paperJam management fevrier 2009

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International

The place to be Malgré la crise, le Luxembourg demeure un centre financier incontournable pour exercer le métier de banquier privé, un hub qui permet aux maisons internationales de tisser leur toile européenne. Nicolas Raulot (texte) et Eric Chenal / Blitz (photos)

Certes, le Luxembourg n’a pas été épargné par la crise. Quelques évènements ont même égratigné la réputation de la place financière, en particulier le placement en sursis de paiement des trois établissements islandais, qui a abouti au gel des dépôts de milliers d’épargnants étrangers chez Kaupthing Bank. Plus récemment, l’éclatement de l’affaire Madoff aux Etats-Unis a également éclaboussé le Grand-Duché en semant le doute sur la responsabilité des dépositaires de fonds d’investissement enregistrés au Luxembourg, comme la fameuse Sicav Luxalpha qui percevait des fonds pour le compte du désormais célèbre financier américain. Néanmoins, les établissements étrangers, qui tous ou presque ont élu domicile ici, voient toujours le Grand-Duché, comme un centre incontournable en Europe et dans le monde pour l’exercice du métier de banque privée. Aux côtés de Genève, Londres, Singapour et de certaines places émergentes du Moyen-Orient. Les exemples de l’helvétique Banque Privée Edmond de Rothschild et de la belge Banque Degroof le prouvent. Ce ne sont pas les objectifs très élevés fixés en mars 2008 (1.000 milliards d’euros d’actifs sous gestion au Grand-Duché à l’horizon 2012-2015) par une étude du Private Banking Group accompagné par PricewaterhouseCoopers, ni les ambitions de la Luxembourg School of Finance (LSF), pour renforcer la formation, qui pourront les en détourner.

Légitimité historique Outre la stabilité politique, la banque privée jouit d’abord ici d’une forte légitimité historique.

Le régime fiscal d’exception, exonérant les sociétés de participation financière (holdings) de l’impôt sur le revenu, date de... 1929. Or, cette holding multi-fonctions, dont la Commission européenne a sonné le glas en 2006, pouvait également être utilisée pour la gestion de portefeuille des non résidents, comme la SPF (Société de Gestion de Patrimoine Familial), qui vient de lui succéder. «Cette loi de 1929 avait été promulguée pour attirer les capitaux étrangers au Luxembourg alors que notre économie était monolithique et trop concentrée sur la sidérurgie. Elle n’a vraiment porté ses fruits que vers la fin des années 1960, suite à l’introduction de la withholding tax (imposition à la source, ndlr.) aux Etats-Unis», rappelle Eloi Thill, directeur du desk national chez Banque Degroof Luxembourg. La Banque Privée Edmond de Rothschild Europe est justement établie ici depuis 1969. Elle fut la première filiale d’une banque suisse au Luxembourg. Plus tardive, puisqu’elle date de 1989, l’implantation de Degroof sur place a rapidement dépassé les espérances. «La maison mère avait décidé d’ouvrir un bureau au Grand-Duché pour l’administration des fonds d’investissement qui reste notre deuxième grand métier. Cette activité a généré des ouvertures de comptes en banques. Et c’est comme ça que nous avons commencé l’activité de banque privée au début des années 1990», raconte Patrick Wagenaar directeur de la gestion et membre du comité de direction de Banque Degroof Luxembourg. Composée de seulement quatre personnes, la petite équipe du début a très vite grossi pour compter aujourd’hui plus de 300 collaborateurs. La Banque Degroof Luxembourg réalise par ailleurs près de la moitié du bénéfice net du

groupe (77,3 millions d’euros pour l’exercice 2008 clos au 30 septembre). De même, ­Rothschild Luxembourg emploie pas moins de 600 salariés et revendique, sur son site Internet, le statut de plus grande banque suisse du Grand-Duché, avec quelque 36 milliards d’actifs en conservation. «Nous sommes un acteur de niche sur le segment des clients fortunés, c’est-à-dire que nous n’ouvrons pas de compte à moins d’un million d’euros», précise Frédéric Otto, directeur général et président du comité exécutif de Banque Privée Edmond de Rothschild Europe. Cette légitimité est telle que plusieurs banques européennes ont développé leur réseau continental, à partir du Grand-Duché. Ainsi, si Banque Degroof Luxembourg appartient à 99,62% à la Banque Degroof SA, la maison mère de Bruxelles, la Bearbull Degroof Banque Privée SA, l’entité genevoise du groupe est une filiale de l’antenne grand-ducale. «La maison mère a décidé de mettre en œuvre sa stratégie de développement international depuis le Grand-Duché, là où le premier bureau avait été ouvert», indique Patrick Wagenaar.

Développer le réseau Ce n’est toutefois plus tout à fait le cas aujourd’hui, puisque les bureaux de France et d’Espagne sont rattachés directement à la Belgique. De même, c’est à partir du Luxembourg, que Rothschild a ouvert ses succursales en Belgique (Bruxelles, Liège, Anvers), au Portugal (Lisbonne), en Espagne (Madrid, Barcelone) et en Italie (Milan). Il aurait été moins pertinent d’agir depuis la Suisse, qui n’est pas membre de l’Union Européenne. Pour Frédéric Otto, il ne faut pas chercher de raison fiscale dans cette organisation:

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