Grand Vaux dans nos yeux
atelier journalisme et photographie
Atelier journalisme et photographie à Grand Vaux Sept journées de sensibilisation au journalisme et à la photographie ont été organisées à la maison de quartier de Grand Vaux, à Savigny-sur-Orges, pendant les vacances scolaires d’octobre 2017. Cette initiative a été conçue pour un groupe de dix jeunes femmes, âgées entre 13 ans et 16 ans, résidentes du quartier prioritaire de Grand Vaux, et toutes volontaires pour assister à l’ensemble des ateliers prévus pendant la période des vacances scolaires. L’exploration photographique avec les adolescentes du quartier de Grand Vaux a été particulièrement riche. En seulement quelques séances, les jeunes femmes ont appris à manier des outils de prise de vue, à exercer leur oeil de photographe et à développer un regard critique sur l’image. L’équipe avait à disposition plusieurs iPads comme appareils photos et un drone pour réaliser des prises de vues aériennes. Le groupe de dix jeunes femmes s’est positivement engagé dans la réalisation de trois objectifs: produire une série d’images documentaires sur les espaces familiers du quartier au quotidien, interviewer une personnalité locale et développer un esprit critique autour de l’image et des médias. Leurs productions sont présentées dans ce journal. Les ateliers ont été animés et coordonnés par la journaliste Manon Aubel et le directeur de l’EMA (espace multimédia athégien) Eric-Charly Joseph, avec les soutiens dynamiques du directeur de la maison de quartier Kais Ben Moussa, et des animateurs Claude Moleka et Véronique Terriat.
Le “plateau” vu du drone, est le parc de jeux où les adolescentes aiment se retrouver à la sortie des cours.
Déroulé des ateliers JOUR 1
FAIRE UN PORTRAIT, À QUOI ÇA SERT? (3h)
JOUR 2
LES TECHNIQUES DU PORTRAIT ET LA PRÉPARATION D’UN TOURNAGE (3h)
JOUR 3
CAPTATION AVEC LE DRONE ET REPORTAGE À GRAND VAUX (6h)
JOUR 4
EXERCICE RADIO (3h)
JOUR 5
COMMENTAIRES SUR IMAGE (3h) GRAND VAUX DANS LES MÉDIA
JOUR 6
BILAN ET FINALISATION DU JOURNAL (3h)
JOUR 7
INFO OU INTOX? LES MEDIAS, L’INFORMATION ET INTERNET (3h) et (3h)
Malorie Monica Ramata Ibtissem Divine Aminata Ranya Marwa JosĂŠphine Manel
JOUR 1 FAIRE UN PORTRAIT, À QUOI ÇA SERT? Représenter, mettre en lumière, rendre hommage, se souvenir, questionner, donner à voir... Initiation au portrait avec la présentation de photographes reconnus comme: - le portraitiste malien Seydou Keita - l’artiste JR et son premier projet 28mm à Clichy Montfermeil - les portraits de rue du blogueur américain Brandon Stanton présentés sur une page facebook et jusqu’à la Maison Blanche où le photographe est invité à faire le portrait de l’ancien président des Etat-Unis, Barack Obama.
Ce portrait, c’est nous trois dans la même position. Pourtant de près, on voit trois états différents: le rire, la gêne, ou le rêve... ça résume un peu nos pensées chaque jour. IBTISSEM
Cette mosaïque d’images, inspirée d’instagram représente différents détails d’un lieu. Le plateau, c’est un des endroits qu’on fréquente le plus souvent. Un endroit qui nous lie d’amitié. MANEL
C’est une photo sur l’amitié. Je connais Ranya depuis que je suis enfant. Tous les jours, on rentre du collège ensemble. AMINATA
Le skatepark vu du ciel se situe à côté du gymnase et de la maison de quartier de Grand Vaux.
JOUR 2 LES TECHNIQUES DU PORTRAIT ET LA PRÉPARATION D’UN TOURNAGE Exercice pratique de portraits en binômes autour de règles essentielles: le sujet, le cadrage, la lumière, et la composition. Pour pratiquer ces nouvelles techniques, le groupe doit proposer des portraits en suivant différentes échelles de plans: gros plan, plan américain, et portrait en pied. En fin d’atelier, les portraits sont projetés et commentés pour souligner les forces et les faiblesses de la composition de chaque image. Cette séance est une manière de préparer la journée de reportage en extérieur. Nous abordons aussi les questions suivantes: comment se présenter en tant que photographe? Et en quoi consiste le droit à l’image?
