses compétences et son expérience en matière de fonds d’investissement, l’image véhiculée par son activité de banque privée est davantage mitigée. Elle paie encore aujourd’hui, sans nul doute, certains excès commis dans les années 80 et subit aussi, de surcroît, de plus fraîches attaques, les récents développements de la crise financière mondiale ayant encore donné l’occasion aux pourfendeurs de la Place de donner de la voix. Le private banking à la luxembourgeoise est-il menacé? Non, si l’on en croit les acteurs rencontrés à l’occasion de notre dossier spécial. Au contraire même, sans doute, tant leurs ambitions d’expansion sont grandes et leur foi inébranlable. Discours de circonstance ou réelle conviction? Sans doute un peu des deux. L’heure n’est de toute façon pas à aggraver davantage le sentiment de malaise, voire de panique, qui a pu s’emparer de bon nombre d’investisseurs ces dernières semaines. Les arguments sont certes là: une gamme de produits très vaste et répondant aux nombreux profils d’investisseurs; des services reconnus comme étant très professionnels; un cost/income ratio parmi les meilleurs, voire le meilleur en Europe; une posi-

tion privilégiée au sein de l’Union Européenne, un environnement stable et professionnel; un cadre réglementaire adapté… Quel en est le poids, dans la balance, face aux incessantes attaques sur le maintien du secret bancaire, face aux soupçons de favorisation de l’évasion fiscale, voire de blanchiment; face à la supposée légèreté du régulateur luxembourgeois dans le cas de l’affaire Madoff? Comme toujours, il est sans doute un peu trop tôt pour mesurer les éventuels dégâts causés dans un contexte en perpétuel mouvement ou, pour reprendre le philosophe grec Héraclite cité dans la dernière livraison de la lettre bimestrielle de la société de gestion luxembourgeoise Createrra, à une époque où «rien n’est permanent sauf le changement». Le Luxembourg supplantera-t-il un jour la Suisse comme référence incontournable en matière de private banking? Va-t-il souffrir de la formidable croissance enregistrée sur une place comme celle de Singapour (30% par an et des actifs multipliés par six depuis 1998)? Même si le mot d’ordre reste «progressons nous-mêmes sans nous soucier des autres», avec l’art et la manière, il sera difficile au Grand-Duché de rester insensible aux recettes du succès de ses principaux concurrents. A charge pour lui de les agrémenter à sa façon pour en faire un festin au goût incomparable.

paperjam  | Février 2009 | management


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