NOVO N°56

Page 38

Journal à rebours II Par Nicolas Comment Nicolas Comment, André S. Labarthe, Paris, 2013

Nicolas Comment est photographe, auteur-compositeur et écrivain. Il vient de publier son Jacques Higelin chez Hoëbeke. Pour Novo, il nous livre le fruit de ses rencontres. Épisode 1. Ce devait être en 2010/2011, je rentrais du Mexique où j’avais eu la chance de vivre quelques mois en état de « liberté libre » et me décidais à rendre visite à André S. Labarthe que je n’avais pas revu depuis longtemps. Nous nous étions connus une dizaine d’années auparavant, par l’entremise de Bruno Chibane, autour d’un projet de livre que les éditions Limelight et Filigranes publièrent en 2001 et dont j’avais réalisé le suivi éditorial, Bataille, Sollers, Artaud : une trilogie d’André S. Labarthe. Trois films sur la littérature, commandités par Bernard Rapp pour la collection Un siècle d’écrivains. À l’époque, Labarthe m’avait donné rendez-vous rue Charlot, aux productions AMIP, pour me montrer le dernier film de sa « trilogie », consacré à Antonin Artaud. C’était la première fois que nous nous retrouvions seul à seul. Dans la salle de projection, la voix grave de Jean-Claude Dauphin et celle aigre d’Artaud, me rayaient les tympans : Labarthe avait poussé le son à fond ! Malgré cela, je me souviens qu’André s’était discrètement endormi durant la projection, chapeau baissé devant les yeux d’où dépassait le trait jaune d’une gitane maïs dont il ne se départait jamais, tel Lucky Luke. « L’avantage des gitanes maïs, disait-il, c’est qu’elles s’éteignent toujours. Par conséquent, et bien que l’ayant toujours au bec, je fume finalement très peu ! » 38


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.