Un magazine politique Mensuel
Issue 1800 - Août 01/08/2020
Nasser Al Qasabi : Un artiste… Un visage… Une voix...
D’un homme dans la foule, à l’homme qui attise la foule
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Avant et après la démission : défis et coups de théâtre Politique
le plan de relance vers une Europe plus politique
Sport
Rapport
La Turquie persiste dans ses Fin de parcours à l’attaquant à la visées expansionnistes chevelure teintée de blond www.majalla.com
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L’Algérie, une révolution qui gronde… Interview 22 avec Nazim Baya
Le rôle des femmes noires dans le développement des villes africaines : Interview avec l’architecte 24 Solange Mbanefo
Les films de la Révolution se sont limités à sa glorification, puis à la désacralisation son symbole après sa fin! 56 Le fossé s’élargit... Éditeur en chef
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Ghassan Charbel Un magazine politique Mensuel
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Mostafa El-Dessouki
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Assa Traoré (C), la sœur de feu Adama Traoré, un homme décédé en garde à vue, participe à une marche de protestation pour appeler à la justice, le 18 juillet 2020 à Beaumont-sur-Oise, en dehors de Paris. - Getty
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Une fille est assise le long d’une passerelle inondée à Sreenagar le 20 juillet 2020. Le nombre de morts dû aux fortes pluies de mousson en Asie du Sud est passé à près de 200, ont déclaré des responsables le 19 juillet, alors que le Bangladesh et le Népal avaient averti que la montée des eaux entraînerait de nouvelles inondations .- Getty
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Encouverture Départ de Fakhfakh… La Tunisie fait face à une nouvelle impasse politique
Avant et après la démission : défis et coups de théâtre Par Emna Darwazi En tant que berceau du printemps arabe et seule démocratie naissante, la Tunisie a réalisé une victoire prometteuse, mais inachevée contre un ancien régime autoritaire. Les progrès soutenus de la Tunisie depuis la révolution de 2011 en font un partenaire démocratique potentiel dans une région instable. Cependant, une crise économique, une désaffection politique et des difficultés inhérentes à une transition politique et sociale majeure continuent de menacer la stabilité du pays. Tunisie: un nouveau gouvernement dont l’espérance de vie est la plus courte depuis 2011 Après des mois de négociations, le 26 février 2020, le parlement tunisien vote enfin la confiance à un gouvernement pas comme les autres, avec plus de la moitié des ministres indépendants. A la tête de ce gouvernement, Elyes Fakhfakh, dont le parti n’est pas représenté au parlement. Il s’agit d’ores et déjà du premier gouvernement depuis 2011 qui ne soit pas ‘’d’unité nationale’’. Le nouveau chef du gouvernement tunisien, âgé de 48 ans, est ingénieur de formation. Il s’agit de son 3e mandat après avoir été nommé ministre du Tourisme et ministre des Finances entre 2011 et 2014. Le vote de confiance a coupé court à une période d’ambigüité qui durait depuis l’été 2019. Tout en conservant certains aspects constants de la vie politique tunisienne, plusieurs facettes du nouveau gouvernement marquent un tournant dans la scène politique en Tunisie.
Démarrage difficile
Pour la première fois depuis la Révolution de 2011, le gouvernement n’est pas ‘’d’unité nationale’’, puisque le nouveau cabinet doit faire face à une opposition parlementaire impliquant le tiers des députés. Si cela semble ordinaire dans les démocraties établies, ce n’est pas la coutume en Tunisie, où chaque
gouvernement depuis 2011 a tenté d’obtenir la plus grande majorité parlementaire possible. En même temps, la majorité du gouvernement est sur ses gardes, car le chef du gouvernement n’est pas issu de la majorité parlementaire et sa position repose sur le soutien de nombreux partis pas nécessairement de la même famille politique. Un autre élément marquant du nouveau gouvernement est la participation de plusieurs indépendants à la tête des ministères régaliens. L’impact de ce nouveau paysage composite sur la capacité du gouvernement à mener des réformes tant attendues reste à définir. Peu de temps après leur entrée en fonction, les ministres ont dû faire face à une crise sanitaire d’envergure provoquée par la nouvelle pandémie du Coronavirus qui a touché tous les secteurs vitaux et qui nécessite toujours des niveaux de coordination, d’efficacité et de transparence jamais expérimentés auparavant en Tunisie. Quels sont les dessous de cette nouvelle scène politique tunisienne? Comment interpréter la composition du nouveau gouvernement et ses relations avec le président de la République? La crise du Coronavirus a mis à l’épreuve les systèmes de gouvernance établis, qu’a-t-elle révélé? Quel avenir pourrions-nous prédire concernant la capacité du gouvernement à mener les réformes nécessaires? Des questions que l’on s’était posées ces derniers mois… 2019, une année turbulente, mais révélatrice… Le paysage politique tunisien a été à plusieurs reprises chamboulé depuis la révolution du 14 janvier 2011, et 2019 n’a pas fait exception. Elle a été marquée par la disparition de deux personnalités éminentes: feu le président Béji Caïd Essebsi, décédé alors qu’il était en fonction le 25 juillet, 62e anniversaire de la proclamation de la République, et l’ancien président Zine El Abidine Ben Ali, décédé en exil le 19 septembre en Arabie Saoudite. Tous deux ont laissé, différemment, leur empreinte
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Kais Saied (à droite) avec Elyes Fakhfakh, lors de la cérémonie de prestation de serment du nouveau gouvernement au Palais de Carthage, le 27 février 2020.
dans l’histoire moderne de la Tunisie, et leur mort a clôturé deux pages importantes de l’ère post-révolutionnaire. Les élections présidentielles et législatives de septembre et octobre 2019 ont certainement marqué un tournant. La Tunisie est bel et bien ancrée sur la voie de la démocratie pour relever le défi de son deuxième scrutin national libre, démocratique et transparent de l’histoire tunisienne moderne. Les deux élections ont débouché sur des résultats plutôt surprenants: l’élection présidentielle a placé Kais Saied au pouvoir. Saied est un professeur de droit constitutionnel qui n’a jamais été membre d’un parti politique et ne s’est jamais présenté à aucune autre élection, à part des débats télévisés avec 26 candidats. Au second tour, son rival était le puissant magnat des médias et président du parti ‘’Au Cœur de la Tunisie’’, Nabil Karoui. Quant aux législatives, elles ont donné naissance à une Assemblée encore plus divisée, avec la quasi-disparition du parti qui détenait la majorité lors de la précédente législature (Nidaa Tounes, alors dirigée par Béji Caïd Essebsi), confirmant que, malgré sa faiblesse, le Mouvement Ennahdha demeure dominant sur la scène politique. Ces élections ont, également, marqué l’apparition de plusieurs autres forces capables de constituer des blocs parlementaires (comme le Parti Destourien Libre, le Courant démocrate, le Mouvement du Peuple et Al-Karama). Cette mosaïque parlementaire n’est que le reflet du paysage politique tunisien avec ses divergences, ses clivages et ses coalitions. Si les élections révèlent la maturité de la démocratie tunisienne, les divisions au sein de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) pousse le pays vers l’instabilité, le siège du pouvoir gou-
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Rebelote… Hichem Mechichi aura un mois pour former son gouvernement vernemental laissé pratiquement vide pendant plus de six mois. Durant cette période, Ennahdha, le vainqueur des élections, selon une procédure prévue par la Constitution, a chargé Habib Jemli de former le gouvernement. Ce dernier a échoué dans sa mission, le 10 janvier, lorsqu’il n’a pas pu obtenir un vote de confiance à l’ARP avec 134 voix contre, 72 pour et 3 abstentions. Ce fut une course contre la montre pour Saied qui doit, consulter les partis politiques et groupes parlementaires, et choisir la personne la plus apte à former un gouvernement, dans un délai maximum d’un mois. L’enjeu de cette exigence constitutionnelle était de taille, étant donné que la Constitution stipule qu’à la 2e tentative avortée, le président de la République a la possibilité de dissoudre le parlement et organiser des élections anticipées. Kais Saied fait son choix : Elyes Fakhfakh reçoit ‘’le bâton de maréchal’’ Kais Saied, encore inhabitué aux coutumes présidentielles, ne fait pas les choses à moitié ; il appelle tous les partis politiques à présenter des candidats au poste de chef du gouvernement. Les candidatures devraient être soumises par écrit : une nouvelle pro-
cédure. Le 18 janvier, Saied reçoit les candidats les plus recommandés au palais. Fin de suspense… Le 20 janvier, le président tunisien choisit Elyes Fakhfakh, proposé par le parti Tahya Tounes, dirigé par le chef du gouvernement sortant, Youssef Chahed. Un choix inattendu… Fakhfakh, qui n’appartient à aucun parti politique représenté à l’ARP, s’était opposé à Kais Saied au 1er tour de l’élection présidentielle. La dynamique ambivalente du nouveau gouvernement Un rapprochement Saied-Chahed-Fakhfakh Plusieurs facteurs peuvent expliquer le choix plutôt étonnant du président. D’abord, Kais Saied ne se souciait guère de dissimuler ses liens avec Youssef Chahed, alors chef du gouvernement sortant et avec qui il a collaboré étroitement d’octobre 2019 à février 2020. Les deux hommes se sont rencontrés à plusieurs reprises afin de traiter des questions de première importance auxquelles le pays est confronté. Dans plusieurs déclarations, Chahed a loué Saied et n’a pas hésité à le qualifier de ‘’patriote, [un] honnête [homme] qui veut le bien de son pays’’. ‘’Je suis fier que la Tu-
Le paysage politique tunisien a été à plusieurs reprises chamboulé depuis la révolution du 14 janvier 2011, et 2019 n’a pas fait exception
nisie soit dirigée par lui et non par quelqu’un d’autre’’, a-t-il indiqué. La période entre la nomination de Fakhfakh et le vote de confiance a été marquée par des négociations politiques laborieuses. Devant les divisions au sein de l’ARP, le candidat au poste de chef du gouvernement a pu ‘’repositionner l’échiquier’’. Les consultations se sont soldées par la réintégration d’Ennahdha et l’exclusion de Qalb Tounes. Les négociations n’étaient point fondées sur des programmes. Cela n’a cependant pas empêché Fakhfakh de présenter une brève note de son programme gouvernemental à la veille du vote de confiance. -Réforme de l’État et décentralisation -Réforme du système éducatif -Réforme du système de santé -Réforme de l’agriculture -Promotion des communications numériques -Conversion de l’énergie -Conquérir le marché africain Ce programme est très proche de celui présenté par son prédécesseur et, une fois de plus, met en lumière la proximité politique des deux hommes et le consentement implicite de Saïed à ce ‘’changement’’. Ennahdha n’a approuvé le programme gouvernemental proposé par Fakhfakh qu’à la dernière minute, menacé de perdre sa position majoritaire à l’ARP en cas de dissolution du parlement. Saied-Ghannouchi : une relation qui souffle le chaud et le froid Un rapport dialectique oppose et unit à la fois les deux dirigeants, modifiant la scène politique en tunisien. En tant que président du mouvement Ennahdha, Ghannouchi devait veiller sur les intérêts et l’image politique de son parti. L’échec d’Habib Jemli à former
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02 janvier 2020, au Palais de Carthage, Kais Saied remet à Rached Ghannouchi, le message contenant la liste des membres du nouveau gouvernement proposés au vote de confiance du parlement.
Rencontre entre le chef du gouvernement démissionnaire Elyes Fakhfakh et le président de l’Assemblée des représentants du peuple, Rached Ghannouchi.
un gouvernement au début de l’année l’avait placé dans une position doublement difficile, en tant que président du mouvement et de l’ARP, car il était incapable de surmonter les divisions et d’assurer le passage d’un gouvernement dont le chef a été désigné par son parti. Décembre 2019, une guerre froide s’installe entre Saïed et Ghannouchi. Le président de l’ARP tentait d’achever les consultations de Habib Jemli qui avaient déjà duré plus d’un mois. De son côté, Saied, a souligné, à plusieurs reprises, la nécessité urgente de former un gouvernement et a menacé de dissoudre le Parlement si ce gouvernement n’obtient pas le vote de confiance des députés. Cette double pression s’atténue lorsque le Mouvement Ennahdha vote la confiance au gouvernement proposé le 20 février. Jusqu’ici, Ennahdha avait insisté pour accorder des portefeuilles à Qalb Tounes. Cependant, le parti islamiste a fini par renoncer à cette exigence.
Composition gouvernementale inédite
Ce nouveau gouvernement ne laisse pas indifférent. Il est le premier, depuis 2011 bien évidemment, à intégrer des ministres indépendants : Thouraya Jeribi en tant que ministre de la Justice, Imed Hazgui à la Défense nationale, Hichem Mechichi au ministère de l’Intérieur et Nourredine Erray au ministère des affaires étrangères… Tous nouveaux sur la scène gouvernementale. En ce qui concerne la répartition partisane, Ennahdha, le grand gagnant avec sept ministres (21,87%), puis le parti Tayyar avec trois (9,37%) et Echaâb ( Mouvement du Peuple ) et Tahya Tounes avec deux ministères pour chacun (6,25%). Les 18 ministres indépendants représentaient environ 56% du cabinet. Les analystes avaient des soupçons quant à la capacité du nouveau gouvernement à recueillir les 109 voix requises pour ob-
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tenir une majorité, et ils ont même prédit un gouvernement minoritaire. Enfin, le 20 février, après une réunion parlementaire de sept heures, le gouvernement finit par obtenir 129 voix pour, 77 contre et une abstention. Les votes sont issus de cinq des huit blocs parlementaires et de quelques indépendants. Par ailleurs, sur 32 portefeuilles ministériels, seuls six étaient alloués aux femmes (18,75%) ; un faible taux par rapport aux gouvernements précédents. Toutefois, nous devons reconnaître l’importance de la nomination de Thouraya Jeribi, la première femme à diriger le ministère de la Justice en Tunisie. Ainsi, la diversité des profils de ce nouveau gouvernement mérite d’être soulignée: un tiers des ministres seulement ont déjà exercé des fonctions gouvernementales. Il s’agit d’un élément inédit qui insuffle au gouvernement du ‘’sang neuf’’. Des défis persistants dans un contexte de crise sanitaire sans précédent Maints obstacles au sein de l’APR soulèvent le spectre d’un blocage législatif systémique. La législation traitant, par exemple, des droits et libertés fondamentaux ou l’équilibre des pouvoirs, exige une majorité absolue, mais avec les absences, les échanges violents et conflits entre les députés, les approbations sont souvent retardées. Par ailleurs, l’architecture institutionnelle conçue par la nouvelle Constitution n’est pas encore pleinement en place. L’ARP, le président de la République et le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) ont donc la lourde tâche d’élire, chacun, quatre membres de la Cour constitutionnelle. Cette équipe a repris les rênes du gouvernement et doit relever d’importants défis économiques, sociaux, environnementaux et politiques. Le contexte se complique très vite avec une attaque kamikaze dans un quartier proche de l’ambassade américaine à Tunis, le 6 mars 2020. Cela dit, plus que toute autre chose, c’est
l’épidémie du Coronavirus qui constitue le plus grand défi au gouvernement naissant. Le premier cas d’une personne testée positive en Tunisie a été enregistré le 2 mars 2020. En ce qui est du volet politique, l’ARP a opté pour le travail à distance durant plus de deux mois, mais semble plus que jamais divisé. Les appels des partis d’opposition à retirer la confiance au président de l’ARP, Rached Ghannouchi, ont fortement affaibli la coalition gouvernementale. Cependant, sur le plan sanitaire, la communication fut irréprochable entre le président récemment élu et la nouvelle équipe gouvernementale, dans la gestion de la crise. Le 17 mars 2020, le président de la République décrète un couvre-feu national, sur la base de ses pouvoirs exceptionnels au titre de l’article 80 de la Constitution. Le lendemain, le chef du gouvernement assure le suivi du développement des mesures sanitaires, sécuritaires et économiques et ce, en vertu de l’article 70 de la Constitution. Dans toutes leurs apparitions médiatiques, les deux dirigeants veillent à coordonner leurs discours et leurs interventions. Dans l’interview télévisée du 12 mai 2020, interrogé sur ses relations
Elyes Fakhfakh n’a pas tardé à quitter son poste après moins de cinq mois de mandat, suite à une suspicion de conflit d’intérêts
avec le président de la République, Fakhfakh a répondu qu’ils ‘’partagent les mêmes valeurs, le même projet pour la Tunisie, le même engagement social et la même volonté, sans être lié à n’importe quel lobby’’. ‘’Le président est arrivé au pouvoir grâce à la confiance du peuple et je suis arrivé au pouvoir par sa confiance en moi. Je le dois [mon succès] à lui et à plus de 120 députés dans six blocs parlementaires différents’’, a-t-il révélé. Ainsi, les réunions en commissions et en plénières ont été interrompues, réduisant le rythme des activités parlementaires grâce au travail à distance. Cela a limité la pression politique sur le gouvernement. Le 5 avril 2020, l’ARP a délégué une partie de ses pouvoirs au chef du gouvernement. Cette délégation d’une durée d’un mois ne concernait que les domaines liés à la lutte contre la pandémie, autorisant Fakhfakh à gouverner par décrets. Fakhfakh reste confiant quant à la capacité de son cabinet à relever le défi engendré par la crise sanitaire, et à entretenir des relations stratégiques avec le président de la République et le président de l’ARP pour garantir les intérêts de tous les secteurs de la société tunisienne. Mais contrairement aux prévisions, Elyes Fakhfakh n’a pas tardé à quitter son poste après moins de cinq mois de mandat, suite à une suspicion de conflit d’intérêts.
Fakhfakh, au cœur d’une polémique de conflit d’intérêts
Tout a commencé lors d’une interview diffusée sur la chaîne privée Attessia, le 15 juin 2020. Elyes Fakhfakh reconnaît être actionnaire d’entreprises sous contrat avec l’État. Quelques mots ont suffi pour déclencher la tempête. La nouvelle polémique a suscité la colère dans les rangs de l’opposition, mais aussi chez une partie de la coalition au pouvoir, qui menace de se retirer du gouvernement.
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Avec 105 signatures, Ennahdha dépose une motion de retrait de confiance du gouvernement Fakhfakh
Kais Saied désigne l’actuel ministre de l’Intérieur Hichem Mechichi pour former le nouveau gouvernement
L’entreprise en question, Valis, est chargée de “valoriser les déchets”. Deux tiers de ses actions sont détenus par le chef du gouvernement. Les choses ont vite évolué et de multiples enquêtes sur l’affaire sont en cours. Accélération des événements : Une motion de retrait de confiance Une motion de retrait de confiance au chef du gouvernement Elyes Fakhfakh a été déposée, le 15 juillet, au Bureau du Parlement. 105 élus ont signé la pétition. Ces députés sont issus du mouvement Ennahdha, “Au Cœur de la Tunisie”, “Coalition al-Karama”, le bloc “al-Mostaqbal”, outre les indépendants. Fakhfakh anticipe la motion et démissionne… Contre toute attente, le chef du gouvernement tunisien décide de démissionner, mercredi 15 juillet. ‘’Pour éviter les conflits entre les institutions du pays, le chef du gouvernement Elyes Fakhfakh a présenté sa démission au président Kais Saied, afin de lui ouvrir une nouvelle voie pour sortir de cette crise’’, a déclaré le bureau de Fakhfakh dans un communiqué. Fakhfakh a déclaré qu’il continuerait à gérer les affaires courantes jusqu’à ce qu’un successeur soit désigné.
Avant de partir, un coup de théâtre
Sous le feu de l’hémicycle, le chef du gouvernement démissionnaire, Elyes Fakhfakh, limoge tous les ministres d’Ennahdha. Il s’agit de Mohamed Anouar Maarouf, ministre d’Etat, du Transport et de la logistique, Abdellatif Mekki, ministre de la Santé, Lotfi Zitoun, ministre des Affaires locales, Moncef Sliti, ministre de l’Equipement, Slim Choura, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Ahmed Gaâloul, ministre des Affaires de la jeunesse et des sports. Fakhfakh multiplie les limogeages. Vendredi, 24 juillet, il décide de démettre Noureddine Erray de ses fonctions de ministre des Affaires étrangères et charger Salma Ennaifer d’assurer l’intérim à la tête du département.
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Il convient de noter que la motion de retrait de confiance à Fakhfakh a été rejetée sur le fond, étant donné qu’elle n’est plus d’actualité après la démission de ce dernier. La démission de Fakhfakh risque de créer une nouvelle impasse politique en Tunisie, déjà aux prises avec les retombées économiques de la nouvelle pandémie. Le chef de l’Etat tunisien, Kais Saied, a désigné, samedi 25 juillet 2020, l’actuel ministre de l’Intérieur Hichem Mechichi comme nouveau chef du gouvernement. Mechichi n’a été proposé par aucun parti politique. Rebelote… Hichem Mechichi aura un mois pour former son gouvernement ! Le compte à rebours est lancé !
Ghannouchi échappe de justesse à la destitution
Accusé de ‘’mauvaise gestion’’ de l’institution législative et d’avoir ‘’commis plusieurs dépassements’’, le président de l’ARP, Rached Ghannouchi, se perd dans un labyrinthe. Plusieurs députés ont décidé de le destituer. Toutefois, la motion de retrait de confiance au président du parlement tunisien a été rejetée, car elle n’a pas atteint la majorité requise de 109 voix. Le président de la séance, Tarek Fetiti, a fait savoir, à l’issue de l’opération de décompte des voix, que 133 parlementaires ont participé au scrutin dont 97 ont voté en faveur de la destitution de Ghannouchi. Le reste des voix se présente comme suit: 16 contre, 18 bulletins nuls et 2 bulletins blancs. Les élus d’Ennahdha et de la coalition Al Karama se sont abstenus de voter. Les 97 votes en faveur de la motion de censure illustrent l’ampleur de l’opposition à laquelle Ghannouchi fait face et les doutes croissants sur sa capacité à poursuivre son mandat jusqu’aux prochaines élections législatives prévues en 2024.
