Mayotte Hebdo n°950

Page 58

DOSSIER

nous n’étions pas armées par rapport à nos adversaires, souvent on y allait au culot. Il n’y avait que des femmes, les hommes eux avaient trop peur : s’ils bougeaient ils perdaient leur travail ou se retrouvaient emprisonnés. Vous voyez comment ça marche quand les femmes entrent en scène pour aller se battre ? Il y a des bousculades, des crêpages de chignons, des frottements, des cris, des youyouyous, etc. Des femmes au combat ! C’est peut-être ça qui a fait de nous des Chatouilleuses ? ” Aux balbutiements de l’indépendance des Comores, Mama Bolé, comme la plupart des femmes qui ont été à l’origine du soulèvement de Mayotte, vivait à l’extérieur de l’île. “ Avec mon mari, un Grand Comorien, nous étions à Majunga. Zéna M’déré aussi vivait à Madagascar. Coco Djoumoi elle, était mariée à un Grand Comorien et habitait la Grande Comore. ”

Un dicton mahorais dit : “ Lorsqu’un scolopendre veut te mordre, toi qui est la cible, tu ne vois pas son arrivée. Ce sont ceux qui sont éloignés de toi qui l’aperçoivent en premier ”, parle en sage coco Mama Bolé. Par cette expression, la vieille dame entend que ce sont particulièrement les femmes qui évoluaient à l’extérieur de l’île qui ont, en premier lieu, senti le danger sur l’évolution des Comores et la mainmise sur Mayotte.

“ VOUS SAVEZ, QUAND LES M’ZUNGUS SONT À TABLE, ILS PARLENT BEAUCOUP… ” “ Mon mari travaillait comme boy chez un M’zungu. C’est de là que je suivais toute l’évolution politique des Comores. Vous savez,

58•

M ay o t t e H e b d o • N ° 9 5 0 • 0 2 / 0 4 / 2 0 2 1


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.