L’observation , c’est important pour un photographe car on cherche à montrer la lumière, les formes, l’environnement. On doit choisir ce qu’on veut montrer. RANYA On a l’habitude de prendre des photos sans réfléchir. J’ai aimé prendre le temps de composer une image, et pouvoir ensuite observer le résultat imprimé. JOSÉPHINE
C’est la première fois que je pilotais un drone. C’était plus facile que ce que j’imaginais et j’ai aimé découvrir Grand Vaux sous un nouvel angle. MALORIE
J’ai découvert les règles de base du cadrage. Au départ, je faisais surtout des selfies, et maintenant cela me donne envie de m’intéresser à la photographie. Je trouve que les photos paraissent plus belles et naturelles quand on ne pose pas. MARWA
JOUR 3 CAPTATION AVEC LE DRONE ET REPORTAGE À GRAND VAUX Deux groupes de cinq personnes alternent entre une activité prise de vue et pilotage de drone et une activité de portraits documentaires. Cette séance de prise de vue est l’occasion rare d’apprendre à piloter un drone. Trois lieux sont choisis pour documenter Grand Vaux vu du ciel: le plateau, le skatepark, et un point de vue général des barres d’immeubles. Ces perspectives aériennes correspondent aux choix du groupe pour illustrer leurs lieux de socialisation (le skatepark et le plateau), et leur lieu de vie (vue sur les tours). L’équipe au sol s’attache à représenter ces lieux à échelle humaine dans un registre documentaire. Cela consiste à observer la lumière, les formes, les détails, rechercher des cadres pour composer les portraits, et proposer des mises en scène naturelles de personnes dans leurs environnements. Le groupe manipule l’iPad et se familiarise avec la prise de vue, et l’intention du photographe. Cette exploration photographique est à la fois dirigée et collaborative. Les jeunes photographes révèlent de très bonnes intuitions visuelles.
JOUR 4 EXERCICE RADIO Pour répondre à la proposition d’interviewer une personnalité de leur choix, le groupe prend l’initiative d’inviter Baroroko Mendy surveillant au collège Jean Mermoz et comédien, intermittent du spectacle dans le stand-up. Chaque personne prépare une question à poser pour l’enregistrement de l’interview. Cette séance est une simulation de direct, réalisée avec un micro professionnel Zoom h4n. Pendant l’interview, la prise de parole est organisée de manière à créer un climat d’échange et de dialogue constructif avec l’invité. Cet atelier développe la confiance en soi, la prise de parole, l’écoute mutuelle et l’esprit critique. Baro a un parcours inspirant. Il nous a raconté comment il était devenu comédien malgré les obstacles. Dans la vie, on va toujours être confrontés à des moments difficiles et il ne faut pas baisser les bras. DIVINE J’aime communiquer et donner mon point de vue. La radio est un média intéressant pour échanger. Au début de l’interview, on n’avait pas trop d’idées mais au fil des questions, on a été tellement inspirées, qu’on a dépassé le temps imposé... MONICA
JOUR 5 COMMENTAIRES SUR IMAGES GRAND VAUX DANS LES MÉDIAS Séance d’editing: le groupe commente et sélectionne vingt photographies imprimées et exposées. La qualité de chaque photo est jugée collectivement à partir des connaissances acquises lors des précédents ateliers. La question du droit à l’image est détaillée: un sujet peut refuser d’être représenté sur une photo, le photographe doit négocier un accord, et éventuellement faire signer une fiche de cession de droit à l’image. Conversation autour de la représentation de Grand Vaux dans les médias. Nous citons des journaux et magazines nationaux: le Parisien, Le Monde, Libération, L’Obs, Le Point, Le Nouvel Observateur... et lisons des extraits d’articles récents mentionant Grand Vaux dans la presse. Les participantes utilisent spontanément leurs téléphones portables pour rechercher des articles. L’une d’entre-elle présente le résultat de sa recherche: un article du site internet “Fdesouche” un réseau d’information politique proche de l’extrême droite. Cet article ne peut pas être présenté comme un article de presse. Nous observons que l’auteur signe sous pseudo, et l’article présente uniquement une source policière. L’occasion d’une séance de sensibilisation efficace sur les limites de l’information sur internet. Nous expliquons comment “croiser ses sources”, vérifier les versions d’une actualité à partir de différents témoignages. Cette séance est l’introduction d’un travail de sensibilisation aux médias et à l’information sur Internet.