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Crise politique en Tunisie
Ghannouchi dans la gueule du loup Tunis-La Majalla Après la démission d’Elyes Fakhfakh, le Président Tunisien Kaïs Saïed a chargé Hichem Mechichi, ministre de l’Intérieur de former le prochain gouvernement. Le coup est dur pour Ennahdha mouvement islamiste tunisien vainqueur des législatives en 2019, dont les candidats au poste n’ont pas été retenus par le Chef de l’Etat. Le message est clair : entre Carthage et le parti islamiste rien ne va plus. Ennahdha s’égosille déjà d’une relative solitude après que quatre coalitions parlementaires ont recueilli 73 signatures en plus des seize signatures collectées par le PDL, pour le retrait de confiance au président du Parlement Rached Ghannouchi, la séance étant prévue pour le 30 juillet pour le vote pour ou contre cette motion. Il ne faudrait que 109 voix pour destituer le président du parlement. Mais dans ce combat à tout va, la politesse n’est plus de mise, Ennahdha se démêle aussi pour contenir une crise interne où l’on réclame le départ de leur chef Rached Ghannouchi. Une
situation qui prouve que le parti islamiste connaît la pire crise de son histoire depuis 2011. C’est pour dire que l’heure est grave pour Ennahdha qui, confronté à une crise interne après avoir perdu sa main mise sur l’exécutif, risque de perdre aussi la présidence du Parlement. En effet, le dernier rempart de l’Islam politique dans la région arabe risque de s’effondrer à l’instar de ce qui s’est passé au Soudan, en Syrie, en Libye, au Yémen, à la Palestine et en Algérie. Le mouvement qui connait le revers le plus cuisant depuis sa légalisation en 2011 qui est elle aussi controversée et peut être dissous à cause des multiples violations administratives qui ont été révélées au grand jour par Abir Moussi, est en chute libre dans les sondages aussi. Dans une déclaration à Majalla Abir Moussi, présidente du parti Destourien Libre (PDL) a indiqué que son parti compte « lancer une requête pour dissoudre le parti Ennahdha qui a été créé, selon elle, de façon illégale ». Elle serait en possession de documents qui prouvent que la légalisation de ce parti en 2011 a été effectuée de façon frauduleuse avec faux et usage de faux.
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Une motion de retrait de confiance à Rached Ghannouchi sera votée .le 30 juillet
propos tenus à l’encontre du chef de l’Etat fustigeant sa « méconnaissance de la réalité libyenne » et décriant son entêtement à refuser de s’aligner sur la position de Fayez Al Sarraj, dévoilent les sentiments hostiles d’un proche d‘Ankara et de l’axe de l’islam politique envers le Chef de l’Etat. Ils montrent encore une fois les limites de la conversion du cheikh à la démocratie et ses sombres desseins pour une Tunisie moderne, souveraine et une négation des principes de sa diplomatie. En effet, Rached Ghannouchi continue par ce genre de déclaration abrasive son jeu à haut risque, exposant un pays éprouvé par la crise économique à un risque majeur pouvant entrainer le pays dans le piège du chaos libyen. C’est pourquoi, le discours de l’intimidation, la fragilisation ou encore la diabolisation, ces armes de destruction massive qu’on utilise au nom de la démocratie, de la transparence, ont laissé place à celui de la séduction, de l’apaisement, pourvu qu’ils restent aux commandes de l’Etat. Mais ce ne serait qu’une vaine entreprise puisque les Tunisiens ne comptent plus rester immobiles après avoir pris connaissance du sombre tableau de tous les indicateurs so-
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Le dernier rempart de l’Islam politique dans la région arabe risque de s’effondrer à l’instar de ce qui s’est passé au Soudan, en Syrie, en Libye, au Yemen, en Palestine et en Algérie. cioéconomiques, de la misère galopante, de l’intégrisme rampant, et de toutes les menaces qui les guettent. Ils ne sont plus prêts à jouer aux comparses dans cette pièce tragicomique tissée des mains des islamistes. En effet, le Chef de l’Etat a repris les choses en main. La Centrale Syndicale, consciente de la gravité de la situation, s’est alignée sur la position de la rue tunisienne appelant ainsi à des élections anticipées. L’intrigue connaitra de nouveaux rebondissements qui ne seront pas du goût des nahdhaouis qui seront acculés à faire des choix douloureux, à consentir de nouvelles concessions ou de jouer avec le feu. C’est le moment de vérité pour ce mouvement. Car celui qui sème le vent, récolte la tempête.
documents relatifs à 21 dossiers, dont 15 dossiers en lien avec le terroriste Abdelhakim Belhadj (terroriste impliqué dans plusieurs affaires). Ces dossiers, selon elle, comportent des informations qui n’ont pas été ajoutées au dossier de l’assassinat, sur les déplacements et les correspondances téléphoniques de Belhadj. « Le relevé téléphonique de Mustapha Khedher (terroriste en état d’arrestation) contient des communications fréquentes avec deux numéros de téléphone ; l’un s’étant avéré ap-
L’intrigue connaitra de nouveaux rebondissements qui ne seront pas du goût des nahdhaouis qui seront acculés à faire des choix douloureux, à consentir de nouvelles concessions ou de jouer avec le feu.
partenir au chef du mouvement Ennahdha, Rached Ghannouchi et l’autre à Kamel Bedoui, enregistré sous le nom de Khitam Zarqaoui ». Il s’agit d’un membre du groupe sécuritaire de 1991 (Un groupe islamiste qui avait préparé un coup d’Etat avorté). Ce dernier est chargé de superviser le staff sécuritaire de Ghannouchi. Khedher avait fait appel à lui le jour de son arrestation, le 15 décembre 2019, indique-t-elle. Et d’ajouter que « le pouvoir frériste dans le corps de la magistrature est devenu une chose évidente. On le dénoncera par tous les moyens », a-t-elle prévenu. Propos des coulisses C’est pourquoi, au sein même du Temple de Montplaisir (siège du mouvement Ennahdha), on parle à mot couvert dans les coulisses d’une crise sans précédent pour le mouvement qui risque de tout perdre à cause de la politique de la tension et de provocation qu’il essaime entre les acteurs politiques qui se rapprochent de lui. Il n’empêche, les réunions à huit-clos et les coulisses du Conseil de la Choura, révèlent au grand public la part sombre qui sommeille en Rached Ghannouchi, président du Parlement et chef historique du mouvement Ennahdha. Ses
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Le Président de la République tunisienne a chargé Hichem Mechichi, ministre de l’Intérieur de former un nouveau gouvernement
Une motion de retrait de confiance à Rached Ghannouchi sera votée le 30 juillet
propos tenus à l’encontre du chef de l’Etat fustigeant sa « méconnaissance de la réalité libyenne » et décriant son entêtement à refuser de s’aligner sur la position de Fayez Al Sarraj, dévoilent les sentiments hostiles d’un proche d‘Ankara et de l’axe de l’islam politique envers le Chef de l’Etat. Ils montrent encore une fois les limites de la conversion du cheikh à la démocratie et ses sombres desseins pour une Tunisie moderne, souveraine et une négation des principes de sa diplomatie. En effet, Rached Ghannouchi continue par ce genre de déclaration abrasive son jeu à haut risque, exposant un pays éprouvé par la crise économique à un risque majeur pouvant entrainer le pays dans le piège du chaos libyen. C’est pourquoi, le discours de l’intimidation, la fragilisation ou encore la diabolisation, ces armes de destruction massive qu’on utilise au nom de la démocratie, de la transparence, ont laissé place à celui de la séduction, de l’apaisement, pourvu qu’ils restent aux commandes de l’Etat. Mais ce ne serait qu’une vaine entreprise puisque les Tunisiens ne comptent plus rester immobiles après avoir pris connaissance du sombre tableau de tous les indicateurs so-
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Le dernier rempart de l’Islam politique dans la région arabe risque de s’effondrer à l’instar de ce qui s’est passé au Soudan, en Syrie, en Libye, au Yemen, en Palestine et en Algérie. cioéconomiques, de la misère galopante, de l’intégrisme rampant, et de toutes les menaces qui les guettent. Ils ne sont plus prêts à jouer aux comparses dans cette pièce tragicomique tissée des mains des islamistes. En effet, le Chef de l’Etat a repris les choses en main. La Centrale Syndicale, consciente de la gravité de la situation, s’est alignée sur la position de la rue tunisienne appelant ainsi à des élections anticipées. L’intrigue connaitra de nouveaux rebondissements qui ne seront pas du goût des nahdhaouis qui seront acculés à faire des choix douloureux, à consentir de nouvelles concessions ou de jouer avec le feu. C’est le moment de vérité pour ce mouvement. Car celui qui sème le vent, récolte la tempête.
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Le couple franco-allemand sauve l’Europe
le plan de relance vers une Europe plus politique Bruxelles : Khaled Saad Zaghloul Une Europe politique émerge au terme d›un marathon de 96 heures de négociations, quatre jours et quatre nuits de tractations, ponctués de coups d’éclat, de menaces, de bras de fer, Ce sommet devait être le moment hamiltonien de l’Europe, celui de la refondation financière de l’Union, en référence à Alexander Hamilton, le premier secrétaire au Trésor des Etats-Unis, qui, en 1790, avait convaincu le Congrès de créer une dette fédérale, et fait basculer la confédération américaine dans le fédéralisme. Les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne sont enfin parvenus à un compromis laborieux par un vote à l›unanimité sur le plan de relance franco-allemand accoucher dans la douleur. Pour la première fois, l›Europe va mettre en œuvre un plan fondé sur la solidarité pour mieux affronter la grave récession consécutive à la pandémie de Covid19-, et répondre aux défis sociaux, économiques et écologiques. L’Europe traverse actuellement la plus grave crise depuis la seconde guerre mondiale, c’est donc de la France et d’Allemagne qu’est venue la solution. Quand, le 18 mai, la chancelière Angela Merkel et le président Emmanuel Macron ont présenté leur « initiative » – l’émission d’une dette commune européenne de 500 milliards d’euros pour subventionner les pays les plus abîmés par la crise, et de 250 milliards d’euros de prêts . Paris et Berlin ont été les moteurs dans cette affaire de sauvetage. Moteurs parce qu’ils ont dessiné l’architecture de ce plan, qu’a ensuite repris la Commission. Et moteurs dans la manière dont ils ont négocié avec les autres Etats membres. Ces quatre derniers jours, durant le sommet européen à Bruxelles, Emmanuel Macron et Angela Merkel ont mené tous leurs rendez-vous ensemble. Tous les matins, ils se consultaient sur la stratégie à adopter, et ils faisaient le point tous les soirs. Histoire de ne laisser aucun espace entre eux et de décourager ceux qui auraient pu chercher
à les diviser. Ils ont travaillé ensemble pendant 24 mois pour aider le continent à sortir d’une récession sans précédent. Il faut rappeler que le budget européen en cours de discussion, avant le plan de relance, représentait un total de 100 1 milliards d’euros sur la période 2027-2021. La Commission européenne adopté leur plan de relance de 750 milliards, empruntés en commun sur 30 ans, pour parvenir à sauver l›Europe. Un montant à la hauteur des espérances de la France et de l›Allemagne mais dont la répartition a été revue pour faire infléchir les pays «frugaux». Les Pays-Bas, l›Autriche, le Danemark et la Suède voulaient plus de prêts et moins de subventions dans le plan. la somme peut paraître folle, mais ces 750 milliards d’euros promis ne représentent que %5,7 du PIB de l’Union européenne. C’est évidemment mieux que rien, mais lorsque l’on sait que ce dernier a baissé d’au moins %15 en valeur (c’est-à-dire inflation comprise) au cours de la récession engendrée par la crise du Coronavirus, on comprend que ce plan de relance est d’ores et déjà hautement insuffisant pour permettre de relancer massivement et durablement l’activité de l’Union européenne. Risque de n’apporter aucun remède aux dysfonctionnements de l’Union. Dans une conférence commune avec la chancelière allemande, le chef de l’Etat Français déclare que: « Cette longue négociation a été marquée par des difficultés, parfois des oppositions, des conceptions différentes de l›Europe. Mais je me félicite qu›avec la Chancelière, nous ayons toujours été du côté de l›ambition et de la coopération. C›est tout le travail que nous avons mené ces derniers mois et ces dernières années, quand l›Allemagne et la France se mettent ensemble, elles peuvent tout, mais si elles ne se mettent pas ensemble, rien n›est possible. Et nous avons véritablement, durant ces deux mois réussi à franchir ensemble beaucoup d›étapes pour l›unité européenne ». et sur le plan de relance : « Je suis convaincu que ce plan, ce budget sont de nature
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Emmanuel Macron et Angela Merkel s’entretiennent avec le président du Conseil européen, Charles Michel, lundi 20 juillet, à Bruxelles.
à répondre aux défis sanitaires, économiques et sociaux qui sont aujourd›hui les nôtres dans chacun de nos pays, et que décider, en quelque sorte, de ne pas y répondre c›eût été décider de dépenser beaucoup plus dans quelques mois ou quelques années. » et pour le 750 milliards euros :« Cette enveloppe est un peu plus réduite que le plan franco-allemand ne l’avait souhaité, le 18 mai dernier, mais je veux qu’ici, chacun mesure le chemin parcouru en 2 mois, ce qui, à l’échelle du temps européen, est extrêmement court. Et beaucoup, d’ailleurs, de nos collègues nous l’ont dit, ils ont été parfois surpris de l›accord franco-allemand du 18 mai dernier. En deux mois, nous avons réussi à bâtir un consensus pour que ce plan de relance inédit devienne une décision et donc une réalité. Il a demandé de l›effort, de l›esprit de compromis et je veux vraiment remercier l›ensemble de nos collègues qui, autour de nous, ont su ainsi s›engager. » conclut le chef français. Merkel et Macron estiment avoir sauvé l’essentiel, au prix de concessions importantes, les deux meilleurs alliés au monde européen, ont pesé de tout leur poids politique dans la balance de l’Union, afin d’amadouer leurs partenaires récalcitrants, En l’occurrence, le principe d’un endettement commun est bien acté, alors qu’il semblait encore hors d’atteinte en mars, tant l’opposition des pays du Nord, y compris l’Allemagne à l’époque, était forte. Mais, face au risque d’explosion du marché intérieur et de l’euro, la chancelière s’est convertie à cette forme de mutualisation des dettes destinée à financer de nouveaux transferts en faveur des pays en difficulté. Une victoire à l›arraché de Merkel et Macron, mais une victoire certes due à la ténacité des chefs d›Etat ou de gouvernement des 27 pays membres de l›UE qui sont parvenus dans la plus grande douleur et diversité, En s’endettant tous pour trente ans, les Etats membres de l’UE disent leur volonté de rester ensemble ,comme lors du sommet
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L’Europe traverse actuellement la plus grave crise depuis la seconde guerre mondiale, c’est donc de la France et d’Allemagne qu’est venue la solution de l›élargissement de Nice en décembre 2000, à surmonter leurs fractures. Ils ont pu accoucher de la première mutualisation des dettes - «limitée en taille et en durée» - jamais opérée au sein de la communauté née du Traité de Rome, en 1957. Ils n’avaient plus le choix, l›Union européenne en 2020 est ébranlée par l›une des pires crises économiques de son histoire – situation qui s›aggraverait à l›automne si la pandémie repart à la hausse. France-Allemagne, un couple uni dans l’adversité
Merkel dans son dernier combat
Alors que l’Allemagne a pris, depuis mercredi 1er juillet, la présidence tournante de l’UE pour six mois, l’enjeu pour la chancelière est énorme. Auréolée de sa bonne gestion de la pandémie, avec près de 000 9 morts pour un pays de 83 millions d’habitants, celle qui incarne la stabilité outre-Rhin, mais aussi en Europe, après 15 ans au pouvoir, a de bonnes chances de parvenir
à un consensus, parachevant de la sorte son quatrième et dernier mandat. En effet, au-delà de la gestion des conséquences économiques et sociales du Covid19-, qui occupera une place importante dans l’agenda européen sous présidence allemande, Berlin a aussi fixé, parmi ses priorités, la transition écologique et énergétique, la souveraineté de l’Europe en matière de numérique, et les grands dossiers internationaux, comme le Brexit ou les relations avec les États-Unis et la Chine, les enjeux géopolitiques et stratégiques au proche orient, la Libye et le conflit diplomatique avec la Turquie . Autant de sujets également abordés lors de la rencontre mensuelle Merkel-Macron La chancelière a tenu à partager la tête d’affiche avec Emmanuel Macron, à l’aube d’une présidence allemande de l’UE décisive. Il le fallait : l’essentiel de l’exercice consistera à défendre l’initiative franco-allemande du 18 mai dernier, Merkel veut réussir son dernier combat qui de sauver l’Europe, elle peut compter sur son excellent allier ,ce couple a bien fonctionné.
Elle a voulu en faire un symbole, pour rappeler l’unité francoallemande en ces temps troublés. Pour sa première rencontre en chair et en os avec un chef d’État depuis le début de la crise du coronavirus, la chancelière reçoit Emmanuel Macron au château de Merseburg, résidence officielle du gouvernement allemand à 70 km de Berlin. Le choix est d’ailleurs un clin d’œil à ce travail. Deux ans plus tôt, c’est déjà dans cette résidence baroque qu’Angela Merkel lui concédait poliment un budget de la zone euro, mais ils ont discuté de leur plan de sauvetage. Il en a résulté 2 mois de négociations intenses débouchant sur l’initiative franco-allemande du 18 mai. Paris et Berlin n’ont pas connu que des lunes de miel. L’appel de neuf dirigeants européens, dont Emmanuel Macron et l’Italien Giuseppe Conte, à créer des « Coronabonds », en amont du sommet européen du 26 mars, a laissé des traces. « Cela a créé de l’amertume et de l’acrimonie entre pays européens, mais on avait besoin de cette phase pour révéler la gravité de la crise », souligne l’Élysée.
Un travail de longue haleine
Emmanuel Macron aura peut-être gagné son pari, au premier semestre 2022, lorsque la France prendra à son tour la présidence de l’UE. Il sera alors sans doute candidat à sa réélection
Emmanuel Macron aura peut-être gagné son pari, au premier semestre 2022, lorsque la France prendra à son tour la présidence de l’UE. Il sera alors sans doute candidat à sa réélection. En attendant, l’Élysée rappelle à l’envi son long travail de plaidoyer pour faire bouger l’Allemagne. « Jamais nous n’avons lâché, atténué ou négligé ce lien irremplaçable ; jamais », a souligné le président sur l’axe Paris-Berlin. Autre satisfecit du couple franco-allemand, le plan de relance sera largement utilisé – à hauteur de 390 milliards d’euros – pour donner de l’argent aux Etats qui en ont le plus besoin, et sera donc à ce titre un véritable outil de solidarité. Là-dessus, la France
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touchera 40 milliards d’euros, l’Italie quelque 70 milliards et l’Espagne une soixantaine. Le solde du plan de relance – 360 milliards d’euros – pourra être prêté à ceux qui en feraient la demande, et qui pourront ainsi réduire le coût de leur financement sur les marchés. La France voulait, dans un premier temps, profiter du départ des Britanniques de l’UE pour supprimer ces concessions historiques. Margaret Thatcher avait en effet été la première à exiger cette réduction, ne voyant pas les bénéfices, contrairement à la France, de la coûteuse politique agricole commune (37 % du budget européen). L’Allemagne, qui profite aussi de ce qu’elle considère comme une « correction indispensable », n’a pas la main sur ce levier. C’est donc Paris qui pose ses conditions : « si les pays frugaux sont attachés au rabais, il faudra un effort sur le plan de relance, c’est clair », insiste l’Élysée.
Le diable dans les détails
Paris, La Haye et Berlin débattent par ailleurs des modalités qui rendraient l’endettement commun acceptable. « On a bien identifié les ingrédients d’un accord », assure l’Élysée. Mark Rutte le premier ministre néerlandais comme Angela Merkel voudraient un début de remboursement dès le cadre financier 2027-2021. La France pourrait lâcher du lest, elle qui voulait repousser l’échéance à l’exercice d’après. Cela implique une discussion dès à présent sur la fiscalité européenne censée couvrir l’emprunt (taxe carbone aux frontières, taxe numérique…). Cet accord obtenu, devra encore être ratifié par les eurodéputés et les parlements nationaux, puisque certaines ressources propres sont créées. Les semaines à venir s’annoncent donc elles
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aussi décisives. Au Parlement européen, le vote ne devrait pas intervenir avant la fin de l’année. les pays dits du « Sud », les plus touchés par le Covid19- mais également les plus endettés (Espagne, Italie, Grèce, Portugal, France), sont partisans d’un système fédéraliste de dette commune et rejoints depuis mai par l’Allemagne et la France, alors chantre de l’orthodoxie budgétaire et des critères draconiens de Maastricht. De l’autre côté, les pays « frugaux » ou les « radins », prodromes de la discipline budgétaire, emmenés par la hollande suivi de l’Autriche et des pays nordiques, défenseurs d’un mécanisme de prêts aux États conditionné à des réformes structurelles. Et enfin, les pays de l’Est, Pologne et Hongrie, mis à l’index par les institutions européennes et les autres États de l’Union pour leur attitude vis-à-vis de l’État de droit et des droits fondamentaux. L’enjeu, c’est de transformer l’essai. Très vite, après un certain retard à l’allumage, l’Europe a su prendre la mesure de la situation et se mettre en ordre de bataille, pour protéger la santé et les emplois de ses citoyens. Ce sursaut européen, il faut maintenant l’inscrire dans la durée, afin de montrer à ceux qui espèrent comme à ceux qui doutent que l’Europe est parfaitement capable de se dépasser quand les circonstances l’exigent. pour donner une nouvelle dynamique à la relance et doter l›UE d›un outil puissant pour remettre l›économie sur pied et construire pour l›avenir. Ce plan de 750 milliards d’euros, qui doit beaucoup à la France et à l’Allemagne, a déjà marqué l’histoire de l’Europe, en donnant une traduction très concrète à l’immense besoin de solidarité collective qui se fait aujourd’hui sentir sur le vieux continent et à l’ambition commune de préparer l’avenir dès aujourd’hui.
