Paperjam Plus - Fonds 05/2018

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OUTSOURCING

Entre baisse des revenus et coĂ»ts opĂ©rationnels en augmentation, les acteurs de l’industrie des fonds sont sous pression. Dans ce contexte, les asset managers se concentrent sur les activitĂ©s crĂ©atrices de valeur tout en considĂ©rant les opportunitĂ©s d’externalisation et de mutualisation qui s’offrent Ă  eux.

D

epuis la crise financiĂšre, les gestionnaires d’actifs voient leurs marges se rĂ©duire significativement, commente Steven Libby, asset & wealth management leader au sein de PwC Luxembourg. La pression Ă  laquelle ils font face dĂ©coule d’une compĂ©tition toujours plus forte entre les acteurs, avec l’apparition de nouveaux entrants sur le marchĂ© qui profitent de la technologie pour proposer des offres plus accessibles. À cela s’ajoutent aussi de nouvelles rĂ©glementations qui pĂšsent sur leurs revenus, notamment Mifid II, qui introduit une transparence accrue sur la structure des coĂ»ts tout au long de la chaĂźne de valeur. » Les investisseurs comprennent dĂ©sormais mieux ce pour quoi ils paient. Plus que jamais, ils sont attentifs aux management fees qu’ils laissent aux gestionnaires. « Si les institutionnels sont prĂȘts Ă  payer pour la performance Ă©manant d’une gestion active des investissements, ils le sont de moins en moins dans le contexte d’une gestion passive des actifs, s’appuyant sur des trackers, par exemple », poursuit Steven Libby.

RÉDUCTION DES REVENUS, MAINTIEN DES COÛTS

Ces trends participent Ă  une transformation profonde de l’industrie des fonds. Les asset managers, comme de nombreux asset servicers autour d’eux, font face Ă  une rĂ©duction sensible de leurs revenus. « Pour un service de gestion active, les fees moyens en Europe sont passĂ©s de 2 % Ă  1,6 % en une dizaine d’annĂ©es. Sur la mĂȘme pĂ©riode, les

frais dans la gestion passive d’actifs ont diminuĂ© de 1,1 % Ă  0,6 %, commente Benjamin Collette, strategy, clients & industries leader et associĂ© au sein de Deloitte Luxembourg. La difficultĂ© pour les acteurs rĂ©side dans le fait que les coĂ»ts, eux, ne sont pas forcĂ©ment variables. Tous doivent assumer des coĂ»ts fixes, avec des infrastructures techniques et des ressources humaines Ă  entretenir, qui ont plutĂŽt eu tendance Ă  augmenter ces derniĂšres annĂ©es. » Les exigences en matiĂšre de reporting, avec Ucits Kiid ou Priips Kid, et dans le domaine de la gestion de risques sont autant de nouvelles contraintes rĂ©glementaires qu’il faut pouvoir assumer. Au niveau fiscal aussi, les gestionnaires de fonds comme les sociĂ©tĂ©s de services associĂ©es Ă  l’administration doivent composer avec une complexitĂ© grandissante. « La pression sur les revenus se fait d’autant plus ressentir au Luxembourg, avec des acteurs positionnĂ©s sur une distribution transfrontaliĂšre de leurs produits beaucoup plus coĂ»teuse que celle des fonds destinĂ©s Ă  un marchĂ© domestique », poursuit Benjamin Collette. Deloitte avait notamment estimĂ© le coĂ»t supplĂ©mentaire associĂ© Ă  cette distribution transfrontaliĂšre, Ă©valuĂ© entre 6 et 10 points de base, par rapport Ă  des fonds domestiques. Dans un marchĂ© tendu, avec des investisseurs plus attentifs, les produits luxembourgeois s’exposent Ă  un risque encore plus grand de perte de compĂ©titivitĂ©. « Les management fees ont longtemps Ă©tĂ© une rĂ©elle source de revenus pour les gĂ©rants d’actifs. C’est de moins en

moins le cas, assure Jeremie Schaeffer, associĂ© et responsable du dĂ©partement Corporate Implementation au sein d’Atoz. La pression sur les TER (total expense ratio, ou ratio des charges totales) et son impact sur les frais de gestion entraĂźnent un alignement accru des intĂ©rĂȘts des investisseurs sur ceux des gĂ©rants d’actifs, dans la mesure oĂč la rĂ©munĂ©ration de ces derniers rĂ©side plus que jamais dans le carried et autres performance fees. »

INVESTIR OU EXTERNALISER

L’effet ciseaux, avec cette rĂ©duction des revenus associĂ©e Ă  une hausse des coĂ»ts, oblige les acteurs Ă  envisager de nouvelles stratĂ©gies, Ă  se repositionner quant aux services qu’ils proposent et aux activitĂ©s qu’ils choisissent de mener directement. « L’une des possibilitĂ©s qui s’offrent aux gestionnaires dĂ©sireux de retrouver des marges rĂ©side notamment dans un recours Ă  la technologie. Le numĂ©rique permet d’accĂ©der Ă  un plus haut niveau d’automatisation et garantit un traitement opĂ©rationnel de la donnĂ©e plus efficient, au service de l’efficacitĂ© et de la compĂ©titivitĂ©. Toutefois, le recours Ă  la technologie implique des investissements supplĂ©mentaires qu’il est parfois difficile de mobiliser dans l’environnement actuel. L’autre possibilitĂ© rĂ©side dans la mise en place de partenariats, autrement dit dans l’externalisation de certaines fonctions, avec des acteurs tiers. Cette dynamique doit leur permettre de profiter d’économies d’échelle sur des activitĂ©s considĂ©rĂ©es comme non core », poursuit Steven Libby.

Mai 2018 — Fonds d’investissement —

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