Désolé j'ai ciné #4

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LE BANNISSEMENT (2007) Majestueuse fable sur la fatalité dépeignant l’histoire d’un couple, un homme et sa femme qui quitte une ville industrielle avec leurs deux enfants pour s’isoler à la campagne dans la vieille demeure campagnarde de celui-ci. Andreï Zviaguintsev adapte une nouvelle de l’écrivain américain William Saroyan publiée en 1953 pour évoquer le délitement d’une famille. Cette éblouissante tragédie débute comme un thriller avec des vertigineux plans-séquences amenant jusqu’à l’extraction d’une balle dans le bras d’un homme en cavale avant de décliner sa tension vers une œuvre plus contemplative à la violence sourde dans un décor quasi mythologique. Le cinéaste déploie une magistrale mise en scène esthétique précise avec des compositions de plans de fin du monde absolument somptueux. Le réalisateur nourrit son scénario austère, d’hyperboles, de métaphores, d’ellipses au milieu de références bibliques (Eve, la pomme, l’arbre…) où le père va quasiment se prendre pour Dieu. Cette œuvre profonde et puissante convoque le maître spirituel cinématographique Andreï Tarkovski à travers ce récit solennel d’une damnation porté par l’intensité de jeu de Konstantin Lavronenko (prix d’interprétation à Cannes pour ce rôle). Un long métrage sublime, esthétique et cruel servi par une maîtrise formelle époustouflante absolument envoûtante. S.B

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