Le colporteur

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Papiers dorés-gaufrés Ils apparaissent en Allemagne à la fin du XVIIe siècle et s’imposent à Augsbourg qui devient le centre de leur fabrication. On distingue les papiers à vernis doré ne présentant aucun relief et les dorés gaufrés obtenus par estampage à chaud provoquant un léger gaufrage. Ces papiers, dont la fabrication est relativement complexe et coûteuse, servaient surtout à la décoration des livres. On les retrouve souvent en couverture de petits almanachs et opuscules divers peu épais, mais aussi en pages de garde dans des reliures plus somptueuses. Ainsi la Bibliothèque d’Orléans possède une rare série de petits ouvrages habillés de ces délicats papiers dorés importés d’Outre-Rhin. Patron ou pochoir La mise en couleur des papiers dominotés était effectuée par coloriage au pochoir qu’on appelait « patron ». Ces patrons étaient découpés (dans du carton enduit de graisse de cochon pour l’imperméabiliser) en fonction des trois ou quatre coloris que l’on utilisait, et les couleurs détrempées à la colle de peau tenue tiède étaient étendues avec de gros pinceaux. C’était un travail souvent confié aux femmes, les pinceauteuses, qui disposaient avec goût la gamme rudimentaire de couleurs.

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Tontisses ou papiers veloutés On sut très tôt donner à du papier, en le saupoudrant de fines hachures de laine, l’aspect d’un tissu velouté : ces particules étaient fixées par un mordant sur le papier suivant un dessin déterminé. Les Anglais développèrent le procédé encore grossier et produisirent des papiers veloutés de luxe très en vogue dès 1730. En France ces tontisses étaient importées d’Angleterre, jusqu’à ce que le grand manufacturier parisien Réveillon mît au point, dans les années 1760-1770, de nouvelles techniques pour fabriquer des tontisses de qualité exceptionnelle. Les dominotiers orléanais, restés très traditionnels, ne suivirent pas ces innovations. Mais on les voit proposer à leur clientèle élégante des rouleaux de ces papiers de tenture extrêmement raffinés provenant des grandes manufactures parisiennes : on pouvait lire, par exemple, dans les Affiches, nouvelles et avis divers de l’Orléanais du 23 octobre 1772 la petite annonce suivante : « Le Magasin général des papiers tontisses nués est à Orléans chez les Frères Couret de Villeneuve, libraires, rue des Minimes, seuls chargés de la vente dans toute l’étendue de la Généralité, et aux mêmes prix qu’à Paris. » Les ateliers d’Offard, qui maîtrisent ces exceptionnels savoir-faire oubliés, créent des tontisses de laine et de soie qui sont de pures merveilles.

Anne-Marie Royer-Pantin

Anne-Marie Royer-Pantin

Signatures Les dominotiers signaient souvent leurs papiers dans la lisière, même si ce n’était pas obligatoire (comme pour les fabricants de tissus d’indiennes qui, eux, devaient impérativement imprimer une marque sur chaque pièce de tissu). Ils indiquaient également la ville où se situait leur manufacture, ainsi que le n° de référence du papier peint. Lorsque une partie de ces mentions se retrouve sur la chute utilisée pour la couvrure, on peut sans erreur identifier le fabricant et l’inscrire au catalogage. Ainsi peut-on relever les marques des manufactures orléanaises de ces papiers de couverture : Leblond-Sevestre puis Sevestre-Leblond, Perdoux, Pellé, Letourmy, RabierBoulard, Benoist-Huquier, et A Paris chez les Associés, marque provenant d’une dominoterie orléanaise utilisant une adresse parisienne pour mieux vendre. La production de ces papiers dominotés de couverture orléanais était considérable et alimentait de nombreuses imprimeries en France et à l’étranger.


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