paperJam Economie & Finance - Novembre 2007

Page 144

g r a n d a n g l e · E c onom i s t c l u b

« Devrait-on rendre l’accueil

gratuit comme l’école ou trouver une tarification sociale plus adaptée à la situation, partant du principe que ce qui ne coûte rien n’est pas respecté?» comme l’a raconté récemment un inspecteur d’école: suite à l’ouverture d’une maison relais à côté de l’école, les instituteurs et institutrices se sont adressés aux responsables communaux pour demander d’être déchargés de la supervision de l’arrivée des élèves le matin, étant donné que l’accueil avant les cours tombe dans les responsabilités de la maison-relais. Ceci paraissait logique et les responsables communaux acceptaient. Le mois suivant, les parents ont reçu une facture de la maison-relais… Encore ce symptôme n’est-il rien en comparaison des conséquences négatives de la dissociation de l’accueil extra-scolaire de l’école pour les enfants. Toutefois, si les enfants ne peuvent pas accéder à toutes les offres éducatives, il est vain d’insister sur d’autres facteurs. Le prix de l’accueil est donc problématique. Devrait-on alors rendre l’accueil gratuit comme l’école ou trouver une tarification sociale plus adaptée à la situation – partant du principe que ce qui ne coûte rien n’est pas respecté? Pour nous inspirer, revenons à quelques études présentées lors de la conférence «The Economic Impact of Child Care and Early Education. Financing Solutions for the Future» organisée par Legal Momentum et le MIT Workplace Center at the Sloan School of Management en décembre 2004. Suite ������������������������������������� à un programme d’éducation précoce gratuit pour les enfants de familles défavorisées, celles-ci ont été suivies, tout comme une population-témoin pendant 40 ans. Les résultats à court terme selon l’étude High/ Scope Perry (Etats-Unis) sont, entre autres, la création d’emplois, l’achat de biens et services et une productivité accrue. A long terme, le coût de l’éducation baisse, étant donné que les mesures de rattrapage (appui, redoublement) perdent au fur et à mesure leur raison d’être. Le niveau de compétence et de qualification (diplômes) augmente et les jeunes étant mieux préparés au monde du travail, les salaires sont plus élevés (14%), d’où un effet positif également sur les impôts perçus. En même temps, la criminalité est moindre et les coûts des mesures sociales (RMG, thérapies, etc.) diminuent. L’étude a montré un gain de 12,90 dollars pour chaque dollar investi dans le

programme d’éducation précoce – un rendement qui ferait rêver bien des investisseurs! Ainsi, il serait intéressant d’évaluer le bénéfice pour la société luxembourgeoise d’un tel programme d’éducation précoce, basé sur un accueil complet de l’enfant et de ses parents. Rappelons qu’au Luxembourg, l’offre de quelques heures par jour pour les enfants, à partir de trois ans augmente la charge d’organisation pour les parents qui travaillent à deux, du fait qu’ils doivent organiser plusieurs gardes et prises en charge. D’abord, une étude de l’apport de l’année scolaire supplémentaire s’avère nécessaire. Ensuite, une analyse de l’envergure de l’étude américaine étant discutable au Luxembourg, l’étude de l’éducation précoce et de son importance économique pour mesurer les effets à court terme serait cependant à portée de main. Si l’étude High/Scope Perry a uniquement pris en compte les familles les plus faibles, d’autres analyses montrent que les enfants des classes moyennes profitent également d’une éducation précoce. Une étude de l’Université de Georgetown, présentée par Deborah Phillips et Steve Barnett, montre que le problème de l’échec scolaire n’est pas uniquement l’apanage des enfants pauvres et que l’éducation précoce apporte une nette amélioration générale. On peut observer, au Luxembourg, un taux de 12,9% de jeunes quittant l’école sans diplôme (2004-2006, MENPF) alors que le taux de risque de pauvreté infantile à ce moment se trouvait encore bien en dessous des 10% (6,9% en 1998 et 13,7% en 2005, SILC), d’où un champ d’action pour des programmes d’éducation précoce. Alors que faut-il faire pour mettre en marche ce cercle vertueux? En effet, les experts américains, dont l’économiste et Prix Nobel James Heckman, exigent non seulement une éducation extra-scolaire gratuite, mais également un investissement dans la qualité de l’éducation, notamment dans la formation initiale et continue du personnel ainsi que dans la gestion. Un sujet pour un autre billet… || Danielle Schronen, membre de l’Economist Club Luxembourg; www.ecl.lu

144 PAPERJAM NOVEMBRE 2007

10_economist club.indd 144

12/10/07 20:06:22


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.