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L’Algérie, une révolution qui gronde… Interview avec Nazim Baya Par Emna Darwazi Les Algériens, un peuple qui a vécu la colonisation, les ‘’Années noires’’ et aujourd’hui, semble-t-il, les ‘’Années terribles’’… Un peuple qui ne craint rien ! Cela dit, la violation des droits et libertés garantis par la Constitution, en Algérie, remet en question la vision du gouvernement actuel. La censure ou encore l’incarcération de plusieurs journalistes, à l’instar de Khaled Drareni, nourrit maintes interrogations sur le présent, mais aussi sur le devenir d’une révolution qui peine à accoucher. La liberté serait-elle en otage ? Dans une interview accordée au magazine ‘’La Majalla’’, Nazim Baya, pharmacien algérien de 35 ans, fondateur du journal satirique suspendu El Manchar et militant indéfectible de la liberté d’expression, revient sur la situation politique en Algérie et nous parle des défis et acquis du Hirak. Le journalisme impartial devient schisme politique en Algérie. Restrictions, censure, emprisonnement et menaces… Le système clame l’obéissance. Vous avez subi, vous-même, une pression ‘’invivable’’ qui vous a contraint de fermer votre site parodique ‘’El Manchar’’. Où va cet acharnement hystérique à censurer les médias ? La liberté d’expression ne s’est jamais autant mal portée
On a assiste à un véritable déchainement contre toute parole qui égratignerait le discours officiel
en Algérie. Incarcération de journalistes sous des motifs fallacieux, censure de médias électroniques, traque des cyberactivistes ou de simples internautes sur les réseaux sociaux. On a assiste à un véritable déchainement contre toute parole qui égratignerait le discours officiel. La crise sanitaire a accentué la répression ; des mises en garde, pour ne pas dire menaces, ont été adressées à des quotidiens nationaux pour avoir contesté les chiffres officiels sur l’épidémie. Tout cela a créé un climat anxiogène et peu propice à l’exercice du droit à la liberté d’expression. Je tiens à préciser que, concernant ‘’El Manchar’’, nous n’avons subi aucune pression directe. On peut dire que c’était un acte d’autocensure pour éviter les ennuis. Démocratie et force ne riment pas ensemble, or, l’élection ‘’légale’’ d’Abdelmajid Tebboune en tant que président de la ‘’Nouvelle Algérie’’, a créé ce paradoxe rejeté par les Hirakistes qui exigent un changement radical du système. Une éventuelle réconciliation est-elle possible selon vous ? Oui, je pense qu’une réconciliation est encore possible. Seulement, elle suppose des préalables qui vont dans le sens de l’apaisement. Libération et réhabilitation des détenus d’opinion, une partie d’entre eux a été libérée (liberté provisoire) en attendant la tenue de leur procès, mais il en reste près d’une soixantaine en prison. Liberté de la presse, liberté d’association. Il s’agit pour le président de la république d’envoyer des signaux forts aux Algériens pour les rassurer quant à sa volonté d’opérer une réelle ouverture démocratique. Il me semble que cela reste dans ses cordes et ça ne suppose pas des réformes structurelles lourdes et compliquées. Incarcéré depuis des mois pour des faits liés à sa profession, Khaled Drareni est parmi les quelques journalistes qui sont toujours en prison. Pourquoi autant d’acharnement et d’insistance à maintenir Khaled en prison, lui qui n’a fait que son devoir de couvrir pacifiquement le Hirak ?
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La société civile est dans un état de délabrement tel qu’elle ne peut faire face à un pouvoir structuré et organisé des organisations qui font un travail remarquable sur le terrain, comme le CNLD, ou comité national pour la libération des détenus.
Nazim Baya, fondateur du journal satirique suspendu El Manchar.
Je ne sais pas, il faudrait peut-être poser la question à ceux qui l’ont mis en prison. Khaled est accusé d’atteinte à l’unité nationale alors qu’il n’a fait que son travail de journaliste. Khaled dérange parce qu’il n’est pas un journaliste conventionnel, il n’écrit pas pour un journal papier, il ne fait pas de reportages pour une télé, médias qui sont évidemment sous le contrôle de l’état, c’est un journaliste 2.0. Il échappe donc au contrôle des autorités, il ne fait pas cas des injonctions éditoriales des patrons de presse eux-mêmes à la solde du pouvoir en place. Le procès de Khaled Drareni est le procès contre la liberté. Plusieurs personnalités politiques ont été contaminées par le Coronavirus à la prison d’El Harrach, ce qui met en question l’application des mesures de prévention dans les établissements pénitentiaires. Cette situation provoque l’inquiétude concernant la sécurité des détenus d’opinion. Qu’en pensez-vous ? Effectivement, il y a un risque sanitaire. Maintenir les détenus d’opinion en prison dans de telles conditions est un crime. Déjà que les conditions en temps normal ne sont pas fameuses…Il y a deux semaines, un ancien ministre est mort du Coronavirus, alors qu’il était en détention provisoire. Cela laisse présager le pire quant au sort réservé aux détenus d’opinion et aux détenus de droit commun. Nous espérons tout de même que la justice entende raison et les libère avant qu’il ne soit trop tard. Quels rôles jouent la société civile, les ONG et les structures syndicales dans la lutte contre l’injustice que subissent les journalistes pro-Hirak ? Ont-elles procédé à l’internationalisation de cette problématique ? La société civile est dans un état de délabrement tel qu’elle ne peut faire face à un pouvoir structuré et organisé. Les associations et les organisations syndicales autonomes évoluent dans un cadre très policé peu favorable. L’accès aux médias nationaux leur est interdit. Leur marge de manœuvre est mince, on peut dire que leur action est cantonnée aux réseaux sociaux. Cela dit, il y a
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A priori, le Hirak est une action à visée politique. Les Algériens y ont participé pour contester un 5e mandat d’Abdelaziz Bouteflika. Cela dit, à travers ces manifestations, vous avez redécouvert votre diversité et la richesse de votre pays. Quels sont les autres acquis du Hirak algérien ? Les acquis sont plutôt symboliques et relèvent plutôt du domaine de l’estime de soi. Mais les avancées sur le terrain politique restent minces. Pour dire les choses simplement, nous sommes toujours au point de départ. Sur la question des libertés fondamentales nous n’avons avancé d’un iota. Pire encore, j’ai l’impression que le champ de liberté se rétrécit de plus en plus. L’interdiction de manifester est toujours en vigueur, la liberté d’association est à conquérir, la liberté d’expression à arracher... Quant à la séparation des pouvoirs n’en parlons même pas. Je dresse un bilan sombre, mais la réalité du terrain est là. Et elle me donne raison. La femme est de plus en plus émancipée, dans la société algérienne. Elle cumule les études et les emplois. Comment vous évaluez sa participation aux mobilisations populaires ? Subit-elle encore la pression patriarcale dont elle a longtemps souffert ? La femme a été partie prenante du hirak. C’en est même une composante essentielle, puisque que nous parlons de la moitié de la population. Le combat féministe doit être au centre de notre engagement citoyen. On ne saurait instaurer une démocratie sans reconnaître l’égalité homme-femme. Ces questions doivent être tranchées une bonne fois pour toute, ici et maintenant. Evidemment, la pression patriarcale veut ajourner la question féministe en considérant que ce n’est pas le moment. Mais encore une fois, le combat féministe est fondamental et il est consubstantiel du hirak. Malheureusement, la lutte n’est qu’à ses balbutiements, et les femmes doivent se battre sur deux fronts pour faire reconnaître leur droit à la citoyenneté. Une citoyenneté qui la met sur un même pied d’égalité que les hommes notamment en ce qui concerne le code de la famille. Quel message adressez-vous aux dirigeants de votre pays, à vos compatriotes et à tous les détenus d’opinion ? Aux premiers, de faire montre de clairvoyance, aux seconds de persévérance et aux troisièmes de courage.
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Le rôle des femmes noires dans le développement des villes africaines : Interview avec l’architecte Solange Mbanefo Par Emna Darwazi Dans une Afrique décomposée, traumatisée par les affres des guerres et la brutalité des canons des colonisateurs, mais dont la richesse spatiale et naturelle est impressionnante, les femmes sont privées de leurs droits dans le domaine de l’industrie. Les femmes africaines sont les éternelles gardiennes d’un héritage ancestral qui ne cesse de se métamorphoser grâce aux changements sociaux. L’avenir pourrait-il être féminin et africain ? Solange Mbanefo, la fondatrice de la compagnie XIMMA et co-directrice de Matri-Archi(tecture), qui a su défier les tabous et les préjugés, est partie à la recherche d’une Afrique plus avancée, autonome, libre et nouvelle à travers la science et la technologie. Dans une interview accordée au magazine ‘’La Majalla’’, elle nous parle du développement urbain et architectural des villes africaines et du rôle de la femme dans l’apprentissage spatial et la redéfinition de l’identité noire. Qui est Solange Mbanefo ? Me présenter est une tâche très difficile pour moi … Je suis une architecte, d’origines Suisses-Nigérianes. J’ai vécu, étudié et travaillé dans plusieurs pays. Les 16 premières années de ma vie se sont déroulées principalement à Lagos, au Nigeria. J’ai une forte relation avec l’adrénaline et la curiosité. Je pense avoir une forte opposition aux inégalités et à
l’injustice. J’ai toujours rêvé, en tant que petite fille de déclencher une révolution… Un rêve qui continue à se métamorphoser chaque jour, telle la poursuite sans fin d’attraper un mirage dans le désert… Mon parcours quotidien est inspiré de lumière, de positivité, de discipline, d’amour, de recherches, et de beauté et ce, dans tous les aspects de la vie. Pouvez-vous nous parler du collectif Matri-Archi, ses débuts, activités et aspirations ? Matri-Archi(tecture), un jeu de mots entre la Matriarchie et l’Architecture, se considère comme un catalyseur pour autonomiser et renforcer le rôle des femmes noires dans l›architecture et dans le développent des villes africaines. Il est né en un moment de flux, où nous cherchions à focaliser notre objectif sur l’égalité intersectionnelle des femmes africaines qui ont été et sont encore privées de leurs droits représentatifs dans le secteur de l›industrie. Le projet de Matri-Archi a commencé en 2017, sous la forme d›un simple blog d’articles créé par Khensani de Klerk, durant ses études, en réponse au manque de diversification dans le programme académique dans les écoles d›architecture en Afrique du Sud, notamment à l’Université de UCT, à Cape Town (Afrique du Sud). C’était l›époque des manifestations de ‘’la décolonisation du corps universitaire’’, des protestations contre l’éloge historique de Cécile Rhodes (Rhodes Must Fall) et des mobilisations estudiantine pour réduire les frais scolaires et augmenter le budget national pour l’éducation (Fees Must Fall), entre 2015 et 2016.
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Historiquement, l’Afrique est un continent composé d’un triple héritage, ayant une densité de civilisations et d’empires incroyablement entrelacés. L’Afrique est, également, d’une richesse spatiale d’importance considérable et l›Afrique du Sud. Avec mon background, ma double origine (Suisse-Nigérianne) et celle de Khensani (Afrique du Sud), nous avons choisi stratégiquement de renforcer nos avantages avec des collaborations institutionnelles de la Suisse et avec une implémentation pratique et localement effectuée en Afrique du Sud. Aujourd’hui, le collectif compte des membres dans le monde entier, notamment au Royaume-Uni, au Kenya, au Japon, en Amérique et au Nigeria. Actuellement, nous sommes dans une phase de transition, où notre principal objectif s’éloigne un peu de la recherche et commence à activer des programmes plus pratiques dans l›industrie de la construction africaine.
Solange Mbanefo, architecte, fondatrice de XIMMA et Codirectrice de MatriArchi(tecture).
Khensani et moi, se sont rencontrées à Zurich, en Suisse, et ensemble, on a réalisé que Matri-Archi pouvait servir comme plateforme pour le renforcement et l’encouragement des femmes noires, africaines et/ou en Diaspora, qui sont encore marginalisées dans le domaine de la construction et de l’architecture, ainsi que pour la valorisation de l’architecture africaine de haute qualité, pour tout le continent. Ainsi, nos passions mutuelles se sont métamorphosées en Matri-Archi(tecture). Aujourd’hui, Matri-Archi s›est développé de manière assez significative pour devenir un collectif de 12 créatifs qui poursuivent une recherche et une pratique architecturale et intersectionnelle. Matri-Archi a créé un espace digital qui cherche continuellement à questionner, analyser et produire des perspectives alternatives aux systèmes d›éducation traditionnellement euro-centriques. Ainsi, nous avons activement essayé d›inclure une diversification du narratif, avec notre principal objectif enraciné dans les environnements locaux du continent africain. Matri-Archi fonctionne principalement entre la Suisse
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Qu’est-ce que l’Afrique spatiale et comment vous prévoyez son avenir ? Comme chaque région de la planète, une identité spatiale se définit à travers une structure régionalement liée à un contexte, historiquement développé à travers une architecture vernaculaire. Cette dernière s’est perfectionnée pendant des siècles, répondant de manière fonctionnelle à une formation spatiale qui est idéalement conçue pour correspondre aux habitudes quotidiennes, au microclimat, aux traditions, aux relations culturelles et aux matériaux locaux, etc. Historiquement, l’Afrique est un continent composé d’un triple héritage, ayant une densité de civilisations et d’empires incroyablement entrelacés. L’Afrique est, également, d’une richesse spatiale d’importance considérable. Ainsi, l’avenir d’une qualité spatiale qui est purement et respectivement africaine est potentiellement prometteur. Et c’est à notre génération de remettre sa cause en valeur. Les Africains doivent commencer par accepter et réécrire leur propre histoire, c’est le noyau. Par la suite, on pourra combiner notre identité avec l’utilisation inclusive de la technologie. Ubuntu est une notion philosophique sud-africaine qui met en valeur le lien entre progrès et unité. Ceci dit, je pense fortement que l’avenir de notre
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succès se réalisera par une prise de conscience collective ; croire que nous avons le pouvoir de définir notre propre future, tout en s’appuyant sur notre passé, notre éducation et notre unité comme éléments primordiaux d’une réussite idéale. Quels effets et répercussions concrètes la colonisation a laissé dans le continent africain et comment cette présence coloniale a impacté le développement urbain de l’Afrique ? La colonisation a divisé notre capacité de se reconnaître comme frères et sœurs ayant un but commun, comme une famille nationale avec une identité et une direction commune. Si on remonte à l’histoire de l’Europe, les frontières ont été en fluctuation continue depuis les 300 dernières années entre les familles royales, les bourgeois, et les politiciens. Des conflits entre les ethnies Slaves, Latino-Greco, Germanique et Anglo-Saxon ont eu lieu afin de définir les nations que nous connaissons aujourd’hui. Nous sommes à 60 ans seulement de la décolonisation. Ainsi, c’est dans ce contexte géohistorique que nous pouvons remettre en question la situation en Afrique… Maintes questions se posent. Des pays en Amérique latine et en Asie ont aussi été colonisés, pourquoi la situation en Afrique est-elle autant précaire que dans ces pays ? Pourquoi les nations africaines peinent-elles à embarquer sur le chemin de progrès ? Ayant la majorité des ressources naturelles et une jeune population qui croît de manière exponentielle, combien d’années manquent encore avant de concevoir une vraie libération économique ? Il y a un Ted talk intitulé : Pourquoi les bons dirigeants vous font sentir en sécurité | par Simon Sinek. La sécurité dans sa communauté est propice au progrès social. La colonisation, en particulier, avec la conférence de Berlin en
La colonisation a divisé notre capacité de se reconnaître comme frères et sœurs ayant un but commun, comme une famille nationale avec une identité et une direction commune
1885, et une combinaison de l’esclavage transatlantique, a détruit toute possibilité de retrouver cette sécurité. C’était stratégique. Diviser pour régner. Un adéquat développement urbain commencera par une confiance dans la composition de ceux qui peuvent diriger, guider et soutenir... Ces personnes font partie de nos entreprises, de notre famille, de nos écoles, etc. C’est seulement quand la communauté deviendra inclusivement égalitaire que nous pouvons par la suite la renforcer grâce à la technologie. Par conséquent, l’agenda ira sur une échelle plus étendue dans le développement urbain, de transports et de l’économie du continent Africain. On parlera plus de villes, mais de communautés technologiquement équipées à travers un système d’inclusions systématique et profondément ancré dans ses propres traditions. Matri-Archi privilégie le rôle de la femme africaine dans l›industrie spatiale et architecturale mondiale. Pouvez-vous nous en parler davantage et expliciter les défis auxquels la femme africaine est confrontée dans ce domaine ?
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L’équipe de MatriArchi
Matri-archi essaie de promouvoir un engagement à collaborer avec d›autres personnes - en particulier d›autres femmes - plutôt que de rivaliser entre elles. Dans la philosophie des Igbos, de l’Est du Nigeria, les femmes ont traditionnellement dirigé le secteur économique, étant celles qui travaillaient dans les champs et qui étaient aussi en charge des marchés. Les hommes s’occupaient principalement du secteur politique. Les anciens s’occupaient de l’éducation des jeunes, et de l’enseignement de l’histoire (souvent enseigné à travers une stricte méthodologie orale), les mathématiques, la philosophie, la géographie, les valeurs morales, les traditions, etc. Les enfants sont soumis à un système de respect mutuel, basé en fonction de leurs âges. Le mandat capitalistique a imposé une nouvelle relation sociale sur les traditions locales, où le rôle de la femme africaine a changé radicalement d’une position qui contribuait activement au développent de la société, à une position assez passive, en particulier avec l’accès à l’éducation occidentale. Matri-Archi se concentre spécifiquement sur les femmes
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africaines dans l›industrie de l›architecture, où l’inclusion des femmes dans des métiers traditionnellement dominés par les hommes, comme la construction. Heureusement, cette barrière commence à baisser de génération en génération à travers le monde. Sur le plan institutionnel, la couleur de notre peau, notre classe sociale, notre religion et/ou tnoses origines sont historiquement conditionnées à maintenir des inégalités. Critical Race Theory l’explique très clairement, et estime que l’origine de la ségrégation raciale était fondamentalement conditionnée par notre relation biologique, sociale ou politique au groupe ayant un pouvoir plus significatif. Historiquement, les femmes de couleur et les femmes noires et africaines, entre autres, font partie d’un groupe particulièrement marginalisé et placé dans des conditions défavorables jusqu’à présent. Plus concrètement, on pourra se demander pourquoi les femmes africaines ont du mal à se payer une formation en architecture ? Pourquoi les modèles féminins et africains qui ont réussi sont encore si rares dans notre industrie ? Les questions sont innombrables…. Mais nous sommes en
plein changement. Vous ne vous en rendez pas compte, parler d›une révolution résonne comme un murmure, selon la légendaire Tracy Chapman. Si j’ai bien compris, le but de votre organisme est de ressusciter et revaloriser la diaspora noire et son identité et ce, en encourageant les projets architecturaux futurs. Y a-t-il des conceptions réelles et des projets qui promeuvent le développement des villes africaines ? Oui, il y a cependant quelques architectes qui ont réussi à percer la surface et à obtenir la reconnaissance bien méritée de leur dévouement au travail de construction orienté vers l›Afrique ; comme Mariam Kamara, qui travaille principalement au Niger, Gillian Godwin Hopwood, qui a conçu avec son mari, John Godwin, plus de 000’1 projets au Nigeria depuis les années 1950. Cependant, en termes de recherche récente, il y a des exemples à mentionner, tels que le travail de cartographie digitale et de théorie critique de Mabel Wilson et Mario Gooden au GSAPP de Columbia, le travail du Dr HudaTayob et Sarah de Villiers à l›école d›architecture de l›université de Johannesburg, Black Females in Architecture (BFA), une organisation basée au Royaume-Uni qui rassemble les femmes noires en architecture, l›Open House Architecture d›Illze Wolff basée à Cape Town, ainsi que bien d›autres. Pour l›instant, étant donné que nous sommes de jeunes professionnels, nous avons besoin de temps pour récolter les fruits de notre travail. Néanmoins, notre méthodologie trouve sa source dans les bases fondamentales de la construction. Nous tirons notre inspiration de l›utilisation
pratique et efficace des matériaux. Comprendre comment le bois, la brique, la pierre ou la terre se modifient avec les changements des saisons. Nous sommes fascinés par les différentes techniques d’édification. Nous cherchons à comprendre comment les matériaux ont influencé la technologie, ou l’application d’une typologie s’est définie… Concrètement, à travers des workshops annuels, MatriArchi cherche à remettre en valeur le design spatial lié à la pratique. C’est sale, c’est dur, c’est moins chic, mais on arrive à plonger dans une qualité régionalement applicable. Quand on arrive à traduire le langage des matériaux, nous focalisons notre expertise vers le perfectionnement de chaque détail. C’est ainsi que nous espérons ressusciter et trouver des solutions pratiques qui pourront être utiles pour un développement durable et respectable pour les agglomérations urbaines et rurales dans le continent. Selon la Banque mondiale, plus de la moitié des pauvres de la planète vivent en Afrique subsaharienne, malgré sa richesse en ressources naturelles. Est-il possible de concevoir l’utopie noire ou le ‘’Wakanda’’, en dépit des conditions socio-économiques précaires et du taux de pauvreté dans la région ? L›utopie de «Wakanda» est fort probable, ce qui donne de l’espoir. Même si nous pouvons la considérer comme une provocation afro-futuriste contre le canon occidental, cette subversion de pouvoir est problématique et nous devrions essayer de l›éviter à tout prix si nous sommes ouverts à accepter une solution. Une fois que la dépendance aux ressources et la main-
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Intervention de Solange Mbanefo sur le lien entre la symétrie et l›urbanisation, lors une conférence de l›organisation internationale: Creative Mornings, février 2019
Pavillon Interactif, construit par MA pour l›exposition du Sommet Africain 2018, à l›Université de Saint-Gall en Suisse
d›œuvre ne seront plus contrôlées par les sociétés internationales profitant du marché exploité en Afrique, il sera peut-être possible d›imaginer un développement qui bénéficiera à la fois à ceux qui l›occupent, l›entretiennent et y investissent. Y-a-t il des pays européens ou des ONG qui s’intéressent à l’investissement ou au sponsoring dans ce domaine ? Oui, il y a effectivement des ONG et des pays qui s’intéressent à domaine... Par contre, je suis tout de même très excitée d’apprendre autant de choses tout au long de ma carrière professionnelle. Je suis, également, très motivée par la trajectoire que prend ma carrière. Janvier 2020, j’étais sélectionnée dans le concours de jeunes start-ups suisses pour implémenter notre business dans le marché Indien. Ce fut une opportunité incroyable, car je suis revenue avec des réponses positives. Par la suite, j’ai fondé la compagnie XIMMA. XIMMA est un acronyme pour X-Information-ModellingMatri-Architecture. Ainsi, on collabore activement avec Matri-Archi qui représente notre CSSR, la Responsabilité Sociale et écologique (Corporate Social &SustainableResponsibility). Nous sommes une entreprise spécialisée dans le développement paramétrique de prototypes architecturaux conditionnés par les Facteurs Humains, tels que les habitudes traditionnelles, le microclimat et les pratiques liées à la religion, etc. Nous proposons par la suite des analyses de données à conscience sociale dans les hubs ruraux et urbains du monde en développement.
