Récital université tomates

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Si on te demande pourquoi tu écrases des tomates en disant tes poèmes réponds : 1/ Devant l’entrée d’un camp palestinien, à Beyrouth, des hommes du Hamal arrêtaient ceux qui allaient au marché en leur montrant une tomate. Ils leur demandaient aussi de prononcer à haute voix son nom. Certains répondaient Banadoura et d’autre Bandora. Ceux qui avaient un mauvais accent étaient immédiatement arrêtés. Dans les faubourgs de Babel la façon fait la différence. Un simple accent déplace les armes. Un défaut de langue, un défaut de monde. Les oreilles tuent Le vieux mot du blé en herbe “Shibolet” nous avait appris la dialectique dans le Talmud. Il faut savoir siffler comme un verbe dans les mots. Les juges (12/5-6) dans la Bible évoquent l’épisode d’une guerre entre Ephraïm et Galaad. "Galaad occupa les gués du Jourdain pour couper la retraite à Ephraïm; et lorsqu'un fuyard d'Ephraïm disait : "Laissez-moi passer!", les gens de Galaad lui demandaient: "Es-tu d'Ephraïm?" S''il répondait: "Non!", on lui disait: "Prononce donc shibolet!". Il prononçait: " sibolet" sans l'articuler correctement. Sur quoi, on le saisissait et on le tuait près des gués du Jourdain. Il périt, en cette occurrence quarante deux mille hommes d'Ephraïm". « Shibolet » est un mot de passe comme « Bandoura ». Du blé à la tomate les hommes passent dans sa bouche. Les poèmes sont des mots de passe entre les hommes. La tomate est une métaphore écarlate du poème.


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