NOVO 42

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Soft Hair Soft Hair / Weird World

Ces deux-là, on les épouserait presque ! Connan Mockasin et Sam Dust se sont rencontrés quand le premier des deux ouvrait pour les magnifiques Late of the Pier, le groupe du second. Depuis, Sam est devenu le claviériste attitré de Connan, y compris quand ils ont servi tous deux de backing-band à Charlotte Gainsbourg ou collaboré avec James Blake. Bref, ils ne se quittent plus. Pas étonnant de les retrouver sous la douche ensemble dans un clip hilarant ni de les voir s’associer dans le cadre d’un projet parallèle à leurs productions respectives, juste synthèse de ce qu’ils font par ailleurs : une pop mielleuse dont ils ont le secret, avec moult gimmicks électroniques et autres facéties. Le psychédélisme s’en trouve sublimé, un peu comme si Can avait croisé Funkaledic ou quelque chose comme ça. Avec ces deux zozos, il faut bien l’admettre : il se passe toujours quelque chose d’étrange et de lumineux à la fois, c’est jouissif à tous les endroits, même si la mélancolie n’est jamais bien loin. (E.A.)

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SHIRLEY COLLINS

ALEX IZENBERG

Lodestar / Domino

Harlequin / Weird World

On a presque tendance à oublier l’importance du folk véritable pour la culture anglaise. The Incredible String Band ou Fairport Convention ont eu une influence sur toute une génération de musiciens de Led Zeppelin à Wire, ou plus récemment sur David Tibet de Current 93 ou même Radiohead. Tous se sont abreuvés à la source de Shirley Collins. Dès la fin des années 50, cette chanteuse britannique a posé les bases d’une relation intime à la chanson médiévale anglaise dans une forme qu’elle a maintenue pure jusqu’à sa retraite anticipée pour cause de dysphonie. Son retour avec ce chef-d’œuvre porteur d’une tradition folk séculaire, sèche, constitue un événement considérable. (E.A.)

Il n’arrive pas si souvent qu’une voix se distingue immédiatement. Dès la première écoute, celle du Californien Alex Izenberg nous trouble. Il faut chercher bien loin une telle fragilité pour évoquer la réalité du quotidien. D’autant plus que celle-ci est renforcée par une orchestration comme on en rencontre plus depuis Van Dyke Parks – la plus évidente des références pour dire l’inconfort de ce disque-là. Les amateurs de Randy Newman ou Lee Hazlewood reconnaîtront quelque chose de familier dans ce qui s’apparente à un jazz vocal solaire, aussi bancal que réjouissant. Un immense artiste est né ! (E.A.)

LEÏLA MARTIAL HIS CLANCYNESS Isolation Culture / Mapple Death Records De bonnes nouvelles en provenance de Bologne : Jonathan Clancy et son band italo-canadien se portent bien. Avec ce nouvel album, il nous prouve que ses premières tentatives ne constituaient pas une vaine promesse. Avec sa plastic pop 80’s acidulée, il explore plus loin la voie d’un psychédélisme très personnel : même dissimulées derrière le voile électrique, la lisibilité de ses sublimes mélodies reste entière. Et quand la saturation devient plus forte ou que la rythmique s’accélère, la maîtrise du propos impressionne. Il est grand temps de se pencher un peu plus sur le cas de cet artiste aussi discret qu’irrésistiblement charismatique. (E.A.)

Baabel / Laborie jazz Avec ce second album, Leïla Martial fait sensation. Son approche vocale est unique, pleine de variations. Animée par un hallucinant scat protéiforme et diabolique, elle surfe sur un jazz-rock tout en puissance maîtrisé par la guitare de Pierre Tereygeol et la rythmique du batteur Éric Perez, avec en guest-star le bouillonnant saxophoniste Émile Parisien sur deux titres. Capable de gambader sur les chemins les plus escarpés à l’image de son animal-fétiche, la chèvre, dont elle dit apprécier le caractère « aventureux et impulsif », Leïla Martial nous renverse littéralement. Bondissant d’un relief à l’autre, Baabel est l’un des albums indispensables de cette année pour tous les amoureux de jazz libre. (B.B.)


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