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Nous nous concentrons sur la typologie de logements particulièrement basés sur les caractéristiques locales avec une efficacité écologique à long-terme. À travers la technologie de la modélisation 3D et de l’intelligence artificielle (BIM), nos solutions suivent un langage de construction paramétrique qui cherche à diversifier les standards et remettre la place de l’homme au sein d’un développement inclusif et urbain. Nous avons plus de détails que vous pourriez consulter sur notre site web:www.ximma.net Bien que l’on cherche encore des participants motivés à travailler avec nous, nous développons actuellement des prototypes de logement paramétrique qu’on implémente en Inde et on a bientôt notre premier projet dans un township en Afrique du Sud, où on collabore activement avec Matriarchi afin de mobiliser une équipe de construction et d’architecture entièrement dirigé par des femmes noires/ Africaines. Ainsi, nous sommes en contact avec quelques gouvernements, sociétés et ONG qui sont prêts à investir, soutenir et partager la philosophie de notre mission. Nous cherchons continuellement à renforcer notre network. Quel message voudriez-vous adresser aux jeunes africains ? Avant qu›une graine ne germe, elle doit d›abord se décomposer. Un manguier pousse à partir d›une graine de mangue en pleine désintégration. Une nouvelle Afrique pourra ainsi germer dans la décomposition de l›Afrique présente. L›avenir pourrait être féminin et africain. Nous devons simplement commencer par croire en nous-mêmes !
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Le Prince héritier Mohammed ben Salmane :
une vision d’avenir pour le Proche-Orient Propos recueillis à Paris par Khaled Saad Zaghloul Écrivain et géopolitologue, conseiller expert en ingénierie financière, en investissements stratégiques et en intelligence économique en France , Vice-président de la Commission Afrique du C.E.S.I.C. - Cercle d’Étude de Sécurité Industrielle & Commerciale à Paris Citoyen français Descendant d’une vieille lignée de dignitaires musulmans. Dont le nom est Al Khattab Al Ibrahimi Al Cherifi Al Idrissi, , descendant du Prophète (SAWS), ayant combattu et œuvré pour la France. Des membres de sa famille ont appartenu à l’une des cinq unités d’infanterie les plus décorées de la Seconde Guerre mondiale, Diplômée de l’Académie des Arts, des Sciences et des Lettres, Chevalier de l’Ordre Lafayette Monde, lauréat du Prix Littéraire Lucien Caroubi, prix pour la Paix et la Tolérance pour son livre Les Chroniques d’un Buveur de Lune – Essai sur le Mal et l’Amour (éd. Albin Michel), décerné par M. Éric de Rothschild, et lauréat du Prix du Livre francorusse de l’APMC (Action Privée en faveur du Monde Culturel). Parrain avec les écrivains Marek Halter et Jean-Luc Marion du Projet Saxum à Jérusalem, un Concert pour la Paix est organisé chaque année au Centre Culturel Garnelles en présences de nombreuses personnalités politiques et artistiques. Il est l’auteurs de plusieurs Publications dont • La finance mondiale : tout va exploser (Ed. Léo Scheer, novembre 2008) • La France : une étrange faillite – Vers un 1940 économique (Ed. Alpharès, mai 2014) • Les mécanismes de la crise (Ed. Perspectives libres, janvier 2015) • Vladimir Poutine – Le nouveau De Gaulle (Ed. Perspectives Libres, novembre 2018) • Saïf al-Islam Kadhafi – Un rêve d’avenir pour la Libye (Ed. Erick Bonnier, octobre 2019) Pourriez-vous également nous donner votre sentiment concernant la crise du Coronavirus que vit actuellement le monde musulman ? Nous venons de voir là encore un indice d’espoir pour le monde musulman. Le Maroc du Roi Mohammed VI a surpris tout le monde en
arrivant à la première place des meilleures gestions de la crise du Coronavirus ! Grâce à un dirigisme étatique et une discipline sociale exemplaire, le Royaume chérifien montre, pour ceux qui l’avaient oublié, que c’est un État qui sait se faire respecter. La comparaison avec ce qu’est devenue la France aujourd’hui, ne manque pas d’ironie… Alors justement, quelle est la situation actuelle en France ? En France, on assiste à un État à la dérive, ou plutôt à un détournement de l’État. La France va être ruinée économiquement après cette crise, et elle connaît déjà de graves dysfonctionnements internes. Plus de 11 millions de Français ont été au chômage partiel et plus de 500000 Français ont déjà perdu leur emploi. Les Français n’ont plus confiance dans le gouvernement, plus de 600 médecins ont porté plainte le 19 mars 2020 contre le Premier ministre Edouard PHILIPPE, qu’ils accusent de « mensonge d’État » dans sa gestion de la crise du Coronavirus. Que pensez-vous de l’actuelle crise des banlieues, et des rapports entre ces jeunes et les policiers ? Tout d’abord, j’insiste sur un point : il est important de dire que les Français ne sont pas racistes, et ne l’ont jamais été. En revanche, l’importante immigration encouragée par la Gauche racialiste, pousse une partie de la population des quartiers à mépriser la France depuis des années. Les « faux » gentils de cette Gauche les renvoient au communautarisme en leur refusant l’égalité des droits et des devoirs. Ceci génère un risque que j’estime crédible : la classe politique décadente qui gouverne la France, est en train de désigner les musulmans français comme des boucs émissaires, pour masquer ces manœuvres subversives…alors que le sujet n’est pas l’Islam. D’ailleurs, plusieurs attentats récents ont été considérés comme suspects par des spécialistes de l’antiterrorisme. Aujourd’hui, deux exemples permettent d’illustrer la grande crainte des musulmans de France : en juin 2019, un Commandant des services secrets intérieurs, dans les Ardennes, a été impliqué dans une grave affaire pédophile avec des enfants de parents musulmans au prétexte de la déradicalisation. De l’autre côté, une cellule antiterroriste de la DGSI a été nommée « Al-Lât », du nom d’une déesse pré-islamique, laissant
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dans deux pays : en Russie et aux États-Unis. Le Président Poutine a en effet réussi à ne pas se tromper d’ennemi, en ne ciblant que le terrorisme. Je suis déjà en relation avec des diplomates russes, et les musulmans russes ont été de grands acteurs de la lutte antiterroriste en Asie centrale, dans le Caucase et en Syrie. J’ai d’excellentes relations avec le Mufti Cheikh Ravil Gaynutdin et des membres influents de la CEI (Communauté des États indépendants). De l’autre côté, un changement majeur a eu lieu aux États-Unis, à partir de la guerre de Libye. Ce changement a abouti à la victoire du Président Trump en 2016, qui est soutenu par les véritables patriotes américains. Or, ces patriotes veulent mettre un terme aux guerres américaines au Moyen-Orient. Grâce à une coopération entre les patriotes américains et russes, pour contrer les manipulations du Président Obama et d’Hillary Clinton, à présent, c’est tout un cycle de guerre qui touche à son terme. Des guerres qui avaient globalement trois causes : le pétrole, mais également le dollar, et les questions religieuses. C’est un changement qui doit être bien compris par les musulmans d’aujourd’hui, qui à leur tour, ne doivent pas se tromper d’ennemi.
envisager une volonté de considérer l’islam comme l’ennemi intérieur. C’est extrêmement grave et les musulmans de France ont très peur pour leurs enfants et leur sécurité. Vont-ils s’unir pour la protection de l’enfance en France ? Oui car il y a des gens dangereux qui détournent l’État français, et les Français en sont massivement victimes aujourd’hui. Le vrai sujet n’est pas religieux : il s’agit de mettre en échec de dangereux violeurs d’enfants qui se croient impunis. En France, 58.000 enfants disparaissent chaque année, 165.000 enfants sont violés chaque année, à peine 0,3 % des agressions sexuelles sur mineurs sont condamnées ! C’est ainsi que l’on détruit la substance d’un peuple, et les Français sont bâillonnés lorsqu’ils osent évoquer ce sujet. Parmi ces enfants, il y a aussi des enfants de parents musulmans qui ne se laisseront pas faire car « quiconque sauve la vie d’un seul être humain est considéré comme ayant sauvé la vie de l’humanité tout entière » (Coran, 5 :32) et nous avons déjà averti Mme BELLOUBET, la ministre de la Justice. Le risque est réel ici de créer une guerre artificielle en France contre l’Islam, pour faire oublier les vrais responsables pédocriminels… Qu’est ce que vous voyez sur la scène internationale ? Ce que j’ai à vous dire aujourd’hui s’inscrit dans le cadre des évolutions récentes qui ont eu lieu au Moyen-Orient, en Asie centrale et en Afrique du Nord. En effet, depuis la chute de l’URSS, de nombreux troubles ont eu lieu dans le monde musulman. Des pays stables ont été détruits, des guerres interminables ont eu lieu, et l’on a tenté de faire passer le véritable Islam pour une religion terroriste. Or, des changements récents ont eu lieu, spécialement
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Quels sont les principaux pays touchés par ces changements ? Ces changements ont un sens important pour deux pays spécialement : l’Arabie Saoudite et le Qatar. Ces deux pays ont été entraînés dans les troubles récents du Moyen-Orient. Mais ils n’en ont pas été à l’origine. Il faut considérer un cadre plus vaste : les luttes d’influence se sont déroulées à l’intérieur des pays occidentaux, spécialement aux États-Unis, mais aussi en GrandeBretagne. D’autres pays comme la Turquie, l’Iran et l’Égypte voient également leur destin suspendu. C’est donc un nouvel équilibre géopolitique qui se dessine au Moyen-Orient. Je sais que vous êtes très proche de Saïf al-Islam Kadhafi et que vous l’avez toujours soutenu, et même défendu à la CPI, mais quel est le lien entre votre livre sur la Libye avec le changement actuel au Moyen-Orient ? Sachez que je suis un homme d’honneur, et que je considère Saïf al-Islam Kadhafi comme mon frère. La Libye était une guerre illégitime de trop, surtout après l’assassinat de l’Ambassadeur américain à Benghazi (septembre 2012). C’était au moment des « Printemps arabe », c’est-à-dire de fausses révolutions qui avaient pour but de propager le fanatisme dans les pays musulmans, pour les affaiblir. C’est à partir de là que des patriotes occidentaux (français, américains et britanniques), ont posé une question cruciale : d’où venait le terrorisme ? Or, la réelle origine du terrorisme ne vient pas des pays musulmans. Il faut plutôt comprendre le terrorisme djihadiste, comme des troupes mercenaires irrégulières qui sont utilisées pour détruire des États stables. Et dans ce cas, l’Histoire apparaît sous un tout autre jour. Vous estimez d’ailleurs que les relations entre la Russie et l’Arabie Saoudite sont excellentes. Pourtant, plusieurs médias rapportent une conversation téléphonique entre Poutine et Mohammed ben Salmane Al Saoud (MBS) le 6 mars 2020, juste avant une réunion de l’Opec. Certains ont pu dire qu’ils se seraient disputés car ils n’auraient pas réussi à s’entendre sur une réduction de la production, malgré la baisse de la demande mondiale suite à la crise de coronavirus.
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Il n’y a jamais eu de dispute entre eux. L’écrivain Balzac disait : « il y a deux Histoires : l›Histoire officielle, mensongère, qui nous est enseignée et l›Histoire secrète où se trouvent les vraies causes des événements. » Ce sont deux Chefs d’Etat qui ont récemment signé des partenariats stratégiques. Quand Poutine et MBS prennent des décisions, ils pensent d’abord aux intérêts de leur pays et non aux interprétations médiatiques. Beaucoup de choses contradictoires ont été entendues ou écrites en effet depuis 2016. Que pouvez-vous nous dire au sujet des relations actuelles entre Trump et MBS ? L’élection de Trump a été la conséquence d’une fronde interne des forces de sécurité contre l’État profond. Mais le réseau pro Obama et Hillary tentent toujours d’empêcher de bonnes relations entre Trump et MBS. Trump a donc hérité d’une situation difficile, avec deux points de tension stratégique que sont la Syrie et le Yémen, outre la question palestinienne. C’est la nouvelle entente entre Trump et MBS qui va permettre de résoudre tous ces problèmes hérités de l’ère Obama, qui faisait la part belle aux mercenaires djihadistes. Tout ceci est un formidable espoir pour l’Arabie Saoudite, mais il faudrait à présent que la Turquie et le Qatar, comprennent ce retournement géopolitique qui est en cours… Pourquoi cette situation constitue-t-elle un espoir pour l’Arabie Saoudite ? Parce que l’Arabie Saoudite est une alliée des États-Unis depuis le pacte du Quincy (1945). La nouvelle alliance entre Trump et MBS, lui a permis d’initier des réformes positives pour son pays.Ce qui compte, c’est que les États-Unis agissent de nouveau comme la première puissance mondiale, c’est-à-dire que l’hégémonie implique la prévention du conflit, et non pas l’alimentation des conflits. L’action de Jared Kushner, gendre et conseiller principal du Président américain a aussi contribué à cet apaisement. La priorité de MBS est de chercher un équilibre entre l’affirmation de la diversité culturelle et les principes universels de la modernité. Cela suppose surtout un changement majeur, encore trop peu compris : une réforme à la fois religieuse et politique en Arabie Saoudite. MBS a tourné la page du passé ? MBS, avec cette nouvelle alliance américaine, a compris aujourd’hui que les idéologies intégristes ne seront jamais satisfaites. Et quelles sont même une menace pour la famille royale. C’est donc l’abandon pur et simple de ces idéologiques en train de réaliser l’Arabie Saoudite. MBS tourne la page du passé, et cette décision concerne également les réseaux musulmans en Occident. De cette façon, toute idée de « choc des civilisations » est aussi mise en échec. C’est-à-dire que si l’Histoire est bien comprise, il ne sera plus possible de dresser les musulmans contre les chrétiens pour créer de nouvelles guerres illégitimes.
C’est une opportunité historique qui apparaît sous nos yeux. J’espère que d’autres pays rejoindront MBS dans cette voie. Justement, on a beaucoup parlé des tensions diplomatiques entre le Qatar, les Émirats et l’Arabie Saoudite. Qu’en est-il aujourd’hui de ce blocus envers le Qatar ? l’une des causes majeures de la rupture des relations diplomatiques entre eux est une rançon d’un milliard de dollars payés à l’Iran par le Qatar, ainsi qu’au Hayat Tahrir al-Cham, groupe lié à Al-Qaïda. Est-ce un moyen détourné de financement du terrorisme ? Une enquête est en cours ? Ce que nous pouvons dire, c’est qu’au Qatar, il y a des luttes d’influence interne mais aussi de l’espoir. Dans un entretien à Paris-Match, Cheikha Moza a fait une très belle déclaration : « Avec l’Arabie Saoudite, nous avons une longue histoire commune. Il y a eu de nombreux mariages entre nous. Nos régions reposent sur des tribus qui ont souvent bougé. À une époque, nous n’avions même pas de frontières. Des membres de nos familles vivent en Arabie Saoudite, à Bahreïn et dans les Émirats. Même s’il nous impose un blocus, ils ne peuvent pas effacer nos gènes. » Je pense que c’est l’ordre naturel de l’Histoire, et ce sont des peuples religieux. En Islam, les familles finissent toujours par se réconcilier car « Allah n’aime pas les transgresseurs ! » (Sourate 2, v.190) Il y a donc un réel risque pour le Qatar ? La seule chose que je peux vous dire aujourd’hui, c’est que l’évolution actuelle fait peser sur le Qatar un risque réel de déclassement en tant qu’État. L’annulation de la Coupe du monde de football de 2022 va être un puissant avertissement. Je sais en effet de source sûre que cette coupe du monde échappera au Qatar. Le procureur général de Brooklyn a déjà établi que des dirigeants de la Fédération internationale avaient reçu des potsde-vin en échange de leur vote. La justice française enquête aussi pour des faits de corruption. En réalité, le véritable motif est politique. Je ne peux pas en dire plus, les initiés comprendront, mais je vous assure que le Qatar n’aura pas cette Coupe du monde… Pourquoi vous dites cela ? Le Qatar a des ennemis puissants en Occident, il devrait arrêter ses investissements pour cette Coupe du monde. De toute façon,
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d’ici quelques mois, le pays qui va le remplacer sera officiellement annoncé. Mais avant tout, ce que j’espère, c’est que le Qatar tire leçon de l’Histoire. Des guerres entre cousins, l’Europe en a connu. L’Occident pose à présent la question du financement du terrorisme, et le Qatar est dans le viseur de la Commission européenne. Les réseaux des Frères musulmans sont particulièrement surveillés, et leur fanatisme séducteur n’a plus d’avenir. L’Arabie Saoudite et les Émirats Arabes Unis l’ont compris, ils organisent maintenant des Colloques pour la paix et des démarches d’influence intelligentes, pour promouvoir un islam plus en accord avec les paroles saintes du Prophète (SAWS). Y a-t-il d’autres enjeux ? L’autre enjeu, va se jouer autour du contrôle des instances islamiques mondiales, qui vont devenir le vecteur de cet islam renouvelé dans sa vérité. J’ai abordé cette question avec le Dr. Al-Issa, secrétaire général de la Ligue Islamique mondiale. Je pense qu’il faut également une bien meilleure compréhension des liens historiques de l’islam avec le christianisme. Actuellement, je suis en relation avec l’Église orthodoxe russe et la Prélature de la Sainte Croix et Opus Dei en ce sens, et ces contacts doivent être développés pour permettre ce que le cardinal Nicolas de Cues appelait la « Paix de la foi »… Que pensez-vous du projet Neom ? Neom est une initiative importante. Ce projet remédie à un manque chronique des pays arabes et africains : où a lieu la recherche-développement ? MBS fait le pari des technologies nouvelles de demain. Il donne ainsi un nouveau projet visionnaire et l’opportunité pour le monde arabe, de devenir un nouveau pôle technologique. J’espère également que l’on associera ce projet avec un autre Grand défi de demain : la fertilisation du désert, grâce à des coopérations transnationales. Le monde musulman a besoin de devenir lui aussi un pôle d’espoir. Nous n’existons que par ce que nous créons, par notre travail, pas par ce que nous réclamons à l’État. Cette prise de conscience, d’ailleurs, passe aussi par les femmes…ce n’est pas qu’une affaire d’hommes. Je sais que vous avez en général des informations très fiables qui se vérifient avec le temps… Que pouvez-vous nous dire des rapports entre la France, le Qatar, les Emirats et l’Arabie Saoudite ? Si les choses suivent leur cours, la justice française va bientôt « faire saisir » les biens des Cheikhs MBS, MBZ et Tamim Al Thani, comme ils le font actuellement pour les Présidents africains Denis Sassou-Nguesso (République populaire du Congo), Ali Bongo (Gabon), et Teodorin Obiang, le fils du président de Guinée équatoriale. Et le gouvernement français reste étrangement silencieux ! Mais n’est-ce pas là un mépris étonnant des usages diplomatiques ? Ceci ne porterait-il pas atteinte à la confiance dans les relations avec la France ? La confiance est rompue, et elle risque de l’être pour longtemps. Parce que la Justice française est subitement encouragée à instruire contre les Cheikhs MBS et MBZ depuis 2018. Également con-
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tre le Cheikh Tamim al-Thani du Qatar plus récemment. Pourquoi ces Chefs d’Etat sont-ils publiquement humiliés en France, et d›où viennent les O.N.G. qui provoquent cela ? Il y a les apparences, les motifs allégués, et la réalité derrière. Les actuels politiciens français ont oublié que MBS, MBZ et Tamim Al-Thani sont une nouvelle génération de dirigeants qui connaissent très bien les codes occidentaux, et ils n’aiment pas les lâches. Londres, Genève, Rome, Vienne et Bruxelles vont devenir leurs principales destinations en Europe… Dans ce contexte troublé, et après vos livres sur la Libye et sur la Russie, quels sont vos projets futurs ? Je crois savoir que vous écrivez un livre sur MBS en ce moment. Je travaille en effet sur un prochain ouvrage sur la nouvelle Arabie Saoudite de MBS. En Occident, la majorité des personnes ne savent pas qui est MBS, et ignorent ses projets. 10 experts érudits du monde musulman vont m’accompagner pour produire un ouvrage transdisciplinaire et complet. Les deux axes principaux seraient d’une part, les questions religieuses, et d’autre part, les nouvelles coopérations internationales. Il m’apparaît urgent de revenir au vrai sens historique de l’Islam, en répondant définitivement à certains mensonges fréquents. Il est important également de rapprocher le monde musulman du monde chrétien. Je nourris cet espoir et il me semble que le contexte est favorable. Et vous avez également publié récemment un long article qui a été énormément lu, concernant ce que vous appelez un « nouvel ordre mondial imprévu » qui émerge depuis la victoire de Donald Trump aux États-Unis. Vous y évoquez une importante évolution encore peu comprise du Moyen-Orient… Tout à fait, c’était mon point de conclusion : ce que j’appelle en effet un nouvel ordre mondial « imprévu » émerge sous nos yeux. C’est-à-dire un tournant historique qui se dévoile sous nos yeux, en lieu et place de ce que l’on appelait depuis les années 1990 le « Nouvel Ordre Mondial ». Je développe l’idée dans cet article auquel je renvoie vos lecteurs, car il s’agit d’un nouvel équilibre complexe à cinq : États-Unis, Chine, Russie, Grande-Bretagne et Arabie Saoudite. Mais ce qu’il est important de comprendre ici, c’est l’extraordinaire importance de la relation entre les États-Unis et l’Arabie Saoudite, et la façon dont le Prince héritier Mohammed ben Salmane est en train de faire évoluer l’Arabie Saoudite. Le Président Donald Trump et le Prince héritier Mohammed ben Salmane ont symboliquement refondé une alliance. Cette alliance nécessite un courage énorme des deux côtés, car elle vise à mettre en échec des manœuvres subversives puissantes à la fois aux États-Unis (on le voit en ce moment même) et au Moyen-Orient. Et à cette occasion, l’Arabie Saoudite pourrait retrouver une influence majeure, à la fois au Moyen-Orient mais également dans les pays occidentaux : en retrouvant un rôle moteur pour montrer un nouveau visage de l’islam dans le monde, ce qui mettrait en échec ce que l’on appelait il y a quelques années encore le « Choc des civilisations »… J’invite vivement vos lecteurs à lire cet article qui est disponible en deux langues (français, anglais).
