Mayotte Hebdo n°909

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COUP D’ŒIL DANS CE QUE J'EN PENSE

Laurent Canavate

Mayotte Hebdo n°597, vendredi 18 janvier 2013

L'ÉTAT, LE CG ET LES MAIRIES DOIVENT TRAVAILLER ENSEMBLE 2012 est terminée, c'est ainsi, à Mayotte aussi. Il n'y aura pas grand-chose à en retenir sur l'île, à part un formidable frein sur le plan économique, avec le chômage qui devrait continuer de gonfler et concerner plus de 50% des actifs, sinon que le CG aura réduit son déficit. C'est positif, même si ce fut au prix du gel des investissements et de la fermeture ou du nonpaiement de ses contributions à de nombreux organismes para-publics, pourtant conventionnés et qui attendent encore leurs financements. C'est le prix à payer pour des années de laisser-aller, de gabegie, et si ça s'arrête là ce ne sera pas trop cher payé. Car les effectifs importants des administrations locales, qu'il va falloir payer avec nos taxes et impôts dès 2014, risquent de nous étouffer pendant longtemps. Et le souci n'est pas leur nombre, mais surtout leur inefficacité, l'absence de réel management de ces équipes : le problème de donner des ordres et de veiller à ce qu'ils soient appliqués. Les cadres ou agents avec les plus faibles niveaux ont pris de mauvaises habitudes d'être rémunérés sans prévoir de travail en échange, sans aucun encadrement, sans aucune consigne. Certains cadres "anciens" ont pris aussi l'habitude de ne pas en faire trop, faute parfois des compétences adéquates, faute de suivre les formations qui leur ont été proposées... Et la situation a duré trop longtemps. Il reste les nouveaux venus, parfois motivés, parfois compétents, parfois dynamiques, qui restent cois devant une telle situation dans la maison du département ou dans les communes. Au pire ils sont rapidement virés ou en tout cas fortement dégouttés, quitte à partir d'eux-mêmes pour les plus courageux. Au mieux ils sont mis au placard pour ne pas remettre en cause un fonctionnement qui satisfait tout ce petit monde. Et la boutique reste bien immobile. Seuls quelques rares services fonctionnent bien, voire très bien, avec des équipes motivées et efficaces. Pour les autres, beaucoup baissent les bras : les élus face à des responsables administratifs incompétents ou alors qu'ils perçoivent encore parfois comme des concurrents potentiels aux prochaines échéances, et ce n'est pas bon; les directeurs et sous-directeurs, les chefs de services et autres cadres qui se sont retrouvés régulièrement promus pour arriver à des postes dont ils ne maitrisent plus les enjeux, les contraintes, qui ne disposent pas de compétences en management alors qu'ils doivent gérer des équipes complètes. Rien ne se fait ou presque et tout va bien : tout le monde est payé... - et bien payé ! - sur le dos des Mahorais. Et chaque mission à l'extérieur disponible est l'occasion de voyager. S'il n'y en a pas, on en invente, on en crée... Et Mayotte souffre ! Car le problème est bien là. Ce qui devrait se faire ne se fait pas, traine. Je grossis quelque peu le trait, car des services fonctionnent très bien, des cadres et autres agents sont très compétents, exemplaires, des communes sont

TOLERIE - PREPAR ATION - PEINTURE

remarquables, dynamiques et c'est important de le remarquer, cela permet aussi de garder confiance et de rester optimiste. Mais pour que la situation se débloque plus largement, il faudrait un ou quelques exemples. Un directeur dont le service n'effectuerait pas le travail prévu pourrait être licencié, après avertissements de rigueur, pour incompétence ou incapacité. Un agent absent de son travail trop souvent pourrait être licencié. Ces petites mises au point permettraient déjà de remettre tout le monde dans le sens de la marche... Mais personne n'a le courage de faire travailler des gens qui sont pourtant payés pour ça, de remobiliser les équipes, de fixer des objectifs, des caps, et de contrôler, à part quelques élus courageux et qui montrent l'exemple. Mais les enjeux sont trop grands, les attentes de la population trop importantes, les citoyens de plus en plus exigeants. Trois collèges devaient être construits, mais faute de foncier notamment ils ne verront pas le jour. Des enfants s'entasseront dans les établissements existants, déjà gonflés à bloc - des collèges prévus pour 700 ou 900 accueillent déjà 1 500 enfants. Et c'est pareil pour les écoles du primaire. Il y aura des rotations, des horaires impossibles, des établissements qui s'useront très vite, s'abimeront, des salles "temporaires" et on sait ce que ce mot veut dire ici... Il y aura trop d'enfants, pas assez de salles spécialisées, pas de salles informatiques en état, de salles de sciences... Il y aura plus de violence, plus difficile à canaliser, à contrôler... On aura droit à des salles en contreplaqué... toutes prêtes, sans intervention locale pour les artisans, les entreprises de la place. Il suffit d'un importateur et d'une dalle de béton... Tout ça parce que les mairies, le conseil général et l'Etat n'ont pas réussi à s'assoir à une table et trouver le foncier. Les millions d'euros budgétisés par le ministère de l'Education nationale seront en partie perdus pour Mayotte, sa jeunesse et ses entreprises. Ces trois institutions essentielles pour Mayotte doivent collaborer, travailler ensemble, pour le bien de toute la population et les besoins sont si immenses. Il faut parler honnêtement, franchement, et ce n'est pas toujours évident. Il faut se dire les choses, expliquer les limites des uns et des autres, obtenir le soutien de chacun sur les projets essentiels à notre avenir, à mon avis. Il faut laisser ses préjugés, ses discours convenus dans la poche pour regarder la réalité en face et avancer. La situation de Mayotte est dramatique, inquiétante si rien n'est fait. Un frémissement est perceptible en ce début 2013, une étincelle, un espoir qu'il convient de couver, de faire vivre. Les déchets, le port, le marché et ses abords, la piste longue, la circulation automobile, l'urbanisme anarchique, le chômage grandissant, le niveau scolaire honteux avec ses établissements surchargés, l'aménagement du front de mer de Mamoudzou et des plages, le développement du tourisme... Les dossiers ne manquent pas, la population regarde tout cela et attend, avec une impatience grandissante. Et un grand espoir dans ces trois institutions essentielles, qui ensemble peuvent débloquer cette situation.

MAYOTTE

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