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ENTRETIEN

MIGROS MAGAZINE | No 9, 24 FÉVRIER 2014 |

Dans son dernier ouvrage, l’historien genevois François Walter décrypte l’hiver sous toutes ses formes et au fil du temps.

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FRANÇOIS WALTER | 25

Bio express Aujourd’hui professeur honoraire, François Walter partage son temps entre Genève et le Valais. Il a enseigné l’histoire pendant vingtsept ans à l’Université de Genève. Et s’est intéressé de près à l’Histoire suisse, tout en se penchant sur les questions environnementales, le paysage et les catastrophes naturelles. Il a également travaillé sur l’histoire urbaine de ce pays et le rôle du paysage dans la construction des identités nationales.

en contact avec les morts. D’où Halloween et ses revenants, fête christianisée autour de la Toussaint. D’où également la nuit de la Saint-Sylvestre qui, à l’origine, était un moment où l’on craignait le retour des morts et des esprits maléfiques. Les pétards de Nouvel-An, qui symbolisent aujourd’hui la joie, devaient faire peur aux revenants. »Les autres rituels sont liés au réveil de la végétation et sont censés créer des conditions favorables au retour du soleil. D’où la présence de tous ces personnages bénéfiques qui personnifient l’hiver, comme Saint-Nicolas ou le Père Noël. Ils symbolisent les cadeaux que l’on fait au dieu de la fécondité. Quant au carnaval, il réunit tous les rituels à travers les masques et la lumière. Les grands hivers sont souvent liés aux grandes guerres. Y voyez-vous un lien de causalité?

Il est vrai que durant les deux guerres mondiales, il y a eu des hivers très rigoureux. L’hiver 1916-1917 et trois hivers extrêmes qui se sont suivis de 1939 à 1942. Un phénomène très rare survenu une ou deux fois au courant des cinq cents dernières années. Quand une guerre s’accompagne d’une saison très gélive, cela multiplie bien sûr les conséquences dramatiques du froid, mais c’est une coïncidence. D’une manière générale, l’hiver est plutôt le temps du silence. Jusqu’à Napoléon, on évitait les campagnes hivernales parce que cela posait trop de problèmes logistiques. L’hiver n’est pas propice aux révoltes. Pourtant la révolution française a aussi eu lieu suite à un hiver particulièrement rigoureux…

Oui, mais je crois qu’il faut éviter de lier la révolution à une situation météorologique, même si l’hiver de 1788-89 a été un des plus rudes de l’histoire. Il y avait des problèmes structurels autres, des émeutes liées à la famine durant tout le printemps 1789 déjà. Disons que pen-


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