Le français dans le monde - Numéro 369

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dossier//économie

© Tibor Bognár/Corbis

L’économie de la Guadeloupe est, comme celle des autres Départements d’outre-mer français, bien davantage tournée vers la France métropolitaine que vers les îles voisines de la Caraïbe.

Par Stéphanie Sérac

Aux Saintes, comme à Marie-Galante ou à la Désirade, îles de l’archipel guadeloupéen, les populations souffrent à la fois de leur éloignement et de la petitesse de leur marché.

La Guadeloupe

dépendance ou assistanat? lexique On parle aujourd’hui de France métropolitaine par opposition à la France d’outre-mer (« d’au-delà des mers »). Le terme de métropole est hérité de la colonisation : une France « mère » de ses colonies. Comme le territoire métropolitain français a une forme grossièrement hexagonale, on utilise aussi le terme d’Hexagone. la caraïbe (ou les caraïbes) est la région du centre du continent américain incluant les îles et les pays côtiers de la mer des Caraïbes. les antilles sont la partie insulaire des Caraïbes.

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n janvier dernier, en visite à La Réunion, le président de la République française Nicolas Sarkozy évoquait « l’assistanat dont les Départements d’outre-mer (DOM) doivent sortir ». Des DOM assistés : voilà une vision largement répandue dans l’opinion publique française. Alors qu’« il ne nous viendrait même pas à l’esprit de parler d’assistanat pour la Creuse », un département métropolitain rural, rappelle Pascal Blanchard, historien spécialiste des colonisations.

le marché français. Mais ces exportations sont sans commune mesure avec les importations, d’autant qu’elles sont freinées par l’éloignement et les coûts de transport importants. Le déficit commercial s’est creusé en 2008. Pour Mathias Bini, chef du département études/interventions économiques à la chambre de commerce et

la nécessité d’importer Il est vrai que les DOM sont largement tournés vers la France métropolitaine. Leur tissu productif, notamment industriel, est faible. La production locale ne permet de répondre qu’à 6-7 % des besoins de la population et l’île doit importer produits alimentaires, industriels et énergétiques. La Guadeloupe exporte sa production de bananes, de sucre, de rhum et de melons – principalement vers

Les carburants vendus en Guadeloupe viennent d’Amérique du Sud et sont raffinés sur place par la Société anonyme de la raffinerie des Antilles (Sara), filiale à 50% de Total, afin de respecter les normes européennes. Conséquence: le carburant est cher. Ce prix élevé a été l’une des principales causes du mouvement social de l’hiver 2009. Dans la Caraïbe, Trinité-et-Tobago a du pétrole mais ne fournit pas, pour l’instant, de carburants aux normes européennes. ■

DépenDance et prix élevés : le pétrole

d’industrie de Pointe-à-Pitre, cette situation ne fait pas pour autant des Guadeloupéens des assistés. « Nous payons des impôts. Des droits de douanes sont prélevés. Les aides européennes sont faites pour compenser les écarts entre les régions ! » sortir de la dépendance Comment sortir de la dépendance ? Certains estiment que la Guadeloupe n’utilise pas toutes ses ressources et que l’espace caribéen pourrait lui offrir d’autres débouchés. Le concept de « développement endogène » est ancien : s’il a été repris en 2009, lors du mouvement massif de revendications et de grèves du mois de janvier, il remonte en fait aux années 1940, quand Rémy Nainsouta, communiste progressiste, parlait déjà de « trésors bloqués » et encourageait les Guadeloupéens à fonder des sociétés par actions afin d’investir sur place pour un meilleur développement de leur pays. La situation a bien changé depuis les années 1940, mais le constat n’est tout de même pas très réjouissant. Les

Le français dans le monde // n° 368 // mars-avril 2010


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