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Coronavirus et systèmes d’enseignement
Le fossé s’élargit… Par Nasreddine Ben Hadid Certains, et même beaucoup, experts pédagogiques, enseignants, et même élèves, ont vu dans l’arrêt subit des cours, à cause du confinement observé pour cause du Coronavirus, une occasion en or, pour développer, et pourquoi pas, instaurer l’enseignement à distance. Pas de quoi rayer de la carte les écoles, collèges, lycées et autres institutions d’enseignement, mais surtout dans le but de : - Alléger des classes, qui – même dans certains pays (dit développés) – souffrent d’une surpopulation, qui nuit certainement à la bonne marche des cours, et par conséquence dégrade la qualité de l’enseignement. Que dire alors des pays sous-développés, où l’infrastructure pédagogique (écoles, collèges et lycées) laisse à désirer !!! - Toute présence d’élèves dans des écoles, où les écoliers s’entassent par dizaines dans de minuscules salles de classe, constitue un facteur aggravant le risque de contamination. - Réduire le déplacement des enseignants et des élèves surtout, dans certains pays du tiers-monde, où l’élève et l’enseignant doivent se déplacer sur une dizaine de kilomètres, et même plus pour rejoindre leur école. - Offrir à l’élève l’occasion de suivre des cours tout en étant dans un espace intime. Chose qui peut avoir – selon certains pédagogues – des influences fort bénéfiques sur le niveau de compréhension et d’assimilation.
demander, si tous les élèves peuvent disposer d’un ordinateur, en premier lieu, et d’une connexion internet, en second lieu. Mais surtout de certaines conditions qui leur assurent un suivi selon les normes pédagogiques, propres à l’enseignement à distance. A ce sujet, les statistiques de l’Organisation des Nations unies pour d’éducation, la science et la culture (Unesco) sont d’une éloquence parfaite, et ne nécessitent aucun commentaire : Pour cause de Coronavirus, du jour au lendemain, en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale, plus de 100 millions d’enfants se sont retrouvés, privés d’école, et par conséquence,
Le revers de la médaille Sur le plan purement cognitif, les avantages de l’enseignement à distance, ou du moins sous certains aspects, ne sont plus à discuter. Reste à dire, ou à se
Le président Ougandais, Yoweri Museveni
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Massamba Guèye, écrivain, conteur, poète et critique littéraire, sénégalais
séparés de leurs enseignants. Un nombre jamais observé dans le passé. L’enseignement à distance, qui ne peut nullement prétendre pouvoir remplacer l’enseignement, dispensé dans les institutions pédagogiques, relève de l’impossible dans la majorité des pays subsahariens. Déjà, toujours selon l’Unesco, près d’un cinquième des enfants âgés de 6 à 11 ans et plus d’un tiers des jeunes de 12 à 14 ans ne fréquentent pas l’école, dans les pays de l’Afrique subsaharienne. Ce taux d’enfants non scolarisés est le plus élevé partout dans le monde. Dans cette même région, 89% des apprenants n’ont pas accès aux ordinateurs familiaux, et 82% ne peuvent pas disposer d’une connexion Internet, selon les chiffres de cette organisation internationale. De même, le nombre d’élèves vivant dans des lieux non desservis par les réseaux mobiles, avoisine les 25 millions. Situation qui a poussé la directrice générale de l’Unesco, Audrey Azoulay, à plaider en faveur d’alternatives pour réduire ces inégalités : «Nous devons soutenir d’autres alternatives, notamment le recours aux émissions de radio et de télévisions communautaires, et à la créativité dans toutes les formes d’apprentissage». Pour sa part, Massamba Guèye, Chercheur au Laboratoire des Études Africaines de l’Université Cheikh Anta DIOP, écrivain, conteur, poète et critique littéraire, sénégalais, considère : «C’est pour éviter que la Covid-19 gagne là où ça fera le plus mal, dans le
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Pour cause de Coronavirus, du jour au lendemain, en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale, plus de 100 millions d’enfants se sont retrouvés, privés d’école, et par conséquence, séparés de leurs enseignants domaine du savoir». Dans un rapport publié cette semaine, l’organisme de bienfaisance «Save the Children» qualifie cette pandémie de «plus grande urgence mondiale de l’éducation de notre temps». 12 pays ont été identifiés, dans lesquels les enfants «courent un risque extrêmement élevé de décrochage à jamais». Neuf d’entre eux se trouvent en Afrique subsaharienne.
La télévision à la rescousse de l’enseignement A défaut d’ordinateurs et de connexions Internet, les élèves de l’Afrique subsaharienne peuvent compter sur les chaines de télévision qui programment des
.leçons, avec plusieurs matières et divers niveaux Au Burkina Faso, par exemple, et par crainte d’une année blanche, la télévision privée Burkinainfo a pris les choses en mains, en diffusant quatre fois par jour des cours destinés aux élèves en classe de troisième et de terminale. Selon Ismaël Ouedraogo, directeur de la chaîne : «Des matières telles que les mathématiques, la physique et la chimie, la philosophie et le français sont dispensées bénévolement par des enseignants expérimentés». Le télé-enseignement semble être la solution miracle ? Pas autant qu’on puisse espérer, même si la cou-
12 pays ont été identifiés, dans lesquels les enfants «courent un risque extrêmement élevé de décrochage à jamais». Neuf d’entre eux se trouvent en Afrique subsaharienne
verture télévisuelle reste de loin meilleure que celle d’Internet. Aussi, la disponibilité des téléviseurs est de loin meilleure que celle des ordinateurs. Mais restent deux bémols : - Le télé-enseignement ne permet pas cette réactivité, qui a donné à Internet, ses titres de noblesse, et surtout son efficacité. - Beaucoup de régions et de même de quartiers, sont privés d’électricité, de télévisions, et de radios. Internet, il ne faut pas en parler. La sonnette d’alarme a été tirée aussi, par la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced), qui insiste concernant le fait «de ne pas laisser ceux qui sont moins équipés numériquement encore plus loin derrière dans un monde post-coronavirus’’, prévient l’organisation. Shamika Sirimanne, directrice des technologies à la Cnuced pose ce constat en guise d’avertissement : «Le fossé en matière d’éducation peut se creuser dans les pays en développement, aggravant les inégalités». L’avertissement est repris par Torbjörn Fredriksson, responsable de l’économie numérique à la Cnuced, qui n’est guère optimiste. Il considère que «la fracture numérique actuelle va plutôt s’amplifier en raison de la crise du Coronavirus. Ceux qui n’ont pas accès risquent d’être laissés encore plus à la traîne».
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Shamika Sirimanne, directrice des technologies à la Cnuced
Torbjörn Fredriks� : son, responsable de l’économie numérique à la Cnuced
Une fermeture qui peut durer encore Les écoles, collèges, lycées, et même universités, ont été fermés, partout où le virus se propage, dans le but de freiner la propagation de cette pandémie. En Ouganda, par exemple, le président, Yoweri Museveni, a décidé le report d’un mois supplémentaire la réouverture des écoles pour les élèves de dernière année, expliquant que «la réouverture des écoles était risquée, car le pays n’avait pas assez de kits pour tester les élèves toutes les deux semaines», avant d’ajouter que «deux téléviseurs seraient donnés à chaque village pour permettre aux apprenants de continuer à étudier grâce à des leçons télévisées», expliquant que «deux téléviseurs par village équivalent à 140.000 téléviseurs dans le pays». «Je pense que l’éducation est désormais plus une urgence que le problème de santé», a déclaré le Dr Mary Goretti Nakabugo, une experte en alphabétisation qui dirige une organisation à but non lucratif basée en Ouganda appelée Uwezo, notant qu’aucun décès par virus n’a été signalé. Cependant, dans ce pays d’Afrique de l’Est, comme ailleurs, les tests limités signifient que ces chiffres sont probablement sousestimés. Les enfants «sont totalement impuissants en
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%89 des apprenants n’ont pas accès aux ordinateurs familiaux, et %82 ne peuvent pas disposer d’une connexion Internet, selon les chiffres de cette organisation internationale ce moment». Même scénario au Sénégal. Les écoles allaient ouvrir leurs portes début juin dernier, essentiellement pour les élèves de classe d’examens (CM2, 3ème et Terminales). Cette décision qui concerne environ un demimillion d’élèves, fut finalement suspendue, suite à la découverte de deux cas positifs, chez deux enseignants de la région de Ziguinchor, au sud du pays. Aucune date n’a été fixée pour une réouverture, même partielle des écoles. Le ministre sénégalais de l’éducation a déclaré que «cette mesure a été suspendue jusqu’à nouvel ordre».
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Tunisie : Cherche touristes désespérément !
400 000 emplois directs et indirects en jeu…
Par Nasreddine Ben Hadid L’image du secteur touristique tunisien est semblable à celle d’un accidenté, admis d’urgence en salle d’opération. Sans oublier les médecins qui arrivent en courant, et ne font que répéter la même phrase : «Nous allons faire notre possible, pour sauver ce qu’on pourrait sauver». Cette même phrase, presque mot par mot, a été prononcée par l’actuel ministre du Tourisme tunisien, qui tout en affichant un optimisme réservé, assure bien que la parole n’est guère à l’euphorie : Le mal est fait. Reste à «Sauver ce qu’on pourrait sauver». Double douche écossaise Toute la Tunisie touristique s’attendait à une haute saison (de mars/avril jusqu’à septembre/octobre) plus que remarquable. Les prévisions affichaient une nette augmentation, surtout au niveau du nombre de touristes, de nuitées et de recettes. Raison valable et même légitime pour amorcer, l’accélération plus que nécessaire, selon les gens du secteur, dans le but (telle une fusée) de quitter le marasme des années passées, et surtout une ambiance
morose marquée par deux opérations terroristes : Une a touché l’un des célèbres musées au monde, celui du Bardo (faubourg de la capitale tunisienne), connu pour sa collection unique de mosaïques romaines, le plus riche au monde. Aussi, le terrorisme a frappé un hôtel situé à Sousse, une des plus importantes zones touristiques du pays, et station balnéaire mondialement connue. Retourner cette page, et pourquoi ne pas ouvrir un nouveau registre, surtout avec un budget de promotion en nette augmentation, par rapport aux années précédentes. Sans oublier un souci certain de viser de nouveaux marchés. Chose qui ferait, sur le plan quantitatif, augmenter le nombre de touristes, mais aussi, induira plus d’équilibre dans la répartition des touristes par pays. Un facteur de sécurité de plus pour le secteur, mais aussi l’opportunité de promotion de nouveaux produits touristiques. Soudain, et d’une manière brusque, les pouvoirs, et par peur d’une propagation du Coronavirus, décident de mettre le pays en quarantaine, grandeur nature. Les touristes sur les lieux ont écourté leurs séjours, et ont quitté le pays en un temps record. Le
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Houssem Ben Azouz, président de la Fédération interprofessionnelle du tourisme tunisien
ballet d’avions, bateaux, voitures, avec le reste du monde est mis à l’arrêt. L’image est celle d’un athlète qui visait de battre des records, et se trouve brusquement atteint d’une paralysie musculaire totale. Un chiffre et un seul frappe, et assez fort : 400 000 emplois directs et indirects seraient menacés. Depuis mi-mars et le début du confinement, la Tunisie touristique est au point mort. Hôtels, restaurants, et tous les services et commerces, en relation avec le secteur, ont tout simplement mis la clé sous le paillasson. Selon les professionnels, ce coup est de loin plus douloureux, et surtout plus menaçant que ceux portés par les attentats de 2015. En plus de la crise dans sa dimension statique, Houssem Ben Azouz, président de la Fédération interprofessionnelle du tourisme tunisien, déplore «le manque de visibilité», car au-delà de toutes les décisions de déconfinement, visant un «retour (hypothétique) à la normalité», un grand
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Les autorités tunisiennes évaluent à 1,3 milliards d’euros les pertes du secteur doute persiste sur le présent, mais surtout concerne le devenir de ce secteur, il faut le rappeler, participe entre 10% et 14% dans le PIB, selon l’année. Houssem Ben Azouz précise : «On avait un peu de visibilité et de possibilité de reprise. Alors que là, on n’a pas de visibilité du tout, on ne sait pas combien de temps ça va durer. (…) Pour être réaliste, 2020 c’est perdu, on pense beaucoup plus à 2021», avant d’ajouter : «On aurait aimé un report des échéances fiscales, sociales, etc.» Et conclure : «Ça n’a pas été accordé. L’idée qui est quand même en train d’avancer et pour laquelle on est plutôt optimistes, c’est que l’État mette sur pied une ligne de crédit, spécifique au secteur touristique, hôtels et
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restaurants». Les autorités tunisiennes évaluent à 1,3 milliards d’euros les pertes du secteur. Rares sont les entreprises, en particulier dans le secteur touristique, qui ne souffrent pas des effets néfastes de la crise, à savoir annulation de l’activité, et par conséquence manque de liquidité, essentiellement pour assurer le salaire du personnel. Situation qui va, selon le Chef du gouvernement sortant, Elyes Fakhfakh, induire le pays, dans une récession de plus de 6%. Un taux jamais enregistré depuis l’indépendance du pays en 1956». L’hirondelle qui doit annoncer la «reprise promise».
Hôtels, restaurants, et tous les services et commerces, en relation avec le secteur, ont tout simplement mis la clé sous le paillasson
L’hôtesse qui a accueilli sur de tarmac de l’aéroport de l’île de Djerba, les 155 touristes français, allemands et luxembourgeois, avec des bouquets de jasmin, à leur descente de l’avion affrété par le tour opérateur luxembourgeois Luxair, avec un sourire éclatant, représente une image de la joie des gens du secteur touristique, et de toute la Tunisie, qui constatent la disparition du «mauvais sort» qui a enchainé le secteur. Il faut rappeler que la Tunisie avait enregistré un «Success Story» mondial, dans sa lutte contre le terrorisme. Sachant que la Tunisie avait pris des mesures drastiques pour circonscrire la pandémie. Les pertes s’élèvent à 50 morts et 1.374 personnes contaminées dans le pays. Les premiers touristes, telles des hirondelles, qui viennent annoncer un printemps futur, malgré le froid (encore) persistant, ne peuvent représenter un «retour à la normale» qui effacerait l’ardoise des dettes, mais uniquement une petite et surtout première bouffée d’oxygène pour un plongeur qui vient de reprendre l’air.
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Les plages tunisiennes attendent désespérément les touristes
Un des plus célèbres cafés de Sidi Bou Saïd
Des hôtels en mal de touristes :
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Crise en Libye
La Turquie persiste dans ses visées expansionnistes
Par La Majalla
ce pays. Selon le Pentagone, la Turquie avait envoyé plus Dans la première grande prière tenue au sein de de 3500 combattants syriens en Libye au cours la célèbre basilique Sainte- Sophie d’Istanbul, des trois premiers mois de 2020 pour aider le transformée en mosquée, en commémoration gouvernement de Fayez El Sarraj, dans sa guerre du 97e anniversaire de la signature du traité de contre les forces de Khalifa Haftar. Lausanne, qui a tracé les frontières de la Turquie Le rapport signale qu’en plus de la Turquie qui a actuelle et que le président turc souhaite redess- apporté son soutien au GNA, le Qatar et l’Italie iner, Erdogan a lancé un nouveau défi au monde ont également apporté leur aide au GNA basé à occidental. En effet, dans une vidéo postée sur Tripoli. son compte Twitter, le 11 juillet dernier, il af- Le nouveau rapport indique que la Turquie a firme que la résurrection de SainteSophie en tant payé et offert la citoyenneté à des milliers de que mosquée a une valeur pour tout le monde mercenaires combattant aux côtés des milices musulman, de « Boukhara à l’Andalousie », ou- basées à Tripoli contre les forces de Haftar, mais vrant la voie à la « libération » de la mosquée précise « qu’aucune preuve n’a été trouvée pour Al-Aqsa à Jérusalem. A travers cet acte, Erdogan indiquer que les combattants syriens étaient afévoque « une nouvelle conquête ». Une position filiés au groupe extrémiste État islamique (EI) ou qui s’aligne parfaitement à ses visées expansion- à Al-Qaïda ». Cependant, il affirme au contraire nistes à travers le monde, en Méditerranée, en que ces combattants seraient «très probablement» motivés par des raisons financières plutôt que par Libye, en Syrie et dans le nord de l’Irak. l’idéologie. L’entêtement d’Erdogan En effet, rien ne semble arrêter Erdogan, qui à la barbe des Occidentaux, son armée s’est installée Nouvelles données durablement en Libye par la force de ses drones En même temps, le directeur de Observatoire et l’envoi de plusieurs milliers de combattants syrien des droits de l’homme, Rami AbdelRahman, qui a assuré que la Turquie continue syriens. de transférer des mercenaires syriens en Libye, En effet, un rapport du département de la Défense en préparation de la bataille de la ville de Syrte américain, publié récemment, a livré des détails d’importance stratégique pour Haftar, a publié sur le déploiement militaire turc en Libye et a de nouvelles données sur les mercenaires issus contribué à changer le cours de la guerre dans de factions syriennes fidèles à la Turquie, qui
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ont été envoyés par Ankara pour combattre en Libye. Le directeur de l’observatoire a déclaré que la Turquie transportait des mercenaires par bateaux et par avions depuis deux mois, via les ports et aéroports turcs, en particulier l’aéroport d’Istanbul. Il a affirmé que « quand le président turc Recep Tayyip Erdogan envoie des mercenaires en Libye, il ne paie pas d’argent pour cela. C’est le Qatar qui se charge plutôt de le faire pour aider le gouvernement Fayez Al-Sarraj ». De plus, “La Turquie utilise des chars américains et des systèmes de missiles Hawk sur le sol libyen”, a-t-il indiqué. Selon ses propos, la Turquie avait envoyé 400 mercenaires la semaine dernière en Libye, tandis qu’environ 250 autres étaient rentrés en Syrie au cours de la même période. Avec ce nouveau convoi, le nombre total de mercenaires syriens envoyés en Libye atteint désor-
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Rien ne semble arrêter Erdogan, qui à la barbe des Occidentaux, son armée s’est installée durablement en Libye par la force de ses drones et l’envoi de plusieurs milliers de combattants syriens. mais 16 500 combattants, sachant que le nombre la semaine précédente était de 16 100, selon lui.
Drones et missiles turcs
Abd Al-Rahman a évoqué le rapatriement de 5000 mercenaires syriens, mais qui s’apprêtent à retourner sur les champs de bataille, en prépara-
tion de la bataille du « Croissant pétrolier », selon des informations recueillies auprès des chefs de milices pro-turques. Il est à noter dans le même sillage que l’armée nationale libyenne a publié de nouvelles vidéos montrant le transport de nouveaux mercenaires de Syrie vers la Libye via des avions turcs. Par ailleurs, le directeur de l’Observatoire syrien
Le directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’homme, Rami Abdel-Rahman, qui a assuré que la Turquie continue de transférer des mercenaires syriens en Libye, en préparation de la bataille de la ville de Syrte d’importance stratégique pour Haftar.
a souligné que le nombre de morts de mercenaires avait atteint 480. Dans le même ordre d’idées, le porte-parole de l’armée nationale libyenne, Ahmed AlMismari, a souligné qu’Ankara avait utilisé le cessez-le-feu en Libye pour mettre en œuvre ses objectifs guerriers et non pour servir la paix. S’adressant à Sky News Arabia, le général de division Al-Mesmari a expliqué: « La Turquie a profité du cessez-le-feu pour envoyer plus de mercenaires et des armes de contrebande à travers les navires marchands. ». Pour lui, « la Turquie et le Qatar ne veulent trouver aucune solution pour mettre fin à la crise libyenne ». « Alors que nous travaillerons pour libérer la Libye du colonialisme et des milices turques ... La Turquie et le Qatar cherchent à attiser le conflit et ne veulent pas trouver de solution pour mettre fin à la crise libyenne », a déclaré Al-Mesmari qui a ajouté que «la première condition du cessez-le-feu est la sortie complète de la Turquie de la Libye».
Sévères critiques de l’ONU
En effet, cet appui à Al Sarraj a permis aux forces du GNA de réaliser une série de victoires dans
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la banlieue de la capitale Tripoli et d’autres bastions, depuis le déploiement des forces d’Ankara. Il est à signaler aussi que l’ONU a sévèrement critiqué la Turquie pour l’envoi des milices et également la Russie à cause de l’implication de l’entrepreneur militaire Vagner Group, connecté au Kremlin. Pour l’ONU, ces interventions étrangères ont conduit à une intensification de la violence. Mais Moscou a nié que l’État russe soit responsable de tout déploiement du groupe Vagner et a nié l’envoi d’aéronefs en Libye. A cet effet, l’ONU a pressé les parties au conflit de faire avancer les pourparlers de paix. A cause des développements graves sur le terrain où l’Egypte qui est montée au créneau menace d’une intervention directe en sol Libyen, le 18 juillet, l’Allemagne, la France et l’Italie ont averti qu’elles étaient prêtes à appliquer des sanctions à ceux qui violaient l’embargo des Nations Unies sur les armes entrant en Libye. « Nous sommes prêts à envisager un éventuel recours à des sanctions si les infractions à l’embargo terrestre, maritime et aérien se poursuivent », ont souligné les trois chefs de gouvernement dans un communiqué con-
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Selon le Pentagone, la Turquie avait envoyé plus de 3500 combattants syriens en Libye au cours des trois premiers mois de 2020 pour aider le gouvernement de Fayez El Sarraj, dans sa guerre contre les forces de Khalifa Haftar. joint, sans toutefois nommer un État ou une entité qui pourrait être la cible de ces propos. « Nous appelons toutes les parties libyennes ainsi que leurs soutiens internationaux à mettre un terme aux activités de combat et à l’acquisition d’armes dans tout le pays », indique le communiqué, rédigé lors d’un sommet à Bruxelles, par la chancelière allemande Angela Merkel, le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre italien Giuseppe Conte.
