Edition du 22 octobre 2009

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france

POLICE Au grand dam des défenseurs des droits de l’homme, le gouvernement décrète la création d’un fichier policier, type Edvige.

Edvige revient en catimini

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C’est un feuilleton à rebondis­ sements. En novembre 2008, le gouvernement retire son projet de fichier Edvige (Exploitation documentaire et valorisation de l’information générale), trop décrié. Une pétition réunissant 250 000 signa­ tures dénonce ce listing policier qui entend recenser les noms des personnes pouvant porter atteinte à la sécurité publique, et mentionnant le cas échéant leurs orientations sexuelles, religieuses ou leurs origines ethniques. Ces jours-ci, prenant prétexte des violences survenues le 10 octobre à Poitiers, le gouvernement Fillon est revenu à la charge, en catimini. Il a adopté par décret deux nouveaux fichiers policiers. L’un est consacré à la prévention des violences urbaines, et vise « les bandes, les hooligans,

les groupuscules ». L’autre concerne l’identification des personnes postulant à un emploi public ou privé dans une zone sensible. Le « passage en force », via un décret, fait bondir Jean-Pierre Dubois, président de la Ligue des droits de l’homme (LDH) : « Pourquoi ne pas avoir opté pour un débat public parlementaire, puisqu’une proposition de loi créant un nouveau fichier existe, adoptée à l’unanimité par la commission des lois ? » Et de souligner une fâcheuse coïncidence de dates, « signe de mépris pour la mobilisation de l’an dernier » : le décret du gouvernement a été signé le 16 octobre, jour de la Sainte-Edwige ! Au lendemain de la publication du décret au Journal officiel, les avis étaient cependant partagés. « La

police a besoin de fichiers », a ainsi rappelé l’ancien ministre de l’Intérieur Jean-Pierre Chevènement, qui fait confiance à la vigilance de la Cnil (Commission nationale de l’infor­ matique et des libertés). Les syndicats de policiers applaudissent aussi, à l’unanimité, à la fin d’un « vide juridique ». En revanche, beaucoup d’associations, de la Licra au Cran, protestent contre la conservation, désormais possible, d’informations sur les « origines géographiques », un recensement ethnique qui ne dit pas son nom. Et fustigent le fichage des mineurs, dont le nom pourra être mentionné dès l’âge de 13 ans. La LDH promet, elle, de nou­ velles mobilisations massives. ● Corine Chabaud

coup d’œil par killoffer

La Vie - 22 octobre 2009

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