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Il n’y a pas de mal à faire le bien

munication du groupe Total, ne partage pas cet avis. « Cette acquisition a été d’autant mieux comprise par nos collègues lyonnais qu’il s’agissait pour le Groupe de contribuer à enrichir le patrimoine local ». Une contribution citoyenne largement défiscalisée puisque les entreprises soumises à l’impôt sur les sociétés peuvent «bénéficier d’une réduction d’impôt égale à 90 % du montant de l’achat des «trésors nationaux». «Un dispositif unique au monde», pour Robert Fohr, chef de la mission mécénat auprès du ministre de la Culture depuis 2006. Cet été, lorsque les avantages fiscaux des entreprises mécènes a été remis en question, la rue de Valois a été la première à réagir. Et aujourd’hui encore, quand Gilles Carrez agite un amendement hostile à l’Assemblée, le ministère est toujours aussi mobilisé. «Si cet amendement passait, le mécénat des grandes entreprises ne serait guère affecté, précise Robert Fohr. En revanche, cette mesure frapperait de plein fouet le mécénat des PME qui est le principal vivier depuis la loi de 2003. Aujourd’hui plus de 25 000 entreprises bénéficient des avantages fiscaux.» Pour l’achat d’œuvres d’artistes vivants, la loi est encore plus clémente. Elle propose aux entreprises qui se piquent d’art contemporain de voir déduite la totalité de la somme d’acquisition de l’œuvre de leur assiette fiscale sur cinq ans. «On perçoit cette mesure comme un cadeau fait aux entreprises alors que c’est l’équivalent d’une dépense de communication, plaide Robert Fohr. C’est même plutôt un choix intelligent, parce que cela fait vivre les artistes et met les salariés en contact direct avec la création contemporaine.» Car attention ! Pas question de cacher son Soulages dans le bureau du PDG : la loi mentionne que les

œuvres doivent être exposées au public ou, au moins, aux salariés. C’est ce qu’a choisi de faire la Société Générale qui, même si elle ne possède pas de Fondation, est grande amoureuse d’art et expose ses 400 œuvres dans ses locaux de la Défense. « On a choisi de le faire bien avant la loi de 2003, mais bien sûr on en profite maintenant » reconnaît Angélique Aubert, responsable du mécénat artistique à la Société Générale. Felice Varini, Pierre Soulages, François Morrelet égayent les murs des 11 000 salariés du siège, à la Défense. «Nous organisons aussi des visites de groupes internes et externes. On travaille avec des écoles». Un vrai « petit » musée privé. Mais les joies du mécénat ne s’arrêtent pas là. Les entreprises peuvent disposer, en plus de la déduction fiscale à 60 %, d’une contrepartie en nature à hauteur de 25 % de leur don. Pédagogue, le site internet du Château de Versailles publie, dans son chapitre «Soutenir Versailles», un tableau se proposant de faire le calcul à la place du mécène. Ainsi, si une entreprise investit 100 000 €, le «coût réel» de son mécénat s’élève à seulement 15 000 €. Soit 15 % du montant investi. Une fois déduit les 60 % des impôts, elle bénéficiera en effet de contreparties «spécialement imaginées pour elle» à hauteur de 25 000 €. Au choix : «mises à disposition d’espaces pour vos manifestations, séminaires, invitations et laisser-passer pour vos salariés et clients, visites privées du domaine de Versailles et de ses expositions, communication associée autour de votre projet…» A la Fondation Total, ces contreparties sont parfois utilisées en faveur d’associations, comme l’explique Catherine Ferrant : «Chaque fois que nous sommes mécènes d’une exposition, nous dédions les contreparties à la visite du musée par des publics dits «éloignés de la culture»». Parfois, les contreparties sont

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