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le millionnaire humain Hubert Hans Jörg:
Sauver les enfants signifie sauver toute l’humanité
Le plus beau cadeau que l’on puisse me faire, est le sourire d’un enfant heureux Propos recueillis au Maroc par: Khaled Saad Zaghloul Un cœur d’or, empreint de tendresse et d’amour, dans lequel on voit les plus belles images de l’humanité dans cette période difficile. C’est Huber Hansjörg, un homme d’affaires millionnaire suisse ,un expert de l’assurance qui, après de nombreuses années de travail et les affaires dans l’un des pays les plus riches, décide de donner plus que la moitié de sa richesse. Il a collecté un montant de 2.5 millions d’euros de sa fortune qui est de 4 millions d’euros au profit de cent soixante enfants orphelins et abandonnés. il leur donne avec sa femme ce qui reste de leur âge et leurs efforts ,il a établi un havre de paix, un village intégré. Tahanaout est situé entre montagnes escarpées et vallées rocheuses, 35 km au sud de la ville rouge de Marrakech. Il a également recommandé à ses enfants de poursuivre son œuvre caritative et de parrainer des orphelins, même après sa mort. Al Majalla a rencontré ce noble philanthrope pour mettre en lumière son histoire, qui représente une invitation ouverte au travail caritatif et humanitaire pour les riches de ce monde, car elle inspire l’optimisme et l’espoir et donne un exemple à suivre. Alors un homme nous est apparu ,cheveux gris , nous accueille avec un large sourire. on trouve des traces de sa joie sur son visage en permanent, il nous fascine par son énergie et sa vitalité on observe son grand amour et bonheur dans son travail caritatif .. il nous parle comme s’il nous connaissait depuis des années malgré la première fois que nous le voyons. Parler avec lui vous emmène dans un merveilleux promenade de culture , de politique Et de l’histoire cela est
le reflet de sa haute culture encyclopédique ... La Majalla: Nous vous saluons pour votre initiative humaine inégalée, veuillez nous parler de vous? Comment avez-vous pris cette décision et depuis quand êtes-vous au Maroc? Hubert Hanseorg: Je suis suisse, né à Zurich. Mais je suis devenu marocain avec mon âme et mon cœur, la seule chose qui me reste de Suisse est ma petite croix sur mon chapeau. J’ai déménagé au Maroc il y a environ onze ans avec la volonté de fournir un endroit calme et paisible aux orphelins et enfants abandonnés , après une étude de terrain sur le territoire du Royaume du Maroc j’ai trouvé que le village de Tahanaout, situé à une trentaine de kilomètres de Marrakech, est propice à la mise en place de mon projet. J’ai construit ce village ici, car j’ai vu que les enfants abandonnés doivent être secourus pour diverses raisons dans de nombreux pays pauvres du monde où les rues les attrapent et les transforment en criminels, voleurs, mafieux et gangs s’ils ne sont déjà pas éliminé par la faim et la maladie. Nous devons sauver ces enfants, j’ai décidé de prendre soin d’eux et de changer ce destin noir, alors je les ai sortis de leurs conditions difficiles, je leur ai fourni des soins, de l’affection, de l’éducation et des formes de vie de famille. J’ai construit des écoles, des cliniques médicales et une mosquée, même si je suis chrétien, mais je n’ai pas construit d’église pour eux parce que je respecte leurs religions, leurs divertissements et leurs origines. Après ma retraite, j’ai fondé une association appelée «Les enfants Dar Bouidar» en 2011, s’occupant d’enfants abandonnés et d’orphelins. On se rend compte que chaque jour, la société abandonne 30 enfants considérés comme illégitimes et
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les stigmatise, alors les membres de l’association travaillent pour atténuer le traumatisme de l’abandon et équilibrer l’isolement social. * Pourquoi une mosquée au centre du village? -Je suis peut-être le seul protestant au monde à avoir construit une mosquée en Afrique. Je me suis même engagé un imam avec un salaire pour m’élever islamiquement cette petite communauté parce que je savais que la religion joue un grand rôle dans la société marocaine. Une mosquée est nécessaire pour que les enfants puissent bien s’intégrer dans la société et connaître correctement la religion pour être de bons croyants. J’ai choisi de bâtir une mosquée au cœur du village pour aussi symboliser notre appartenance au Royaume du Maroc, pays musulman ; il est dans notre devoir de fournir à nos enfants une éducation islamique moderne et tolérante. La mosquée, également ouverte aux habitants des douars avoisinants, sert de rencontre aux moments des grandes fêtes religieuses ainsi que pour les prières du vendredi et durant le mois sacré du Ramadan et la prière de l’AID . C’est la fierté de nos villages et de ces enfants, elle facilite leur intégration dans la région. *Qu’avaient vous dit les responsables pour cela ? -Certains responsables du gouvernement marocain m’ont demandé: que faites-vous ici et voulez-vous christianiser les enfants? J’ai ri et je leur ai dit je ne penserais pas à cela, parce que je veux les aider et leur donner un meilleur avenir pour qu’ils dépendent d’eux-mêmes. Je protège ces enfants et j’empêche même les touristes de visiter notre village. Ce ne sont pas des animaux dans un zoo. Ce sont mes enfants et ils ont leur intimité. Je ne veux pas que quiconque leur fasse du mal vous accepte. Les adultes qui veulent contribuer à notre aide ou faire le même travail que nous pour sauver des enfants sont les bienvenues. * Quelqu’un vous a-t-il aidé à construire votre village?
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- J’ai fondé le village tout seul, j’ai acheté 15 hectares et construit 15 maisons et je suis allé voir les avocats et j’ai dit aux personnes concernées: Ne jetez pas vos enfants à la poubelle. Je suis ici pour le bien de ces victimes et j’ai un et plusieurs autres villages pour les accueillir. Parmi eux se trouvent des enfants d’adultère et ils n’ont aucun péché pour qu’on les punisse sévèrement. J’ai construit des maisons et des cliniques médicales dans toutes les spécialités et 8 écoles avec les meilleures méthodes d’éducation modernes et une mosquée dans chaque village. J’invite tout le monde à contribuer et à épargner comme il le peut. Heureusement, beaucoup de gens ont sympathisé avec moi et sont venus à l’aide, soit pour travailler avec moi pour servir les enfants, soit en envoyant de gros sacs de vêtements neufs et anciens ,de nourriture parfois emportés sur des ânes qui nous ont transportés en 2020 jusqu’à maintenant environ cinq tonnes de vêtements et de nourriture pour 200 enfants du village. * ce village vous a-t-il satisfait, vous y consacrez vos efforts ont été le reste de votre vie? - Non, mon ambition est actuellement de construire dix villages du même type dans tout le Royaume, j’espère changer le sort d’un millier d’enfants marocains abandonnés et orphelins. Malheureusement, au Maroc, il y a 30 000 enfants abandonnés chaque année. Mes 168 enfants du village constituent une minorité distincte. C’est pourquoi je demande à ceux qui ont les moyens de contribuer à la rénovation des maisons d’enfants et des riches, pour créer des villages entiers comme le nôtre.
Le Dirham est plus rapide que l’Euro
La Majalla: Depuis quand avez-vous décidé de faire ce projet unique? - Franchement, c’était le rêve de ma vie. J’ai commencé à rêver de ce projet il y a 51 ans, j’ai maintenant 74 ans, à 23 ans, j’ai visité un orphelinat dans un village du Tibet où se trouvaient les
victimes de la guerre entre la Chine et le Tibet et l’occupation. Il y avait beaucoup d’enfants orphelins. Je me suis trouvé devant 150 orphelins, alors j’ai contribué Après avoir passé ma journée et ma nuit à pleurer, à les déplacés dans mon pays, la Suisse, ils sont maintenant des hommes et femmes suisses, y compris des hommes célèbres, car mon gouvernement les a rapidement adoptés à cause de leur position, et je me suis dit, je dois faire quelque chose pour sauver les misérables enfants et je me suis jurer devant Dieu et devant moi que lorsque je serai riche à la fin de ma vie je consacrerai La moitié de ma richesse pour les orphelins, et c’est pourquoi j’ai beaucoup travaillé pour devenir riche et doublé mon énergie deux fois parce que je travaillais pour moi et ma famille ainsi que pour les orphelins et je suis devenu riche et Dieu a vu ce qu’il y avait dans mon cœur que je cherchais à collecter cet argent pour réaliser ce rêve pour cela que ma femme n’a pas été surprise car elle connaissait mon rêve d’avance. Quand j’ai atteint l’âge de 60 ans et que j’ai pris ma retraite, j’ai vendu tous mes biens, mes affaires, où j’ai fait fortune de 4 millions d’euros. J’avais l’habitude de vendre et d’acheter des maisons et aussi de mon travail dans les assurances. Je me suis dit qu’il était temps de réaliser ma promesse à Dieu et à moi-même et de payer ma dette aux orphelins et si je partage la moitié de ma richesse. J’ai découvert que je dois marcher avec une arme en Argentine * Pourquoi avoir choisi le Maroc? - J’ai essayé de faire ce projet dans mon pays ou en France, mais les procédures bureaucratiques étaient strictes et complexes, car le gouvernement français m’avait dit que vous êtes un étrang-
er et la communauté française n’accepte pas le travail caritatif d’étrangers sauf ceux avec des certificats humanitaires et mes diplômes étaient dans l’administration et l’économie, alors j’ai essayé de faire ce projet en Amérique latine, au Mexique, en Argentine et au Chili Le Paraguay ma femme et moi avons décidé d’acheter un terrain en Argentine environ 2 millions d’euros pour y construire un village et j’ai malheureusement découvert que chaque fois que je voulais marcher 100 mètres dans les pays d’Amérique latine, je devais porter une arme, la distance aussi est trop longue pour que mes enfants me rendent visite de plus les procédures et routine étaient très compliquées, donc je devais me rendre au plus proche endroit de mon pays, la Suisse, calme et sûr, c’était le Maroc. Nous avons constaté que la ville de Marrakech est à deux heures de Zurich, nous nous y sommes donc installés en 2008 et avons appris le sort des enfants «abandonnés» au Maroc, alors je les ai ajoutés aux enfants orphelins que j’ai adoptés et élargi mon rêve d’une grande maison pour orphelins à un village et aujourd’hui deux villages, et deux autres dans deux ans. j’ai déménagé de Zurich à Marrakech et j’ai décidé d’investir la moitié de ma propriété pour construire Le premier village en 2013, et en 2015 nous avons pu commencer à accueillir les enfants. je prévois de construire dix villages et d’adopter plus que 1000 enfants, mais le plus important qu’ils deviendront des gens riches du monde.
10 000 enfants jetés dans les ordures chaque année * Quelle est la plus grande tragédie que vous ayez rencontrée?
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-La plus grande tragédie de ma vie a été lorsque j’ai vu des bébés dans la poubelle parce que le père ne les a pas reconnus et la mère s’est débarrassée d’eux. La société arabe, contrairement à l’Occident, n’a pas pitié pour les nouveaux nés sans mariage, et c’est ce qui nuit gravement à mon cœur, car si la femme est victime de la ruse de l’homme, quelle est la culpabilité de l’enfant pour être tué avant son sevrage? J’ai appris du ministère des Affaires sociales, selon les registres officiels, qu’il y a environ 10 000 enfants abandonnés par ses mères, mais la princesse marocaine Zainab, la cousine du roi, m’a dit: « Non, monsieur, ce chiffre est faux car c’est une honte pour nous de révéler la vérité , le nombre correct est de plus de 50000 enfants abandonnés mais 10000 jeté aux ordures chaque année car ils sont des enfants nées sans mariage ». donc ces enfants vivent en secret, se retrouvent sans carte d’identité, ont été interdites d’école. Aux yeux des gens, la prostituée est la femme qui a accouché dans l’interdit. Ceci est enraciné dans la société arabe. C’est pourquoi j’ai ajouté à l’orphelinat les fils de « Harram » abandonnés qui n’ont aucune culpabilité et quand j’ai trouvé que le nombre est très grand j’ai construit plusieurs orphelins, mais je suis entré en collision avec les règlements de la communauté car aucune école n’acceptait ces enfants que la société rejette donc j’ai dû construire un village intégré dans lequel les écoles, les hôpitaux, où il y a des exploitations fruitières, les légumes, les vaches, les chèvres et les volailles pour l’autosuffisance prennent soin Ils ont des mères adoptives, des infirmières, des médecins, des éducateurs et des enseignants. *Quel est votre nouveau défi ?
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-L’eau potable est un problème et l’avenir nous montrera que des guerres seront déclenchées autour de la propriété de sources. Nos villages d’enfants sont en plein dans cette problématique. L’eau de nos puits a été régulièrement testée et s’est avérée changeante en qualité et la consommation est jugée risquée. Notre consommation est assurée par de l’eau minérale, 2 litres par personne et par jour avec 200 personnes par village, soit une consommation journalière de 400 litres, soit 12’000 litres par mois avec un coût de 24’000 DH par mois, env. 300’000 DH par année. C’est beaucoup mais dieu merci il y a une donatrice allemande vient de confirmer le don d’une installation qui produira 400 litres d’eau minérale par jour pour notre village. Vous savez qu’un investissement de 1’000’000 DH et une économie de 300’000 DH chaque année! Nous allons avoir 4 villages qui seront construits dans les deux ans qui viennent. mais Qui veut suivre l’exemple de cette donatrice allemande ? Je suis chaque jour en face des défis, Financer le quotidien, la santé et l’éducation des enfants, payer les nourrices, enseignants et infirmiers qui prennent soin d’eux.
Relations avec les autorités
* avez-vous coopéré avec les responsables dans votre initiative? - Oui, beaucoup bien sûr. J’ai parlé au ministre de l’Éducation et au ministre des Affaires sociales et leur ai dit: je veux faire de ces enfants des hommes et femmes élite de la société après avoir les adopter. Je me suis plutôt adressé au ministre
de l’Intérieur et de la Justice pour leur demander de promulguer une loi pour empêcher la persécution des femmes qui accouchent sans mariage et les protéger afin qu’elles ne soient pas emprisonnées et nous essayons de les aider afin que Le père avoue qu’il est le père ou nous trouvons un moyen au lieu de la mère jeter son fils à la poubelle par peur d’un scandale communautaire. Nous avons essayé d’envoyer nos enfants d’âge scolaire dans une école publique, mais ils ont été stigmatisés comme des «enfants de la honte» au point qu’ils ont été bouleversés et choqués. Vous savez que l’association Les Enfants Dar Bouidar est placée sous la tutelle du ministère de la famille et de la solidarité sociale. Elle communique ainsi l’ensemble des démarches et avancées dans l’évolution du projet et des activités aux autorités compétentes. La prise en charge des enfants abandonnés, appelée « Kafala », suit une règle administrative bien définie. La première personne à contacter est le procureur du Roi qui transmet ensuite la demande au juge des tutelles. Ce dernier lance une enquête confiée à un représentant du ministère public, un représentant de l’autorité gouvernementale chargé du « habous » et des affaires islamiques, un représentant des autorités locales ainsi qu’à un représentant de l’autorité gouvernementale chargé de l’enfance. L’association Les Enfants Dar Bouidar collabore également étroitement avec ces différentes autorités et est assistée d’un avocat spécialisé pour affaires familiales. * On voit une clinique psychiatrique auprès de différentes cliniques - Oui, mes enfants font des cauchemars, ils ne veulent rien du monde sauf la mère, et ils demandent pourquoi nos mères ne
veulent pas nous reconnaître, et c’est pourquoi je leur ai amené des psychiatres et ajouté une clinique psychiatrique. Veiller également à leur équilibre psychologique, ce qu’ils ont souffert dans la rue alors qu’ils étaient sans domicile, j’ai l’intention de leur dessiner un avenir brillant avec tous les ingrédients de la réussite. Je vous assure qu’ils seront de bons et forts citoyens marocains capables de s’intégrer dans la société marocaine avec leurs croyances et leur philosophie. *D’où viennent les enfants de l’atlas? - Dans de nombreuses sociétés ici, les mères célibataires sont stigmatisées et marginalisées, jetant leur nouveau-né devant une église, une mosquée ou un poste de police. Malheureusement, certains d’entre eux les jettent à la poubelle. Il est difficile de bien démarrer sa vie lorsqu’on a été récolté d’une poubelle. Mais la plupart du temps, on les place dans des centres d’accueil bondés à travers le pays. J’ai des employés dévoués qui amènent tous les enfants directement de là. *Comment les nourrissons et les enfants arrivent-ils au village de vos enfants? - Celui qui trouve un enfant abandonné l’emmène au centre d’accueil du pays. Mais ces centres sont bondés. Ils n’ont pas le temps de les élever, ni même d’offrir des jouets, ni de développer les capacités de l’enfant. La plupart de nos enfants viennent directement de ces centres pour rejoindre la communauté villageoise. D’autres sont encore des familles brisées et nous sont référées par le tribunal de la famille. Certaines mères viennent élever leurs propres enfants en discrétion ici avec nous je leur consacre un salaire. * d’où viennent les mères recrutées ? -Nos mères adoptives viennent des villages voisins. Nous les
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choisissons avec le plus grand soin. Ils ne se préoccupent pas seulement du rôle principal d’élever les enfants, mais aussi de les mettre en relation avec la société traditionnelle. Toutes nos mères adoptives en matière de santé et d’hygiène sont enseignées et formées de la manière la plus moderne *Combien d’employés avez-vous et quel est votre salaire mensuel -J’ai environ 100 employés et je paie environ 50 000 euros par mois pour gérer les services du village. Mais j’espère que les gens contribueront à moi parce que j’espère que le travail continuera et se développera, et pas seulement deux villages. *Et les enseignants ? -Nous avons actuellement vingt-quatre professeurs de Suisse, de France et de Grande-Bretagne qui, avec des professeurs arabes, enseignent les langues étrangères, l’arabe et les sciences aux enfants. Nous organisons également de nombreuses activités telles que des excursions et des événements sportifs. Nos enfants doivent pouvoir devenir des citoyens à part entière. C’est pourquoi une grande éducation est nécessaire. *De quelles autres manières encouragez-vous le réveil et le développement des enfants du village? -Tout d’abord, tous les enfants doivent pouvoir grandir dans un bel environnement, entouré d’art et de culture. Avec nous, ils peuvent voir des peintures, des dessins et des images autour d’eux. Nous avons ouvert un atelier et invité des artistes et des athlètes, qui ont pu superviser eux-mêmes la création d’œuvres pour enfants. Chaque enfant doit également apprendre à jouer d’un instrument; Nous avons embauché des professeurs de mu-
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sique. En plus de nous, il y a un slogan - un esprit sain dans un corps sain. Quant à l’éducation, avec le slogan d’un esprit sain dans un corps sain, nous accompagnons les enfants tous les mercredis au cours d’éducation physique à Marrakech. De plus, j’ai nommé des professeurs de sport et un jeune étudiant pour pratiquer le sport tous les dimanches. * Vous êtes-vous heurté aux islamistes extrémistes ? - Non, je n’ai jamais eu des problèmes Dieu soit loué, je pensais que je serais exposé à des problèmes avec les islamistes. Ma dette envers mes enfants, je ne serai peut-être pas le bienvenu ici dans les pays musulmans. Mais j’ai découvert qu’ils sont très gentils ils m’ont beaucoup aidé ils m’ont dit que dans l’islam on a la « Zakat ». théâtre *Pourquoi n’y a-t-il ni téléviseurs ni téléphones? -Il n’y a pas de télévision ou de téléphone portable dans les maisons délibérément. Pour plus de concentration et une meilleure éducation, mais il y a une piste de 300 places , un théâtre pour nos enfants, ainsi que le lieu pour les conteurs, acteurs et musiciens qui viennent nous rendre visite dans le village. Lorsqu’un enfant de trois ans assiste à une fête ou à une pièce de théâtre, les rêves naissent. Nous pouvons également montrer un film éducatif, car nous proposons des visions futures pour nos enfants! La plus belle chose que de faire participer les enfants adoptifs à l’écriture d’histoires, au théâtre, au chant et à la danse. Nécessitent des moyens considérables. Malgré nos efforts redoublés il est difficile de collecter mensuellement les fonds nécessaires.
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La philosophie du Coronavirus ou comment spéculer sur la douleur ?
Par Emna Darwazi
‘’Blues : Baudelaire l›appelait le spleen, philosophique : Ma grand-mère l›appelait cafard, Et moi je l›appelle pas, il sait venir tout seul.’’ La souffrance est inhérente à la condition humaine et la prise de conscience de cette Claude Nougaro souffrance est intrinsèquement résultante Un sujet qui nous touche tous. L’humanité de notre essence. C’est un élément de tout entière cogite sur ce phénomène en l’existence humaine. N’est-il pas vrai que cette année pandémique qui est née dans c’est bel et bien la souffrance qui avait la douleur. Qui d’entre nous n’a pas uni les habitants de la ville frappée par ressenti la douleur qu’elle soit physique l’épidémie dans La Peste de Camus, les ou mentale ? Hormis ceux qui souffrent bousculant d’un état d’inaction à un état d’ICD, insensibilité congénitale à la de révolte ? douleur (ICD), mais n’est ce pas là encore La souffrance, du point de vue religieux: une forme de souffrance mentale ? ‘’Le Dieu de toute grâce vous a appelés La douleur est un mécanisme humain en [Jésus-] Christ à sa gloire éternelle. spontané, il a été activé avant même la Après que vous aurez souffert un peu de naissance. Les scientifiques disent que le temps, il vous rétablira lui-même, vous développement des neurosciences permet affermira, vous fortifiera, vous rendra au fœtus de ressentir la douleur à partir de inébranlables.’’ 1 Pierre 5:10 la 13e semaine de grossesse. Dans toutes les religions, l’être humain Cependant, l’expérience de la douleur expérimente la souffrance et la subit devient significative avec la capacité de comme une nécessité. Pour les six l’être humain à réfléchir et à transformer grandes confessions (l’islam, le judaïsme, christianisme, l’évangélisme, les sentiments en expressions linguistiques le pour pouvoir les communiquer aux autres. le catholicisme, le bouddhisme et Car oui, la douleur perd son sens, dans l’hindouisme), la souffrance physique le monde des hommes, si elle n’est pas est un dépassement de soi. L’homme est partagée, ou du moins, exprimée. Nous mis à l’épreuve ; il obéit à l’injonction de avons besoin de l’Autre pour donner du Dieu. sens à la douleur. L’homme a la capacité, non seulement d’extérioriser et verbaliser L’importance de la souffrance dans votre sa propre douleur, mais aussi de ressentir cheminement spirituel : un processus de la douleur des autres. C’est ce que nous purification appelons ‘’l’empathie’’ : la capacité de s›identifier à autrui dans ce qu›il ressent. ‘’La blessure est l›endroit où la Lumière La souffrance, du point de vue entre en vous.’’ Rûmi
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Peu importe à quel point l›état du monde peut être décourageant et malgré le désespoir que vous pourriez ressentir, une fois que vous aurez trouvé votre propre vérité, votre vie changera d›une manière dont vous n›auriez pu rêver auparavant. Donc, si vous êtes l›un des millions de personnes qui se battent perpétuellement contre des moulins à vent, si votre vie manque d’espoir et de motivation, il pourrait vous sembler que l›abandon est la seule option qui reste, mais veuillez patienter ! D’autres personnes étaient là aussi depuis un certain temps. Et s’ils ont réussi à sortir de l›obscurité, n›importe qui peut le faire, même vous. Ce sont les âmes les plus évoluées et les plus proches de l›éveil qui souffrent le plus souvent. En effet, pour découvrir l›émerveillement, vous devez d›abord accepter les défis qui font partie de notre quotidien. La souffrance nous force à mettre en question notre niveau de conscience et à chercher des réponses. Dans un effort pour trouver une échappatoire à notre tourment, nous nous ouvrons à l›idée qu›il doit y avoir dans la vie plus que ce que nous avons été conditionnés à croire. C›est pourquoi la compréhension de la souffrance est essentielle pour se libérer des pièges de l›esprit. La libération du mental consiste à trouver la source de votre souffrance, à affronter sa vérité puis à lâcher prise, afin de vous libérer de son fardeau. La voix de l’ego : Pourtant, d›une manière ou d›une autre, malgré l›importance de la conscience spirituelle, une grande partie de la population mondiale n›est pas convaincue que ce soit même une chose réelle. C›est à cause des mensonges perpétués par la société et votre propre ego. Des mensonges qui vous interdisent de voir votre propre vérité et les choses telles qu’elles sont.
