Migros magazin 31 2017 f vs

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82 | MM31, 31.7.2017 | AU QUOTIDIEN

Santé

Un enfant après le cancer

Aline M. a souffert d’un lymphome hodgkinien, dont les chances de guérison sont relativement élevées. Si elle a effectivement vaincu la maladie, la chimiothérapie l’a rendue stérile. Aujourd’hui, elle peut toutefois espérer connaître les joies de la maternité. Texte: Martina Huber

Bon à savoir

Préserver sa fécondité Une centaine de centres suisses,

allemands et autrichiens se sont rassemblés au sein du réseau Fertiprotekt pour échanger leurs expériences en matière de préservation de la fécondité. Sur place, des professionnels informent les personnes concernées des différentes possibilités qui leur sont offertes. Vous trouverez une liste des dix-huit centres suisses qui participent à ce projet à l’adresse suivante: www.migmag. ch/sgrm

L

orsqu’elle s’est mariée il y a quatre ans, Aline M.*, à présent âgée de 33 ans, était prête à fonder une famille. La jeune femme ne s’est pas inquiétée de ne pas tomber enceinte tout de suite: elle voulait des enfants, mais rien ne pressait. Puis la maladie s’est déclarée. Une éruption cutanée et une fatigue persistante sont d’abord apparues à l’hiver 2014, suivies d’une forte toux début 2015, face à laquelle les antibiotiques prescrits sont restés impuissants. Des analyses sanguines, une radiographie du thorax et divers examens réalisés à l’Hôpital de l’Ile, à Berne, ont permis de poser le diagnostic en mars 2015: Aline M. souffrait d’un lymphome hodgkinien. Selon la Ligue contre le cancer, on dénombre environ 245 nouveaux cas de cette affection du système lymphatique chaque année en Suisse, ce qui représente un peu moins de 1% de toutes les maladies cancéreuses. «Suis-je prête à subir une telle opération?»

Les oncologues ont expliqué à Aline M. que la maladie de Hodgkin comptait parmi les cancers qui se soignaient le mieux et que ses chances de guérison étaient bonnes. Ils lui ont ensuite demandé si elle voulait des enfants. La chimiothérapie utilisée affecte en effet les ovaires, rendant stériles environ un tiers des patientes. «J’étais sous le choc et je m’efforçais de surmonter ma peur. A ce

moment-là, j’avais relégué la maternité au second plan», se souvient la jeune femme. Son mari et elle ont toutefois consulté à l’Hôpital de l’Ile pour en savoir plus. Une possibilité consistait à subir, en parallèle de la chimiothérapie, des injections d’hormones qui simulent la ménopause et accroissent les chances de préserver les ovaires. L’autre solution résidait dans le prélèvement d’ovules ou de tissus ovariens avant le début du traitement. «Les oncologues m’ont incitée à commencer la chimiothérapie immédiatement. Ils disaient que nous n’avions pas le temps d’attendre l’arrivée à maturité d’ovules», raconte Aline M. En revanche, les médecins pouvaient encore lui retirer un morceau d’ovaire, le congeler et le lui réimplanter une fois le traitement terminé. «Je me suis demandé si j’étais prête à subir une telle opération en plus de tout le reste. Pour mon mari, la famille était secondaire, l’essentiel étant que je guérisse. Mais on m’a aussi mise en garde contre d’éventuels regrets», se rappelle la trentenaire. Intervention mineure, le prélèvement de tissus ovariens requiert toutefois une anesthésie générale, et l’équipe médicale n’était pas sûre que le corps d’Aline M. y résiste. En effet, un ganglion lymphatique situé entre les poumons et le cœur de la patiente avait augmenté de volume en raison de la maladie et comprimait le muscle cardiaque, qui pei-

Pour une jeune femme, avoir souffert d’un cancer n’implique pas forcément de renoncer à la maternité.


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