JOUR 6 FINALISATION DU JOURNAL ET INITIATION À LA PRESSE Retour des participantes sur l’expérience proposée, leurs commentaires figurent sur ce journal. Initiation au paysage médiatique et tour de table. Chaque participante choisit un titre de presse à présenter notamment Le Petit Quotidien, Phosphore, Le Monde, Charlie Hebdo et un titre de la presse people. Cet atelier est un moment d’échange et d’expression libre autour des médias.
JOUR 7 INFO OU INTOX? ANALYSE CRITIQUE D’UNE IMAGE
Cette séance finale se concentre sur la manipulation de l’information à travers l’image. Cinq exemples récents de manipulations, notamment tirées du site Les Observateurs de France 24, sont présentés et discutés. Nous testons la méthode de vérification d’une source photographique sur Google image à partir d’un exemple étudié. L’objectif est de montrer qu’une information qui fait réagir sur Internet peut-être fausse car l’exagération fait cliquer. Certains businessmen et hommes politiques utilisent d’ailleurs des méthodes de désinformation pour gagner de l’argent. Sur internet, comme dans la vie, il faut exercer son esprit critique, en s’informant à partir de sources fiables. Et réfléchir avant de partager une information.
ET LA SUITE ? L’objectif est de créér une dynamique positive pour la formation et l’implication de jeunes de Grand Vaux dans des projets culturels, audiovisuels et numériques inspirants pour la suite de leurs parcours académiques et professionnels. Les participantes de cet atelier se sont engagées au fil des séances avec la satisfaction de terminer une production photographique de bonne qualité. Ce travail collaboratif est le premier volet d’une mission de sensibilisation aux médias et à l’information sur internet, impulsé par la région Ile-de-France à travers les résidences de journalistes. L’objectif est de poursuivre cette dynamique amorcée à Grand Vaux en continuant avec une deuxième mission pendant les vacances de février ou d’avril 2018. Cette mission pourrait prendre plusieurs formes, en fonction des partenaires que nous réussirons à impliquer :
ATELIERS DE PHOTOGRAPHIE DOCUMENTAIRE PRODUCTION DE REPORTAGES VIDEO SUR GRAND VAUX RÉALISATION D’UN WEBDOCUMENTAIRE SUR GRAND VAUX REPORTAGES WEB AUTOUR DE LA RÉNOVATION DU QUARTIER Pour devenir partenaire du prochain projet audiovisuel à Grand Vaux, n’hésitez pas à contacter: la journaliste Manon Aubel : contact@manonaubel.com ou le directeur de l’espace multimédia athégien Eric-Charly Joseph : ema-asso@orange.fr
Remerciements Les dix participantes et photographes de l’atelier. Toute l’équipe de la maison de quartier de Grand Vaux et en particulier Kais Ben Moussa, Claude Moleka et Véronique Terriat. La Direction régionale des affaires culturelle (DRAC) Île-de-France qui a soutenu la journaliste Manon Aubel dans la création de cet atelier à Grand Vaux, et la conception de ce journal. La DRAC Île-de-France soutient également une dizaine d’autres journalistes en résidence dans les quartiers prioritaires. Ensemble, nous nous mobilisons pour la formation de journalistes et de blogueurs citoyens, pour défendre l’accès à l’information, la liberté d’expression, et pour le développement d’un esprit critique sur les médias, et en particulier l’information sur internet. L’association EMA (espace multimédia athégien) représentée par Eric-Charly Joseph, est présente à Grand Vaux depuis plusieurs mois, grâce au soutien de la CAF, pour animer des ateliers de formation à l’informatique, à la vidéo et au pilotage de drone. Ces propositions de formation ont fédéré un collectif de jeunes femmes assidues et motivées pour acquérir des connaissances dans l’audiovisuel et le numérique.