Chaque problème auquel vous êtes confronté, chaque problème auquel la société et le monde sont confrontés - guerre, corruption, violence, malheur, mécontentement, agonie - est un problème de conscience et d›ego. La manière dont vous équilibrez les deux déterminera la qualité de votre vie. Ignorez la voix de l›ego ! Que nous apprend le Coronavirus ? ‘’L›homme est un apprenti, la douleur est son maître, Et nul ne se connaît tant qu’il n›a pas souffert. C›est une dure loi, mais une loi suprême, Vieille comme le monde et la fatalité.’’ Musset Derrière la maladie, qu’y a-t-il ? Une chambre noire, chichement restreinte, mais abyssale, voilà à quoi ressemblerait une maladie. Vous en cherchez la cause ? Ne vous égarez pas dans les spéculations scientifiques, rien n’émane de l’extérieur, tout est en vous, tout vient de vous. Vous souffrez ? Qu’avezvous à reprocher à votre immunité pour lui infliger autant de défaites ? COVID, le purificateur : Le Coronavirus, cette pandémie mondiale subitement apparue pour ravager notre monde, saccager nos terres, épuiser nos ressources, renverser nos horloges, retarder nos projets, arracher nos emplois, nous dépouiller de tout ce qu’on a possédé jusqu’à présent : argent, santé, amour, famille… enfin, nous secouer comme pour nous réveiller. Vous avez perdu un proche, votre travail ? Vous vous êtes retrouvé seul, loin de votre famille, enfermé chez vous ou vous avez peut-être contracté le virus ? Nous étions tous au seuil de l’enfer. Patience, endurance et persévérance sont mises à l’épreuve ! Le message du Coronavirus est universel : Revenez à vous-même, prenez-en soin
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Deux rapports américains contradictoires :
Conseils personnels et clins d’œil sur Mark Zuckerberg, fondateur et président de Facebook Washington: Muhammad Ali Salih Le mois dernier, le nombre d’entreprises américaines qui ont suspendu leurs publicités sur Facebook, en raison de la non-blocage des messages de violence et d’incitation à la haine, a atteint 750 entreprises. Parmi eux : « Coca-Cola », « Starbucks », « Nike », « Adidas », « Unilever », « Ford » et « Instagram ». Suite à cette décision, vers la fin de la semaine, la valeur des actions de Facebook a légèrement régressé. Cependant, la polémique n’a pas pris fin. Avec des allusions et des clins d’œil sur Mark Zuckerberg, fondateur et président de Facebook. Premièrement: il a peur du président Trump. Deuxièmement: il aime l’argent. Ce sont deux rapports contradictoires: Le premier rapport du Comité de défense des droits civils (LCR) à Washington, D.C. Le deuxième celui de la présidence de la société «Facebook», à Muntapark (Californie).
Comité des avocats des droits civils
Depuis longtemps, nous appelons Facebook à bloquer les pages qui prônent la violence, le racisme et la haine à l’instar de ces deux pages: La première: « Nous les blancs », qui est suivie par plus de 18 000 fans, et défend en permanence la suprématie des blancs. La deuxième intitulée «Le mois historique des blancs », qui affirme que «chaque mois est le mois des blancs», et ne publie que des commentaires racistes de blancs fanatiques. Elle est suivie par plus de 258 000 followers ... Malgré les récentes données révélées par Facebook sur l’évolution de ses pratiques, nous disons qu’il y a une faille fondamentale dans la philosophie à la base. Car si la philosophie et le crédo ne changent pas, les changements opérés dans les pratiques ne serviront à rien. Dans nos concertations avec les organisations de défense des droits civiques, judicaires et égalitaires dans la société américaine, nous avons convenu que l’un des dilemmes de la philosophie «Facebook» est qu’elle différencie entre «suprématie blanche», «nationalisme blanc» et «séparatistes blancs» et considère que chacun des ces groupes est autonome et mérite d’exprimer ses opinions.
Mais nous, les autres organisations de défense des droits civiques, et tous ceux qui suivent les activités de ces groupes, constatons clairement qu’ils font partie de l’extrémisme et de la violence camouflés, puis rendus publics. Ils visent uniquement à répandre la haine et la violence dans le monde. Il y a deux ans, Facebook a déclaré avoir développé un algorithme capable de détecter et de supprimer tout contenu agressif et violent avant même qu’il ne soit visible pour les utilisateurs. Mais nous disons que cette nouvelle technologie n’est pas parfaite. Surtout quand il s’agit de discours de haine. C’est parce que la haine peut être annoncée de manière indirecte. Car, il n’y a pas de mot « haine » dans des noms comme « suprématie blanche », mais cette haine est bien sûr cachée. Ainsi... L’année dernière, Facebook lui-même a reconnu que cette nouvelle technologie ne supprime que 50 pour cent de ces expressions. D’ailleurs, Facebook a été confronté à une situation qui prouve le contraire quand une vidéo de la tuerie de 50 personnes dans deux mosquées en NouvelleZélande diffusée et relayée. Ainsi, “Facebook” s’est impliqué de deux façons : La première : parce que l’auteur de l’infraction a exposé directement son crime. Et la seconde : parce que des centaines de milliers d’abonnés ont rapidement téléchargé la vidéo et l’ont distribuée à d’autres ... C’est ce qui s’est passé, et ce qui peut arriver, quand Facebook ignore la responsabilité de toucher un trillion et demi d’abonnés. Comme nous l’avons vu dans ces tragiques attaques contre des lieux de culte en Nouvelle-Zélande et ailleurs, il y a des conséquences dans le monde réel de ce renoncement de Facebook à sa responsabilité, voire même un déni de responsabilité. Surtout lorsque les réseaux sociaux fournissent des plateformes pour les Blancs violents, leur permettant d’accueillir, d’organiser et de recruter des adeptes de leurs mouvements haineux ... Et cela nous renvoi à ce qui s’est passé en 2017 à Charlottesville (Virginie) lorsque l’organisation de la droite unie (Right United) a publié des annonces Facebook faisant état de ses efforts et invitant ses partisans à s’y joindre. Puis il a commis des actes de violences qui ont fait des morts
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Le président Trump lors d’une précédente réunion avec le PDG 2019 de Facebook en
et des blessés. Les photos de tous ces actes ont été diffusés sur les pages Facebook ... Ainsi, les deux incidents fournissent les preuves que la « suprématie blanche », le « nationalisme blanc » et d’autres groupes ne sont rien d’autre que des parties d’un mouvement mondial extrémiste et violent. Et cela menace non seulement la vie des gens, mais menace également la vie des États, en particulier des États démocratiques occidentaux ...
Les dernières semaines nous ont obligés à affronter la réalité de la violence et de l’injustice auxquelles sont confrontés les Noirs au quotidien notamment ceux perpétrés par la police. Nous avons participé aux campagnes de soutien à nos amis, collègues et communautés. Nous avons dit que nous devions prendre des mesures strictes pour mettre fin à cette violence et à cette injustice. Mais nous, à Facebook, nous nous concentrons sur le développement d’outils et de ressources puissants. Nous prenons des mesures pour améliorer nos produits, programmes et politiques. En effet, nous avons recueillis des idées de divers groupes de nos employés dans différentes équipes sur la façon de mieux lutter contre l’injustice raciale. Dans ce rapport, nous indiquons comment nous utilisons certains de ces éléments. Outre les mesures susmentionnées pour mettre fin à l’injustice et à la violence, nous nous engageons, dans ce rapport, à fournir 200 millions de dollars supplémentaires pour soutenir les entreprises et les institutions appartenant à des Noirs. Nous voulons préciser que cet engagement fait partie d’un investissement plus large de 1,1 milliard de dollars ... En même temps, nous travaillons avec des organismes et des associations pour créer Lift Black Voices (élever des voix noires), qui sera une application qui facilite les efforts de groupes plus diversifiés et inclusifs, pour mieux soutenir les communautés minoritaires du monde entier. En plus des minorités, et pour tous nos utilisateurs, nous investissons des milliards chaque année pour assurer la sécurité de ces utilisateurs.
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Nous travaillons avec des experts externes pour revoir nos politiques en vue de les promouvoir et de les rendre plus efficaces pour atteindre ces objectifs ... Nous avons accueilli favorablement les appels externes pour revoir notre application des lois sur les droits civils. Et récemment, nous avons interdit, à cette fin, 250 organisations racistes blanches. En même temps, nous savons que nous avons encore du travail à faire et nous continuerons de travailler avec les groupes de défense des droits civiques. Récemment, nous avons contribué à la création de la Global Alliance for Response Media (Alliance internationale pour la responsabilité des médias). Nous travaillons aussi avec d’autres experts pour le développement de plus d’outils, de technologies et de politiques pour persévérer dans ces efforts. En même temps, nous avons interdit aux annonceurs d’exclure les minorités de façon directe ou indirecte dans les publicités domestiques, des emplois et des crédits… Si, pendant longtemps, Facebook s’était opposé aux organisations de suprématie blanche, il n’avait pas pleinement mis en œuvre l’interdiction des termes « nationalisme blanc », « séparatisme blanc » et « suprématie blanche » et ce pour plusieurs raisons : Premièrement, parce que nous examinions des notions plus larges d’opinions sur le «nationalisme» et le «séparatisme». Deuxièmement : parce que nous avons accordé un intérêt plus large aux opinions mondiales que les termes « séparatistes » au canton basque en Espagne. Troisièmement:parce que nous suivons des activités internes, comme “Pride” (pour les homosexuels) ... Mais lorsque nous avons constaté que ces activités sur l’identité et l’autodétermination s’étaient transformées en haine et en violence, nous avons lancé une campagne intense pour nettoyer nos pages ... Par exemple : pendant la période de janvier à septembre 2018, nous avons supprimé huit millions de photos et de commentaires, et déclaré qu’ils ne méritaient pas la liberté d’opinion car, en premier lieu, ils enfreignent la liberté d’opinion ... ».
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ulture
À son 68ème anniversaire
Des artistes et critiques égyptiens à «Majalla» : Les films de la Révolution se sont limités à sa glorification, puis à la désacralisation son symbole après sa fin! Le Caire : Safaa Azab À l›occasion du soixante-huitième anniversaire de la Révolution de juillet, des artistes et des critiques ont exprimé leur désapprouvement à l›égard des films présentés par le cinéma égyptien concernant cette révolution, et ont déclaré à «Majalla» que ces œuvres ont focalisé sur certains aspects pour négliger d’autres plus importants et qui devaient être abordés. Ils ont aussi cité des films célèbres, se rapportant à cette période, ne portant aucune valeur artistique, mais considérés comme «icônes» du genre ou d’une certaine ‘’cinématographie’’ propre à la Révolution de Juillet. Ces artistes et écrivains imputent aux écrivains et penseurs, l’incapacité à présenter des œuvres qui expriment réellement les valeurs réelles de cette Révolution et ses retombées, soulignant les multiples aspects, aussi bien négatifs que positifs, se rapportant à la période postrévolutionnaire que le cinéma égyptien a négligé tout au long de ces longues années. Le 23 juillet 1952, un groupe d›officiers égyptiens connus sous le nom d›«officiers libres», a déclenché une révolution, contre le roi d›Egypte d’alors Farouk, et ses collaborateurs, qui a fini par quitter l›Egypte, avant que le Chef de cette Révolution Jamal Abdel Nasser ne devienne président de l›Egypte, devenue une république. Le pays en cette période, a connu, de nombreux événements et rebondissements, qui ont été sujets à une grande controverse,
concernant la période nassérienne, en plus la Révolution de juillet, est étroitement liée à cette période. En célébrant la Révolution, les Egyptiens ont pris l›habitude de regarder un ensemble de films classiques liés aux événements de la Révolution de juillet ou ceux qui portaient sur les premiers balbutiements. A l’instar de «Caire 30», «Un homme à notre domicile», «Je suis libre», «La porte ouverte», et «Les douces mains»… Sans oublier deux œuvres récentes, «Nasser 56», et «La période Sadate». Cependant, persiste un large débat concernant la fiabilité de ces films à présenter la Révolution de juillet et ses retombées. Aussi, des critiques égyptiens ont estimé que certaines œuvres cinématographiques ont été réalisées par complaisance au président Abdel Nasser et ses hommes, et ont été très rigoureux dans leur critique. A l›occasion du soixante-huitième anniversaire de la Révolution de juillet, «Majalla» a sondé les opinions de certains artistes et critiques au sujet du cinéma de la Révolution. La première rencontre a été avec l›artiste, Hassan Youssef, qui a participé à plus d›une œuvre cinématographique célèbre, porteuse des balbutiements de cette Révolution, parmi lesquelles, «Un homme à notre domicile». Il a déclaré à «Majalla» : «au rappel de cette œuvre, je me sens traversé par une immense joie, car ce film, est parmi les plus cher à mon cœur, où je jouais un rôle fort sympathique, parmi une pléiade d’artistes, dont Hussein Riyadh, Omar Sherif, Zubaida Tharwat, Zahrat Al-Ula et Rushdie Abadha», avant d’ajouter que ce
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Jamal Abdel Nasser
film traite l’une période des plus importantes de l›histoire de l›Égypte. Et conclure par dire que ce «film a été un porte-bonheur pour Omar Sherif, qui a été choisi pour son rôle dans «Lawrence d›Arabie» alors qu›il tournait ce film. Il a entamé sa carrière internationale à cette époque». Concernant son évaluation des films qui ont exprimé véritablement la révolution de juillet, Hassan Youssef a révélé à «Majalla» qu›il n›était pas convaincu par la révolution égyptienne, et en cause, les graves erreurs commises, selon lui, avant d’ajouter que tous les présidents de la période postrévolutionnaire, en subissent encore les retombées. Enfin, il explique sa participation dans des
Hassan Youssef : J›ai participé au film «Un homme à notre domicile» motivé par l›enthousiasme de la jeunesse uniquement. Cette œuvre traite l’une des périodes les importantes de l›histoire de l›Égypte et «a été un porte-bonheur pour Omar Sherif». films qui font l’éloge de la Révolution, dont il n’était nullement convaincu, par l›enthousiasme de la jeunesse et la joie de jouer avec de grands artistes. L›actrice Lubna Abdelaziz, héroïne de l›un des films célèbres qui revient sur la période de la révolution, «Je suis libre», explique à «Majalla» : «Ce film censé représenter ma première œuvre cinématographique, sans l›insistance d›Abdel Halim à présenter Son film «l’oreiller vide» en premier. Cette œuvre (Je suis libre) porte un enjeu et un message, et c›est l›une des plus belles œuvres écrites par le grand écrivain Ihsan Abdul Quddus. Bien qu›il apparaisse comme un film purement féministe défendant les
Izzat Al-Alayli
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droits des femmes, il portait en réalité l›idée de liberté dans son sens large qui s›étend à la liberté du pays et à sa libération du colonialisme et des idées arriérées. La présentation de ce film en 1956, s’inscrit dans la pensée de la révolution populaire de juillet à l›époque, car la scène finale du film a une portée symbolique, à savoir, la liberté de l’Homme est incomplète sans la libération de la patrie. De même, la mise en évidence de la valeur de la femme dans le film, reflète également la valeur qu›elle a obtenue après la révolution lorsqu›elle est devenue parlementaire et ministre et a fait son entrée dans les différents domaines de travail qui étaient réservés aux hommes jusque-là. Abdelaziz a ajouté qu›elle était très fière de son rôle dans ce film, qui représente une voie ouverte aux femmes égyptiennes pour avancer au milieu des changements sociaux sociales observés lors de la révolution de juillet. Dans des déclarations exclusives à «Majalla», l›artiste Ezzat AlAlaili a confirmé que le cinéma égyptien ne représentait guère la Révolution de juillet, même si certains prétendent l’inverse. Car
il existe plusieurs sujets qui n’ont pas été traités. Une fixation sur le départ du roi pour l’exil. Quant à la réforme agricole, elle a été réduite à l’octroi aux paysans à raison de 5 acres chacun, avant d’ajouter : «Avec mes excuses, je trouve tout cela ridicule». «En tant qu›artistes, nous avons essayé de traiter cette révolution, au gré de nos moyens, mais malheureusement, peu d’œuvres littéraires, ont exprimé le sens réel de la Révolution, en tant qu›idées et idéologies’’, a-t-il déploré. Malheureusement, et avec tout regret, toutes les œuvres étaient d’une superficialité déconcertante. Des retombées, à l’instar de la défaite de Juin 67, qui nous a conduits à la guerre d’Octobre, et bien d’autres, entre échecs et succès, n›ont été que rarement exprimées. J›aurais aimé, par exemple, discuter de la problématique de l’appellation de cet événement : était-ce une révolution ou un putsch ? Il n’existe pas de films qui ont abordé cette problématique, qui est une question très profonde, qui nécessite que les philosophes et les grands-penseurs lui accordent
Hassan Youssef
Ezzat Al-Alayli : Il n›y a pas d›œuvres littéraires et intellectuelles qui ont exprimé le vrai sens de la Révolution de Juillet. Je suis fier de mon expérience avec «La Terre». Il existe des films célèbres sur la révolution que je considère comme «clownesques». Lubna Abdulaziz
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Une scène du film La Terre
leur attention, afin de savoir ce qui est arrivé à l›Égypte à cette date. Bien sûr, a-t-il affirmé, je suis avec le renouveau et la révolution de la science et de la culture à condition que cela apporte des avantages et non des inconvénients. Al-Alaili a poursuivi en disant que très peu de films ont réussi à traiter cette question en profondeur, notant que le film «La Terre» de Youssef Chahine, avec la participation de grands artistes, comme Mahmoud Al-Melegy, Najwa Ibrahim, Hamdi Ahmed et Yahya Shaheen. Selon lui, ce film est un modèle cinématographie ayant indirectement abordé la Révolution de juillet. Al-Alayli considère que le film «La Terre» reflète une réalité négative qui précédait la révolution, à savoir la féodalité, car le film porte un message qui appelle au changement dans l›intérêt de la société. Il a souligné que tout en jouant son rôle dans ce film, il était sûr qu›il traite la question de la révolution, ce qui l›a amené à incarner le personnage avec une totale conviction. Al-Alaili a souligné que ce film est sorti après la défaite de
Tariq Al-Shennawi
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Houda Najib Mahfoudh : Mon père n›était pas nassérien et il le critiquait dans ses écrits ... Ses films sur la révolution n›expriment pas forcément sa véritable vision. Juin, en 1968, pour plus de précision. Le scénariste n’est autre qu’Hassan Fouad, une grande valeur intellectuelle, et a occupé des hauts postes dans le secteur de la presse. Il est aussi un grand militant. Il a élaboré le scénario avec une grande conviction. Le scénario est tiré de l’œuvre du grand écrivain Abderrahmane alSharqawi, avant d’ajouter qu’il considère que le film «Citoyen égyptien» aussi l›un des films qui donnent une indication des caractéristiques de la Révolution et traitait de la période de guerre et de ses souffrances, qui figurent parmi les conséquences de la Révolution». Concernant les sujets des films célèbres qui évoquent la révolution de juillet, tels que «Rendez-moi mon cœur» et «Un homme à notre domicile», Izzat Al-Alayli pense qu’ils sont amusants et drôles, mais n’expriment en rien la Révolution. Il craint même les qualifier de «clownesques». Il a souligné que ce manquement résulte - selon lui – de la responsabilité des écrivains et penseurs de l›époque qui n›ont pas répondu à une question importante : étaient-ils convaincus par la Révolution de juillet ou pas ? Je porte la certitude qu’ils n’étaient nullement convaincus. Raison pour laquelle ils n’ont pas présenté d’œuvres convaincantes. Al-Alayli estime que Najib Mahfoudh, reste le plus crédible, par ses œuvres à ce sujet, même s’il était animé d’une «certaine peur» pendant la
période d›Abdel Nasser, avant d’ajouter qu’à cette période s’est caractérisée par un sentiment de «peur» généralisée. Une crainte qui constituait un frein contre toute écriture libre concernant la réalité. L’acteur a exprimé son souhait de voir un jour une grande œuvre cinématographique qui traite cette période cruciale de l’histoire de l’Egypte. Une tâche qui revient aux écrivains et aux producteurs. Si des artistes considèrent que le cinéma du Prix Nobel, Najib Mahfoudh, fait partie des œuvres les plus importantes, qui ont traité de la Révolution, sous divers angles, négatifs que positifs, sa fille Houda Najib Mahfoudh, porte un avis propre à elle, qu’elle présente à «Majalla» : «Mon père n›était pas nassérien. Personne ne l’est dans la famille. A travers ses écrits, mon père a critiqué la Révolution de juillet, et a écrit de nombreux romans sur ce sujet, qui ont été réadaptées en films célèbres, dont (Karnak), une œuvre qui n›aurait pas été présentée à l›écran de cinéma sans le président Anouar Sadate, qui a donné son aval. Sans oublier, qu’à la fin de sa vie, le président Jamal Abdel Nasser a permis,
Lubna Abdelaziz : «Je suis libre» portait l›idée de liberté dans son sens large qui s›étend pour inclure la liberté du pays et sa libération des restrictions du colonialisme et des idées arriérées.
surtout après la défaite de Juin 67, la présentation d’une œuvre comme «Miramar». A propos de la position des films de Najib Mahfoudh concernant la Révolution de juillet et sa glorification et les critiques qui suivirent, Houda a affirmé : «Quand mon père a abordé la révolution pour la première fois, il écrivait par admiration pour ses principes, ses espoirs et ses rêves et attentes de cette révolution, pour parvenir à la démocratie, mais il en a été choqué quand il a été surpris de constater que ces principes n’ont pas été mis en pratique. Dès lors, il a entamé sa phase de critique des mauvaises pratiques qui ont causé cet échec. Il a fait usage du symbolisme, à l’exemple de : «Les enfants de notre quartier». Il a ajouté que son père savait que les films présentés à l›écran, y compris ceux de la Révolution, incluaient des changements importants par rapport à ses écrits, et qu›il comprenait bien cela, et était conscient des raisons commerciales derrière ce changement. Il a toujours dit, rapporte-t-elle : «Ne me tenez pas responsable de mes films, mais tenez-moi responsable de mes écrits». Celui qui veut connaitre mon point de vu concernant la Révolution, n’a qu’à lire mes romans, et non regarder les films tirés de ces romans. Car l’interprétation cinématographique, n’exprime pas, selon moi, ma vision la Révolution de juillet.’’ D›autre part, les films de la Révolution de juillet ou certaines œuvres du moins, n’étaient autres que des actes de complaisance envers les Chefs de la Révolution. Chose que confirme Tariq Al-Shennawi dans une déclaration exclusive à «Majalla», qui considère que dès les premiers moments de la Révolution, les Chefs ont braqué leur attention sur le cinéma. Mohamed Najib (le militaire le plus gradé et le plus âgé des «Officiers libres»), a décidé d’interdire la danse. Une réunion fut organisée à ce sujet, avec un communiqué. En ces moments, le cinéma était
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Une scène du film Un peu de peur
Une scène du film Karnak
complice des nouveaux dirigeants. Certains artistes ont porté des tenus «kaki», couleur des uniformes militaires, pour montrer leur soutien. Il existe des œuvres, où la Révolution fut introduite d’une manière superficielle, avec un soutien massif. A l’instar de «A bas le colonialisme» et «Le voleur». En fait, Ismail Yassine (très célèbre humoriste) a ajouté à un de ses films, un monologue vantant la révolution. La chose étrange est que ce monologue reflète l›incapacité de trouver un nom spécifique pour ce qui s›est passé en Egypte à l›époque, est-ce une révolution, un putsch ? Ismail Yassine dit dans le monologue : «L›armée et Najib ont trouvé une solution», sans définir cette prise du pouvoir comme révolution ! Bien sûr, après la révolution, la photo du roi Farouk était censurée et l›époque royale a été représentée d’une manière négative. Parmi ces films, par exemple, «les mains douces » de Tawfiq Al-Hakim.
Houda Najib Mahfoudh
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Le critique Tariq Al-Shennawi : Le cinéma a été complaisant avec les hommes de la Révolution de juillet, et a été présenté dans des films qui ne traitent pas en profondeur cette période. La pensée socialiste et la propagande pour la révolution ont également été insérées dans les films (drames et romances), ainsi nous trouvons le film «Un rendez-vous avec la vie», qui a été joué par Faten Hamama et Chadia, consacré à l›idée du mariage entre le fils du jardinier ou du simple ouvrier et la fille d’un Pacha. Abdel Nasser a autorisé une légère ouverture, suite à la défaite de Juin 67. Chose qui a permis la réalisation d’œuvres comme «Un peu de peur», avec Mahmoud Morsi et Chadia. Le film «L’Affaire 68» (date de réalisation apparait dans le titre) est une œuvre qui outrepassé les tabous, à savoir évoquer «L›Union socialiste» (Parti-Unique au pouvoir), considéré parmi les sujets interdits en cette période. Al-Shennawi a ajouté que le président Sadate est celui qui a permis et approuvé l›émergence de films tels que «Karnak», soulignant en conclusion, concernant le cinéma de la révolution, qu›il n›y a pas de films qui ont profondément présenté la révolution et que certains se sont limités soit à glorifier la révolution de juillet, soit à critiquer son symbole et son chef Jamal Abdel Nasser après Son départ.
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ulture
Livre américain : Pourquoi est-il difficile aux Blancs de parler de terrorisme ?
«Vulnérabilité des Blancs», par une Blanche Washington : Mohamed Ali Salah Avec la tempête qui a balayé les États-Unis contre la violence policière, en particulier à l’encontre des Noirs, il y a e u une vague de livres concernant les relations historiques complexes entre les Blancs et les Noirs. Certains de ces livres remontent à un demi-siècle, du temps des manifestations noires pour les droits civils, Comme celui de la révolutionnaire noire Angela Davis : «La liberté est une lutte continue» (réédité avec des ajouts). Certains d›entre elles datent moins que cela, comme celui de la poétesse Noire Maya Angelou, paru en 1969 : «Je sais pourquoi l’oiseau gazouille en cage» (le premier d’une série de six livres sur l›histoire de sa vie). Certains de ces livres remontent à l›année dernière, comme celui de l’universitaire Robin DiAngelo : «La fragilité des blancs» L›auteure a obtenu son doctorat de l›Université de Washington, Seattle (État de Washington) en Etudes multiculturelles. Actuellement, elle est professeur de la même université, et enseigne, une nouvelle matière dans les universités américaines : «Les Etudes blanches».
Contrairement aux auteurs précédents, et aux livres similaires, Robin DiAngelo est Blanche et non une Noire. Son père est d›origine irlandaise et sa mère d›origine italienne. Elle a écrit : «Je suis née Blanche et pauvre. Chose qui m›a rapproché des Noirs».
En voici les chapitres Les défis de parler aux Blancs du racisme. Le racisme et la suprématie blanche. Le racisme après le mouvement des droits civiques. Comment la race affecte-t-il les Blancs ? Vrai et faux. L’hostilité aux Noirs. Qu›est-ce qui irrite les Blancs ? Le résultat : la fragilité des Blancs. Fragilité des Blancs au quotidien. Larmes de femmes blanches. Ce sentier mène ou ? Le livre a défié le racisme, et lui a déclaré la guerre. Contre ce que l’auteure a appelé «la fragilité blanche», qu’elle a défini comme étant une réaction, dans laquelle les Blancs se sentent attaqués ou offensés lorsqu›ils évoquent le racisme». Concernant le déni des Blancs qu›ils sont «racistes», l›auteur a déclaré : «Nous, les Blancs, ne sommes pas des gens de couleurs. Les autres sont colorés, noirs, bruns et jaunes. Nous ne sommes que des gens. Nous sommes en de-
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hors des divisions ethniques. C›est la racine du problème». Elle a écrit sur le racisme des Blancs, sans qu’ils ne soient conscients : «Nous prétendons être civilisés et éduqués. Par conséquent, nous ne pouvons pas être racistes. Cependant, une personne peut être douce, polie et bien éduquée, mais aussi raciste. Que nous le voulons ou non, nous faisons partie de la société, et la société est raciste, et pour cela, nous devons être racistes». Quant à la définition du racisme, elle a écrit : «Ils nous ont dit que le racisme, se manifeste, lorsqu’une personne saine d›esprit a atteint une conviction rationnelle qu›il est meilleur que les autres races. C›est pourquoi nous sommes en colère quand on nous dit que nous sommes racistes. Cependant, le racisme ne doit pas être une loi spécifique, une certaine expression ou quelque chose de tangible. Ils peuvent être involontaires et causer du tort aux autres. C›est un point important. Tant qu›il y a du mal, peu importe que le racisme soit volontaire et involontaire. A propos du clivage entre les deux côtés : «Je n›ai pas rencontré de Blanc, dénudé d’opinion au sujet du racisme. Lorsqu’on lui pose une question, il se presse d’y répondre, et citer des exemples. Sans qu’il ne soit lui-même raciste. Ceci a lieu, parce que la plupart d›entre nous, les Blancs, vivons séparés des autres. Certains Blancs naissent, vivent et meurent, sans pour autant connaitre une personne non-Blanche. Pour cela, nous ne ressentons pas ce qu›ils ressentent. Par conséquent, nous ne nous plaignons pas du racisme comme ils se plaignent». Combler cette faille entre les deux parties : «Nous avons emprunté ce sentier par le passé. Nous avons dit que la notion de race n’existe plus après les victoires de la campagne des droits civiques. Mais ce n›était pas vrai. Nous avons dit que la race n›est plus parmi nous après que Barack Obama est devenu président. Cependant, ce n›était pas vrai non plus. Nous constatons la poursuite des protestations». Concernant les vidéos de meurtre
Le livre : «Vulnérabilité des blancs : Pourquoi est-il difficile aux blancs de parler de terrorisme ?» Auteur : Robin DiAngelo Editeur : Beacon Press, New York Nombre de pages : 187 Prix : 12 Dollars
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Il semble clair que le mot «racisme» a besoin d›une définition sur laquelle tout le monde soit d›accord, Blanc et Noir. de Noirs aux commis par la police : «Nous critiquons la police et nous sympathisons avec les Noirs quand nous voyons une vidéo de torture ou de meurtre. (Le livre a été publié avant l›accident de Minneapolis, au Minnesota). Mais nous ne demandons pas ce qui se passe en l›absence de caméras illustrant la torture et le meurtre. Pourquoi ? Parce que nous voulons nous convaincre que ce qui s›est passé est une exception». Sur la solution : «Commençons par une réflexion approfondie concernant la signification d’être Blanc : Comment notre race façonne notre vie? Pendant longtemps, cet aspect de notre vie a disparu, car, bien sûr, nous le voulons ainsi. Nous ne comprendrons pas le racisme si nous n›écoutons pas les peuples non blancs, les noirs, les bruns et les jaunes. Commençons par lire ce qu›ils écrivent. Et écouter leurs musiques et leurs chansons. Et étudier leurs croyances et leurs religions, s›ils ne sont pas chrétiens. Et regarder leurs vidéos, qui nous paressent étranges à première vue». La semaine dernière, CNN a accueilli l›auteur du livre : Un homme Blanc s’est adressé à l’auteure, qui est une femme blanche, et lui a demandé : «Comment sommes-nous vulnérables, comme vous dites ?» Elle a répondu : «Nous ne ressentons pas les deux dans notre vie quotidienne. Nous ne sentons pas ni forts ni riches, ni que nous vivons une vie confortable, mais une vie amusante. Nous pensons que nous sommes normaux. De l›autre côté, nous sommes ébranlés et nous semblons fragiles face à notre injustice envers les autres, lorsqu›un policier Blanc tue un homme Noir pacifique. » En réponse à une autre question sur l›étrangeté d’une Blanche écrivant sur le racisme, elle a déclaré : «C›est le problème. Les Blancs ne lisent pas les livres des Noirs concernant le racisme». À la fin, le présentateur de télévision a dit : «Dois-je rentrer chez moi ce soir et dire à ma femme, qui est Blanche comme moi, que nous sommes racistes d›une manière que nous ne connaissons pas? Elle me demandera «Avez-vous pris de la drogue sur le chemin du retour. Ainsi, il apparaît clairement que le mot «racisme» ait besoin d›une définition sur laquelle tout le monde soit d›accord, Blanc et Noir. L›auteure du livre a déclaré que celui qui souffre est celui qui connaît le préjudice. Le Noir reste celui qui connait le «racisme» et le Blanc continue de nier qu›il est raciste.
Un magazine politique Mensuel
Issue 1800 - Août 01/08/2020
Nasser Al Qasabi : Un artiste… Un visage… Une voix...
D’un homme dans la foule, à l’homme qui attise la foule
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Nasser Al Qasabi : Un artiste… Un visage… Une voix...
D’un homme dans la foule, à l’homme qui attise la foule Par Nassedine Ben Hadid Dessin: Ali Mendalawi Une empreinte éternelle…
- Rien ne prédestinait ce lauréat de l’Université d’agronomie Roi Saoud, à embrasser une carrière artistique, et surtout à devenir la Star qu’il est. - Du théâtre universitaire, où il a commencé, à la Star incontournable dans le feuilleton de Ramadan, Nasser Al Qasabi a eu un parcours, à la fois riche et chargé. - Ses fans ont ri jusqu’aux larmes parfois, en regardant, ce frêle personnage, à la voix typique, tout au long de deux décennies. Une série télévisée plus que culte.
Un membre bien apprécié du jury d’Arabs’ Got Talent… - Les téléspectateurs et fans de cette émission très populaire ont pu découvrir l’autre visage de Nasser Al Qasabi. - A savoir, l’intellectuel qui n’a pas perdu un brin d’humour. Un sens critique assez aigu, et surtout une pédagogie propre à lui pour passer le message à la nouvelle génération. - Selon tous les observateurs et critiques, Al Qasabi a bien fait d’accepter de faire partie de ce jury. Car, après 18 saisons de présence à la télévision,
avec une réussite plus que certaine, la présentation de l’image de l’intellectuel qu’il est vraiment, est plus que bénéfique pour cet artiste.
- Des organisations terroristes ont proféré des menaces nominatives à son encontre. Chose qui le pousse à s’engager encore plus dans ce combat.
Une famille bien heureuse. Un foyer d’intellectuels.
Sa part des rumeurs.
- Nasser bin Qasim Al-Qasabi, réside à Riyad (Arabie Saoudite) et né le 28 novembre 1961. - Alias ‘’Abou Rakan’’, il est marié à Badriya Al Bishr. Ils ont 3 enfants : Rakan, Muhannad et Hala. - Un foyer d’art et de culture : La Star de la comédie est mariée à une romancière et écrivaine.
«Tash Ma Tash», mais pas que…
- Nasser Al-Qasabi est connu pour son rôle dans la série «Tash Ma Tash», qui a duré de 1993 à 2011. - Cependant, il a dans son palmarès pas moins de 32 autres séries. - De même, il n’a jamais oublié sa passion pour le théâtre, car il a à son actif pas moins de 9 pièces. Un humoriste, certes, mais politiquement engagé. - A travers ses œuvres, Nasser Al-Qasabi s’est toujours fait honneur de tourner en dérision les terroristes. - Il s’est exprimé maintes fois à ce sujet. L’art est une arme, mais pour la vie et contre le terrorisme.
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- Comme il est coutume dans le milieu artistique arabe, le degré de notoriété de chaque artiste est proportionnel à sa part de rumeurs. - En juin 2018, une rumeur sur la mort de Nasser Al-Qasabi circulait sur les réseaux sociaux. L’information fut démentie par le journaliste saoudien Ali Al-Olayani. - Al-Qasabi a posté sur Twitter en réponse à la rumeur : «Merci à tous qui ont demandé de mes nouvelles. Je vais bien, Dieu merci, l’amour des gens est un grand trésor, merci encore du cœur».
Une autre vision du conflit avec Israël.
- Lors du dernier Ramadan, Al-Qasabi a joué dans une série, qui présente, entre autres, une lecture non-conventionnelle du conflit avec Israël. - Il s’agit d’une lecture anticonformiste par rapport à celle admise jusqu’à maintenant. Certains la trouvent réaliste et avant-gardiste, et d’autres ont crié au scandale. - Une controverse qui a fait sortir le différent (différend ?) de sa dimension artistique et idéologique, à un niveau purement politique, au premier degré.
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Aristide Bance annonce la fin de sa carrière internationale
Fin de parcours à l’attaquant à la chevelure teintée de blond Par La Majalla
moigner ma gratitude pour tout ce qu’il fait pour le football burkinabè. J’ai aussi profité de ces instants pour lui annoncer officielleOn ne le verra plus sur le terrain. L’avant- ment, mon intention de mettre fin à ma carcentre burkinabé, attaquant emblématique de rière internationale, la fin de mon aventure la sélection du Burkina Faso à la chevelure avec les Etalons du Burkina et lui remettre blonde, a mis un terme à sa carrière interna- définitivement mon numéro porte-bonheur “15”», a écrit Bance, l’attaquant vedette tionale à l’âge de 35 ans. L’annonce a été faite à l’issue d’une audi- du club guinéen Horoya, dans un post sur ence qu’il a eue avec le président du Burki- sa page officielle Facebook. Et d’ajouter : na-Faso, Roch Marc Christian Kabore. «En « C’était une fierté pour moi de porter les sa qualité de premier capitaine de l’équipe couleurs de l’équipe nationale. Nous avons nationale les Etalons, j’ai tenu à lui té- passé de rudes comme de bons moments. Nous avons vibré ensemble deux (2) belles CAN, celles de 2013 et 2017 couronnées par 2 médailles, l’argent et le bronze. Des moments qui resteront à jamais les meilleurs ». Après 15 ans à l’étranger, durant lesquels le footballeur international a joué à Augsbourg, de Düsseldorf (Allemagne) et à Samsunspor (Turquie), en Côte d’Ivoire, en Belgique, aux Émirats arabes unis, en Lettonie, en Finlande, au Qatar, en Ukraine, en Afrique du Sud et au Kazakhstan, retourne au bercail.
Bance, aimé et adoré de ses compatriotes, a eu une carrière professionnelle de deux décennies qui l’a amené à se présenter dans 22 clubs du monde entier depuis 2000.
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Aristide Bancé a disputé 15 matches en Coupe d’Afrique des nations en phase finale durant sa carrière.
Une page se tourne
Avec son départ c’est une véritable page qui se tourne pour l’équipe nationale du Burkina Faso. Sa silhouette athlétique, sa chevelure teintée de blond, et son sourire manqueront certainement aux Étalons et aux supporters du Burkina Faso. L’attaquant, qui a connu sa première cape le 26 mars 2005 face au Cap-Vert alors qu’il n’avait que 21 ans, a remercié toute sa famille, ses équipiers et la Fédération burkinabè de football. Bance, aimé et adoré de ses compatriotes, a eu une carrière professionnelle de deux décennies qui l’a amené à se présenter dans 22 clubs du monde entier depuis 2000. Il a été un membre clé des Etalons et les a représentés à quatre éditions de la Coupe d’Afrique des Nations - 2012, 2013, 2015, 2017. 17 ans après sa première apparition, le flamboyant attaquant burkinabé, qui aura 36 ans en septembre, a arboré, durant sa carrière internationale, le maillot des Etalons 79 fois, marquant 24 buts depuis ses débuts en 2003. « Je ne suis pas forcément un grand joueur, mais j’ai envie de jouer et j’ai toujours envie d’apprendre. Je ne suis pas une star, je
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Avec son départ, c’est une véritable page qui se tourne pour l’équipe nationale du Burkina Faso. reste Aristide Bancé », confiait-il avec humilité avant la petite finale de la CAN 2017 au Gabon. Avec lui, le Burkina Faso a signé ses deux meilleures performances de son histoire lors du tournoi continental.
Des années mémorables
Il n’empêche, ses années les plus mémorables sont sans doute 2013 et 2017, lorsque le Burkina Faso a remporté respectivement l’argent et le bronze lors de l’événement phare continental. En effet, Aristide Bancé qui a disputé 15 matches en Coupe d’Afrique des nations en phase finale durant sa carrière, avait joué en 2013, la finale de la CAN en Afrique du Sud face au Nigeria. En 2015 lors de la CAN en Guinée équatoriale, le Burkina Faso avait
déçu en se classant dernier de son groupe. Face au Congo-Brazzaville, Aristide Bancé avait égalisé, mais ce fut insuffisant pour espérer une place en quarts de finale après avoir perdu 2-1 face aux hommes de Claude Le Roy. En 2017 au Gabon, il termine sur la troisième marche du podium en remportant la petite finale. « Nous avons vibré ensemble deux belles CAN, celle de 2013 et de 2017 couronnées par 2 médailles, l’argent et le
17 ans après sa première apparition, le flamboyant attaquant burkinabé, qui aura 36 ans en septembre, a arboré, durant sa carrière internationale, le maillot des Etalons 79 fois, marquant 24 buts depuis ses débuts en 2003.
bronze. Des moments qui resteront à jamais les meilleurs de ma vie », dit-il simplement. En 2019, le Burkina Faso n’avait pas fait le voyage pour la CAN en Égypte. Le dernier grand rendez-vous continental de l’enfant prodige né Abidjan restera la CAN 2017. La dernière apparition de l’attaquant avec Les Etalons remonte à novembre 2019, lorsqu’il a marqué les deux buts garantissant la victoire du Burkina Faso 2-1 face au Soudan du Sud ; c’était lors de la deuxième journée des éliminatoires pour la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) Total Cameroun 2021 dans le groupe B. Ce véritable globe-trotter du foot avec des passages par l’Ukraine, l’Allemagne, les Emirats arabes unis, le Qatar, la Turquie, la Finlande, le Kazakhstan, l’Afrique du Sud, la Lettonie, les Emirats arabes unis ou encore la Côte d’Ivoire, a aussi largement contribué à écrire l’histoire footballistique de son pays sur la scène continentale. Il est actuellement en Guinée et évolue au sein du Horoya AC. De plus, il a pleinement participé à la qualification de l’équipe gui-
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Ses années les plus mémorables sont, sans doute, 2013 et 2017 lorsque le Burkina Faso a remporté respectivement l’argent et le bronze lors de l’événement phare continental.
Bance a offert son numéro porte-bonheur “15” au président burkinabé, Roch Marc Christian Kabore.
néenne pour les demi-finales de la Coupe de la Confédération Total où elle doit affronter l’équipe égyptienne Pyramids.
Profil express Date de naissance/âge : 19 sept. 1984 (35) Lieu de naissance : Abidjan
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Nationalité : Burkina Faso Taille : 1,93 m Position : Avant-centre Ancien joueur national : Burkina Faso Sélections internationales/buts: 75/23 Taille :192 Cm Poids :90 Kg Meilleur pied :Droit